Il arrive très vite à notre hauteur, me saisit par le bras pour m'aider à me redresser, et m'observe un bref instant, comme pour vérifier que tout va bien. Sans me lâcher le bras, il me place derrière lui, et fait barrière à Raphaël qui a décidé qu'il n'en avait pas fini.

- Dégage ! lui ordonne ce dernier.

Au lieu de bouger comme Raphaël le lui demande, il avance l'air menaçant, collant presque son front au sien.

Putain, je sens que ça va partir en cacahuète...

- Bouge, Yann, ça t'regarde pas ! J'déconne pas, le menace-t-il.

Je réalise alors que je viens d'apprendre son prénom, et pour le moment c'est le seul truc positif que je retiens de cette situation.

Voyant que Yann n'obtempère pas, Raph avance encore légèrement et ils se fusillent maintenant du regard.

- De toute façon qu'est-ce que t'en as à foutre de cette pétasse ? grogne Raphaël.

Il a à peine le temps de finir sa phrase, que dans la seconde qui suis, le poing droit de Yann s'écrase au niveau de sa pommette. Mon agresseur s'étale alors sur le sol du couloir, sous mon regard ahuri.

Yann se baisse, l'attrape par le col pour le relever légèrement, et plante son regard dans le sien, tandis qu'il affiche un rictus, amusé.

- Depuis quand tu fais le chien de garde ? se moque-t-il.

Je remarque à ce moment, que les muscles de la mâchoire de Yann se contractent, et son poing droit se serre de nouveau au-dessus du visage de de celui qu'il vient d'étaler.

Sans vraiment réfléchir, j'attrape son bras qui menace de cogner encore une fois Raphaël, se trouvant toujours à terre.

Il tourne son visage vers moi, et son regard à la fois hypnotique et menaçant fait froid dans le dos. Dans l'action, il me repousse sans vraiment faire attention, ce qui me fait presque perdre l'équilibre. Aussitôt, il s'aperçoit de son geste et se redresse, désolé.

Il s'approche de moi, d'un pas lent, et décontracté, et m'observe en cherchant ses mots.

- T'as rien ? me demande-t-il énervé.

- Non, ça va.

Mais alors que je pensais l'autre calmé, il se relève brusquement et assène un violent coup de poing dans les côtes de Yann. Sur le coup, il grimace légèrement, mais ne perd pas de temps et se retourne pour faire de nouveau face à cet abruti. Il se jette sur lui, et les deux finissent par terre à échanger des coups.

Bah voilà, c'est reparti...

Comme toute bagarre, en peu de temps cela attire pas mal de monde autour de nous, puis je remarque mes amis au loin, et lorsque Nico m'aperçoit dans cet attroupement, il arrive vite à mes côtés, suivit d'Aurore. Il me détaille, pour voir si je vais bien, puis porte son regard sur les bélligérérants.

- Qu'est-ce qui s'passe ? s'étonne Nico.

- Raphaël et moi, on commençait à s'embrouiller et là je sais pas, Yann est arrivé et voilà... expliqué-je rapidement.

- Yann ?

- Ouais, le mec du livre, tu sais ?

- Ah, ton mec ?

- Nico ! râlé-je.

Soudain, une voix un peu paniquée intervient.

- Les surveillants arrivent, faut bouger ! lance l'un des étudiants curieux.

En quelques secondes, le couloir se vide de plus de la moitié des élèves présents. Je ne veux pas que Yann ait des ennuis par ma faute, au vu de ce que j'ai entendu sur lui, il en a bien assez comme ça.

Nico me saisit la main pour m'entraîner à sa suite, mais je lui fais lâcher prise, lui expliquant que c'est de ma faute s'il en est là. Il grimace, conscient que je vais sûrement avoir des problème en restant ici, mais, finit par suivre mon conseil et s'éloigne, accompagné de ses amis et d'Aurore qui m'observe tristement.

Je m'avance rapidement vers Yann alors qu'il donne un énième coup à Raphaël, lui saisis fermement le bras, et désigne du menton les surveillants au bout du couloir qui accourent vers nous.

Il se redresse, suivi de mon agresseur, qui se retrouve aussitôt encerclé des bras d'un de ses amis, se débattant pour pouvoir continuer. Quant à moi, par précaution, je tiens toujours fermement le bras de Yann que je sens crispé, et dont les muscles se contractent. Les deux s'observent, attendant la moindre occasion afin de sauter de nouveau sur l'autre. Raphaël, qui remarque cette faille, sourit.

- J't'aurais bâtard ! le provoque-t-il.

A cet instant je sais que je n'arriverais pas à le retenir. Il se dégage de ma poigne sans effort, et balance une droite à Raphaël sous les yeux des surveillants.

Bravo... On ne pouvait pas faire pire...

Une fois à notre niveau, les pions aident Raphaël à se relever, puis Pierre l'un d'eux attrape les bras de Yann brusquement.

- Inutile de préciser que c'est direction le bureau du directeur, les gars, annonce Stéphane, l'autre surveillant.

Ils observent Raphaël rapidement, et constatent qu'il saigne du nez et de la lèvre.

- Toi, tu passes à l'infirmerie nettoyer ça avant, ordonne Pierre.

À ce moment, Yann me fait signe de la tête de partir, mais je me sens mal pour lui. Après tout, c'est de ma faute... Voyant que je ne bouge pas, il me regarde plus sérieusement, ce qui me fait faire un léger pas en arrière. Puis, comprenant que de toute façon je ne changerais pas grand-chose à la suite, je commence à m'éloigner doucement, mais, le surveillant me remarque.

- Toi aussi, jeune fille, bureau du directeur.

Yann, lance un regard noir en direction de Pierre.

- Elle a rien à voir là-dedans, s'énerve-t-il.

Raphaël se met à sourire, content de sa réaction.

- Bien sûr que si, c'est à cause de cette connasse si on en est là !

Entendant ces mots, il se défait des mains de Pierre, dans l'intention de sauter une fois de plus sur Raphaël, mais l'autre pion se place entre eux deux, et l'en dissuade d'un regard sévère. Yann dégage alors sèchement son bras que le surveillant tient de nouveau dans sa main, replace correctement sa veste sur ses épaules, puis saisit son sac de cours.

Mon agresseur, prend la direction de l'infirmerie,tandis que Pierre nous accompagne dans le bureau du directeur.