Yann #30
* Point de vue Yann *
Je n'ai plus de nouvelles d'Echo et cela depuis que j'ai trouvé un arrangement avec lui. C'est louche. Aucun nouveau combat d'organisés. Il prépare quelque chose, c'est clair et je suis sûr que ça implique Nine.
Je ne laisse cependant rien paraître, je ne veux pas l'inquiéter, c'est d'ailleurs la dernière chose que je veux.
Nous voilà en route pour la fête d'anniversaire que Kévin m'a préparé. Franchement, ça me disait rien, mais il a joué sur le fait que ce serait la première que je passerais avec elle, alors... Puis, elle m'a observé avec ce regard... Celui auquel je ne peux rien refuser. Je me sens si faible et à la fois si fort à ses côtés que ça me déstabilise complètement.
J'ouvre la porte de la salle et la laisse passer devant. Nine adresse un signe de loin à Emilie qui a aidé à organiser la soirée, alors que de mon côté, je grogne à moitié en voyant le monde déjà présent. Je lui avais dit que je préférais un truc simple et en petit comité, mais apparemment, il y a quelque chose qu'il n'a pas dû comprendre.
Je lui demande si elle veut boire quelque chose et glisse un regard en biais sur elle, lorsqu'elle annonce qu'elle a envie d'un whisky coca... Je me souviens de la dernière fois où elle a picolé et se n'était pas une réussite. Loin de moi l'idée de l'empêcher de quoi que ce soit, mais il suffit qu'Em s'y mette avec elle et là je ne pourrais plus rien contrôler.
Elle me lance un de ses sourires de défi et pouffe de rire.
– Ça va, j'déconne, un coca ce sera très bien ! rectifie-t-elle.
Je lève les yeux au ciel. Je sens qu'elle ne fait que commencer... Cette soirée promet.
Ma main sur le bas de son dos, je l'accompagne jusqu'à une table libre et elle se glisse sur la banquette tandis que je me dirige vers le bar, pour commander nos boissons. Lorsque je reviens, mes yeux se posent sur elle et je ne peux les détacher. Elle est magnifique et le pire c'est qu'elle ne s'en rend pas compte. Pourtant, moi, je vois bien comment les autres mecs la reluque. Elle n'a pas conscience d'à quel point elle plaît. Ça aussi, c'est perturbant... Je croise un type qui la dévore des yeux en glissant un mot à ses potes et immédiatement, mon sang bouillonne. Baisse les yeux, connard, ou... Zen, mec, il est à au moins cinq mètres, ça va l'faire !
Arrivé devant la table, elle se lève en souriant malicieusement.
– Pourquoi tu souris ? demandé-je, alors qu'elle me laisse passer
Je m'installe dans le coin de la banquette, tandis qu'elle me regarde avec insistance.
– Rien, j'admirais la vue, lâche-t-elle.
Je me marre, tandis qu'elle lève un sourcil, amusée, puis se glisse sur la banquette pour me rejoindre et coller son dos contre mon torse. L'autre abruti fait un looping, comme à chaque fois. C'est devenu une habitude et même si je ne suis jamais prêt, j'aime cette sensation... À lui tout seul, il la rend unique et ça me convient parce que c'est ce qu'elle est.
– Et elle t'a plu ? l'interrogé-je, pour entrer dans son jeu.
Elle esquisse une moue sérieuse, faisant semblant de réfléchir.
– C'était assez... satisfaisant, affirme-t-elle.
– Satisfaisant, hein ?
Il faut toujours qu'elle me cherche de cette façon. Moi qui veux faire en sorte de garder une certaine distance, ça ne me facilite pas la tâche. Elle plante ses iris dans les miens et ma respiration se met sur pause. Bordel, à la lumière des spots ils ont encore une couleur différente. Je secoue la tête, exaspéré, alors qu'elle semble amusée par la situation.
Alors qu'elle est calée contre moi depuis quelques minutes sous le regard de plusieurs mecs, qui apparemment désapprouvent qu'elle soit en ma compagnie, Nico apparaît dans notre champ de vision, un sourire de gamin implanté sur son visage. Je le connais pas depuis longtemps, mais c'est clair qu'il prépare quelque chose.
Comme à son habitude, il salue Nine en lui embrassant la joue. À croire que tous ses potes finissent un jour où l'autre par lui dire bonjour de cette façon. Je me marre intérieurement. De toute façon, qu'est-ce que je pourrais dire ? Vu la façon dont je la serre contre moi en ce moment, alors que je ne suis pas avec elle... Nico tape dans mon poing pour me saluer à mon tour, toujours ce sourire idiot sur les lèvres.
– Pourquoi tu souris comme un imbécile ? le questionne-t-elle.
Cette fois c'est moi qui souris.
– On dirait toi y'a cinq minutes, me moqué-je.
Elle se tourne vers moi et me donne un petit coup de coude qui me fait marrer.
– J'avais de bonnes raisons, un spectacle sympathique s'offrait à moi, réplique-t-elle.
Bordel de merde ! Surpris, je repose mon verre en la claquant sur la table, manquant de m'étouffer. Elle était obligée de balancer ça ?
– Alors, explique ! s'impatiente-t-elle.
– Attends cinq minutes, c'est une surprise, annonce Nico.
Après quelques secondes, il attrape son téléphone, puis lui demande de ne pas bouger, précisant qu'il revient, avant de disparaître.
Elle se tourne vers moi pour scruter mon regard, en plissant les yeux pour se donner un air sérieux.
– T'es au courant de quelque chose ?
– Ma parole que non, affirmé-je, en levant les mains.
Elle soupire en se calant de nouveau contre moi et après quelques minutes, Nico réapparaît à travers la foule. La chaleur de son corps quitte tout à coup le mien, laissant un vide que je déteste, alors qu'elle court vers lui et ce n'est que lorsque que j'aperçois Aurore derrière lui que je comprends. Elle prend sa meilleure amie dans ses bras, euphorique, et je ne peux m'empêcher de sourire comme un idiot en la voyant comme ça. Aurore n'a pas le droit de venir dans les Blocks, ce que je valide totalement et je suppose qu'elle a dû raconter un sacré bobard pour pouvoir se pointer ici.
Nine serre Nico dans ses bras, puis lui glisse un mot à l'oreille alors que j'attends, impatient, qu'elle vienne récupérer sa place contre moi. Pathétique...
Aurore se penche vers moi, me fait la bise et me souhaite un joyeux anniversaire. Je la remercie en souriant, puis nous nous mettons à discuter tous ensemble pour ensuite rejoindre la piste, où Kév et Emilie nous retrouvent après un moment. Je m'approche de mon pote pour le remercier, même si pour moi, il en a fait beaucoup trop, tandis qu'il se marre, puis nous rejoignons tous la table pour boire un coup, après avoir dansés encore quelques minutes.
Nine se blottit à nouveau contre moi, sous les regards amusé de nos amis, qui, pour le moment, ne prennent même plus la peine de faire des remarques sur notre relation, puis Kév se dévoue pour aller chercher nos verres.
Au moment où il revient, j'aperçois derrière lui une silhouette, puis un regard que j'avais espéré ne pas croiser ce soir... Echo. Putain, fais chier ! Je me raidis instinctivement, puis Nine qui apparemment l'a remarqué aussi s'écarte de moi pour glisser légèrement vers l'avant, comme si elle comptait foncer sur lui. Bordel, c'est carrément flippant... J'enroule mes bras autour de sa taille aussitôt, puis la ramène vers moi et approche mes lèvres de son oreille.
– Tu m'as promis, lui chuchoté-je.
À ce moment, je fais abstraction du reste. Elle est complètement tendue contre moi, ses mains crispées sur mes avant-bras qui la maintiennent et ses ongles à la limite de s'enfoncer dans ma peau.
– Qui l'a invité ? grogne-t-elle.
– Il a pas vraiment besoin d'invitation, il se donne le droit de débarquer un peu partout, lance Kévin, énervé lui aussi.
– Fais pas gaffe à lui, murmuré-je de nouveau à son oreille, sans pour autant la lâcher.
Soudain, je sens son cœur s'emballer, alors que moi et les autres avions repris le cours de notre discussion. Je fronce les sourcils et comprend pourquoi, lorsque je vois qu'Echo a planté ses yeux dans les siens et qu'il affiche un sourire, satisfait. Ils semblent se défier du regard tous les deux et mes muscles se tendent sans que je ne contrôle rien. La plupart des gens détournent les yeux quand il lance ce genre de regard... Mais elle... Putain, il ne l'impressionne pas.
Je défais un de mes bras d'autour de sa taille, histoire de prendre une gorgée pour essayer de me calmer, alors que je sens la rage monter.
– J'y arrive pas, souffle-t-elle, tout à coup en se levant dans la foulée, ne me laissant même pas le temps de la retenir.
Elle saisit sa veste et je l'observe inquiet, l'imaginant déjà aller se planter face à lui. Au lieu de ça, elle trace vers la sortie. Ma main se serre autour du verre et ma mâchoire se crispe. Ce connard réussit toujours à tout gâcher.
– Putain, mais elle va où ? panique Kév.
Sans perdre une seconde de plus, je lui emboîte le pas, adressant au passage un regard noir à Echo qui s'amuse carrément de la situation. Je pousse la porte violemment et soupire de soulagement lorsque je la vois dehors, appuyée dos au mur, juste à côté de l'entrée, alors que j'étais persuadé qu'elle avait déjà tracée dans les ruelles sombres des Blocks.
J'avance doucement et me plante devant elle, tout d'abord sans rien dire, jusqu'à ce que mes yeux se posent sur la cigarette qu'elle tient entre ses doigts.
Bordel, j'ai horreur de la voir avec cette merde ! Elle ne fume pas beaucoup, seulement quand elle est à cran, mais ça me fout les boules. Et savoir que c'est à cause de ce connard... Ou moi, c'est pire.
– Bordel, arrête avec ça ! grogné-je, en lui arrachant sa clope des doigts pour la balancer.
Elle m'observe, sans dire un mot, mais je vois dans son regard qu'elle ne va pas bien, alors j'avance d'un pas, inquiet, tandis que nous nous regardons. J'ai horreur de cette lueur que je perçois dans ses yeux qui sont d'habitude, toujours joyeux.
– Parle-moi, lancé-je, calmement, pour éviter qu'elle ne se braque.
Elle secoue la tête, presque imperceptiblement et fuit mon regard. Je m'approche un peu plus, puis pose une main contre le mur, juste à côté de son visage et elle relève les yeux pour m'observer de nouveau. Elle sait que je suis comme elle, que je ne lâcherai pas l'affaire.
– Il s'amuse, souffle-t-elle, il ne t'a pas donné de nouvelles et c'est voulu, il sait qu'on attend, il en fait un jeu...
Je soupire, à la fois énervé qu'il la rende aussi triste, mais soulagé qu'elle se décide à me parler.
– Il peut faire ce qu'il veut, je m'en fous... Du moment qu'il te laisse tranquille, le reste j'en ai rien à foutre... J'ai pas peur de lui, grogné-je.
Et c'est vrai, putain ! Peu importe ce que je dois faire, du moment qu'il l'oublie, ça me va.
Ses yeux s'humidifient et même si elle tente de le cacher, je sais qu'elle est pas loin de craquer... Et ça me tue. Ouais, ça me fout carrément en l'air.
– Je... Prononce-t-elle, avant de s'interrompre.
– Je sais, soupiré-je, en passant mon bras sur ses épaules pour l'attirer et la serrer contre moi.
Ouais, je sais, même si jusque-là elle n'a rien dit pour pas m'inquiéter. Je suis pas con, tout ça la bouffe de l'intérieur et c'est pour cette raison aussi que je voulais la tenir à distance. Qui pourrait supporter toute cette merde, sérieux... Le pire, c'est que... Si elle endure tout ça, c'est ma faute, mais c'est plus fort que moi, j'arrive pas rester loin d'elle.
Elle m'enlace à son tour puis pose sa tête contre mon torse. Mon cœur cogne comme un malade, parce qu'elle est là, contre moi, mais aussi à cause de la pression engendrée par toute cette histoire. Elle s'en rend certainement compte, mais je peux rien y faire, et à vrai dire, je m'en fous.
– Désolée d'avoir gâché ta soirée, murmure-t-elle, en resserrant sa prise autour de moi.
Je pose mes lèvres sur le haut de sa tête, puis dépose un baiser sur ses cheveux, profitant du parfum qui s'en dégage.
– T'y est pour rien, il avait rien à foutre ici.
– Yann je...
– Je sais, l'interromps-je.
Je sais qu'elle voudrait que tout ça ne soit pas vrai, que je ne sois pas impliqué dans cette histoire. Et je sais aussi qu'elle s'en veut d'en avoir rajouté. Mais putain, c'est pas sa faute et... Elle est là... C'est tout ce qui compte.
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