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Chapitre 1

Je me tiens devant le cercueil vide de ma meilleure amie.

Une musique de fond qu'Ashley Peyton n'approuverait jamais est en train d'être joué par un orchestre, sur l'estrade, et des discussions polies se font par-dessus dans une sorte de mélodrame et de rires entrecoupés de faux sanglots. Les tables rondes où les invités étaient assis durant le discours d'adieu de M. Ashton sont à présent presque vide, seuls témoins sont les serviettes froissés et les restes de dîner pas encore débarrassés. Des serveuses en parfaite tenue noire, déambulent, un plateau tenu en équilibre précaire dans les main, distribuant du vin et du champagne.  

Où que se posent mes yeux, des inconnus, des inconnus en costume à trois pièces, des femmes trop belles pour un enterrement et beaucoup trop maquillées. Leurs voix ne semblent pas tristes, aucunes d'elles. Comme si ce n'était qu'un autre évènement mondain, lambda, un autre gala de fausse charité. Comme si ce n'était pas un enterrement. Comme si ce n'était pas un lieu de repos et le dernier lieu de vie.

Si je mets le feu à cette pièce, est-ce qu'ils arrêteraient de rire, à ce moment-là ?

Tout cet endroit et tous ces gens. Aucun d'entre eux ne la connaissait vraiment. Aucun ne savait ce qu'elle endurait, ne savait ce qu'elle avait dans la tête, cette souffrance qu'elle cachait, qu'elle ignorait. Ashley, ne regarde pas, tu aurais honte de voir des gens pareil à ton enterrement. Personne ne la connaissait, putain. Sa mère ? Son père ? Des menteurs, des imposteurs. Ses amis ? Quels amis, merde ? Ceux qui la faisait boire jusqu'à l'évanouissement ? Ou ceux qui disaient des horreurs dans son dos ? Son mec ? Vous voulez dire, celui qui l'a tué ? C'est vraiment horrible, je n'ai jamais été aussi en colère dans ma vie.

Je sens mon cœur palpiter si fort dans ma cage thoracique et ma vision se troubler. J'ai envie de hurler, envie de disparaître, envie de pleurer, envie de rejoindre Ashley dans l'au-delà. Je ne suis pas sûre qu'elle soit au paradis, cependant, je sais ce qu'elle a fait.

Mais, là, plus j'observe la crème de la crème de New-York se balader dans des parures signés Chopard, plus j'ai envie de les secouer. Est-ce vraiment le moment de discuter de votre coiffure ? Est-ce le moment de demander à vos voisins si les amuse-bouche aux saumons sont à leur goût ?

Ashley est morte, merde, elle est morte.

Elle est morte. Morte de chez morte. Il n'y aura pas de retour. Pas de retour miracle, pas de retour de l'enfant prodige, de la protagoniste. Son corps n'est qu'un tas de cendre qui se sont éparpillés au gré des quatre vents, lorsque... lorsque la voiture a brûlé et avec elle, Ashley.

Ashley, la seule et unique personne au monde qu'il me restait. C'est égoïste de penser à moi dans un moment pareil, pas vrai ? Mais je ne peux m'empêcher, je ne peux pas m'arrêter d'y penser.

Je suis seule, encore une fois.

Sans elle, je ne suis plus rien. Qui suis-je, si personne n'est là pour me définir ? Qui suis-je si personne ne se souvient de moi ? Qui suis-je si je suis personne ?

Je me sens étrangement légère, vide. Comme si n'importe quel vent pourrait me transporter à l'autre bout de la terre, je n'ai rien pour m'attacher à cette terre. Rien qui puisse me retenir ici. Bon sang, si je disparaissais, personne ne remarquerait ma disparition.

J'observe les vêtements que j'ai mis en l'honneur de mon amie. Des talons à semelle rouge, une longue robe près du corps, et ce fichu petit chapeau à voilette, orné de dentelle noire, sensé me cacher le du visage. Pour toi, Ashley, un dernier petit effort.

Je prends une coupe de champagne, et la lève à Ashley. À celle qui m'a sauvée la vie.

Un vertige me prends, lorsque je vide la coupe en cristal et je cogne légèrement mon épaule à celle de mon voisin. Je me tourne vers lui, pour m'excuser, mais me fige avant d'avoir pu m'exécuter. Il est impossible que cet homme soit là, depuis le début, totalement impossible.

Je ne l'aurais pas raté, ça, jamais.

Il est comment dire ? Il est impossible de ne pas avoir vu cet homme, plus tôt. Pas seulement parce qu'il est immense, trop bien bâti pour les coutures de son costume Armani, pas seulement parce qu'il est pâle comme la lune. Pas seulement parce que c'est un des plus beaux hommes que mes yeux n'aient jamais vu. Non, ce n'est pas seulement ça.

C'est ses yeux, l'expression de son visage, de son corps, de la crispation de ses mains. Il dégage une énergie magnétique, que personne n'aurait pu rater, je le sens comme bouillonner, comme s'il voulait juste bouger, se mouvoir, mais il se tient silencieux devant le cercueil, révérant. Une telle chaleur se dégage de lui. Il a l'air brûlant, comme si cette posture silencieuse et immobile, n'était pas habituel pour lui. Comme s'il était à deux doigts de déchirer son costume et de se transformer en très grand monstre vert.

À cette idée, je laisse sortir un rire triste qui fait tourner sa tête vers moi.

Il prends quelques secondes pour m'observer, mais son expression ne s'anime pas. Je hoche la tête en signe de salutation, les joues rouges, parce que j'ai en horreur qu'on me regarde. Je retourne très vite à la contemplation de mon verre, incapable de soutenir son regard sombre, lorsqu'il prends la parole, je suis presque surprise par la netteté de sa voix, dans cette cacophonie.

– Qui êtes vous ? Demande-t-il.

Sa voix est puissante, et même en essayant de chuchoter, plusieurs têtes se sont tournés vers nous à ces mots. Je hausse les épaules, reculant de quelques pas légers pour qu'il comprenne que je ne veux pas sympathiser avec lui. Je tente de battre en retraite mais il rebondit.

– Je ne crois pas vous avoir déjà rencontré ? Dit-il et sa voix est plus insistante.

– Je suis une amie d'Ashley, finis-je par murmurer et il se penche légèrement vers moi, de sorte à m'entendre.

– Vous l'étiez, me corrige-t-il et je lui jette un regard noir.

Je serre les dents, alors qu'une salve de sanglots envahit ma gorge. Pas maintenant. Pas après avoir tenu tout l'enterrement, sans pleurer, pas à cause d'un inconnu. Pas maintenant, alors que j'ai retenu mes larmes pendant trois jours.

– Je m'appelle Shane Lewis, j'étais l'avocat de Mlle Peyton.

Il tends la main, mais je croise les bras, coinçant mes mains tremblantes près de mon corps. J'observe son visage se mouvoir légèrement, comme si le fait que j'ai refusé un contact avec lui me rends tout de suite plus intéressante. Je ravale la boule dans ma gorge et prends sur moi.

Je veux rentrer chez moi.

– Je m'appelle Kinsey. C'était ma meilleure amie.

J'aurais pu éviter cette dernière phrase, je le sais bien. Mais je voulais le dire à voix haute. Je voulais que quelqu'un sache, que dans cette pièce, pleine d'inconnus, que je la connaissais, que je l'aimais, que je... je veux qu'au moins une personne sache, qu'elle n'était pas seule les derniers instants de sa vie sur terre. Qu'elle n'était pas seulement entourée de connards qui viennent pour se remplir la panse de caviar, foie gras et de verrines de crabe et d'avocat.

– Vous semblez plus touchée que ses parents, dit-il d'un ton poli, mais je peux y déceler une note légère réprobatrice.

J'affiche une expression colérique, sur le point de réfuter ses mots, lorsque mes yeux tombent sur les parents d'Ashley. Sa mère a les joues rouges, presque ivre, et semble plus heureuse que jamais, les cheveux lâches, parfaitement bouclés à l'anglaise, elle rit à gorge déployée. M. Peyton, lui qu'Ash détestait et aimait plus que tout, semble ailleurs, ses cheveux me semblent bien plus blancs, mais son sourire ne vacille pas une seule seconde, et aucune expression ne se dégage de son visage.

Ils ne sont même pas tristes. Pas même une larme. Pas même une fausse larme.

Ashley aimait son père plus que tout, elle voulait son approbation, son respect, elle voulait qu'il soit fier d'elle. Mais, il ne lui a jamais donné rien de cela, elle a donc commencé a ressentir une émotion totalement opposé. S'il ne l'aime pas assez, alors elle ne l'aime pas du tout, et elle s'est mise à le détester, parce qu'il n'était jamais là, jamais assez là.

Pas même une larme.

J'attrape mon cœur, lorsque je le sens se serrer. Ashley aurait été démolie de voir ses parents sourire à son propre enterrement, de voir qu'ils ne l'ont jamais assez aimée. Qu'elle n'était jamais rien d'autre que l'autre jumelle, que l'autre enfant après son jumeau, Ashton, mort dans un accident des années auparavant.

Je vacille sur mes talons, et me fait attraper par une main puissante, trop chaude, trop près. Je rive mes yeux à ceux trop noirs, de Shane. Plus proche que jamais de lui, je pourrais presque jurer que ses yeux ont des reflets dorés.

Il me tire doucement à ses côtés et nous dirige promptement mais discrètement vers le balcon, vide, où se trouvent des chaises longues. Je me laisse tomber sur l'une d'elles, les mains tremblantes cachant mon visage.

– Vous pouvez vous en allez, maintenant, je vais bien, dis-je dans l'espoir qu'il s'en aille.

Dans l'espoir qu'il me laisse pleurer mon soûl, tranquillement. Mais il soupire, comme résigné, puis s'assoit à côté de moi, les jambes étendues devant lui. Trop près, beaucoup trop, nos cuisses se touchent presque. Je n'ai pas été aussi proche d'un homme, pas depuis ce jour. Depuis ce jour. Je me glisse discrètement loin de lui.

– Avez-vous quelqu'un dans votre vie, Kinsey ?

– Pardon ? Répondis-je, le cœur battant à tout rompre.

Il est impossible que sa question soit d'ordre amoureux, un homme comme lui ne voudrait jamais de quelqu'un comme moi. En plus d'être moyennement belle, je suis souillée de la plus impure des manières.

– Je pense que non. Vous ne portez pas de bague. Et si vous aviez quelqu'un, il serait là pour vous soutenir, puisque vous semblez souffrir.

– Évidemment que je souffre, elle est morte ! Elle n'est plus là, elle a disparue, il ne reste rien d'elle, pas même son corps. Il ne reste rien d'elle et sa mère est en train de rire, comme si sa fille n'avait pas été effacé de cette vie, comme si elle n'avait jamais existé.

– Mais vous ne pleurez pas, dit-il simplement en contemplant le ciel sombre.

– Mais je ne pleure pas, repris-je d'une voix étranglée.

Un silence s'installe entre nous. Que je coupe. Parce que si je ne parle pas maintenant, je vais me mettre à pleurer.

– J'aimerai vraiment pleurer, mais ça rendrait ça réel. Vous savez, Ash a toujours été dans des situations horribles, des situations où tout semblait fini. Mais elle s'en sortait toujours. Elle finissait toujours par revenir et par m'appeler pour se plaindre d'un truc stupide que lui fait son père. Si je pleure cette fois-ci, j'ai bien peur qu'elle ne revienne jamais.

Voilà, je l'ai dit.

Un long silence s'ensuit, avant qu'il ne se racle la gorge et dit d'une voix hésitante, qui je le sens, est rare de sa part.

– Le jour où mon père est mort, j'ai ri. Pas parce que je trouvais sa mort drôle, mais parce qu'il a toujours juré qu'il ne s'en irait pas tant qu'il ne nous aurait pas tous enterrés. J'ai trouvé ça drôle sur le moment. Parce que ça ne voulait rien dire, le lendemain, lorsque j'irais ouvrir la porte de son bureau, il serait là, assis derrière son ordinateur. Il ne pouvait pas être mort. Mais cet enfoiré est bien mort, soupire-t-il.

Je me racle la gorge, sans savoir quoi dire face à cet étalage d'émotions. Je suis habituée à ma souffrance, mais celle des autres... 

– Votre père avait l'air d'être quelqu'un de bien, murmure-je, parce que c'est ce que les gens disent dans ce type de situation.

Il rive ses yeux noirs, vers moi, toute trace d'émotion que j'ai entendue dans sa voix, a disparue de son visage, remplacé par un faux sourire.

– Oubliez ce que j'ai dit, ce ne sont que des divagations. Je n'ai pas l'habitude de parler de ce genre de chose.

Je me mords les lèvres, hésitante à lui faire part de la divagation de mes pensées.

– J'ai lu quelque part que c'est plus facile de parler à des inconnus, parce que vous n'avez qu'une chance sur dix mille de les revoir. Ce que vous avez avouez à cette personne restera en sécurité, car elle n'a aucune influence sur votre vie, repris-je, et je regrette instantanément mes paroles.

Qui suis-je pour donner des conseils à cet inconnu ? Je n'ai pas d'importance, ni dans cette pièce, ni dans ce pays, ni dans ce monde. 

– Je dois m'en aller, dit-il au même moment, après avoir jeté un coup d'œil à sa montre, en dépliant ses longues jambes et se mettant debout.

Moi aussi.

D'une main experte, il reboutonne son costume, qui sent un parfum familier que je n'arrive pas à reconnaître. Je me lève à mon tour et hoche la tête poliment, faisant lever son sourcil, comme s'il se demandait pourquoi je refuse encore de prendre sa main tendue. Mais je ne peux m'empêcher de rajouter, avant qu'il ne tourne les talons, parce que cet homme avec ses yeux sombres et son faux sourire, me rappelle beaucoup trop Ashley. Ashley qui se cachait derrière un masque, Ashley qui ne souriait jamais parce qu'elle était heureuse, mais parce que c'était ce qu'elle voulait faire croire aux autres.

– Faisons en sorte de ne jamais se revoir, d'accord ? Comme ça nous resterons des inconnus.

Si seulement je n'avais pas tenté le Destin ainsi, j'aurais dû juste la fermer, pour une fois.


écrit : 30/03/2024

modifié : 9/11/2024

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