La rousse était absolument sous le choc. Comment osait-il se pointer ici en lui remémorant des choses arrivées il y a plusieurs années ? Elle parvenait enfin à se reconstruire et encore une fois, il faisait voler en éclats tout ses efforts pour aller mieux ?
Ce qu'elle avait fait, elle n'en était pas fière, mais cela datait d'il y a plus de deux ans, désormais.

« Qui t'as dit ça ?

– Ça fait un moment que je te cherche. J'étais tellement désespéré que j'ai fait tous les hôpitaux de la région avant de tomber sur une secrétaire trop bavarde qui m'a montré ton dossier.

– Alors tu sais que ça fait longtemps, non ? Tu n'as pas honte de faire remonter des choses pareilles ? Est-ce que je suis revenue vers toi pour te cracher à la gueule que tu n'es rien d'autre qu'un drogué alcoolique ?!

– Oh, calme toi Orange. »

Son visage s'était empourpré et des larmes faisaient briller ses yeux roses qui semblaient lui lancer des éclairs.

« Tu m'as utilisé pendant des années. J'ai tout fait pour toi, tout lâché. Mes études, l'appartement de mes parents. Et tout ça pour quoi ? Pour que tu me mette à la porte ?! Tu devrais avoir honte de te pointer ici, devant moi, à me remémorer ça alors que si c'est arrivé, c'est uniquement de ta faute ! »

Elle s'éloigna de sa table et alla derrière le comptoir pour fondre en larmes tout en étant loin de lui.

"J'ai merdé, Leslie. Je veux juste que tu me pardonne, que tout redevienne comme avant.

– Rien ne sera comme avant. Tu as foutu en l'air notre amitié, ta vie, et crois moi que tu ne vas pas foutre en l'air la mienne. Tu as failli le faire, mais c'est fini tout ça. Tu n'as plus aucune influence sur moi.

– C'est pour ça que tu t'énerve rien qu'en me voyant avant d'aller pleurer dans ton coin ? Honnêtement, je t'ai connu plus forte que ça. »

Si la rouquine avait été près de lui, elle n'aurait pas pu s'empêcher de se jeter à son cou pour essayer de le faire souffrir autant qu'il l'avait fait, qu'il le faisait à ce moment-même.

« Je regrette que tu sois si mal à cause de moi. Mais tu n'aurais jamais dû t'accrocher autant. Sérieusement, Leslie. T'as vu les photos que tu m'a laissé devant ma copine ? Rassure moi, il n'y a rien eu de plus que ça ?

– Non, il n'y a pas eu que ça. Dès que tu étais bourré, tu venais me chercher en me disant que tu m'aimais. Tu m'emmenais tous les soirs dans ta chambre.

– Me dit pas que tu croyais aux conneries d'un mec bourré et défoncé ? »

Si, elle y avait cru. Peut-être qu'au final, c'était elle l'idiote de l'histoire, celle qui avait pensé que ses paroles avaient de la valeur alors qu'il n'en avait même pas conscience. Mais... Non. Non, elle n'y était pour rien. C'était lui qui était odieux. Lui qui passait son temps à la rabaisser.

« Je croyais les paroles d'un garçon que je connais depuis que j'ai 10 ans, en qui j'avais confiance. Un garçon qui était gentil, attentionné et prévenant mais qui est visiblement devenu un vrai connard. »

Eren ne répondit pas, se contentant de la fixer de ses yeux verts. Puis il se leva, marchant vers le comptoir d'un pas lent mais décontracté, sûr de lui, déposant sous le nez de Leslie les photos qu'elle avait prise il y a plus de trois ans.

« Leslie, je suis désolé. Je t'aime et j'aimerais que tu revienne près de moi. »