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Yann #42

Lorsque j'ouvre les yeux, je grogne, puis m'étire doucement avant de faire rouler ma nuque. La position dans laquelle j'ai dormi n'était pas confortable et je me suis réveillé plusieurs fois dans la nuit. Pourtant, il était hors de question que je quitte ce pouf pour monter dans ma chambre. La savoir dans la même pièce me rassurait. Je l'ai observé dormir, blottie contre lui qui la tenait fermement et j'ai compris que si je ne faisais rien aujourd'hui, il serait définitivement trop tard. À ce moment précis, c'est comme si j'avais été percuté par un camion.

Je lève le nez sur le canapé et constate qu'elle n'y est plus. David, lui, pionce encore. Je me demande où elle a bien pu filer, puis me redresse, pour rejoindre la cuisine le pas traînant. La promesse que je me suis faite avant de m'endormir, tourne en boucle dans ma tête et je suis bien déterminé à la tenir. Il va juste falloir que je me fasse violence et que je dépasse tout le reste. Il faut que je trouve de quoi me donner la force de le faire. Son sourire s'impose dans mon esprit et je trouve mon point d'ancrage. Il ne me reste que ça. C'est la seule chose qu'elle ne m'a pas encore reprise.

Je sirote tranquillement mon verre de jus d'orange, quand Kév passe la baie vitrée et me rejoint. Il affiche un air grave et immédiatement ça a le don de me foutre la chair de poule. Qu'est-ce qui s'est passé ?

‒ Elle est où ? Demandé-je, sans détours.

Il m'observe, lève un sourcil et ricane.

‒ Salut à toi aussi, mon pote ! J'ai le temps d'avaler un café, ou c'est interro surprise dès le matin ?

Je soupire et le laisse se servir pas vraiment d'humeur à patienter.

‒ Salut, bien dormis ? le questionné-je, par politesse et histoire d'avoir l'info que je souhaite obtenir.

‒ Aussi bien qu'on peut dormir sur du carrelage, se marre-t-il.

Pourquoi ce con a pioncé sur le carrelage ?

‒ Tu sais que c'est pas les chambres qui manquent ici, pas vrai ?

Il avale sa gorgée de café et m'adresse un regard lourd de sens.

‒ Et rater une occasion d'essayer de vous séparer si toi et Mister gueule d'ange veniez à vous sauter dessus en pleine nuit pour régler vos comptes ? Dans tes rêves, mec !

J'esquisse un sourire en entendant le surnom qu'il lui donne, mais reprend vite mon sérieux.

‒ Tu l'as croisée ?

‒ Qui ça, ta Juliette ? sourit-il, exagérément.

‒ Putain, Kév, t'es lourd. Ouais, tu l'as vue ?

Il soupire et pose sa tasse.

‒ Si on peut plus déconner cinq minutes... Ouais, je l'ai croisée, j'viens de parler avec elle.

‒ Et ?

‒ Et Roméo est putain de casse couille ! Il est carrément pas dans le timing. J'veux bien qu'il se la joue plus moderne, mais franchement dans ce rôle-là il est à chier !

Kévin et ses messages codés pas si codés que ça. Je comprends immédiatement qu'il vaudrait mieux que je me bouge le cul au plus vite et que c'est pas la joie. Ce qui n'a rien d'étonnant, vu ce qui s'est passé la veille. Je soupire et lui lance un regard déterminé.

‒ J'vais lui parler. Fin j'veux dire, vraiment.

‒ Alléluia ! Tu sais quoi ? Je vais faire un détour avant de rentrer et aller allumer un cierge, histoire que Cupidon te file un coup de main ! Ce sera pas de trop ! se moque-t-il.

Et donc là, je dois décoder que je vais certainement en chier. Ça je m'en doutais déjà un peu, c'est pas un scoop.

‒ Et cette fois, t'es sûr, ou bien tu vas te la jouer Casper au dernier moment ? m'interroge-t-il, curieux cette fois.

‒ Si je le fais pas, je vais la perdre pour de bon et j'ai l'impression que si je lui parle pas aujourd'hui, ce sera vraiment foutu.

Il lève un sourcil et secoue la tête amusé.

‒ C'est ça, suis ton intuition ! Pour une fois, ce serait pas mal ! Mais, rassure-moi, tu sais que ce que tu vas faire là, ça fait... genre des mois que je te bassine pour que tu le fasses ?

‒ C'est ça, retourne le couteau dans la plaie. Tu sais très bien que c'est pas aussi facile que ça, grogné-je.

‒ Ouais, bah en attendant, c'est pas encore fait ! Et moi je suis comme Saint... Saint comment déjà ? Comment elle dit ma grand-mère ? Bref, on les emmerde tous ces Saints ! Mais, je crois que ce que je vois !

Je me marre doucement et finis mon verre. Ce mec arrivera toujours à m'arracher un rire ou un sourire. Il sort des conneries parfois, je me demande où il va chercher tout ça.

Il attrape une pomme puis se tourne vers moi.

‒ On se voit plus tard, j'dois repasser chez moi, annonce-t-il.

J'acquiesce, l'observe sortir, puis attrape un pain au chocolat. Appuyé contre le plan de travail, je réfléchis à la meilleure façon d'aborder le sujet avec elle. Je suis quelqu'un de plutôt direct, mais sur ce coup-là, je ne peux pas juste lui sortir que j'ai déconné et que je l'aime. Non, il va falloir que je mette le paquet, que je sois vraiment moi, que je dise les choses comme je les ressens.

Peu avant midi, Nine réapparaît et traverse le salon. David qui vient de se réveiller, lui sourit, puis se redresse. Elle lui glisse un mot, puis tous deux passent devant moi. Je cherche son regard, histoire de savoir comment elle se sent, de pouvoir profiter d'une petite connexion entre nous, afin de trouver un peu d'énergie, mais elle évite scrupuleusement de croiser le mien.

Sans un mot, ils sortent et elle disparaît de mon champ de vision. Où est-ce qu-ils vont comme ça ? Elle aurait pu partir seule, mais après lui avoir parlé, il l'a suivi sans hésiter. Je recommence à me faire tout un tas de films et je décide d'aller calmer mon imagination. Ça vaut mieux.

Après une petite heure de jogging, où je me suis encore donné à fond, je rentre et monte dans ma chambre. Évacuer le surplus d'émotion, de colère surtout, voilà mon objectif. Je ne préfère finalement pas penser à ce qui va se passer lorsqu'elle va revenir pour la soirée ou à ce qu'elle fait maintenant. Avec lui.

Je commence à me déchaîner sur mon sac de frappe et laisse exprimer dans mes coups tout ce que je ressens. Les muscles de mes bras commencent à brûler et ça me permet de ne penser à rien d'autre. Le souffle court, j'immobilise mon défouloir entre mes mains et observe mes phalanges tout en serrant et desserrant mes poings. Je sens la sueur dégouliner le long de ma colonne vertébrale et inspire profondément avant de filer dans la salle de bain.

Sous le jet de la douche, je laisse l'eau chaude faire son œuvre et décontracter mes muscles. Les paumes appuyées contre la faïence fraîche, je force mon esprit à ne pas s'égarer. Si je le laisse faire, ça ne m'aidera pas à atteindre mon but. Il faut que j'arrive à faire le vide.

J'enfile mon short de bain. Je me souviens que Kév m'avait dit que la dernière soirée se résumerai à une Pool Party. Rien que d'y penser, je l'imagine dans l'eau avec lui. Le vide j'ai dit, putain !

Un coup d'œil sur mon portable pour vérifier qu'elle ne m'a pas envoyé de message et je soupire lorsque je constate que ce n'est pas le cas. C'est beau d'espérer. Pourquoi elle m'en enverrait un après tout ? C'est vrai, elle a certainement mieux à faire si elle est avec lui.

Écho non plus ne m'a pas recontacté. À vrai dire, ça fait un petit moment qu'il n'a programmé aucun combat. Rien d'étonnant, l'été, c'est un peu une période creuse. J'aurais pourtant bien eu besoin de vraiment me défouler, mais faut croire que je vais devoir m'en passer. À moins d'aller chercher la merde dans les Blocks, je n'obtiendrai pas ce qui me ferrait vraiment du bien. Mais je chasse cette idée immédiatement. Pas cette fois, j'ai quelque chose de bien plus important à faire. Il faut que je lui parle. C'est aujourd'hui ou jamais.

Il est presque quinze heures et il me reste un moment avant que les invités n'arrivent pour la dernière soirée. Je me laisse tomber sur le canapé et lance une partie en ligne avec les potes. Ça aura au moins le mérite de m'occuper jusque-là. En à peine quelques minutes, je me retrouve à gueuler tout seul dans ma piaule après mes potes, qui ne sont pas assez réactifs à mon goût et ça les fait marrer. Je ne les ai jamais rencontrés réellement, mais ils sont devenus au fil des parties, des personnes que j'apprécie beaucoup.

Lorsque j'éteins la console, il est presque dix-huit heures. Voilà près de trois heures que je joue et je ne m'en suis pas rendu compte. Ce qui est plutôt positif. Ça m'a permis de garder mon calme en me focalisant sur autre chose. J'enlève mon casque et du bruit me parvient d'en bas. On dirait même que du monde est déjà là. Je me redresse, puis sors de ma chambre pour rejoindre le rez-de-chaussée.

Lorsque je franchis la porte fenêtre, je me fige.

‒ Putain Kév ! Qu'est-ce que t'as foutu ? râlé-je, en voyant que la piscine est remplie de mousse.

Il se tourne vers moi et me sourit à pleines dents.

‒ Je voulais donner un effet soirée mousse ! Plutôt réussi non ? J'me suis dit que ce serait cool !

Je me passe une main sur le visage. Respire, mec, c'est que de la mousse.

‒ T'as de la chance que mon père soit pas là ! Il te tuerait !

Il rit doucement et se redresse, alors qu'il était en train de remuer l'eau avec une rame.

‒ Ton père me kiffe, no problem !

‒ Il kiffe aussi sa piscine ! Et là je te parie qu'il se retiendrait de te noyer ! ricané-je.

Il hausse doucement les épaules et j'écarquille les yeux, en découvrant à ses pieds ce qu'il a balancé dans la flotte pour obtenir cette mousse. Je me disais bien que cette odeur m'était familière et que ça sentait bon.

‒ Par contre, ma mère tient à son bain moussant Coco Chanel... et là, t'es mort ! me marré-je.

Il grimace et observe les deux flacons vide à ses pieds.

‒ J'ai pris ce qui me passait sous la main. J'ai pas fait gaffe, soupire-t-il.

‒ Mec, du Coco Chanel !

‒ Bah au moins, ça sent bon !

‒ Tu m'étonnes ! pouffé-je.

‒ J'lui en rachèterait avant qu'elle revienne.

‒ Si t'as cent cinquante balles à dépenser, fait toi plaisir, m'amusé-je.

Il tourne la tête vers moi, bouche bée et devient tout pâle.

‒ J'crois qu'il va falloir que tu m'avances les tunes, grimace-t-il, alors que je me marre de plus belle.

‒ Ça va, t'inquiètes, j'irais lui en racheter demain, soufflé-je, avant de me laisser tomber sur l'herbe au soleil.

‒ Je t'aime, mon pote, sourit-il, soulager.

Je ricane doucement, puis l'observe d'un œil, alors qu'il recommence à remuer l'eau avec sa rame. Je secoue la tête, amusé, avant de fermer les yeux pour en profiter et me reposer un peu avant que le reste des invités arrivent.

– Hey, Nine !

Alors que je somnole depuis une vingtaine de minutes, j'ouvre un œil en entendant son surnom et je la découvre, qui se tient sur le seuil de la baie vitrée. Elle vient apparemment d'arriver et David s'empresse déjà de la rejoindre. Il était déjà arrivé lui ?

Il passe son bras sur ses épaules, lui colle un baiser sur la joue et immédiatement, je me tends. S'ils étaient ensemble, il lui aurait roulé une pelle, alors détend toi, mec, c'est plutôt bon signe ! Il lui fait signe de le suivre dans la piscine, là où se trouve déjà Emi, Nico et Aurore, puis elle sourit et commence par virer son short.

Mes yeux suivent chacun de ses mouvements et je déglutis péniblement, tandis que mon cœur s'emballe. Lorsqu'elle enlève son haut de plage pour se retrouver en bikini, c'est une tout autre sensation qui s'empare de moi. Je m'imagine la soulever et l'emmener dans la piscine, pour l'embrasser et la caresser jusqu'à en perdre la raison. Elle est magnifique.

Elle longe le bord de la piscine et je la suis du regard sans pouvoir m'en empêcher, alors qu'elle ne s'en aperçoit pas et c'est très bien comme ça. Elle trempe ses orteils dans l'eau, ce qui me rappelle à quel point elle déteste l'eau trop froide et je souris en voyant sa réaction, lorsque Émilie l'éclabousse. Soudain, elle disparaît au moment où David l'attrape par la taille pour l'entraîner avec lui sous l'eau et un grognement sourd monte de ma cage thoracique.

Lorsqu'elle remonte à la surface, morte de rire en voyant Aurore qui a chaviré à cause d'eux, un sourire étire le coin de mes lèvres en entendant cette mélodie. Je les observe chahuter dans discrètement, même si la voir en sa compagnie fait un mal de chien, la voir rire me soulage un peu. Je m'en voudrais qu'elle ne profite pas de ces soirées qui clôturent aussi la fin de l'année scolaire. Surtout qu'elle n'a pas été de tout repos.

Perdu dans mes pensées tout en la regardant, je me fige et serre les dents lorsque David qui avait disparu sous l'eau se redresse et qu'elle se trouve sur ses épaules. Il pose ses mains sur ses cuisses pour la maintenir et je la vois rougir légèrement. Encore une fois, il n'y a que moi qui m'en aperçois et voir qu'il lui fait ce genre d'effet me fout en l'air. Je me redresse sur mes coudes, ce qui me rend un peu moins discret, mais je m'en branle.

Ses iris plus clairs à cause du soleil, croisent les miens et nous restons à nous observer quelques secondes. Un peu plus et je jurerais qu'elle est en train de me mater, à la vue de son regard qui s'attarde sur mon corps. Le fait qu'elle me détaille de cette façon me donne chaud et je ne la lâche pas des yeux. Mon palpitant m'encourage et réagit immédiatement. L'autre remonte ses mains le long de ses cuisses pour la tenir un peu mieux et je détourne les yeux. C'est trop pour moi.

Je me lève, m'assois sur le bord d'un transat et me met à observer l'horizon. Juste histoire de me calmer. Certains indices me montrent qu'elle semble toujours prête à m'accorder une seconde chance. D'autres, me prouvent qu'elle est sur le point de lui en laisser une à lui, qu'elle est sur le point de craquer. Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux que je la laisse vivre son histoire avec lui ? Il ne se trimbale pas autant de merdes que moi. Connerie ! T'en a aucune envie ! Je les entends rire d'une oreille, alors qu'ils se sont lancés dans une bataille à qui fera tomber l'autre en premier, mais n'ai pas la force de regarder. Si je venais encore à voir un geste ou un regard qui me prouve qu'elle est sur le point de le laisser entrer dans sa vie, je pense que je pourrai m'écrouler sans pouvoir me relever.

Malgré moi, mes yeux la cherchent et la trouvent. Elle rit, tout en essayant de faire tomber Emi qui se trouve sur les épaules de Kévin et pour finir, ils perdent tous l'équilibre pour terminer sous l'eau. Lorsqu'elle remonte, c'est dans les bras de son cavalier qu'elle se trouve et il la serre contre lui. Ils se marrent tous les deux, puis son regard plongé dans le sien, elle lui sourit.

Mon souffle se coupe, mon cœur se met à battre encore plus douloureusement qu'il ne l'a jamais fait et c'est un vide immense qui m'envahit. Je reste là, à les observer sans réagir, paralysé par la scène qui se joue devant mes yeux. Ce sourire qui m'était jusque-là réservé, elle est en train de le lui donner. Mon palpitant se met à cogner encore plus fort et c'est la gorge serrée que je ne peux détourner les yeux de son visage. Il s'illumine de ce qui me permettait de tenir jusque-là. Je n'ai maintenant plus rien d'elle qui n'appartient seulement qu'à moi.

Les dents serrées, je tente de retrouver pied, alors que j'ai l'impression de me noyer et mon pote m'adresse un énième regard, l'air désolé. Il sait ce que ça représente pour moi. J'ai réussi à lui confier qu'elle ne me l'adressait qu'à moi, que jusque-là, elle ne lui avait jamais souri de cette façon et que tant qu'il me restait au moins ça, je m'accrocherai.

Le voilà le putain de déclencheur que tu attendais, mec ! Ouais, sauf que ce sourire, j'aurais aimé qu'il reste le mien. Seulement, pour ça, il aurait fallu que je puisse réagir avant que ça ne se produise.

Je passe l'heure qui suit à cogiter et me redresse sans vraiment me rendre compte de quoi que ce soit, lorsque Kév me demande mon aide afin de tenir le bâton de Limbo. Il essaye certainement de me changer les idées, mais j'ai l'impression d'être comme déconnecté.

La gorge toujours serrée, j'observe Nine passer sous le bambou, à plusieurs reprises, sans aucune réaction. Comme si même mon corps avait décidé de m'envoyer chier cette fois lui aussi. Pourtant, à l'instant même où elle manque de tomber, au moment où elle se penche en arrière, mon instinct reprend le dessus et je la rattrape de justesse en plaquant ma main sur son dos pour la retenir.

Je la détaille, pour m'assurer qu'elle va bien et mon regard plonge dans le sien avant de dévier et de s'attarder sur ses lèvres que je m'imagine en train de goûter avec gourmandise. Leur goût m'a déjà rendu fou lorsque je l'ai embrassée au bahut et je meurs d'envie de les sentir encore contre les miennes.

Non, pas comme ça, cette fois, si ça doit se passer, je veux faire les choses bien.

– Ça va ? m'inquiété-je.

Elle se contente de hocher la tête doucement, sans me quitter des yeux puis, je l'aide à se remettre sur ses pieds. Sans un mot, elle finit par s'écarter et rejoint ses amis, tandis qu'un autre groupe prend le relais au Limbo.

Je m'adosse contre le mur, les bras croisés sur mon torse et cette fois, je la bouffe du regard, sans m'en cacher, alors qu'elle danse sur du Reggaeton, de cette façon qui me rend dingue. La voir onduler comme ça, réveille à chaque fois un désir bien plus profond et j'imagine mon corps, brûlant de désir contre le sien en train d'accompagner ses mouvements.

J'ai eu ce putain de déclic et il faut que je trouve le bon moment pour lui parler. Hors de question de faire ça maintenant. Il faut qu'on se retrouve tous les deux. Sans que personne ne puisse venir nous interrompre.

Au moment où elle s'apprête à quitter la piste de danse improvisée, une série de slows commence et le DJ qui lui tient compagnie depuis quatre jours maintenant, pose ses mains sur ses hanches avant de l'attirer à lui. Elle enroule ses bras autour de son cou sans hésiter, puis, se presse contre lui pendant qu'une rage bien plus profonde cette fois m'envahie. Ils tanguent doucement, au rythme de la musique tout en discutant, leurs regards, accrochés l'un à l'autre.

Lorsque la mélodie se termine, elle lui sourit, de la même façon et je ne trouve rien d'autre à faire que de m'éclipser. La voir lui donner encore une fois ce qui m'est si précieux m'achève. Je monte à l'étage, regagne ma chambre, puis me plante devant le miroir. J'observe mon reflet et mon regard planté dans mes propres iris, je me convaincs que je peux le faire.

Après un moment, je jette un coup d'œil par la fenêtre de ma chambre qui donne sur le jardin et constate que tout le monde a déserté le jardin. Je pense que finalement, j'ai passé plus de temps que je ne le pensais à essayer de me persuader que j'en suis capable. J'entends la porte de la chambre voisine se fermer et j'en déduis que Nine va dormir ici cette nuit. Avec soulagement, la porte de celle où j'ai balancé David l'autre nuit claque doucement et j'inspire profondément. Ils ne dormiront pas ensemble.

Nerveux, je commence à faire les cent pas, tentant de rassembler tout le courage qu'il me reste. Je meurs d'envie de faire ça depuis un moment déjà. Je sais ce qu'Antho me dirait. J'entends sa voix qui résonne dans mon esprit. " Fonce mec ! On a qu'une vie ! Alors vis là à fond et profite, bordel !". À chaque fois que j'étais indécis, c'est ce qu'il me disait.

Je décide d'attendre un peu afin d'être sûr que tout le monde a déserté la fête afin de ne pas être dérangé lorsqu'on discutera, puis fronce les sourcils au moment où je m'apprête à ouvrir la porte de ma chambre pour rejoindre la sienne. Il me semble entendre du bruit dans le couloir. Comme si quelqu'un s'éloignait sur la pointe des pieds. J'attends quelques secondes, puis lorsque le silence retombe, sors. J'avance vers sa chambre, toque doucement le cœur battant à mille à l'heure, mais n'obtient aucune réponse.

Hésitant un instant, je me décide tout de même à entrer. Les draps sont défaits, mais elle n'est pas là. Un coup d'œil rapide à la pièce et je remarque que son sac est posé dans un coin. Elle n'est donc pas partie, c'est déjà ça. Je soupire, soulagé et rejoins le rez-de-chaussée, discrètement. Hors de question d'alerter quelqu'un et qu'il vienne me faire chier. Elle doit être par là, il suffit que je la trouve. Je scanne la pièce principale et la cuisine sans la voir, puis coulisse l'un des pans de la baie vitrée et mon regard se pose sur elle.

Accoudée au rebord de la piscine, perdue dans ses pensées, elle ne m'entend pas et je ne peux m'empêcher de l'observer et de la trouver sublime. Les reflets de l'eau sur sa peau la rendent désirable à un point que ça en devient indécent.

Je referme derrière moi et le bruit lui signale ma présence. Elle lève les yeux sur moi, tandis que je m'approche pour m'asseoir sur le bord. Mon regard se perd sur la surface de l'eau quelques secondes, alors qu'elle reste silencieuse et m'observe du coin de l'œil. Mon palpitant ne semble pas vouloir se calmer. Comme si j'étais lancé sur une ligne droite à pleine vitesse avec ma bécane et que l'adrénaline se diffusait dans mes veines, il bat comme jamais. Comme s'il était conscient que j'allais lui donner ce qu'il attends depuis tout ce temps. Enfin, si elle veut bien m'accorder cette seconde chance dont je rêve. Et si ce n'était pas le cas ? Si elle me la refusait ? S'il était vraiment trop tard ?

Soudain, elle s'écarte du bord, avance lentement au milieu de la piscine et je l'observe faire ne désirant que la rejoindre. En la détaillant plus attentivement, je remarque ses yeux rougis. Elle a pleuré. Savoir ça me blesse au plus profond de moi, parce que je sais que c'est à cause de moi et de ce que je suis. De mes doutes et de mes peurs.

Je perçois qu'elle soupire légèrement, puis commence à s'éloigner vers les marches de la piscine. Elle est en train de me faire comprendre qu'elle a atteint ses limites et ne pourra pas attendre plus longtemps sans craquer. Je le sais, j'en suis conscient. Attends !

Je décide alors de lâcher totalement prise et de laisser parler mon cœur. Tant pis s'il souffre ensuite. Je veux vivre et je veux le faire en lui tenant la main.

‒ Attends, soufflé-je, anxieux, en entrant dans l'eau à mon tour.

Elle s'arrête, semblant hésiter, elle aussi, puis se tourne lentement vers moi. J'avance vers elle de la même manière, me fige à quelques centimètres et mon regard plonge dans le sien. Les reflets de la lune sur l'eau, donnent une couleur différente de ce que j'ai pu voir jusque-là à ses deux émeraudes et je me noie complètement dedans. Ce qu'ils m'ont manqué ses yeux.

– Je suis désolé, finis-je par prononcer, m'accrochant toujours à son regard qui m'hypnotise.

Elle fronce légèrement les sourcils et je devine qu'il faut que je sois plus précis. C'est vrai, il y a tellement de choses pour lesquelles je dois m'excuser.

– Pour tout... J'ai réagi comme un con... J'ai peur de ce que je ressens...

Je m'approche un peu plus et elle m'observe, méfiante. Je comprends, elle s'attend à ce qu'encore une fois, je finisse par fuir. Mais pas cette fois. Non, hors de question.

Mes iris toujours ancrés aux siens, j'attends et espère qu'elle accepte de me parler.

– C'est pas de tes sentiments dont tu as peur Yann... Ce qui te fais peur, c'est que je puisse disparaître...

Mon souffle se bloque. Elle me connait si bien. Je n'ai jamais vraiment eu besoin de lui parler pour qu'elle me comprenne. Mais, cette fois, je ne peux pas la laisser deviner. Il va falloir que ça sorte. Je baisse les yeux, saisis mon courage et m'y accroche aussi fort que je peux.

– Je deviens dingue... Parce que je te perds et ça me rend malade, parce que je te fais du mal, alors que c'est la dernière chose que je veux... Je voulais juste que tu me détestes, parce que si ça avait été le cas, ça aurait été plus facile, j'aurais pas eu à me soucier de ce que tu pensais de moi, les fois où tu devais assister à mes combats... Et plus que tout, j'ai peur de te perdre de la même façon qu'Antho parce que je t'aurais laissé entrer dans ce monde qui est le mien.

Les mots passent la barrière de mes lèvres et je les laisse filer comme ils me viennent. Je sais pas si ce que je dis est clair, mais lui parler m'apaise. Peu à peu, je sens cette armure que j'ai enfilée ce soir-là commencer à s'effriter et... ça fait du bien.

– Qu'est-ce qui a changé ? demande-t-elle, d'une petite voix, ne semblant pas vouloir me brusquer.

Je perds mon regard derrière elle, le cœur lourd. Allez, mec, tiens bon.

– Tu lui as souris...

Ça me fait mal rien qu'à le dire.

– Je souris à tout le monde, je suis comme ça...

Je secoue la tête doucement.

– Pas de cette façon... Jusque-là, il n'y avait qu'à moi que tu souriais comme ça et ça me...

Je me frotte la nuque nerveusement et me sens idiot tout à coup, mais, je plonge mes yeux dans les siens et j'y trouve le reste de la force dont j'ai besoin.

‒ Et tes limites ? me questionne-t-elle, anxieuses à l'idées qu'elles ressurgissent.

Un léger rire m'échappe et je lui souris avec tendresse.

– Elles étaient de toute façon franchies, au moment même où je t'ai laissé te rapprocher de moi...

Et c'est vrai, ce jour-là, lorsqu'elle s'est approchée de moi, alors que j'étais assis sur ce banc, j'ai senti qu'elle avait réussi à m'atteindre d'une manière dont personne n'avait réussi à le faire jusque-là. Je fais un pas vers elle, nos corps se frôlent et chaque parcelle de mon corps se couvre de frissons. Elle baisse les yeux, comme si cette fois, c'est elle qui avait peur que je ne vienne à disparaître. Et je la comprends. Putain, ouais je la comprends. Doucement, je saisis son menton entre mes doigts et lève son visage vers le mien.

– Tu te souviens, quand j'ai sauté de cette falaise ? Tu m'as demandé pourquoi je faisais tout ça... Je t'ai répondu que c'était pour me sentir vivant...

Elle hoche la tête presque imperceptiblement.

– Depuis que je te connais, j'ai cette sensation tous les jours, elle ne me quitte plus... Je me sens plus vivant que jamais... chaque seconde.

Mon cœur cogne comme un forcené et je me sens un peu plus abruti à chaque mot que je prononce, mais je m'en cale.

Mes bras, qui l'attendent depuis trop longtemps maintenant, s'enroulent autour d'elle, sans que je puisse m'en empêcher, tandis qu'elle scrute mon regard. Sans la quitter des yeux, je l'attire à moi pour la serrer avec une immense douceur. Je veux lui faire ressentir ce qu'elle représente et à quel point j'en ai envie.

J'enfouis mon visage au creux de son cou et retrouve ce parfum qui m'a cruellement manqué. Comme un camé qui met la main sur une des doses qu'il avait égarées, je m'en imprègne et la serre un peu plus fort encore. Elle encercle ma taille de ses bras menus, pose son front contre mon torse et là, c'est une explosion de sensations qui m'envahit. Cette chance, je vais y avoir le droit, je le sais, je le sens.

Elle lève le nez sur moi et m'observe avec insistance.

– T'es sûr que c'est ce que tu veux ? demande-t-elle, semblant redouter ma réponse.

Je lui souris avec douceur et plonge mon regard dans le sien. Je ne veux pas qu'elle doute une seconde de ce que je vais lui dire.

– Depuis que je te connais, je ne suis plus sûr de rien, j'avais des plans pour le moindre truc...

Je m'interromps, pour chercher les bons mots, je n'ai jamais été doué pour m'exprimer de cette façon.

– La seule chose dont je suis sûr maintenant, c'est que je veux pas te perdre et que ce que je ressens, je pourrai jamais rien faire contre, soufflé-je, mes iris ne quittant pas les siens une seule seconde.

Je me penche sur elle pour lui donner l'occasion de reculer si elle le souhaite et mes lèvres viennent frôler les siennes, alors que l'autre bat tellement fort que je suis sûr qu'elle en ressent les vibrations contre ma cage thoracique. Mais, ça m'est égal. Elle à cet effet sur moi, c'est indéniable, je n'y peux rien et je l'accepte. J'aime ce pouvoir qu'elle a sur moi, sur mon âme.

– Je t'aime, prononcé-je, timidement, avant de poser avec une infinie tendresse mes lèvres contre les siennes.

Leur goût sucré et la douceur de sa peau contre la mienne a raison de moi en une fraction de seconde. Elle passe ses bras autour de mon cou pour me donner le feu vert, toutes mes barrières s'effondrent et je me laisse aller. Mes mains filent instinctivement sur son dos pour ensuite glisser sous ses fesses. Sans effort, je la soulève et elle enroule naturellement ses jambes autour de ma taille. Son corps ainsi pressé contre le mien, je découvre une toute nouvelle sensation et je refuse de la lâcher. Hors de question, j'ai trop attendu. Ma langue, retrouve la sienne pour une danse sensuelle dont je me délecte et j'imprime chaque sensation dans mon esprit pour les graver et ne jamais les oublier. Elle m'a tellement manquée.

Lentement, je sors de l'eau sans la lâcher et du coin de l'œil, repère une couverture étalée sur l'herbe, que quelqu'un a dû oublier de ranger. Avec délicatesse, je l'allonge dessus et mon corps au-dessus du sien, mon avant-bras sous sa tête, je la dévore du regard. Comment ai-je pu tenir jusque-là ?

Son souffle qui s'écrase sur mes lèvres me donne l'envie irrépressible de recommencer et je cède à cet appel contre lequel je décide de ne plus jamais résister. Cette fois, je l'embrasse passionnément. Je veux qu'elle sache à quel point j'en avais vraiment envie. Ça a toujours été le cas d'ailleurs. Ses doigts viennent frôler mon dos, tandis que les miens effleurent son bras et c'est un feu ardent qui commence à me consumer. Elle resserre ses jambes autour de ma taille et s'accroche à moi, comme si je pouvais disparaître et changer d'avis à tout moment, tandis que bien plus bas, c'est autre chose que mon désir et ce que je ressens pour elle fait réagir. Je souris contre ses lèvres et pose mon front contre le sien le souffle court, puis m'écarte doucement alors qu'elle m'adresse ce sourire que je ne pensais plus jamais revoir.

Cette fois, je ferais les choses bien.

Allongé l'un à côté de l'autre, nous observons le ciel de cette nuit d'été, qui sera à jamais gravée dans ma mémoire. Je plane tellement haut que ça me paraît impossible qu'une personne puisse avoir un tel pouvoir sur quelqu'un d'autre. Je découvre quelque chose que je n'ai jamais connu. C'est à la fois grisant et flippant. Un peu comme quand je fais fasse à une bute de terre sur la piste, sans savoir ce qu'il y a derrière. Je pourrais bien me casser la gueule, mais j'en ai rien à foutre. Je fonce, sans hésiter.

Elle se tourne sur le côté pour me faire face, sa tête calée au creux de sa main et mon regard retrouve le sien. Vertigineux. Ses lèvres viennent se presser contre les miennes et ce doux baiser se diffuse avec une extrême douceur dans mes veines.

Elle recule lentement en se mordant la lèvre et je lui souris avant qu'elle ne se laisse retomber sur le dos pour perdre ses prunelles parmi les étoiles. Je l'imite, heureux comme jamais.

– Qui a fini par te le dire ? demande-t-elle, brisant le silence, sans quitter le ciel des yeux.

De quoi est-ce qu'elle parle au juste ?

– Dire quoi ?

– Que je m'en allais...

Quoi ?

Je me tourne vers elle et je sais que l'incompréhension se lit sur mon visage. Sûrement un peu de panique aussi. Comment ça partir ? Non, on vient de se retrouver !

– Attends, quoi ?

– Je pars demain rejoindre mes parents dans notre maison de vacances.

Je l'observe cherchant dans son regard le moindre signe d'une blague de mauvais goût et une boule se loge dans ma gorge, lorsque je comprends qu'elle va se retrouver à des centaines de kilomètres de moi.

– Pourquoi tu m'as rien dit ?

– Parce que je voulais... J'avais pas envie que ça influence ton choix, que ça te pousse à te précipiter pour regretter, je voulais que cette fois t'en aies vraiment envie...

Je fronce les sourcils et l'observe. C'est vrai, je ne suis pas revenu sur ce point. Je m'approche d'elle et place mon visage au-dessus du sien.

– J'en ai toujours eu envie et la première fois que je t'ai embrassée, je me retenais de le faire depuis plusieurs semaines... J'ai juste... Merdé...

À son tour, elle me scrute et semble essayer de déceler dans mes pupilles le moindre doute. Mais elle n'en verra pas le moindre signe.

– Combien de temps ? soufflé-je, anxieux de ce qu'elle va m'annoncer, alors que je me rallonge sur le dos et l'attire contre moi.

Elle pose sans hésiter sa tête sur mon torse et mon palpitant recommence à faire la java, tandis qu'elle entrelace ses doigts aux miens, nos mains, posées sur mon ventre.

– Trois semaines.

Je me tends légèrement le souffle coupé, tandis que mon cœur rate un battement se plaignant déjà de son absence alors qu'elle n'est pas encore partie.

Inquiète de ma réaction, elle lève le nez sur moi, puis se redresse légèrement pour m'observer. J'inspire profondément, puis l'attire sur moi pour la serrer dans mes bras. Si elle doit s'en aller demain, pas question que j'en loupe une miette. Je la veux avec moi à chaque seconde. Comme si elle le comprenait, elle se laisse faire et je profite de chaque seconde.

Nous restons ainsi, silencieux, à apprécier ce moment simple, tandis que mes doigts se mettent à dessiner inconsciemment le signe de l'infini sur son bras, juste en dessous de son épaule. Mes bras autour d'elle, je savoure cette sensation de l'avoir contre moi. Ce contact m'a tellement manqué que j'aurais pu en devenir complètement fou.

Le regard perdu dans les étoiles, le visage d'Anthony apparaît soudain. Un sourire débile aux lèvres, il lève les deux pouces, comme lorsqu'il était gamin et que je gagnais une compétition avant de disparaître.

Je l'ai fait, mec, je vais vivre. Merci à toi. Et promet moi que je ne la perdrai pas. De là où t'es, veille sur elle quand je ne peux pas le faire.

                                                                          FIN DU TOME 1 

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