
Yann #23
* Point de vue Yann *
Après avoir vu Echo, je retourne au bahut et attend Kévin à la sortie. Ce couillon était collé en dernière heure. Pour une fois que c'est pas moi ! Ouais, fin, retrouver Kév n'est qu'un prétexte, je me suis pointé juste parce que j'espère la voir, elle.
Assis sur ma bécane, je scrute la foule de loin et je l'aperçois. Mon cœur bondit, puis rate un battement au moment où elle serre Nico dans ses bras et l'embrasse sur la joue. Bordel, je donnerais n'importe quoi pour être à sa place !
Elle monte dans son bus, puis se faufile jusqu'à l'arrière avant de s'asseoir. Elle tourne la tête vers les étudiants, son regard se perdant parmi eux, puis ses iris accrochent les miens. Elle rompt l'échange instantanément, tandis que comme un con, je ne peux détourner les yeux. Je l'observe, jusqu'à ce que le car s'éloigne et disparaisse au loin.
Kév, que je n'ai pas vu approcher, me donne un coup dans l'épaule et je sors de mes pensées.
- T'étais où là, mec ? se moque-t-il.
Je ne lui répond pas et remonte la fermeture de ma veste de moto.
- Tu l'as vue ?
- Ouais...
Il grimace, puis monte sur sa bécane à son tour.
- Tu sais que tu continuera de la croiser tous les jours ? Elle est dans le même bahut...
- Ouais, je suis au courant, grogné-je.
Kév soupire, exaspéré par mon comportement de ces derniers jours, puis enfile son casque.
- Allez, on bouge ! lâche-t-il.
Nous démarrons et je fais hurler le moteur, avant d'accélérer dans la ligne droite qui mène au parc des Blocks. Une fois sur place, je m'assois sur le plateau de la table, les pieds posés sur le banc. Cette même table que nous avions pris l'habitude de squatter avec elle...
J'ai les yeux plongés sur mon téléphone, quand un petit dealer du coin approche. Il glisse un mot à Kév, tandis que je lui adresse un regard assassin.
- Bouge de là, on veut pas de ta merde !
Kév se redresse voyant que je suis pas loin de partir en couille, comme la plupart du temps depuis qu'elle est loin de moi, puis lui fait signe de la tête de dégager.
- Tu sais que c'est un nouveau gars à Echo ?
- Ouais et ?
- Et il aurait pas apprécié que tu...
- Rien à foutre, l'interromps-je.
Il fronce les sourcils.
- Ca va l'faire pour samedi ? Parce que vu comme ça, j'le sens moyen...
- T'inquiètes, j'vais gérer, comme d'hab.
- Ouais mais ce mec est...
Je glisse un regard noir vers lui, pour le convaincre que ça ira.
- Ouais, ok, c'est clair que ça va l'faire souffle-t-il.
Kév retourne sur son portable, tandis que je scanne le parc de long en large. Une habitude qui ne me quitte plus, je surveille, anticipe et agit si besoin. Soudain, elle apparaît et commence à le traverser. Bordel, elle m'avait dit qu'elle ne viendrait plus dans ce putain d'endroit toute seule ! Je suppose que ce qu'elle m'a dit ne tient plus... Pourquoi elle tiendrait parole alors que... Mais merde, je veux pas qu'elle soit là.
Son regard croise le mien et comme ces derniers jours elle le fuit, sans subtilité, comme pour me dire que c'est ce que j'ai voulus et me faire comprendre qu'elle m'accorde ce que j'ai demandé. Bordel, ça me tue...
Je donne un léger coup de coude à mon pote.
- Qu'est-ce qu'elle fait là, putain ?
Il lève les yeux, puis la remarque à son tour.
- Je sais pas, elle vient voir Em', j'pense, lâche-t-il en haussant les épaules.
- Elle est au courant que les Blocks ça craint ?
- Elle venait déjà avant de te rencontrer, mec...
- Rien à foutre, grogné-je.
Kévin soupire et j'ai l'impression que dernièrement, il ne fait que ça.
- Ouais, ça j'ai compris, t'inquiètes ! Ca fait presque deux jours que tu me le répète. Par contre, le fait qu'elle ne soit plus à côtés de toi, ça tu t'en fous pas...
Ma mâchoire se crispe et mes mains jointes, se serrent aussi fort que possible l'une contre l'autre.
- Hey, la furie ! l'appelle-t-il.
Elle lui fait un petit signe de la main, sans un regard pour moi. Ca me fout les boules, sérieux...
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je passe le temps ! lâche-t-elle.
Bah ouais, c'est connu que les Blocks c'est l'endroit idéal pour ça !
- Fais gaffe à toi ! lui conseille Kév.
- Ouais, a plus !
- Comme si c'était possible, soufflé-je.
Mon pote la salue et je saute de la table. J'ai les nerfs ! Je commence à faire les cents pas, tandis qu'elle disparaît entre deux immeubles et que je me retiens pour ne pas la rejoindre. Kév m'observe du coin de l'œil, il se demande certainement quand est-ce que je vais partir en couille.
Elle réapparaît peu de temps après, au bras d'Emi, puis rejoint le banc en face de nous, une cinquantaine de mètre plus loin. C'est quoi le but ? Me torturer ? En même temps j'le mérite, j'ai pas vraiment le droit de me plaindre. Je l'accepte et si ça peut me permettre de garder un œil sur elle, alors...
Je la vois tout à coup lever les yeux vers nous, puis hausser les épaules à l'attention de Kévin et je comprend qu'il lui a envoyé un message.
- Qu'est-ce que tu lui à dit encore, bordel ?
- Je lui ai juste demandé si elle pouvait pas avoir pitié de moi, grimace-t-il, en me regardant et en faisant allusion à mon comportement.
Je secoue la tête, énervé.
- Mec, j'te jure, j'ai l'impression qu'un type à le doigt au dessus d'un détonateur et que s'il appuie tu va désintégrer le prochain qui dira un mot de travers.
Au moment où il balance ça, je vois le cousin d'Emi approcher de leur banc avec ses potes. C'est juste une putain de blague ! Quentin en lui même me dérange pas, mais Medhi... Merde, ce mec à le feu à la bite, bordel !
- Bah tiens, manquait plus que ça ! Le voilà le putain de détonateur ! J'te jure, j'ai un super pouvoir, obligé ! A chaque fois je me gourre pas, se marre kév.
Je glisse un regard noir sur lui.
- Bah quoi ? J'te paris que dans moins de cinq minutes tu va vouloir lui encastrer la gueule dans le banc, rit-il.
Nine se lève tout à coup, pour faire face à Medhi. Putain, j'le savais ! Qu'est-ce qu'il a fait cet enfoiré ? Mon poing se serre, les muscles de ma mâchoires tressautent et je fais quelques pas, dans l'intention de foncer sur lui alors que Kév me barre la route, puis me retient tandis que cet abruti me lance un regard de défit.
Emilie semble désamorcer la situation, glissant quelques mots à Medhi, puis ils se lèvent tous.
- C'est bon mec, lance Kév, il à l'air de s'être calmé.
Ouais, mais moi c'est loin d'être le cas !
Je me réinstalle sur la table, attrape mon portable puis commence à écrire un message pour lui envoyer. Finalement, comme la dizaine d'autres que j'ai écris, je finis par l'effacer. Rah, putain, c'est plus fort que moi !
- J'reviens, annoncé-je à Kév.
Il lève un sourcil, inquiet.
- Faut que j'appelle un avocat tout de suite où comment ça s'passe ?
- J'vais juste vérifier un truc, me justifié-je.
- Ouais, c'est ça, va voir comment elle va, rigole-t-il, en secouant la tête.
Je ne préfère pas répondre et m'éloigne puis sillonne les ruelles entre les immeubles et tous les endroit où elle pourrait se trouver, mais rien. Bordel, elle s'est barrée où ?
Après un moment à tourner dans les Blocks, sans la repérer, je retourne voir Kév.
- Alors ? me demande-t-il.
Je soupire et donne un coup de pied dans une canette traînant par terre.
- Je sais pas où elle est !
Et bordel, je suis en train de me faire un tas de films...
- Elle est avec Em' et Quentin, t'inquiètes !
Ouais, avec Emilie...
- Justement, j'te rappelle c'que ça a donné la dernière fois ?
- Elle a finis bourrée, je sais... Mais ça veut pas dire que ce sera là même ce soir, y a cours demain, elle rentrera sûrement pas tard.
- Ouais...
- C'est bon on peut bouger ?
Je lève un sourcil, puis me rassois sur la table.
- Nan.
- T'es sérieux ?
En un regard il comprend que je ne bougerai pas.
Kév tente de me faire penser à autre chose que de retourner traîner pour voir où elle se trouve en me montrant le jeu auquel il joue, mais y'a rien à faire, mes pensées sont rivées sur elle. Il est presque vingt trois heures trente, quand elle réapparaît dans mon champs de vision et je soupire intérieurement. Elle va bien...
Elle passe à quelques mètres de nous, avec Emi et discute, sans lever les yeux sur nous, pourtant, je suis sûr qu'elle nous à vu. Elle disparaît à nouveau, puis Kév jette un œil à son portable et se lève.
- Mec, faut que j'bouge.
J'acquiesce, le salue, puis rejoins ma bécane. Elle est arrivée en bus et va certainement se pointer à son arrêt habituel pour rentrer. Je démarre, puis m'approche de la station de façon à ce qu'elle ne me voit pas quand elle arrivera. Je vérifie l'heure sur mon téléphone. Bordel, minuit passé, qu'est-ce qu'elle fout ?
Après plusieurs minutes qui m'ont semblées une éternité, elle s'assoit sous l'abris bus, remonte la fermeture de sa veste et croise les bras comme pour se réchauffer. Si seulement je pouvais la serrer dans mes bras, je pourrais lui tenir chaud et... Ta gueule, mec ! Evite de penser à ce genre de truc, ça rime à rien !
Le car ne tarde pas à arriver et elle s'installe au fond. Au moment où il démarre, je met les gazs, accélère pour le doubler et trace vers chez moi, rassuré de savoir qu'elle rentre.
Une fois rentré, je me pose sur mon canapé, mais... Je suis même pas capable de regarder un putain film sans penser à elle ! Je me sens tellement mieux quand elle est là, près de moi, dans mes bras. Bordel, elle me manque c'est un truc de malade !
J'éteins la télé et m'allonge sur mon lit. Dans le noir, les yeux bloqués sur l'écran de mon portable, je m'apprête à lui envoyer un message pour lui demander si on peut se parler, mais là encore, je le supprime, ma raison l'emportant sur le cœur, même si c'est dur de lui donner raison. J'attrape l'oreiller à côté de moi, pour le glisser sous ma tête et son parfum m'envahit. Bordel, c'est pire qu'une torture, tout chez elle me manque...
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