Yann #28
*Point de vue Yann *
Deux jours que nous ne nous sommes pas vu... Et putain, ça me paraît déjà une éternité ! Le pire c'est que je suis censé tenir une semaine. C'est les vacances et elle passe la première semaine avec ses parents et ses sœurs, ce que je comprends, elle ne les voit pas beaucoup.
Pour combler le vide, nous nous harcelons de messages du matin au soir. D'ailleurs, je crois bien qu'on a jamais autant discuté par texto. Quant à moi, mes parents sont rentrés de leur poste à l'étranger pour quelques jours, afin de passer mon anniversaire avec moi.
Ils viennent de s'absenter pour aller faire quelques courses sans que je ne puisse avoir le droit de les accompagner, car selon eux, j'aurais grillé leur surprise. Je me demande bien ce qu'ils vont encore pouvoir m'offrir. Dans le fond, je sais qu'ils culpabilisent énormément de ne pas être présent comme la plupart des parents, mais franchement, je ne leur en veux pas. Leur travail les passionne, mais ils ont toujours rempli leur rôle à la perfection. Ma mère a arrêté de travailler jusqu'au moment où elle a jugé que j'étais apte à me gérer seul pendant leur absence. Lorsqu'elle a voulu reprendre, j'étais content pour elle et personne ne s'y est opposé.
Nous rejoignions mon père en avion dès que nous le pouvions, afin qu'il me voit grandir et j'ai donc grandi entre les États-Unis et la France. Ce qui pour moi a beaucoup d'avantages. Je parle aussi bien anglais que français, sans oublier les origines de mon père qui m'ont conduites à apprendre l'italien. Puis il y a les spots de surf ! Là-bas c'est franchement le pied ! Nous y avons une maison et je pourrais même aller y vivre avec eux, mais... Je suis bien ici ! Et ça reviendrai au même, ils s'absenteraient pour aller travailler en France, donc... Puis maintenant il y a Nine et... Déjà au bout de deux jours, j'en peux plus, alors j'imagine pas m'éloigner autant. Ça peut paraître con parce qu'on est des ados et qu'on a la vie devant nous mais... Elle compte maintenant plus que n'importe qui... Ouais, c'est à ce point !
Je suis allongé sur mon lit, les yeux rivés au plafond, comme à chaque fois que je me fais chier... Rectification... C'est devenu une habitude quand elle me manque, autant dire les choses comme elles sont. Je souris en réalisant ça, quand soudain la sonnette retentit.
Je me redresse, descend les escaliers beaucoup moins vite que lorsque je sais que c'est elle qui arrive et ouvre, puis me fige et reste planté là, comme un idiot, sans savoir quoi dire lorsque je la vois qui se tient sur le pas de la porte.
– Bon anniversaire ! s'exclame-t-elle, en souriant.
Bordel ce sourire ! Ce que je ressens à chaque fois que je le vois est à la limite du paranormal. En le voyant, c'est comme si ce lien qui nous uni et qui est déjà fort l'était encore plus.
– Merci, Princesse, mais qu'est-ce que tu fais là ?
Elle sourit lorsqu'elle entend ce surnom qui lui est exclusivement réservé et mon cœur rate un battement.
– C'était hors de question que je ne te vois pas pour ton anniversaire !
Cette fois, c'est moi qui souris et même si j'ai l'air débile, putain, je m'en fous ! Elle est là et j'en avais besoin. Je m'approche pour la serrer dans mes bras et sans m'en rendre compte, je la soulève légèrement du sol pour qu'elle soit encore plus près de moi. Mon visage dans le creux de son cou, je me laisse envahir par son parfum, tandis que l'autre abruti monte dans les tours.
– Deux jours sans se voir, c'est trop long, lâché-je, tout en la serrant toujours contre moi.
Je me suis habitué à ces phrases que je balance sans m'en rendre compte. De toute façon, c'est bien plus fort que moi.
– Je confirme, lance-t-elle, en m'étreignant dans ses bras un peu plus fort.
Je réalise alors que c'est réciproque et savoir qu'elle pense la même chose me rassure. Je commençais à me dire que j'avais un grain.
Je la repose, à contre cœur, puis m'écarte.
– J'allais me servir un verre de jus d'orange, ça te dit ?
– Oui, pourquoi pas.
Elle me suit jusque dans la cuisine et je lui serre un verre pour ensuite me poser à côté d'elle sur un tabouret. Sans prévenir, elle me met une petite boîte entourée d'un ruban devant le nez. Je fronce les sourcils, gêné, puis la saisis.
– T'étais pas obligée, je t'ai rien offert pour ton anniversaire.
– On s'en fout, c'est pas grave ! s'exclame-t-elle, visiblement pressée que je l'ouvre.
– C'est quoi ?
– Bah, si tu l'ouvres pas tu sauras pas, lance-t-elle, avec le sourire.
Je tire sur le ruban pour défaire le nœud puis soulève le petit couvercle et découvre un porte-clé. Un casque noir et une plaque argentée gravée avec mon prénom y sont attachés. Je lève les yeux sur elle, tandis qu'elle m'observe de ses iris, que je trouve de plus en plus fascinants à chaque fois que je me perds dedans.
– Ça te plait ?
– Carrément, il est super !
Et c'est vrai, je suis carrément fan ! Elle semble soulagée, mais à vrai dire elle aurait pu m'offrir une peluche débile que j'aurais quand même adoré... Je détache rapidement mon ancien porte-clé que je range dans un tiroir et le remplace par le sien, avant de me lever et de la prendre dans mes bras pour la remercier posant un baiser sur son front sans même m'en rendre compte.
Je reprends ma place puis nous nous mettons à discuter sans voir les minutes défiler. C'est toujours comme ça quand je suis avec elle. J'ai l'impression que le temps passe à vitesse accélérée.
Soudain, elle sort son portable pour vérifier l'heure puis m'adresse une moue désolée.
– Il va falloir que je te laisse, beau brun.
Elle me balance toujours des trucs de ce genre qui me déstabilisent et ça fonctionne à chaque fois. Je lui adresse un semblant de sourire, sachant très bien où elle se rend.
– Tu vas au circuit ?
– Ouais, Mick m'attend pour quatorze heures, m'explique-t-elle.
– Tu veux que je t'accompagne ?
– Non t'inquiètes, t'es parents ne vont certainement pas tarder, il faut que tu sois là quand ils vont rentrer c'est ton anniv', répond-elle, en me souriant.
C'est pas faux, mais... Savoir qu'elle y retourne alors que la dernière fois c'est partit en couille, ça me fout les boules.
– J'peux revenir juste après...
– Yann, ça ira, je compte pas me planter à chaque fois que je fais du karting, me coupe-t-elle.
L'entendre dire ça me fait grimacer, c'est plus fort que moi. Je plante alors mon regard dans le sien... Plus sérieux, tu meurs !
– Envois un message dès que t'as fini ! Et fait gaffe, OK ?
– Promis.
Je la raccompagne jusqu'à la porte, puis elle se tourne vers moi et je la prends une fois de plus dans mes bras pour ensuite la regarder s'éloigner, pas du tout serein, lui adressant un signe de la main pour répondre au sien, lorsqu'elle passe le portail.
Je referme la porte derrière moi et sachant très bien que je risque de tourner en rond en attendant son SMS, je descends dans le dojo histoire de passer le temps. J'enchaîne tous les appareils de musculation jusqu'à ce que j'entende la porte d'entrée claquer, signe que mes parents sont de retour.
Lorsque je remonte, trempé de sueur pour leur annoncer que je vais prendre une douche, ma mère me fait signe de disparaître pour que je ne vois pas ce qu'elle prépare et sa réaction me fait sourire.
Quelques minutes plus tard, j'enfile un jean et un t-shirt noir puis dévale les escaliers pour les rejoindre. Un immense gâteau est posé sur la table et j'observe ma mère allumer les bougies avant de lever les yeux au ciel. Ce truc est tellement gros, qu'il pourrait suffire à une méga fiesta. Mon père nous rejoint puis il commence à chanter avant de me demander de souffler les bougies. J'ai horreur de ça ! Mais pour eux c'est important et qu'est-ce que je ne ferais pas pour leur faire plaisir...
Mon téléphone vibre dans ma poche et je me précipite pour lire le message que Nine vient de m'envoyer, me disant que tout c'est bien passé et qu'elle rentre. J'hésite un instant, mais quitte à paraître un peu trop envahissant, je lui demande de m'en envoyer un autre une fois chez elle. Si ça se trouve, ça la gonfle plus qu'autre chose...
Après avoir avalé deux parts de gâteaux et avoir discuté un moment avec eux, ils me demandent de les suivre jusque dans le garage et je m'exécute sachant très bien qu'ils ont encore dû dépenser une fortune. Mon père appuie sur le petit bouton de la télécommande et la porte se soulève pour laisser apparaître une cross flambant neuve de couleur verte.
Comme un gosse, je m'avance et en fait le tour, des étoiles dans les yeux. Ça fait un moment que je lorgnais dessus, j'aurais dû me douter qu'à un moment ou à un autre j'y aurais le droit. Mon père me jette les clés, que j'attrape, puis il me fait un petit signe de tête en souriant, tandis que ma mère me regarde, attendrie.
– Allez, file la tester ! m'encourage-t-il.
Un immense sourire se dessine sur mon visage, puis je grimpe sur la bécane, avant de tracer vers la piste. J'enchaîne les tours et les sauts et franchement, cette bécane déchire !
Je reçois un message de Nine au moment où je rentre la moto dans le garage et suis rassuré quand je lis qu'elle est bien arrivée. Mes parents se sont absentés pour aller voir ma grand-mère avant leur départ qui a lieu dans deux jours et je décide pendant ce temps de commander une pizza puis de monter dans ma chambre, histoire de rejoindre les potes en ligne, pour jouer un peu.
Vers vingt-trois heures, je me glisse dans mon lit. Après m'être retourné encore et encore sans trouver le sommeil, malgré son parfum qui imprègne l'oreiller sur lequel elle dort et que j'ai transformé en une sorte de doudou lorsqu'elle n'est pas là, je me redresse. L'envie soudaine d'aller la voir c'est immiscée dans mon esprit depuis plusieurs minutes et quand j'ai une idée en tête... Autant dire que pour me faire changer d'avis c'est la misère.
J'enfile mes fringues, puis descends sans faire de bruit pour ne pas réveiller mes parents qui sont rentrés il y a un moment et qui dorment. Je pousse ma bécane jusqu'au coin de la rue pour ne pas alerter tout le quartier, même si le plus proche voisin est à plus de deux cents mètres et l'enfourche pour mettre les gazs.
Je vais me pointer chez elle en pleine nuit, alors que ses parents sont là et sans l'avoir prévenue... Et sinon, t'en a souvent des idées à la con comme celle-là, mec ?
Je coupe le contact à quelques mètres de chez elle, puis une nouvelle fois, pousse la moto pour la garer sous une des fenêtres. En faisant le tour de la maison, j'aperçois que la seule lumière qui se diffuse à travers les volets est celle sous laquelle j'ai laissé ma bécane. Je sais qu'elle n'est pas du genre à se coucher tôt et je me dis que c'est certainement la fenêtre de sa chambre... Enfin, espérons, sinon je vais bien avoir l'air con !
J'attrape une petite poignée de cailloux, puis les balance un à un contre le volet, jetant de temps en temps quelques petits coups d'œils alentour... Si je me fais choper, j'aurais vraiment l'air débile... J'avais déjà vu des mecs faire ça dans certaines séries où certains films et je me suis toujours demandé ce qu'ils avaient avec leur putain de petits cailloux.. Mais je dois avouer que la tout de suite, ça me paraît être la meilleure des solutions.
Après plusieurs lancés, je vois son visage se pencher vers moi, la mine à moitié endormie. Putain, en plus de ça je la réveille !
Elle m'observe, étonnée, et je lâche les gravillons que je tiens toujours, un sourire idiot sur le visage.
– Qu'est-ce que tu fais là ?
– J'arrivais pas à dormir, lancé-je en haussant les épaules. Et je voulais voir si t'étais vraiment entière.
Elle m'adresse une grimace en secouant la tête, ce qui a le don de me faire encore plus sourire.
– J'ai même pas entendu la moto.
– Je l'ai arrêtée plus bas et je l'ai poussée jusque-là, expliqué-je.
Elle affiche tout à coup une moue embêtée et semble réfléchir.
– Je peux pas descendre, chuchote-t-elle.
– Pourquoi, tu veux que je monte ?
– Bah, tu vas pas rester dehors, si ?
Je hausse les épaules. J'étais juste venu pour la voir, mais si elle veut que je la rejoigne, c'est clair que je vais pas me faire prier. J'en ai grave envie !
– Attends ! J'arrive !
– Je suis pas sûre que...
– T'inquiète, l'interromps-je.
Je grimpe sur le petit muret qui fait l'angle de la maison et me penche vers le rebord de la fenêtre pour l'agripper, puis laisse aller mes pieds dans le vide et me hisse à la force de mes bras, avant de sauter aussi discrètement que possible dans sa chambre.
Elle se précipite vers la porte pour la fermer à clé, tandis que je referme les volets et la fenêtre.
– Comment t'as su que c'était la bonne fenêtre ?
– J'en étais pas sûr, mais c'était la seule avec de la lumière.
J'ai surtout eu du bol... Si l'une de ses sœurs ou encore ses parents avaient ouvert, je sais pas ce que j'aurais balancé comme excuse.
C'est la première fois que je suis dans sa chambre et lorsque je scanne la pièce rapidement, j'esquisse un sourire. Les murs sont recouverts de posters de motos et kartings et sur ses étagères trône une collection de miniatures du même genre. Cette fille m'étonnera toujours !
J'enlève ma veste, puis la rejoins sur son lit, alors qu'elle se plonge dans un bouquin bien épais, puis lance un jeu sur mon téléphone en lui jetant quelques coups d'œil discrets à chaque fois qu'elle tourne une page. Elle dévore les lignes à une vitesse qui me paraît bien trop rapide...
Après un moment, elle ferme son livre puis glisse sa tête entre mes bras alors que je tiens toujours mon portable et la pose sur mon torse. Elle entend certainement mon palpitant changer de rythme mais je m'en fous. Elle a cet effet là sur moi et le nier ne servirai a rien. Je continue de jouer un moment, tandis qu'elle semble s'être endormie, puis délaisse mon téléphone pour la serrer contre moi, me disant que je vais juste en profiter quelques minutes encore avant de partir.
Sa respiration m'apaise, et son parfum... Bordel, c'est vraiment un truc de dingue ! J'éteins la petite lampe pour qu'elle ne soit pas dérangée par la lumière, puis pose ma joue sur le haut de sa tête. Juste quelques minutes...
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