Chapitre 1
Il était tard. Le printemps approchait mais les nuits demeuraient fraîches. Les rues étaient désertées depuis déjà quelques heures, mais dans les bars encore ouverts, on pouvait entendre de l'agitation depuis la rue.
Et une silhouette en faisait le tour depuis presque une heure. Elle entrait et ressortait quelques instants plus tard. Ce manège se répétait quasiment tous les soirs depuis plusieurs mois maintenant. Enfermée dans un ciré jaune, une petite tête rousse poussait les portes de chaque établissement, aussi mal famé qu'il soit en espérant y retrouver le garçon qu'elle connaissait depuis sa plus tendre enfance.
« Tiens, Leslie ! Comment vas-tu ce soir, ma grande ? »
Ça, c'était le patron du bar qui allait réchauffer corps frêle pendant quelques minutes.
« Je vais bien, merci. Vous n'auriez pas vu...
- Désolé, il n'est pas là, je t'aurais envoyé un message sinon.
- D'accord, merci quand même. »
Elle aurait bien voulu rester, mais ses recherches étaient loin d'être finies. On la connaissait bien, maintenant. Dès qu'il entrait, on la prévenait pour écourter ses recherches. Mais ce soir, c'était différent. Il n'en restait plus qu'un et elle craignait d'en pousser les portes. Dans sa poche traînait une bonne centaines d'euros, en prévision des dépenses qu'il aurait pu faire sans régler, évidemment. Mais dans son autre poche, il y avait autre chose qu'elle craignait énormément. Elle en était la porteuse et pourtant...
Sa main rougit par le froid poussa la porte délavée qui grinça horriblement. Une dizaine de regards se tournèrent vers elle, abrutis par la boisson. Les plus lucides d'entre eux émirent des sifflements suivis de rires gras et caverneux. Ils semblaient tous couverts de crasse, de honte et de solitude. Seulement, un jeune homme affalé sur le comptoir dénotait de cet environnement malsain.
« Eren... »
L'interpellé ne tourna même pas la tête.
« Ton ami a consommé sans payer. J'espère que tu as autre chose que ton joli cul pour payer, sinon tu en as pour toute la nuit. »
De nouveaux rires.
Elle claqua un billet de cinquante sur la table et passa ses bras sous ceux de son ami.
« Allons ma jolie, c'est une épave ton copain. Je suis encore frais, si tu le veux ! »
« J'ai toujours rêvé de me faire une belle petite rouquine. »
« Elle n'a pas énormément de poitrine, mais l'arrière est exceptionnel ! »
Elle sortit de sa poche un couteau suisse, bien caché sous des bonbons au caramel, à la pomme et à la cerise, et le pointa juste devant le visage de la personne la plus proche et jeta un regard circulaire, histoire de montrer son geste.
« Quelqu'un a encore quelque chose à dire ? »
Au bout de quelques instants, la jeune femme remit son arme au chaud et sortit. Avec l'aide du précédent barman, elle l'installa au siège avant de sa voiture. Quelques minutes de route et il ouvrit enfin les yeux.
« Leslie...
- C'est moi, comme d'habitude.
- Je t'aime Leslie...
- Comme d'habitude...
- Dépêche toi de rentrer, j'ai envie de toi.
- Je sais Eren... »
Ce fût les seuls mots du trajet. Une fois arrivés et encore avec l'aide de son amie, elle le raccompagna dans la grande et luxueuse maison que son père, le docteur Jaeger, lui avait offert.
Les deux ne restèrent pas habillés.
La maison ne resta pas calme plus longtemps.
Les draps furent défaits bien vite.
Mais la fatigue emportait le brun, aidée fortement par l'alcool. Alors Leslie l'habillait un peu et faisait de même pour elle. Le lendemain matin, il se réveillerait avec un mal de crâne intense et sans souvenir de la veille à partir de son deuxième verre. Comme d'habitude, la rousse ne parlerait pas de leurs ébats endiablés ni de son état à la limite du coma éthylique.
Comme d'habitude, elle se taira.
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