
Chapitre 63
Voilà maintenant presque trois semaines que je me suis pointée dans ce gymnase désaffecté et que j'y ai découvert ce que me cachait Yann. C'est aussi ce soir-là et sans le savoir, que j'ai apporté des ennuis supplémentaires à mon meilleur ami, qui en avait déjà bien assez comme ça...
Cela me ronge de l'intérieur, même si je ne lui montre pas. Il me demande de ne pas m'en faire, alors je fais comme si c'était le cas... Parce que s'il s'aperçoit que je m'en veux et que je ne vais pas aussi bien que je le laisse paraître, cela lui causera plus de soucis qu'il n'en a déjà. Et j'en ai assez fait.
Depuis le jour où Yann a convenu d'un accord avec Écho afin de m'éviter de me retrouver avec des problèmes après avoir découvert ses magouilles, nous n'avons eu aucune nouvelle. Il n'a reçu aucun message qui ai à voir de près ou de loin avec ces combats organisés. De mon côté, je ressasse encore et encore ce qui a résulté de ma curiosité, je n'y peux rien, c'est plus fort que moi. Yann, lui, semble ne se préoccuper à aucun moment de tout ça.
Quant à la discussion que je souhaite avoir avec lui par rapport à notre relation assez ambiguë, car on ne va pas se le cacher, c'est bien de cela dont il s'agit, et bien... Comment vous dire, je repousse sans cesse le moment où elle aura lieu. Ce soir comme tous les autres, j'ai une excuse, nous sommes samedi et il y a la fête d'anniversaire que Kévin a organisé pour Yann. Hors de question de gâcher la soirée, vous vous doutez bien...
Kév a dû changer de plan au dernier moment, apparemment un souci avec la salle qu'il devait avoir. Il voulait éviter de faire ça dans les Blocks, mais finalement, n'a pas vraiment eu le choix et a fait avec ce qu'il a pu trouver en un minimum de temps.
Yann tire la porte métallique, puis me laisse passer devant lui. Je dois dire qu'à première vue, Kévin a assuré. La déco est super, je remarque tout de suite Émilie, dans un coin de la salle et devine qu'elle n'y est pas pour rien. Elle m'adresse un rapide signe de la main, que je lui rends, puis me fait comprendre que nous nous verrons un peu plus tard, avant de disparaître dans la réserve.
Il y a déjà pas mal de monde et Yann grimace lorsqu'il s'en rend compte. Lui qui avait demandé à Kévin de faire un truc simple et en petit comité, pour le coup, c'est raté. Je jette un œil vers les platines et souffle intérieurement, quand je m'aperçois que le DJ ne sera pas celui avec qui Yann c'était légèrement pris la tête à cette soirée où j'étais bourrée.
Mais si ! Rappelez-vous, un certain David, il m'avait donné son numéro, je l'avais rentré dans mon téléphone et le lendemain je ne savais plus comment il avait atterri là. Il avait aussi demandé à Echo de me laisser tranquille... Bref mauvais souvenir... Je suis soulagée, c'est un souci en moins, parce que je dis ça, je ne dis rien, mais je ne suis pas sûre que Yann l'apprécie...
- Tu veux boire quelque chose ? me questionne Yann.
- Ouais, un whisky coca, annoncé-je, pour le charrier.
Il glisse vers moi un regard assez explicite, tandis que je l'observe avec un sourire malicieux.
- Ça va, j'déconne, un coca ce sera très bien ! m'exclamé-je, tandis qu'il lève les yeux au ciel, exaspéré.
Il nous trouve une place assise, puis s'absente pour aller nous chercher un verre. J'enlève ma veste en cuir et la pose à côté de moi, laissant apparaître un petit haut blanc à bretelle fine, que l'éclairage fait ressortir plus que nécessaire. À celui-ci, j'ai ajouté un jean de couleur clair et mes converses. J'aime la simplicité.
J'aperçois Yann qui revient, un verre dans chaque main. Sa chemise noire, dont il a replié les manches jusqu'au coude et qu'il porte ouverte, laisse entrevoir son tee-shirt blanc, près du corps. Il épouse divinement ses muscles et on en devine aisément leurs formes. Il a noué un bandana noir à son poignet, comme souvent. Les filles ne se gênent pas pour le mater, tandis que lui n'y prête aucune attention, ce qui a le don de me faire sourire. À vrai dire, ça me convient très bien comme ça.
- Pourquoi tu souris ? me demande-t-il, alors que je me lève pour le laisser passer et s'installer dans le coin de la banquette.
- Rien, j'admirais la vue, lancé-je, sans aucune gêne, tandis que je glisse sur le siège, pour caler mon dos contre son torse, sous le regard agacé de plusieurs filles.
Il ricane doucement, conscient que j'aime l'embêter.
- Et elle t'a plu ?
Je lève un sourcil amusé, puis fais mine de réfléchir. S'il rentre dans mon jeu c'est mal barré.
- C'était assez... satisfaisant, affirmé-je.
- Satisfaisant, hein ?
Je l'observe avec insistance et il secoue légèrement la tête, exaspéré.
Peu de temps après, je remarque que Nico passer la porte et un immense sourire aux lèvres se dessine sur son visage lorsqu'il m'aperçoit. Autant dire que je le connais et que ça cache forcément quelque chose. Soit, me voir appuyée contre Yann dans le coin de la banquette l'amuse, soit il prépare une connerie.
Une fois notre hauteur, il se penche vers moi pour me faire un bisou sur la joue, puis tape dans le poing que Yann lui tend pour le saluer. Son sourire s'accentue et je ne peux m'empêcher de l'observer les yeux plissés tout en me questionnant.
- Pourquoi tu souris comme un imbécile ?
- On dirait toi y'a cinq minutes, lance Yann, tandis que je me tourne pour lui donne un petit coup de coude qui le fait rire.
- J'avais de bonnes raisons, un spectacle sympathique s'offrait à moi ! répliqué-je.
Surpris, il pose son verre en le claquant sur la table, manquant de s'étouffer, tandis que Nico me sourit toujours autant.
- Alors, explique ! m'impatienté-je.
- Attends cinq minutes, c'est une surprise.
Je me pose encore plus de questions... Qu'est-ce qu'il a bien pu préparer ?
Quelques secondes plus tard, il saisit son téléphone, puis sourit en lisant le message qu'il vient de recevoir.
- Bouge pas, je reviens, m'ordonne-t-il.
Il disparaît sans me laisser le temps de répondre, puis, je me tourne vers Yann.
- T'es au courant de quelque chose ?
- Ma parole que non, se défend-il, en levant les mains.
Je reprends ma place et soupire d'impatience.
À peine cinq minutes plus tard, Nico réapparaît et marche vers nous. Lorsque j'aperçois derrière lui quelques mèches blondes ondulées, je bondis de la banquette, laissant Yann qui ne comprend pas, planté là et les rejoins en courant.
Je contourne Nico qui est complètement satisfait de son effet de surprise et prend Aurore dans mes bras en criant. Elle me rend mon étreinte, puis je recule légèrement pour l'observer.
- Qu'est-ce que tu fais là ? m'étonné-je.
- Je voulais pas louper ça ! C'est la fête d'anniv' de Yann, se justifie-t-elle.
- Et ta mère ?
- Elle est pas vraiment au courant, avoue-t-elle l'air coupable.
Je serre Nico dans mes bras, pour le remercier, puis nous rejoignons Yann, bras dessus bras dessous. Elle salue mon meilleur ami et lui souhaite un joyeux anniversaire alors que lui aussi est aussi surpris que moi de la voir ici.
C'est la première fois que ma meilleure amie vient dans les Blocks et je me rends compte de l'effort que cela a dû lui coûter.
Nous passons un moment à discuter, avant de rejoindre tous ensemble la piste de danse. Kévin et Em' nous retrouvent une vingtaine de minutes plus tard, contents de la soirée qu'ils ont organisée pour Yann, alors que ce dernier les remercie. Nous dansons ensuite tous ensemble sur des rythmes plus ou moins endiablés, dans la bonne humeur, pendant de longues minutes, puis rejoignons tous ensemble notre table, assoiffés.
Yann et moi reprenons notre place dans le coin de la banquette, sous les regards amusés de nos amis, pendant que Kév décide d'aller nous chercher à boire.
Tandis qu'il revient avec un plateau contenant un verre pour chacun de nous, mon cœur rate un battement et ma respiration se coupe, lorsque j'aperçois Echo passer la porte de la salle.
Mon corps se raidit instinctivement, puis sans réfléchir, je me redresse légèrement. Yann, qui n'a pas loupé son arrivée non plus, enroule rapidement ses bras autour de ma taille puis, m'attire vers lui et approche ses lèvres de mon oreille.
- Tu m'as promis, me chuchote-t-il, alors que tous les autres me regardent comme si j'allais sauter d'une seconde à l'autre sur Echo pour l'étriper.
Je remarque à ce moment que mes mains se sont crispées sur ses avant-bras sans m'en rendre compte, mais il ne desserre pas pour autant son étreinte.
- Qui l'a invité ? grogné-je.
- Il a pas vraiment besoin d'invitation, il se donne le droit de débarquer un peu partout, soupire Kévin, irrité.
- Fait pas gaffe à lui, me souffle Yann, en me tenant toujours contre lui.
Je ne réponds rien et essaye juste de prendre sur moi, de faire abstraction, tandis que mes amis reprennent un peu le cours de la soirée, de façon à passer à autre chose.
Puis, soudain, alors que je n'arrive pas à détacher mes yeux du chef de gang, il plante les siens dans les miens et je ne les baisse pas. Mon regard est plein de reproches et menaçant. Même si c'est ridicule et que je n'arriverai certainement à rien contre lui, je ne peux m'en empêcher.
Il est là, à quelques mètres de moi, un rictus mauvais aux lèvres, fier de ce qu'il perçoit dans mon regard et s'amuse clairement de la situation. J'en suis vraiment consciente à ce moment précis. Il n'a pas donné de nouvelle depuis presque trois semaines et c'est fait exprès, il se doute que nous attendons. Il en fait un jeu et se délecte de l'emprise qu'il a sur nous, tout est calculé... Il me dégoute.
- J'y arrive pas, lâché-je, tout à coup avant de le lever précipitamment, profitant que Yann a desserré ses bras autour de moi pour saisir son verre.
J'attrape rapidement ma veste sous le regard de mes amis et fonce vers la sortie sous leur regard paniqué. Echo, lui, sourit sans se cacher, content de ma réaction.
- Attends, tu vas où ? s'inquiète Yann, alors que je trace sans me retourner.
Je comprends que mes amis soient sur le qui-vive, ils me connaissent tous et je pourrais très bien aller trouver Echo... Mais j'ai fait une promesse à Yann et je compte bien la respecter en rester loin de lui.
Je passe la porte d'entrée, j'ai besoin d'air, j'avais l'impression d'étouffer. Je m'appuie contre le mur de dehors, juste à côté, sors une cigarette et l'allume dans la foulée. À peine quelques secondes plus tard, elle s'ouvre avec fracas et Yann me rejoint, soulagé que je sois là.
Il se plante devant moi, sans rien dire, comme pour me laisser le temps d'encaisser.
Alors que je tire nerveusement une taffe, ce qui l'agace, il avance d'un pas.
- Bordel, arrête avec ça ! s'exclame-t-il, en m'arrachant la cigarette des doigts et en la balançant quelques mètres plus loin.
Je l'observe sans rien dire, j'ai peur que si je commence à parler, tout sorte en même temps, tout ce que je garde pour moi depuis ces dernières semaines. Ma culpabilité, le fait que je ne sois toujours pas d'accord avec la solution qu'il a trouvée... Notre relation.
Il avance d'un pas, tandis que je le regarde sans vraiment le faire. À la fois présente devant lui et absente, parce que j'essaye de prendre sur moi.
- Parle-moi, lance-t-il, calmement.
Je l'observe et désapprouve sa demande silencieusement, mais je vois dans son regard qu'il en a besoin. Il veut que je mette des mots sur ce qui se passe dans ma tête. Il pose une main à plat contre le mur, juste à côté de mon visage et m'observe, attendant patiemment que je me décide à lui parler.
Je plante mon regard dans le sien. De toute façon, il ne lâchera pas....
- Il s'amuse, soufflé-je, il ne t'a pas donné de nouvelle et c'est voulu, il sait qu'on attend, il en fait un jeu...
Yann soupire lourdement, le fait que je mette des mots sur tout ça le soulage instantanément.
- Il peut faire ce qu'il veut, je m'en fous... Du moment qu'il te laisse tranquille, le reste j'en ai rien à foutre... J'ai pas peur de lui, grogne-t-il.
Mes yeux brûlent, sous la menace de mes larmes, qui ne demandent qu'à ce que je les laisse s'échapper. J'ouvre la bouche, dans l'intention de lui dire que moi je ne m'en fous pas, mais les mots restent coincés.
- Je...
- Je sais, soupire-il, tout en glissant son autre main sur ma nuque pour m'attirer vers lui.
Il me sert contre lui, avec une douceur et une bienveillance inexplicable, puis j'enlace sa taille à mon tour, enfouissant mon visage contre son torse. Il sait que je m'en veux.
- Désolée d'avoir gâché ta soirée, murmuré-je, toujours contre lui.
Il pose à ce moment ses lèvres sur le haut de ma tête et dépose un baiser sur mes cheveux.
- T'y est pour rien, il avait rien à foutre ici.
- Yann je...
- Je sais, m'interrompt-il.
Je prends conscience à ce moment-là, que même si je ne lui ai rien dit, même si j'ai fait de mon mieux pour cacher ce que je ressentais. Il a su lire en moi comme dans un livre ouvert. Toutes les fois où il m'a serré contre lui le soir pour m'endormir, il l'a fait parce qu'il savait que j'en avais besoin, que sans ça, j'allais ressasser encore et encore, jusqu'à ne pas arriver à trouver le sommeil. Il est resté là, sachant ce qu'il devait faire, imperturbable, calme, ayant un moral à toute épreuve, alors que je ne pensais pas une seconde, qu'il se doutait de quoi que ce soit.
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Hello ! Comme vous êtes beaucoup à me demander si je possède un compte Instagram dédier à mes histoires, je pose ça ici ^^.
Oui, j'en ai un que je tiens depuis le début ! Donc si vous voulez de petites infos en avant première, être prévenu un peu à l'avance de la sortie de chaque chapitre, ou voir de petit bonus, c'est avec plaisir que je vous y retrouverez.
Le lien de mon compte est dans ma bio, mais je vous laisse mon Pseudo insta ici :
the_idylyne_feather
Ma photo de profil est reconnaissable, il s'agit de la couverture de Together Forever !
A bientôt j'espère ! ;)
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