Chapitre 61
Toujours blottis contre Yann, n'ayant pas bougée de la nuit, je suis tirée du sommeil lorsque ma mère frappe à la porte de ma chambre. Je m'assois tout à coup sur le lit, puis constate qu'il est encore là et qu'il dort. Il est neuf heures, le réveil n'a pas sonné et il a apparemment oublié de se lever pour sa séance de sport. Je le secoue avec empressement et il se redresse sur ses coudes, à moitié endormis.
- Ma chérie, debout ! s'exclame ma mère à travers la porte, tout en essayant de l'ouvrir. Pourquoi c'est fermé à clé ?
Mon meilleur ami se tourne vers moi, les yeux écarquillés, puis se retient de pouffer de rire.
- Désolé maman, j'ai loupé le réveil et j'ai fermé par réflexe, quand je suis seule, je préfère, me justifié-je.
- OK, le petit-déj est prêt !
- J'arrive, juste le temps de me réveiller.
Je suis moi-même stupéfaite de ma rapidité à trouver une explication à ma porte verrouillée, tandis que Yann réalise qu'il a passé la nuit ici, ce qu'il n'avait vraisemblablement pas prévu.
Il lève les mains en signe de protestation, tandis que je l'observe d'un air accusateur.
- Hey ! C'est ta faute ! Tu t'es mis contre moi, j'étais bien au chaud, normal que je m'endorme, rit-il.
Je me contente de lui envoyer mon oreiller dans la figure ce qui le fait encore plus marrer et ceci entraînant cela, nous improvisons une petite bataille. Finalement, prisonnière de ses bras et me retrouvant sans échappatoire, je mets un terme rapidement à cet affrontement, sous prétexte que je doive rejoindre tout le monde pour le petit déjeuner.
Yann me relâche en râlant, puis finit par se lever et ouvre la fenêtre pour venir s'assoir sur le bord. Il m'adresse un sourire avant de sauter pour atterrir avec souplesse à côté de sa moto et me fait un signe de la main en se saisissant de son casque.
- Envoie un message quand t'es arrivé, le taquiné-je, en souriant.
Il se contente de lever les yeux au ciel, ce qui m'amuse, puis enfile son casque avant de pousser sa bécane un peu plus loin et de la démarrer. Je l'entends s'éloigner, puis ouvre la porte de ma chambre pour rejoindre la cuisine.
Alors que nous déjeunons et que mes parents regardent les informations à la télévision, je souris bêtement en repensant à notre bataille d'oreiller.
- Qu'est-ce qui te fait marrer ? me demande alors Joyce.
Je sors de mes pensées tout à coup, ne m'attendant pas à cette question et observe ma petite sœur du coin de l'œil.
- Rien, un message de Nico que j'ai reçu ce matin.
Elle me scrute, une lueur espiègle dans le regard et affiche un sourire satisfait. Elle sait que Nico et moi avons été ensemble et je la vois déjà venir.
- C'est pas c'que tu crois, la devancé-je, très sérieuse.
Son air joyeux s'efface et fait place à une expression un peu déçue, puis mon téléphone vibre sur la table.
Le mec pas fréquentable : * Le colis est arrivé à bon port. PS : Aucun incident à déplorer. *
Je pouffe de rire, sans vraiment pouvoir me retenir, sous les yeux de Joyce qui retrouve tout à coup son sourire.
- C'est encore Nico ?
Je reste silencieuse et me contente de reposer mon téléphone face cachée, puis finis à la hâte mon chocolat chaud, avant de filer à la salle de bain. Une fois seule, je réponds à Yann.
MOI : * T'en loupes pas une, un peu plus et je m'étouffais avec mon chocolat ! *
Le mec pas fréquentable : * Du moment que ça te fait rire *
Je secoue la tête amusée en lisant son message et souris bêtement.
Vendredi arrive finalement bien plus vite que je ne l'aurais imaginé. Après avoir dit au revoir à mes parents qui ont repris la route et accompagné mes sœurs à la gare, je grimpe en fin d'après-midi dans un bus pour rejoindre Yann comme il me l'a proposé.
Lorsqu'il m'ouvre, il affiche tout d'abord un sourire, puis, semble ensuite désolé. Il sort sur le perron et tire la porte légèrement derrière lui, comme s'il ne voulait pas qu'on nous entende.
- Mes parents ont repoussés leur vol à demain, m'annonce-t-il.
Sur le coup, je ne sais pas vraiment quoi dire, mais je trouve normal qu'il souhaite profiter d'eux tant qu'ils sont là.
- C'est pas grave, on se voit demain. Je vais aller retrouver Émilie, ça fait un moment que je ne l'ai pas vue.
Il fronce les sourcils en réalisant que cela implique que je mette les pieds dans les Blocks, quand, soudain, la porte s'ouvre. Sa mère m'observe en souriant timidement, puis jette un coup œil à son fils. Yann est plus grand qu'elle, c'est une femme mince, aux yeux verts rieurs.
- Je t'ai pas élevé comme ça, on laisse pas une jeune fille devant la porte ! soupire-t-elle, exaspérée, en lui assénant une petite tape derrière la tête, tandis que Yann lève les yeux au ciel.
Elle glisse un regard sur moi, puis m'adresse cette fois un large sourire.
- Allez entre ! s'exclame-t-elle, tandis que Yann se pousse pour me laisser la place de passer, tout en se grattant l'arrière de la tête, l'air embêté.
Il me suit à l'intérieur, puis nous restons plantés là, sans rien dire, quelques secondes. Finalement, il décide de nous servir un verre de limonade, tandis que sa mère plie des vêtements qu'elle range soigneusement dans une valise, tout en nous regardant curieusement.
- T'aurais au moins pu nous dire que ta petite amie devait passer !
Yann se met à tousser, s'étouffant presque avec la gorgée qu'il vient de prendre, alors que de mon côté je me fige.
- C'est pas ma copine, précise-t-il.
- Oui, je suis une amie c'est tout, ajouté-je, pour lui venir en aide.
- Oh, je vois, alors tu dois être une amie bien spéciale, t'es la première fille qu'il laisse venir ici, lance-t-elle.
Yann enfouit son visage dans ses mains et je souris à sa réaction, tandis que sa mère s'approche de nous. Elle se poste à côté de moi, replace une mèche de ses cheveux blonds ondulés derrière son oreille, puis m'observe d'un air complice.
- Tu as dû remarquer qu'il ne sait pas faire les présentations, la dernière fois je n'ai même pas eu le temps de te demander comment tu t'appelles, soupire-t-elle.
Elle me tend alors la main en me souriant chaleureusement et je la lui serre.
- Enchantée, sourit-elle avec exagération, histoire d'en rajouter en remarquant l'exaspération de son fils. Je suis Solenn, la maman de cet énergumène.
- De même, affirmé-je, pour rentrer dans son jeu, moi c'est Nine, une amie... du coup.
Yann nous observe tour à tour et son expression a le don de nous faire sourire. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'elle et moi on va vraiment bien s'entendre.
Un homme arrive soudain par la porte d'entrée et se dirige vers nous. Je suppose qu'il doit s'agir cette fois de son père. Il se plante à nos côtés, puis Solenn fait les présentations.
- Voici Nine, une amie de Yann.
- Salut, moi c'est Marco, annonce-t-il, avec le sourire
Il passe derrière nous, adressant à Yann une petite tape sur l'épaule. Marco est plutôt grand, les cheveux foncés et ses iris sont très sombres. Sa peau est mate et sa carrure est impressionnante, il doit être au moins aussi sportif que son fils. Je sais maintenant d'où Yann tient sa couleur de cheveux et son teint hâlé. Par contre, pour ses yeux azur, cela reste un mystère.
Il observe son fils avec une lueur espiègle dans le regard, puis lui adresse un clin d'œil complice.
- Ta petite amie est charmante, lance-t-il.
- T'es sérieux ? lâche Yann.
- Bah quoi ? s'étonne son père.
- C'est pas sa petite copine, lui chuchote Solenn, en haussant les épaules et en lui adressant un clin d'œil.
Marco se racle la gorge, apparemment pas vraiment convaincue. Il observe son fils avec insistance, un sourire presque idiot aux lèvres.
- OK, allez viens on monte, annonce alors Yann, en se levant et en me faisant signe de la tête de le suivre.
Je me tourne vers ses parents et leur adresse un petit signe avant de disparaître à sa suite. En montant les escaliers, je les entends rire aussi discrètement qu'ils le peuvent.
- Ils n'en loupent pas une, marmonne Yann, tout en gravissant les marches.
Une fois dans sa chambre, nous nous installons sur son canapé, puis décidons de jouer à la console. Cette fois, nous sommes deux pour exploser les hordes de zombies qui voudraient nous dévorer. Au début, je ne suis pas vraiment téméraire et reste la plupart du temps cachée derrière le personnage de Yann, passant mon temps à crier, essayer de viser sans paniquer et insulter les mort vivants qui veulent nous bouffer... Ce qui bien entendu le fait marrer...
Puis, au bout d'un moment, je me sens comme gagnée par l'excitation du jeu et commence à me prendre pour une vraie warrior, fonçant vers les morts vivants, arme à la main, les dégommant un à un.
- Nan, mais attends ! Qu'est-ce tu fais ! T'as plus de munitions ! s'exclame Yann, alors que je cours vers une horde.
Je tente tout de même de me défendre avec mon couteau, balançant également ici et là des coups de pieds et des coups de poing, sans vraiment écouter ce qu'il dit.
- Wow, comment je l'ai éclaté celui-là ! m'écrié-je, tandis qu'il me regarde en biais et qu'il essaye de me sauver la mise comme il le peut.
À ce moment, Marco, entre dans la chambre et je me retrouve bien bête en me rendant compte qu'il m'a surement entendu. Yann met le jeu en pause, et nous nous tournons vers lui.
- Désolé de vous déranger en pleine... action, lâche-t-il, en se raclant la gorge, mais Solenn propose que tu restes manger avec nous, si ça te dit.
Mes yeux glissent vers Yann, légèrement gênée par la réflexion de Marco et il se contente de hausser les épaules, plus occuper à fusiller son père du regard. Apparemment, la décision me revient.
- Je ne voudrais pas déranger, hésité-je.
- Au contraire, ça nous fera plaisir, affirme-t-il.
- Alors d'accord, acquiescé-je, avec le sourire.
Suite à cette petite parenthèse, il referme la porte derrière lui et Yann remet la partie en route. Je continue de me démener au milieu de nos ennemies du moment et alors que je suis fière d'en avoir eu un de plus, un autre que je n'avais pas vu se jette sur moi. Je me retrouve très vite dépassée, ayant de toute urgence besoin de soin.
- Ah merde, il m'a eu celui-là ! m'exclamé-je.
- Nan, sans blague ! s'exaspère Yann, tandis qu'il me porte secours.
Il se tourne vers moi, en fronçant les sourcils.
- Si un jour y'a une épidémie zombie, rappelle-moi de t'enfermer à double tour, soupire-t-il, très sérieux.
Je lui adresse une grimace, puis lui donne un petit coup de coude dans les côtes et il lâche un léger râle de douleur. J'avais complètement oublié l'énorme bleu qu'il a encore à ce niveau-là.
- C'est ça, achève-moi aussi ! lance-t-il.
- Merde désolée, m'excusé-je, en me pinçant les lèvres, tu veux un bisou qui guérit ?
Il observe mon air moqueur et lève un sourcil.
- Pfff, n'importe quoi, je suis pas une chochotte, s'indigne-t-il.
- Bah ça, j'avais remarqué merci.
Il m'adresse un regard en biais, puis sa mère nous appelle depuis le rez-de-chaussée pour que nous descendions manger.
Nous passons le repas dans une ambiance bon enfant, ses parents sont vraiment super et ils aiment leur fils, il n'y a aucun doute.
- Ça fait longtemps que vous vous connaissez ? me demande Solenn.
- Non, depuis le début de l'année scolaire, expliqué-je.
- Tes parents n'ont pas vu d'inconvénients à ce que tu restes manger ? m'interroge Marco.
- Ils sont beaucoup absents, ils sont repartis cet après-midi.
- Oh, je vois, reprend Solenn, et bien, saches que tu es la bienvenue et cela quand tu veux, affirme-t-elle.
- Merci, c'est gentil.
- Quant à toi, Yann, lorsqu'elle est là t'en es responsable tu le sais, lui rappelle son père très sérieusement, évites de l'impliquer dans je ne sais quoi...
- Elle a pas besoin de moi pour ça, elle le fait très bien seule, marmonne-t-il, en glissant son regard vers moi.
Ses parents froncent les sourcils, mais ne relèvent pas.
- Vous n'avez pas de soucis à vous faire, Yann est même parfois trop protecteur, lancé-je, pour les rassurer.
- Ça, j'en doute pas une seconde, réplique Solenn, apparemment fière que son fils le soit.
Nous passons le reste du dîner à discuter, puis regagnons la chambre après avoir aidé à débarrasser, pour s'installer sur le lit afin de regarder un film. Je me cale contre Yann comme à mon habitude et nous voilà parties pour une nouvelle soirée blottie l'un contre l'autre.
Alors que nous sommes presque à la fin, un bref coup retentit sur la porte de la chambre et elle s'entrouvre. Marco apparaît dans l'encadrement.
- Oups, désolé, t'aurais pu dire que ta copine restait dormir, lance-t-il exprès, pour agacer son fils. On va se coucher, on se lève tôt.
Alors que Marco s'apprête à refermer la porte, Yann, se redresse rapidement et je sens à ce moment ses abdominaux se contracter sous la paume de ma main. Il attrape l'oreiller derrière son dos et le lance en direction de son père.
- C'est pas ma copine on est juste pote !
L'oreiller s'écrase contre la porte et finit sa course sur le sol. Il me regarde ensuite, embêté, n'ayant plus de quoi se caler le dos et attrape le mien pour le place derrière lui, tandis que je me redresse en haussant un sourcil.
- Bah quoi ? T'en as pas besoin, lance-t-il, en haussant les épaules.
Je reprends ma place en posant ma tête sur lui... Vu comme ça, il n'a pas vraiment tort.
Le sommeil nous gagne petit à petit, puis Yann finit par éteindre la télévision une fois le film terminé.
Quant à moi, avant de fermer les yeux pour de bon, je repense à cette journée, des plus sympathique. Je ne m'attendais pas faire la connaissance de ses parents tout de suite, mais je ne regrette pas, ils sont géniaux et ont beaucoup d'humour.
Cependant, une chose a retenu mon attention... Eux aussi nous croient ensemble, ce qui en soit est plutôt drôle, mais le fait est que ce n'est pas le cas. Toutefois, je les comprends, car même si nous ne le sommes pas, notre relation porte à confusion et je songe de plus en plus à avoir une vraie discussion avec Yann à ce sujet... Il le faut.
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