ՙтнε ғɪʀsт αɴδ тнε ʟαsт՚
९
La première fois que Taehyung a vu Jungkook, c'était un jour de printemps. Il était d'humeur plutôt maussade. Dehors, le soleil brillait mais il n'avait pas le droit de sortir ; il avait été réveillé en fanfare par les petits du bloc junior qui s'amusaient dans le couloir dans un boucan infernal et, surtout, le repas qu'on lui avait servi à midi était tout bonnement infect. Alors quand, sur les coups de quatre heures de l'après-midi, une infirmière toqua à la porte de sa chambre d'hôpital, autant dire qu'elle fut reçue de manière pour le moins discourtoise.
- Taehyung, je te présente ton nouveau camarade de chambre, Jungkook. Il a la même maladie que toi.
Alors Taehyung avait simplement rigolé. Mais pas d'un rire joyeux, non. C'était un rire amer, forcé, causé par deux choses. La venue de ce 'nouveau camarade de chambre', tout d'abord. Il tenait à sa tranquillité et l'idée qu'un adolescent vienne la perturber lui était plutôt inconvenante. Mais surtout, ce qui l'avait énervé - encore plus qu'il ne l'était déjà, tout du moins - c'était la dernière phrase de cette infirmière idiote. Comme si le fait qu'ils aient la même maladie allait les rapprocher.
- Fantastique ! On va pouvoir parler des heures durant du mal commun qui nous ronge, ça me passionne d'avance.
Il dit tout cela d'un ton faussement enjoué, cynique au possible. La femme fronça les sourcils dans une réprimande dont le jeune homme n'a strictement rien à faire avant de sortir en fermant la porte, leur laissant visiblement la liberté de faire connaissance. Mais quand Jungkook tenta un sourire timide en direction de Taehyung, celui-ci lui répondit simplement par une grimace avant de lui tourner le dos.
१
La première fois que Taehyung parla à Jungkook, c'était un jour d'été à la chaleur particulièrement étouffante. Les deux étaient allongés sur leur lit, usant et abusant de la climatisation dans l'espoir d'être rafraîchis. Taehyung regardait la télévision d'un air blasé, visiblement ennuyé par ce qu'il visionnait, mais n'ayant sûrement rien de plus intéressant à faire, tandis que Jungkook lisait un livre en agitant la tête au rythme de la musique qui se diffusait dans ses écouteurs. Et quand il referma brusquement son bouquin en enlevant ses écouteurs avec un air pensif au visage, l'autre ne lui prêta aucune attention, jusqu'à ce qu'il lâche une phrase des plus inattendues pour un optimiste comme lui.
- Tu penses qu'on va mourir ?
- Oui.
- Et qu'est-ce qu'il restera après nous ?
- Tout.
Jungkook hocha lentement la tête de haut en bas, avec l'air de celui qui avait compris. Puis, après un silence bienvenu pour Taehyung, il éleva à nouveau sa voix, ce qui fit soupirer le plus âgé, lequel aspirait à la tranquillité.
- Comment ça, 'tout' ?
- 'tout', parce que, quand on sera morts, certes, des gens seront tristes. Puis ils passeront à autre chose. Mais la vie continuera, avec ses hauts, ses bas, et ils nous oublieront. Rien n'aura changé. Deux personnes auront disparu mais, comme les étoiles dans le ciel, elles seront remplacées par de nouvelles. Et au bout du compte, il n'y aura personne pour se souvenir de nous.
- C'est triste.
- Peut-être, mais c'est réaliste.
Ce à quoi Jungkook acquiesça à nouveau d'un mouvement de la tête, plus sec cette fois, et retourna à son occupation. Tout comme Taehyung, bien que celui-ci n'ait pas quitté l'écran de la télévision des yeux durant tout leur court échange.
२
La première fois que Taehyung sourit à Jungkook, c'était un jour d'automne exceptionnellement pluvieux. Mais c'était surtout un jour sombre pour Taehyung. À l'hôpital, les patients nommaient les 'jours sombres' ces jours où, sans savoir vraiment pourquoi, leur maladie se rappelait à eux. Ils faisaient une rechute minime, étaient plutôt faibles et ce, sans raison apparente. Généralement, cela durait une journée ou deux, puis ils reprenaient leur vie comme auparavant. Aussi simplement que ça. Les personnes saines avaient des coups de barre, eux avaient des jours sombres. Chacun son truc.
Taehyung était donc dans un jour sombre. Dès le matin, il l'avait senti ; quand il s'était réveillé, bien qu'il venait de passer une bonne nuit, il s'était senti absolument vidé de ses forces. Et depuis le début d'après-midi, il avait un mal de crâne persistant qui lui donnait seulement envie de fermer les yeux et de s'endormir jusqu'au lendemain, quand il se sentirait mieux. Malheureusement pour lui, bien que son corps soit dans un état de faiblesse phénoménal depuis le lever du jour, son esprit, lui, n'était absolument pas fatigué, ce qui réduisait à néant toute tentative d'assoupissement.
Autant dire qu'au moment du dîner, il était complètement mort. Si le matin il était faible, là, il ne se sentait même pas capable de faire un seul mouvement. Mais il essaya tout de même. Et après quelques minutes d'efforts, il réussit à prendre sa fourchette dans sa main tremblante alors que son visage affichait une expression triomphante. Mais cet air fier fondit comme neige au soleil quand, une poignée de secondes plus tard, le couvert s'échappa de sa main pour tomber au sol dans un bruit froid. Un juron plutôt expressif sortit de sa bouche à cet échec et il serra les dents en pensant au temps que ça allait prendre de la récupérer.
Il commençait sérieusement à envisager l'éventualité de manger avec ses doigts quand une silhouette arriva et, avant qu'il puisse déterminer son identité, s'accroupit au pied du lit pour ramasser la fourchette. Quand il se releva, Taehyung tendit douloureusement la main vers Jungkook pour récupérer l'objet, dans le but d'enfin remplir son estomac, mais ce que fit le plus jeune le laissa bouche bée. Il le vit s'asseoir sur le bord du lit, au niveau de son torse, s'emparer de l'assiette et, après avoir piqué une pomme de terre sur les dents de l'instrument, étirer son bras pour placer la nourriture devant la bouche de Taehyung, attendant qu'il l'ouvre pour y mettre le féculent.
D'abord interloqué, le malade dû vite mettre sa fierté de côté pour se rendre à l'évidence qu'il n'allait pas y arriver tout seul, cela ne faisait aucun doute. Alors il entrouvrit les lèvres et, après avoir avalé la subsistance que Jungkook y avait glissé, il sourit au plus jeune. C'était un sourire timide, discret, mais il était bien là.
३
La première fois que Taehyung toucha Jungkook, c'était une journée maussade printanière. Mais pour lui, c'était surtout un jour d'examens. Qu'est-ce qu'il détestait ça, les jours d'examens ! Pendant des heures, on lui faisait faire des tests pour voir comment évoluait sa maladie. Au-delà du caractère absolument insupportable de cette pratique, c'était aussi très lourd mentalement parlant. Des jours durant, il angoissait, tandis qu'une ribambelle de questions, toujours les mêmes, défilaient dans son esprit. Les résultats étaient-ils bons ? Avait-il une chance de sortir de ce maudit hôpital ? Au contraire, faisait-il une rechute ? Allait-il mourir ?
Le matin, quand les infirmières vinrent le chercher, il lança un regard de condamné à Jungkook, qui attendait à ses côtés. Taehyung protesta en voyant le brancard qu'elles apportaient, décrétant qu'il pouvait parfaitement marcher jusqu'à la salle d'examens, merci bien. Mais les femmes restèrent stoïques et, voyant qu'elles ne céderaient pas, il rendit les armes et s'allongea sur l'engin. Jungkook était à ses côtés et le regardait en murmurant des mots rassurants.
- Ça va aller, Hyung...
Taehyung afficha un sourire triste et, sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, sa main agrippa celle de son ami, en quête de réconfort. Le plus jeune garda la grande main de l'autre dans la sienne, effectuant des petites pressions pour montrer qu'il était là. Et quand les infirmières emportèrent le brancard, ils furent contraints de se lâcher, ce qu'ils firent à contrecœur.
४
La première fois que Taehyung rit avec Jungkook, c'était une journée estivale placée sous le signe de la joie. Leur état étant stable depuis quelques mois, ils avaient eu l'autorisation de sortir du monde aseptisé de l'hôpital pour aller en ville, le temps d'une journée. Et Taehyung était rayonnant, depuis le lever du soleil, ce qui était un changement considérable par rapport à auparavant. Normalement, il était un garçon qui respirait la joie de vivre, toujours de bonne humeur, un petit rayon de soleil pour son entourage. Puis... Il y avait eu l'hôpital. Ça l'avait complètement transformé. Il était devenu taciturne, renfermé sur lui-même. Mais depuis que Jungkook était là, il n'avait jamais été aussi heureux en trois ans de convalescence. Le plus jeune était une étincelle d'espoir dans la vie de Taehyung, et tous ses proches l'avaient remarqué.
En ce jour chaud d'été, donc, ils étaient assis face à face à la terrasse d'un café et un sourire flottait sur les lèvres du plus âgé, qui écoutait son vis-à-vis parler de choses et d'autres avec enthousiasme, agitant ses bras dans tous les sens pour illustrer ses propos. Quand une idée traversa son esprit, il coupa son ami dans son monologue.
- Et là je-
- Dis, Jungkook ?
- Oui ?
- Ça te dit de te teindre les cheveux ?
En entendant cette proposition, l'interrogé hocha vivement la tête de haut en bas, des étoiles dans les yeux. Ils entrèrent donc dans un salon de coiffure en expliquant ce qu'ils voulaient à l'employée qui les prit en charge. Quand ils en sortirent, ils se regardèrent. Jungkook toucha du bout du doigts les mèches blondes de Taehyung tandis que celui-ci regardait d'un air amusé la tignasse rouge vin du plus jeune. Et, sans raison particulière, ils éclatèrent de rire, simplement heureux de cette illusion de liberté.
५
La première fois que Taehyung serra Jungkook dans ses bras, l'automne pointait le bout de son nez. Quelques jours auparavant, il avait encore eu un jour d'examens, et il savait que les résultats n'allaient plus tarder. Il était très probable qu'il les reçoive dans la journée, d'ailleurs, et ça le rendait fébrile. Depuis le lever du jour, Jungkook essayait tant bien que mal de lui changer les idées, n'aimant pas voir son ami aussi mal en point, mais rien n'y faisait. Quand trois coups timides furent toqués à la porte, en début d'après-midi, le blond réussit seulement à articuler un faible 'Entrez' d'une voix cassée.
Jungkook retourna sur son lit pour laisser l'infirmière exposer les faits à Taehyung sur ses feuilles remplies de statistiques. Le plus âgé aurait voulu que l'autre reste à ses côtés, ne supportant pas d'affronter cela seul, mais il ne protesta pas. Cependant, quand le plus jeune vit son ami commencer à trembler au fur et à mesure que la femme lui expliquait ce qu'il devait savoir, il se leva sans hésiter et alla à son chevet en demandant ce qu'il se passait.
- Taehyung... n'a plus que 7 à 8 mois à vivre. Peut-être moins.
Sans un mot, Jungkook se tourna vers Taehyung, les larmes aux yeux. Mais il s'interdit mentalement de pleurer. Il devait rester fort pour son ami, pour le soutenir. Alors il tendit ses bras vers le blond, qui s'y blottit sans hésitation, entourant la taille fine de l'autre de ses bras. La tête plaquée contre le torse du plus jeune, il retenait les sanglots qui menaçaient de sortir. Taehyung avait juste besoin d'amour et de soutien, et Jungkook comptait bien lui en donner.
६
La première fois que Taehyung pleura devant Jungkook, l'hiver régnait durement sur la Corée du Sud. Mais le matin même, Jungkook s'était évanoui. Comme ça, sans qu'on puisse s'y attendre. Et Taehyung, après avoir fait une crise car on lui refusait catégoriquement le droit d'accompagner son ami - où qu'il aille, d'ailleurs, cela lui importait peu - était finalement resté allongé dans son lit toute la journée, fixant le plafond au-dessus de lui. Il n'avait même pas touché au repas qu'on lui avait apporté à midi, trop préoccupé par l'état de celui avec qui il partageait sa chambre depuis maintenant presque deux ans.
Quand, le soir, Jungkook fut enfin ramené dans la chambre, Taehyung se leva vivement en faisant abstraction de la douleur qui se propageait dans ses muscles immobiles depuis trop longtemps. Il se précipita aussitôt à son chevet en regardant tristement la perfusion accrochée à son bras par le biais d'une aiguille plantée dans une veine. Les employés de l'hôpital sortirent un par un de la chambre, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une, qui n'avait pas l'air ravie d'avoir été désignée pour briefer Jungkook sur le nouvel engin médical qu'il devrait se trimballer.
- Hm... Taehyung est au courant de ça, puisqu'il a déjà une perfusion, mais je dois t'informer d'une chose Jungkook.
Le garçon haussa un sourcil en voyant la femme hésiter à continuer. Elle se racla la gorge, souhaitant de tout son cœur ne pas avoir à dire cela.
- Les traitements que vous injectent vos perfusions vous sont vitaux. De ce fait, vous ne pouvez arrêter les injections. Ou alors, s'il le faut vraiment, jamais plus de deux heures. Cela vous serait...
- Mortel.
Taehyung avait profité de l'hésitation de l'infirmière pour achever sa phrase d'une voix creuse, qui ne laissait ressortir aucune émotion. Celle-ci hocha la tête en se pinçant les lèvres entre elles, mal à l'aise, puis elle sortit de la pièce sans plus attendre. La voix indifférente de Taehyung quand il avait prononcé ce mot qui enfonçait le premier clou de leur cercueil laissait entendre que cela ne lui faisait rien. Et c'était vrai. En quelques mois, depuis que le compte à rebours de sa vie avait commencé, il s'était fait à l'idée. De toute manière, la mort était une fatalité, c'était l'issue inévitable, alors autant l'accepter le plus tôt possible.
Alors, oui, cela le rendait indifférent d'évoquer sa mort, mais il ne pouvait se résoudre à celle de Jungkook. C'était tout simplement insurmontable. Il se disait que le monde ne devrait pas être privé de l'ange venu du ciel qu'était le plus jeune. Et quand celui-ci attira l'attention du plus âgé, ses lèvres formèrent un 'o' choqué au moment où il vit deux larmes rouler sur les joues du blond. Tendrement, il essuya les gouttes salées de ses pouces et fit un petit sourire à Taehyung. Mais tous les sourires du monde ne pourraient guérir la plaie béante qu'était son cœur à cet instant.
७
Cette fois-là, c'était une nuit douce de printemps. Tandis que Jungkook dormait paisiblement, comme chacun le ferait la nuit, Taehyung s'activait. Le plus silencieusement possible, et non sans difficulté à cause de sa perfusion, il s'habillait. Quand ce fut fait, il s'assit sur le bord de son lit d'hôpital et ferma les yeux, soufflant doucement pour se donner du courage. Il était décidé à faire ce qu'il avait prévu, évidemment, mais ce n'était pas facile. Alors qu'il allait se lever, une voix endormie retentit dans le silence de la chambre.
- Hyung ?... Qu'est-ce que tu fais ?
Sans répondre, le brun se dirigea vers la porte. Quand il eut la main sur la poignée, prêt à partir, il se tourna vers Jungkook, les larmes aux yeux.
- Rendors-toi, Kookie. Je t'aime.
- Quoi ? Non ! Pas avant que tu m'aies dit pourquoi tu pars en plein milieu de la nuit... Sans ta perfusion ?
Lentement, le plus jeune écarquilla les yeux à mesure que la réponse à sa propre question s'imposait à lui.
- Pourquoi tu fais ça, Hyung ? Tu ne veux pas vivre tant que tu le peux ?
- Vivre en attendant la mort, j'appelle pas ça une vie, Jungkook.
Le noiraud hocha alors lentement la tête sans répondre, n'ayant pas d'argument à opposer à la logique dure mais vraie de Taehyung. Sans rien ajouter, il se leva, décrocha sa perfusion et enfila ses vêtements à son tour. En le voyant faire, le plus âgé secoua la tête négativement pour montrer son désaccord.
- N'y pense même pas. Mon temps est compté. Toi, tu as encore une chance de guérir, de vivre. Je t'interdis de m'accompagner.
- Vivre sans toi, j'appelle pas ça une vie non plus, Taehyung.
Et ce fut au tour du brun de ne plus savoir quoi répliquer. Ses yeux brillants laissèrent échapper deux larmes tandis qu'il se résignait lentement au fait qu'il allait être la cause de la mort de la personne à laquelle il tenait le plus. Plus qu'à lui-même, d'ailleurs. Mais aucun des deux ne changerait d'avis, ils en étaient conscients. Quand il sentit de douces caresses sécher ses larmes, Taehyung releva la tête et ancra son regard dans celui de Jungkook. Une infinité de choses se lisaient dans leurs orbes sombres, mais il était clair que l'amour dominait tout ce qu'on pouvait y trouver.
Pourquoi ne s'étaient-ils pas déclarés à l'autre plus tôt, au lieu d'attendre que la mort soit à leur porte ? Ils avaient perdu tant de temps... Tellement qu'à présent, ils n'en avaient presque plus. Mais ils devaient en profiter au maximum, ce que Jungkook ne manqua pas de rappeler en sortant de sa contemplation.
- On y va ? On a deux heures, Hyung. Deux heures pour vivre, tant qu'on le peut encore.
C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent tous les deux assis dans une clairière paisible, non loin de l'hôpital qu'ils fuyaient. Nous nous sommes sûrement déjà tous demandé ce que nous ferions s'il nous restait deux heures à vivre. Qu'importe la réponse, il était fortement probable que ce ne soit pas ce que faisaient Jungkook et Taehyung actuellement. Les deux amis - ou peu importe ce qu'ils étaient - discutaient simplement, installés dans l'herbe encore humide de rosée d'une clairière en pleine nuit.
Pour n'importe qui, cela apparaissait assurément comme un gâchis de passer ses dernières heures sur Terre ainsi. Mais pour eux, c'était tout ce dont ils rêvaient. Ils étaient enfin libres, affranchis des murs de l'hôpital dans lesquels ils se sentaient enfermés, voyant d'autres horizons que le matériel médical auquel ils étaient enchaînés en permanence depuis trop longtemps. Et surtout, ils étaient ensemble. Seule la mort parviendrait à les séparer, et à vrai dire, ils étaient soulagés de ne pas pouvoir assister à ça. Aucun des deux ne savait avec certitude s'il l'aurait supporté.
Quand ils se firent face, sans que ce ne soit prémédité, leurs lèvres se lièrent doucement, si naturellement qu'on aurait dit que leur authentique place était l'une contre l'autre. Attirées tels des aimants, ressentant une attraction irrépressible les pousser à s'unir pour ne plus se séparer.
Et ce baiser déclencha une explosion de sentiments dans tout leur être. Les paupières closes pour ressentir plus intensément les frissons qui les parcouraient, ils se perdaient dans leur échange. Le monde autour n'existait soudainement plus. Il n'y avait plus qu'eux, eux seuls comptaient. Eux et leur baiser à l'origine de tant de sensations toutes plus exaltantes les unes que les autres. Leurs lèvres se pressaient entre elles, toujours plus, cherchant à combler l'espace plus qu'inexistant les séparant. Leurs dents mordillaient doucement, leurs langues léchaient encore et encore. Puis la barrière de leurs lippes laissa entrevoir un passage que leurs muscles rosés empruntèrent sans attendre, démarrant ainsi une valse endiablée dans leurs bouches.
Leurs cœurs battaient, vite. Leurs yeux roulaient sous leurs paupières fermées. Leurs cheveux étaient décoiffés et leurs pommettes depuis longtemps colorées d'une teinte rouge pivoine. Leurs mains, fébriles, cherchaient quelque chose à quoi se raccrocher pour s'assurer que tout ce qu'ils ressentaient était bien réel et non pas le fruit d'un délire de leur imagination. Ainsi, leurs doigts pris de tremblements attrapaient maladroitement le col de leurs t-shirts, les mèches de leurs cheveux, leurs paumes se posaient avec douceur sur leurs épaules, leurs torses, leurs joues.
Et à mesure que leur désir grimpait, dans la continuité logique des choses, leurs vêtements, eux, tombaient, tel un arbre perdant ses feuilles en automne. Leurs sentiments, déjà si puissants, se décuplèrent à l'image d'une fleur qui éclot. Et tandis qu'ils se complétaient, s'unissant si passionnément qu'on croirait que toute leur vie n'avait été menée que pour arriver à ce moment, ils faisaient des efforts phénoménaux pour ne pas perdre pied face au plaisir qui les envahissait par vagues.
Le plus simple contact entre leurs enveloppes charnelles mettait en émoi la moindre fibre de leur peau, chaque soupir et chaque gémissement submergeait de plaisir toutes leurs cellules sans exception. Jamais dans leur vie ils n'avaient ressenti autant de sensations qu'à cette instant. Tout sentiment de plaisir qu'ils avaient pu ressentir au fil de leurs années d'existence paraissait dérisoire face à ce qu'ils vivaient actuellement.
Ils finirent en sueur, essoufflés, leurs pensées chamboulées et leurs cœurs dans le même état. Leurs mains étaient enlacées fermement, tant pour s'assurer que l'autre n'était pas une illusion, tout comme ce qu'ils venaient de partager, que pour en rester le plus proche possible. Après ça, le moindre éloignement leur était douloureux physiquement.
Là, sous les étoiles d'une douce nuit de printemps, ils avaient fait l'amour pour la première fois. Et, même s'il était dur de l'accepter, pour la dernière fois également. Car on vit d'innombrables premières fois dans notre vie, et tout autant de dernières fois.
On fait bien plus attention aux dernières fois quand on sait que notre fin est proche. Et les dernières fois de Taehyung et Jungkook étaient arrivées bien trop rapidement, indépendamment de leur volonté.
Leur dernière étreinte, dans l'espoir de s'apporter mutuellement un réconfort qui ne daignera jamais venir.
Leurs derniers 'je t'aime' murmurés alors que, enlacés, leurs lèvres se frôlaient.
Leurs derniers regards. Amoureux. Malheureux.
Leur dernier baiser, chaste, doux comme le battement d'aile d'un papillon.
Et leur dernier soupir, alors que leurs yeux se fermaient pour l'éternité.
८
j'crois que j'ai rarement été aussi satisfaite d'un de mes écrits. j'espère qu'il vous a plu ;-;
cet os a été écrit pour un concours d'os taekook organisé par tahkyo et JuliaArmyBts. les filles, jvous remercie vraiment pour avoir créé ce concours parce que j'ai adoré travailler sur cet os mrr ♥
edit : et cette histoire a eu la première place du fameux concours uwu *-*
、20180901
-ταεsτнʏκⴰ
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