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Yann #40

Lorsque je sors de ma chambre vers neuf heures, je jette un coup d'œil vers celle où elle s'est installée pour la nuit. Je m'approche, tends l'oreille à l'affût du moindre bruit, mais n'entend rien. Mon envie de m'assurer qu'elle est encore là, bien plus forte que le reste, je me risque à ouvrir la porte.

Endormie, la couette remontée jusque sur son nez, elle est bien là. J'esquisse un léger sourire. Je n'arrive pas à faire mieux ces dernières semaines, comme si, lui aussi, avait déserté. Comment peut-elle avoir une telle influence sur mon humeur et ma façon de me comporter ?

Je l'observe et me demande comment elle arrive à dormir emmitouflée de cette façon par cette chaleur puis me rappelle à quel point elle peut être frileuse. Il fait facilement trente degrés en ce moment, mais apparemment, ça ne change rien pour elle.

Au moment de refermer la porte, je jette un dernier regard sur elle et mon cœur se serre douloureusement. Il faut que j'évacue. J'ai fini par m'endormir vers sept heures, puis me suis réveillé en sursaut à peine une heure trente plus tard. Des cauchemars. Ils avaient pourtant disparu. Le sommeil semble lui aussi foutre le camp.

Je dévale les escaliers. À première vue, personne n'est réveillé. Je suis le seul. En même temps tout le monde s'est couché vers cinq heures, alors rien d'étonnant.

Une fois sur le perron et malgré l'heure, il fait déjà beaucoup trop chaud à mon goût pour courir. Je vire mon t-shirt, le balance sur le banc posé devant la façade et enfonce mes écouteurs. Une playlist de Rock Alternatif se lance et me voilà parti pour une course folle. Il faut à tout prix que j'arrive à vider mon esprit pour réussir à faire face à ce qui m'attend, sans partir complètement en live.

Le sport, jusque-là, a toujours été un bon moyen et j'espère qu'il le sera cette fois encore. La musique qui passe change de rythme et j'accélère. Je cale ma respiration sur mes foulées qui se font de plus en plus rapides. Pousser mon corps à ses limites, voilà comment je réussirai à garder le contrôle, ou du moins un minimum. Il le faut. Je sais à quel point je peux devenir mauvais et incontrôlable et j'ai pas envie de ça. Plus maintenant. Pas alors qu'elle fait partie de ma vie. Faisait.

Je prends à droite, m'engage dans un petit chemin de terre qui coupe à travers bois. Courir à l'ombre des arbres, les rayons du soleil filtrant à travers les branches et qui donnent une ambiance complétement différente de tout ce que je vis, à un côté apaisant. J'aime cet endroit. Le sentier change tout à coup et se fait plus pentu, mais je ne ralentis pas. J'ai l'habitude et j'en connais la moindre aspérité. Je pousse les muscles de mes jambes au maximum, mes cuisses commencent à brûler, mais c'est une bonne douleur. L'une de celle qui me permet de ne penser à rien d'autre. La dernière fois que je l'ai emprunté, j'étais en cross. Je fronce les sourcils en me rendant compte que ça fait un moment que je ne me suis pas lâché sur la piste. À vrai dire, je préférais passer tout mon temps avec elle, parce que chaque minute compte et je ne regrette pas mon choix. Je me promets cependant d'aller y faire un tour dès que je peux. Peut-être que faire des choses que je faisais avant de la rencontrer m'aidera.

La pente s'accentue encore et le souffle court, je donne une dernière impulsion pour arriver en haut. Le sommet. Je m'arrête, la respiration heurtée. Mon cœur cogne contre mes côtes, mais ça ne suffit pas, il m'en faut encore, j'en redemande. Du haut de mon perchoir, j'observe le paysage. Juste devant moi, en contrebas, une étendue d'arbres, puis un peu plus loin sur la droite j'aperçois les Blocks, cet endroit qui m'a autant apporté qu'il m'a prit. Les images des délires avec Antho envahissent mes pensées comme des flashs, puis ceux du soir où il est parti brutalement. Si seulement je pouvais mettre la main sur le type qui à planté cette lame que je lui ai retirée. Ma mâchoire se crispe et mon poing se serre. À bien y réfléchir, il ne vaut mieux pas pour lui, ni pour moi.

Avant ce soir-là, j'étais un mec rien de plus normal. Les cours, la fête, l'alcool, la clope, la beuh, les délires. J'allais dans les Blocks surtout parce qu'il y vivait. Issue d'une famille avec peu de moyens, il avait fini par atterrir là-bas. Mon meilleur pote était le genre de mec à ne se soucier de rien. À vivre au jour le jour et avec ce que la vie lui offrait. J'avais fini par adopter cette philosophie, moi aussi. Et j'adorais ça ! Il m'avait embarqué dans tout un tas de truc plus improbable les uns que les autres. Je m'étais même fait recaler à l'entrée de plusieurs compétitions de karaté et mon père pétait un câble. Les contrôles anti-dopages avaient fini par détecter la consommation de stupéfiants.

On pouvait pas dire qu'Antho avait une bonne influence sur moi. Mais il était mon frère. Il était ma famille. Celui qui savait tout. On veillait l'un sur l'autre. J'assurais ses arrières et lui les miens. Sauf ce soir-là. Je suis arrivé trop tard. Quand j'ai compris qu'il était piégé, qu'il était à la botte d'Echo et qu'il vendait pour lui, c'était de toute façon foutu. Il voulait du fric. Pour se sortir de cet enfer, quitter cet endroit et mener une autre vie. C'est ce qu'il m'avait confié. Au final, ça aura eu raison de lui. Il ne méritait pas ça, c'était un mec bien. L'un de sur qui on pouvait compter.

Lorsque mon cerveau a bien voulu assimiler l'information, qu'il a compris que je ne le reverrais plus, qu'il était vraiment parti, je suis devenu ce type. Fini les délires, fini la fête et tout ce que je faisais avec lui. Une partie de moi s'est envolée avec lui. La meilleure surement. Le sport est devenu mon évasion. Même si ça l'avait toujours un peu été, à partir de ce moment il n'y a plus eu que ça, la baston et la vengeance. Et tant que je n'aurai pas rempli la mission que je me suis confiée, il n'en sera pas autrement.

Je chasse ces pensées et pivote légèrement sur la gauche, pour apercevoir l'endroit où j'ai grandi. Celui où elle dort en ce moment. J'ai trouvé une raison de me battre, quelqu'un qui me donne envie d'être meilleur. Il y a encore cinq mois, je ne me voyais pas abandonner tout ça, j'en avais besoin. Aujourd'hui, c'est une évidence. Quand tout sera fini, je raccroche, Echo ne sera plus qu'un mauvais souvenir et le reste... dans un coin de ma mémoire. Parce que je n'oublierai jamais.

Le sourire de Nine apparaît, comme pour m'assurer que tout ira bien et mon cœur entame une série de loopings. J'amorce la descente et cours comme un malade, coupant cette fois carrément à travers bois. Aucun chemin. Juste la nature et moi. Ça se jouera entre nous deux. J'esquive les branches, alors que je cours comme un dingue, saute par-dessus certains arbres qui n'ont pas été assez fort et prends encore plus de vitesse pour franchir d'un bond le petit ruisseau. Je connais ces bois comme ma poche et c'est un excellent terrain de jeu. En s'éloignant des sentiers battus, n'importe qui pourrait s'égarer, mais pas moi. De toute façon, je le suis déjà.

À bout de souffle, je finis par atterrir sur la piste de cross derrière chez moi et me laisse tomber sur l'une des plus hautes butes de terre. Mon torse se soulève au rythme effréné de ma respiration et je me délecte de ce moment de calme, où rien d'autre ne vient perturber cette sensation. La musique hurle toujours dans mes oreilles, pourtant j'ai l'impression que ça fait un moment que je ne l'entends plus.

Après un long moment, j'attrape mon portable et en un coup d'œil, me rend compte que je suis sorti il y a presque trois heures. Il me semble pourtant que ça ne fait qu'à peine une heure.

Je me redresse, observe la piste, inspire profondément, puis trottine jusque chez moi. Lorsque je passe la porte, je constate que personne n'est encore debout. J'esquisse un sourire. J'ai donc encore un peu de temps libre.

Un tour dans la cuisine pour attraper une bouteille d'eau que j'embarque avec moi, après avoir avalé plusieurs grandes gorgées et cette fois ce sont les escaliers menant au Dojo que je dévale. J'ouvre les portes coulissantes et mon regard se pose comme à chaque fois sur toutes les coupes et les médailles sur les étagères. Je me rappelle de chacune d'elle, de qui j'ai affronté, les faiblesses et avantages de mes adversaires et comment j'ai réussi à les battre. Mes yeux se posent ensuite sur celle de mon père et j'esquisse un sourire. Il m'a tout appris. Cette passion à vue le jour à peu près en même temps que la cross. Pour ces deux là, c'est en observant mon modèle faire pendant des heures que j'ai eu moi aussi envie d'essayer. Et depuis l'âge de cinq ans, je ne m'en passe plus. Je me souviens des encouragements d'Antho à chacune de mes compétitions. Il devait avoir huit ans lorsqu'il a assisté à la première et à chaque fois, il était à fond.

Je vire mes pompes, avance au milieu des tatamis alors que je me revois gamin en train de chahuter ici avec lui et me force à faire le vide. Rigueur et concentration. J'inspire profondément, puis commence des enchaînements de katas. Technique qui consiste en des mouvements codifiés et qui simule un combat contre des adversaires imaginaires. Le silence règne dans la pièce. Seule ma respiration et le bruit de mes gestes rapides se font entendre. Je m'imprègne de toutes les choses que mon père m'a apprises durant ces douze années de pratique.

Je n'ai pas pu participer aux compétitions de ces derniers mois, à cause d'une blessure au poignet que je me suis fait pendant une course de cross. Ça me manque et d'ici trois semaines, je pourrai reprendre. Bien entendu, ce n'est pas ça qui m'a empêché de me battre. Mais au karaté et pour les juges, j'ai besoin du feu vert du médecin. Un certificat qui prouvera que je peux reprendre sans risque. Connerie. J'ai collé des droites ces derniers temps et j'ai rien senti. Mais selon eux, il faut un temps de convalescence minimum pour pouvoir reprendre dans de bonnes conditions. Ce sont les règles et ils ne reviennent jamais dessus.

Recentré sur moi-même comme cet exercice à toujours réussi à le faire, mais pas encore rassasié pour autant, j'attrape la petite télécommande posée sur l'une des étagères, puis lance une playlist et le son retentit depuis les quatre hauts parleurs dans chaque coin du Dojo. Je choisis celle de Skillet, un groupe que je kiffe et qui, je le sais, réussira à me faire lâcher prise.

Me voilà partie dans des sauts acrobatiques plus spectaculaires les uns que les autres. J'ai découvert le Tricking il y a trois ans. C'est une discipline classée dans les sports extrêmes, issue des arts martiaux. J'allie les coups de pieds sautés à des sauts périlleux, des acrobaties, saltos et tout un tas de truc complétement délirant. J'aime, comme tout ce qui est complétement barré. Comme quand je fais hurler ma bécane en ligne droite, ça me donne une impression de liberté et jamais je ne m'en lasserai.

J'enchaîne kicks, twits, flips et je suis complètement galvanisé par ce que je fais. Plus rien n'existe autour. C'est une sorte de freestyle qui combine breakdance, sport de combat et autant dire qu'il faut suivre ! Souplesse, précision, techniques, performance, créativité, force et endurance. Un cocktail qui m'a immédiatement séduit.

Soudain, le titre "Monster" de Skillet commence et les paroles m'atteignent de plein fouet, comme à chaque fois. Je me déchaîne, accélère, des mouvements plus brusques prennent possessions de moi et je laisse sortir toute ma haine. Tout ce que je ressens, tout ce que je suis, se résume à cette musique. Voilà la façon dont je me vois. Suis-je vraiment ce monstre ? J'ai envie de croire que non, comme elle a si bien su me le dire, mais, c'est compliqué. Ce reflet de moi-même, ne veut pas céder et prendre le large. C'est si facile pourtant pour les autres choses de s'effacer, comme si elles n'avaient jamais existés.

Le morceau s'arrête et je me fige. Le souffle court, presque douloureux, les mains posées sur mes genoux, alors que je suis courbé vers l'avant, je savoure ce que je ressens. Les gouttes de sueur qui s'échappent de mes cheveux tombent sur le tatami et un rictus étire le coin de mes lèvres. Je me sens un peu plus vivant que ces derniers jours. Mon cœur cogne comme un malade, comme s'il cherchait à s'échapper de cette cage où il est enfermé et où je l'oblige à rester, alors que ce que je lui fais subir ne lui convient pas. C'est elle qu'il veut et il la réclame de toutes ses forces.

Quelques étirements et je remonte. Une douche ne me fera pas de mal. Je laisse l'eau chaude faire son œuvre sur mes muscles, mon esprit beaucoup plus calme. Finalement, me défoncer au sport aura eu le bénéficie de m'apaiser un minimum, même si ce n'est pas encore tout à fait ça. Mon cœur lui est encore lourd et il continue de se plaindre de son absence.

J'enfile simplement un short de sport, hors de question que je mette un t-shirt par cette chaleur. Puis, je compte bien allé profiter du soleil et tenter de me reposer pour pouvoir être en mesure d'affronter la seconde soirée qui se profile.

Les cheveux encore trempés, je file au rez-de-chaussée et attrape un reste de pizza que j'engloutis. Je crève la dalle. J'avale ensuite un grand verre de jus d'orange, puis traverse le salon et percute quelqu'un au moment de passer le seuil de la baie vitrée.

Pas besoin de baisser les yeux sur la personne en question pour que je devine de qui il s'agit. Le parfum de confiserie qui me parvient de ses cheveux, barbe à papa je dirais, mêlé à celui dont elle se parfume souvent, aux notes plus épicées et sauvage me rend complètement dingue. Le même mélange qui avait imprégné l'oreiller où elle dormait dans ma chambre. Lorsque je suis rentré un soir et que j'ai vu que ma mère avait foutu les draps à laver, je me suis emporté. Son odeur avait disparu et ce qui me permettait d'un peu la retrouver le soir avant de m'endormir par la même occasion.

Je baisse les yeux sur elle, mon palpitant se remet à battre un peu plus fort, mais pas de la même façon que plus tôt et je l'observe. Nos regards restent accrochés quelques brèves secondes et alors que les mots sortaient jusque-là sans que je ne puisse rien contrôler, cette fois, eux aussi semblent s'être évaporés. Aucun son ne veut sortir. Je scrute ses iris et leur couleur qui a encore changée à cause du soleil et les rend plus clair, puis sans rien dire me décale pour la laisser passer. Ce contact prend fin et elle s'éloigne sans un mot.

J'entends la porte d'entrée se refermer et tente de garder cet état d'esprit que j'ai réussi à récupérer grâce à tous les efforts que j'ai fournis ce matin. Pourtant, lorsque j'avance et découvre David, assit au bord de la piscine, les pieds dans l'eau, toute la volonté que j'avais réussi à rassembler fout le camp. Il me regarde, semblant évaluer les chances d'une nouvelle baston et je dirais que cette perspective l'enchanterait presque.

Kév lève le nez sur moi, puis l'observe ensuite se demandant ce que ça va donner.

‒ Le premier qui bouge je lui fais bouffer le mur, nous prévient-il, essayant d'être convaincant, tandis que je lève un sourcil et esquisse un sourire amusé, alors que l'autre con se marre.

Rien que pour ça je pourrais lui foutre la misère.

Je pense que vu ce que ça a donné la dernière fois lui-même est conscient qu'il n'arriverait pas à nous séparer. Il tente certainement de se persuader qu'il en serrait capable pour se rassurer.

Je fais quelques pas, passe derrière celui pour qui elle semble commencer à avoir des sentiments et je m'imagine le pousser à la flotte, tandis qu'il m'ignore totalement. De toute façon, tu lèves les yeux sur moi et je t'explose. Rien à foutre. Toutes mes bonnes résolutions se font, elle aussi, la malle en à peine quelques secondes. À quoi je m'attendais ? C'est pas comme si j'étais l'exemple même de la sagesse, du bon sens et du calme.

Posé sur l'un des transats, je fixe David qui est dos à moi, la mâchoire crispée. Après tout, qu'est-ce qui m'empêche de me jeter sur lui et de le cogner ?

Elle.

Si je le fais, c'est aussi la mettre encore plus en rogne contre moi. Hors de question ! Ce connard n'y arrivera pas !

Après quelques minutes, il se redresse et se tourne vers nous, alors qu'un silence de mort avait pris place.

‒ J'y vais. À tout à l'heure, annonce-t-il, d'un ton neutre comme si tout ça, il n'en avait rien à foutre, tandis que Kévin acquiesce.

‒ Ça marche, mec, souffle mon pote, en voyant que je ne dis rien.

J'ai l'impression que ce type est imperturbable. Qu'il agira si besoin, mais que rien ne peut l'atteindre. Il me fait étrangement penser à moi juste après le décès d'Antho. Je fronce légèrement les sourcils en l'observant s'éloigner, me demandant ce qu'il se traîne comme fardeaux, mais reviens vite à la raison. Je m'en cale.

‒ Il récupère Nine à son arrêt de bus pour pas qu'elle traverse les Blocks seule, m'informe Kév une fois qu'il est n'est plus là.

Je me raidis et c'est comme un coup de couteau que je reçois. Mon moteur qui ne tourne déjà plus rond, à quelques ratés avant de se reprendre. C'est moi qui jusque-là me chargeais de sa sécurité lorsqu'elle avait à traverser cet endroit. Savoir qu'un autre va s'en occuper me fout un peu plus en l'air. Est-ce qu'elle va ressentir la même chose avec lui ? Lui faire confiance tout autant qu'à moi pour veiller sur elle ? Est-ce qu'elle se sentira autant en sécurité avec lui qu'avec moi ? Elle va finir par l'aimer et m'abandonner complétement pour lui ? Me remplacer ?

Je chasse ces questions qui entaillent un peu plus mon cœur. J'aurais clairement préféré que ce soit Kév qui le fasse.

‒ Tu pouvais pas y aller à sa place ?

‒ J'aurais bien aimé, surtout si ça t'évite de nous péter une énième durite plus tôt que prévu, mais ils ne m'ont pas laissé le temps de dire quoi que ce soit. Ils ont décidé de ça tous les deux. Puis, j'te rappelle que si t'avais bougé ton cul plus tôt, c'est toi qui aurais pu être à la place de ce mec.

Je serre les dents, ayant l'impression de ne faire que ça depuis que j'ai passé la baie vitrée, mais je ne peux pas le contredire. Si j'étais assez fort pour faire valser ces défenses qui sont censées me protéger, mais qui au lieu de ça me font souffrir, j'aurais pu être à cet arrêt, lui tenir la main... Et peut-être l'embrasser. Parce que je suis certain que notre relation aurait évoluée dans ce sens. Si seulement j'avais été un peu moins con.

Mon pote se lève et m'annonce à son tour qu'on se retrouve à la soirée puisqu'il a des choses à faire avant de pouvoir y aller et je le raccompagne jusqu'à l'entrée, en l'écoutant me donner encore des conseils la concernant. Je l'entends, mais entre dire et faire, il y a une différence.

Une fois qu'il est parti, je retourne dans le jardin et me laisse tomber dans l'herbe pour fermer les yeux quelques instants. Mes pensées ne me laissent aucun répit et des tas de questions fusent.

Je me réveille quelques heures plus tard, en sursaut, après un nouveau cauchemar. Je revis à chaque fois le moment où m'ont meilleur ami m'a quitté. Son regard à ce moment-là, qui avait déjà compris qu'il ne s'en sortirait pas, me fixe, puis ce léger sourire qu'il m'a adressé en rassemblant ces dernières forces, avant de me dire : "Merci".

Merci pour quoi ? Cette question tourne en boucle dans ma tête depuis. Je n'ai jamais fait plus pour lui qu'il n'en a fait pour moi.

Le temps de reprendre mes esprits, je me rends compte qu'il fait déjà nuit. Finalement, je me suis endormis sans même m'en apercevoir. Rien d'étonnant, voilà plusieurs nuits que ces rêves me hantent. Je me redresse, m'étire, puis attrape mon téléphone pour vérifier l'heure.

Bordel de merde ! Je suis carrément à la bourre ! Je devrais déjà être à la soirée.

En moins de deux, je me retrouve dans ma chambre et enfile ce qui me passe sous la main. Un passage éclair à la salle de bain, un coup d'œil dans le miroir où je m'aperçois que le fait de m'être endormie au soleil a accentué mon bronzage et me voilà prêt. Les origines latines que je tiens de mon père et cette peau déjà mate naturellement que j'ai hérité de lui, m'ont toujours permis de bronzer facilement et sans aucuns coups de soleil.

Ça n'empêche qu'en ce moment, t'as une sale gueule mec ! Pas faux... Je suis clairement au bout du rouleau.

Ma veste de moto sur le dos et les clés de ma bécane à la main, je dévale les escaliers aussi vite que mes jambes me le permettent, puis entre dans le garage pour enfourcher ma bécane et démarrer au quart de tour.

Lignes droites, virages, rues étroites. La poignée d'accélérateur tournée à fond, je m'en donne à cœur joie et profite de l'adrénaline qui se diffuse dans mes veines. Je double une file de voiture juste avant un virage, sans vraiment voir ce qui arrive en face et me rabat sous les coups de klaxons du premier de la file. Lorsque je passe la limites des Blocks, j'ai l'impression comme à chaque fois d'entrer dans un monde différent. Immédiatement, je ne peux m'empêcher de me demander si Nine est déjà arrivée et si tout c'est bien passé.

Je pousse la porte métallique du "Garage", la boite d'Echo, avance vers les banquettes puis, mes yeux tombent immédiatement sur Kév, qui éloigne Alex brusquement de Nine et je remarque que la lèvre de David saigne. Je fronce les sourcils, me demandant ce qui a pu se passer, tandis que j'observe Nine le contourner, pour se placer face à lui. Ils échangent quelques mots, puis le regard de son cavalier, croise le mien. Même si je ne peux pas saquer ce mec, il est évident que lui et moi sur ce point on est pareil. J'ai comme l'impression qu'il ne lui laissera rien lui arriver. D'un côté ça me rassure et même si je ne le connais pas, j'ai la certitude qu'à ce niveau, je peux lui faire confiance. Concernant le fils de pute qui a été lui chercher des ennuis, je me promets d'aller le trouver dès que j'ai un moment, lui et moi on va devoir mettre les choses aux clairs.

Nine se tourne vers moi et je ne peux m'empêcher de vérifier rapidement de là où je suis si elle n'a pas été blessée, avant d'adresser un signe de tête à David pour le remercier d'avoir pris sa défense. Ce dernier affiche le même regard neutre, ne me répond pas, puis, je m'éloigne et me pose sur l'une des banquettes libres, après avoir viré ma veste et posé mon casque sur la table.

Sans grand étonnement, lorsque je remarque qu'une playlist slow débute, mes yeux se posent à nouveau sur elle, alors qu'ils se mettent à danser doucement l'un contre l'autre. Ses bras sont enroulés autour de son cou et elle le dévore presque des yeux, tandis que lui, comme d'habitude, la bouffe du regard, sans s'en formaliser. Elle lui chuchote quelque chose à l'oreille et il lui répond de la même façon et je me demande ce qu'ils peuvent bien se dire.

Je détourne les yeux. Ce spectacle me fait bien trop mal. Je donnerais n'importe quoi pour être à sa place.

Bordel, on crève de chaud ici ! Ou bien c'est la colère qui commence à monter ?

Je déboutonne ma chemise à manche courte histoire de régler le problème, tandis que du coin de l'œil, je remarque Echo qui se plante à ma droite. Putain, qu'est-ce qu'il veut cet enfoiré ?

‒ Qu'est que tu veux ? grogné-je, alors qu'il ricane, amusé.

‒ Ho ! Tout doux ! J'viens voir comment se porte mon champion, sourit-il en coin, alors que je le fusille du regard.

Savoir comment je vais, il s'en balance. Il veut clairement me demander quelque chose.

‒ Tourne pas autour du pot ! aboié-je.

Encore un de ses sourires satisfaits étire le coin de ses lèvres et j'ai envie de le lui faire ravaler. Un coup d'œil rapide, m'informe que douze de ses gars sont présents et prêts à intervenir au moindre signe d'agressivité à son encontre et je renonce. Nine est en plein milieu. Ces types ferraient n'importe quoi pour avoir ne serrait-ce qu'une chance de devenir un jour son bras droit. Et quoi de mieux pour ça, que de lui prouver en lui montrant à quel point ils sont loyaux ?

‒ Ma sœur est là, elle vient de te voir entrer, annonce-t-il.

Pitié, pas ça, pas ce soir alors qu'elle est là et que c'est déjà si compliqué.

‒ Bien sûr, comme d'habitude, je déduit ça de ce que tu me dois et... j'ajouterais même un petit bonus a cette somme. Je sais qu'entre vous deux, c'est... Compliqué complète-t-il, en désignant Nine rapidement du menton, tandis que je me crispe et serre les poings.

‒ C'est bon, mais pour le bonus, laisse tomber ! À la place, assure-toi qu'aucun de tes gars ne lui tourne autour comme Alex vient de le faire. Parce que même si je suis arrivé juste après et que j'ai rien vu, je suis sûr que c'est ce qu'il a fait.

Le chef de gang acquiesce d'un signe bref de la tête pour me faire comprendre qu'on a un arrangement, puis demande à sa sœur de d'approcher. Je glisse un regard sur Nine qui discute et danse toujours contre David, conscient que cette fois, elle va vraiment me détester. Comment il pourrait en être autrement ?

Chloé s'assoit à côté de moi et je ne lui adresse même pas un regard. Mes yeux sont irrémédiablement attirés par celle qui les obsède et qui apparemment a bien décidé de profiter de la soirée. Elle commence à enchaîner les verres avec ses amis et danse si sensuellement, que j'aurais envie de monter un mur tout autour d'elle, pour que personne ne puisse assister à ce spectacle. Sauf moi, bien entendu. Je me fais marrer tout seul, alors que le pot de glu à mes côtés lève un sourcil étonné et commence à s'agacer de me voir la contempler. Le deal, c'est que je lui tienne compagnie, mais cette fois, il n'a pas précisé en quoi ça consistait exactement.

Je remarque soudain Nine froncer les sourcils à un moment où son regard tombe sur moi et retient une grimace, lorsque je comprends que c'est à cause de Chloé qui me reluque sans gêne. Mon esprit et mon cœur, me soufflent que c'est bon signe et que tout n'est finalement peut-être pas perdu. Si c'est un signe de jalousie, alors je m'accroche à ce petit espoir de pouvoir arranger les choses une fois que tout sera réglé et derrière moi.

Après un moment plus ou moins long, tellement occupé à la contempler et obnubilé par elle, que le temps semble s'être suspendu, la sœur d'Echo m'attrape la main et m'entraîne vers la piste sans me demander mon avis. Je remarque seulement maintenant que le DJ qui anime la soirée improvise une soirée mousse. Je pourrai l'envoyer bouler, mais renonce en voyant que son frère nous suit du regard pour être sûr que tout se passe bien. Je sais ce qu'il espère et jamais ça n'arrivera. Selon lui, je serais le mec qu'il faudrait à sa sœur chérie. Rien que l'idée me donne envie de gerber.

Un coup d'œil rapide vers Nine et ma mâchoire manque cette fois de se décrocher. Elle vient de virer son haut et se retrouve avec seulement celui de son bikini et son mini-short. Elle est complétement trempée et elle est délicieuse. Mon cœur, ce traitre, se réveille et mon corps se couvre de frissons, alors que j'imagine mes mains parcourir son corps.

Après une bonne claque mentale, je me rends compte qu'elle est inconsciente. Est-ce qu'elle réalise dans quel genre d'endroit elle fait ça au moins ?

Soudain, elle disparaît de mon champ de vision embarquée par Nico, qui l'a balancée sur son épaule pour filer là où il y a le plus de mousse. Bien trop loin de moi à mon goût. Je ne peux plus veiller sur elle et c'est pire que tout.

Sans me faire griller par Chloé, je nous rapproche de l'endroit où elle a disparu et la retrouve, avec David qui lui, à la chance de se tenir face à elle.

Mes pupilles accrochent celles de la fille qui me rend complétement fou, effaçant définitivement Chloé et le monde autour de nous, puis, nous nous dévorons du regard un instant. Cette fois, ce ne sont pas mes mains que j'imagine parcourir son corps, mais belle et bien mes lèvres en train de goûter sa peau. Cette image réveille carrément autre chose, un peu plus bas et je me fais violence pour l'ignorer. Cette fille me fait un effet de dingue, c'est indéniable. Comment suis-je censé lutter contre tout ça ? Si seulement ce n'était que physique... Mais c'est tellement plus ! Elle est tellement plus !

Tout les deux se mettent à danser lascivement et collés l'un à l'autre, comme pour me rappeler ce que j'ai laissé m'échapper et que je ne pourrai jamais récupérer. Je grogne de frustration.

Mon supplice prend fin, lorsque je comprends qu'elle compte quitter la soirée... Toujours dans la même tenue.

Merde, mais elle ne compte quand même pas traverser les Blocks fringuée comme ça, si ? Qu'est-ce qu'elle a foutu de son haut ?

Sans rien dire à Chloé, je file vers la banquette où j'ai laissé ma veste, la récupère et cours vers la sortie. Elle a déjà disparue. Je scrute le parking et finis par la repérer alors qu'elle s'éloigne, David marchant à ses côtés.

Je trottine jusqu'à eux, puis, sans un mot, pose ma veste en cuir sur ses épaules. Elle glisse ses yeux sur moi et nos iris se connectent encore pour quelques secondes, avant que je ne fasse demi-tour, me résignant à le laisser la raccompagner. De toute façon, si je ne remplie pas ma part du marché, tout ce que j'ai fait et supporté ce soir n'aura servi à rien. Et quelque chose me dit que Chloé est loin de vouloir rentrer.

Avant de franchir la porte, je tourne la tête vers elle, la regarde disparaître au loin puis entre, mon cœur serré comme dans un étau. Il a pris ma place. Elle lui sourit. Ils ne se quittent plus.

Allez, mec, t'as un deal à honorer. J'inspire profondément, ignorant la douleur qui se diffuse en moi, puis quitte des yeux le coin de la rue où elle s'est déjà évaporée depuis plusieurs secondes, puis referme derrière moi.

Tu peux le faire, t'es plus fort que ça. Tu le fais pour elle, pour qu'elle reste en sécurité. Le reste, tu verras plus tard.

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Hello ! ^^

J'espère que vous allez tous.tes bien ! :)

Nous nous rapprochons à grand pas de la fin de ce tome un et j'espère que ce chapitre vous a plu.

Me concernant, j'ai été testée positive au COVID et je suis comme je dirais "Au bout de ma vie" , avec fatigue +++ et tout ce qui s'en suit.

Je devais donc vous poster les réponses de Kévin à vos questions, mais je me vois obligée de décaler. Cela vous laisse donc un peu plus de temps pour l'interviewer si vous le souhaitez. Mais je tenais tout de même à vous poster ce chapitre comme prévu.

Si vous ne souhaitez manquer aucune infos sur Together Forever ou même sur les interviews ou certains bonus, n'hésitez pas à me retrouver sur mon compte Instagram :

the_idylyne_feather

Je vous dis à bientôt.

IDY

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