Chapitre 38
Lorsque je me retourne et que je constate qu'il s'agit d'Écho, je fronce tout d'abord les sourcils. Sa façon de se comporter m'horripile. Je ne suis pas comme ces filles avec qui il a l'habitude de faire ce genre de chose, qui le suivent un peu partout comme des groupies, et qu'il s'autorise à enlacer comme bon lui semble.
Je pose ma main à plat sur son torse, lui faisant comprendre en un regard que je ne lui donne pas la permission. Il recule d'un pas, lève les siennes en signe d'excuses, puis me sourit, toujours avec cet air carnassier.
Émilie cesse immédiatement de danser et m'observe attentivement, elle me connait. Je jette un coup d'œil rapide vers Yann. Pour le moment, il n'a rien vu, il nous tourne le dos, et c'est très bien comme ça. Si je peux éviter une autre altercation pour aujourd'hui ce serait super. Kévin, lui par contre nous observe et semble vouloir se lever pour nous rejoindre, mais discrètement, je secoue la tête négativement. Tout va bien pour le moment, pas besoin d'alerter tout le monde.
Émilie n'a pas l'air d'approuver le fait que je les tienne à l'écart, mais la journée a été assez mouvementée. Je ne sais pas vraiment quelles relations Yann et Écho entretiennent, mais j'ai comme la sensation qu'il vaudrait mieux qu'il n'ait pas d'histoire avec. Et, si je peux l'y aider alors je le ferais.
Yann m'a demandé de me tenir loin d'Écho, et je compte respecter mon engagement. S'il ne pige pas, je durcirai le ton.
Malheureusement, il n'a apparemment pas saisi ma première façon de faire. Il avance à nouveau, pour me faire face, pose une seconde fois ses mains sur mes hanches, et m'attire vers lui.
- Lâche-moi, ordonné-je calmement en le repoussant.
Au lieu de ça, il rigole, recule légèrement puis tend ses doigts vers mon visage.
- Sinon quoi ma belle ? demande-t-il.
- Sinon rien, j'ai juste dit non.
Il n'a apparemment pas l'habitude qu'une fille lui refuse quoi que ce soit, et il commence à effleurer ma joue de son pouce.
- Dégage ! crié-je.
Émilie m'agrippe le bras, et je vois Kévin se lever. Mais alors qu'Echo tente une fois encore de m'attraper pour m'attirer à lui, quelqu'un lui saisit le poignet, avant qu'il n'y parvienne.
Je tourne la tête vers cette personne et constate qu'il s'agit du DJ. Il le regarde, l'air menaçant.
- Elle t'a dit non Écho, grogne-t-il sèchement.
- De quoi tu te mêles toi ? Retourne faire c'que tu sais faire le mieux et lâche-moi.
- Pas avant que tu la laisses tranquille, insiste le DJ.
Je pose ma main sur son épaule, puis il m'observe attentivement.
- C'est bon, ça va aller. Merci c'est gentil, lancé-je.
- T'es sûr ?
- Ouais, je vais retourner à ma table, de toute façon j'avais soif, affirmé-je.
- OK.
Il relâche le bras d'Écho, tandis que je commence à m'éloigner en compagnie d'Émilie.
- Tu m'dois une danse oublis pas ! s'exclame Écho.
- J'te dois que dalle, arrête de rêver ! m'énervé-je.
N'appréciant pas ma réponse, il amorce un pas vers nous, mais l'un de ses amis le retient. Il lui glisse un mot à l'oreille et désigne un endroit du menton. Machinalement, je me tourne vers la direction indiquée et aperçois Yann. Il a le regard noir et nous observe tour à tour, avant de marcher vers moi.
Kévin, qui sent la tension monter nous rejoint aussi et ils arrivent presque en même temps à notre niveau.
- Y se passe quoi ? s'inquiète Yann.
- Rien, c'est bon t'inquiètes, réponds-je.
Énervée, je continue ma route sans m'arrêter. Il me saisit doucement le bras, puis me tourne vers lui, afin de planter ses yeux dans les miens.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? insiste-t-il.
- Rien, c'est réglé ! m'exclamé-je dans l'intention de le tenir à l'écart de cet épisode sans importance.
Il me relâche, et m'observe m'éloigner. Je m'assois à notre table et je le vois se tourner vers Kévin qui à ce moment a l'air embêté. Yann se penche vers lui pour lui parler et son ami hausse les épaules en guise de réponse. Je suppose qu'il a deviné que je voulais éviter un nouveau drame. Mais, Yann insiste et je comprends au regard que Kévin me lance qu'il va devoir lui expliquer.
Immédiatement, Yann se précipite vers Écho. Ni une ni deux, je me lève, dépasse Kévin qui m'emboite le pas, et je rejoins Yann.
Il est en train de pointer son doigt sur le torse d'Écho, qui s'amuse clairement de la situation. Yann a la mâchoire serrée, et je perçois toute sa tension lorsque je porte mon regard vers son avant-bras. Les sillons de ses veines sont à fleur de peau et le fait qu'Écho se moque de lui n'arrange rien.
Je me place aux côtés de Yann, bien décidée à essayer de calmer le jeu. Je pose ma main sur son bras, dont le doigt est toujours pointé sur le torse d'Écho, et je ressens à ce moment encore plus la tension qu'il accumule petit à petit.
- C'est bon Yann, tenté-je de l'apaiser.
- Nan c'est pas bon ! s'exclame-t-il en ne lâchant pas Écho des yeux.
Je serre ma prise sur son avant-bras, afin de lui faire comprendre que je suis là et que ça va, puis il consent à tourner son visage vers le mien.
- Viens, on retourne s'asseoir.
Il m'observe attentivement, comme s'il cherchait à se calmer, puis glisse de nouveau son regard vers Écho.
- Elle, tu la touches pas OK ? C'est pas une de tes pétasses ! le menace-t-il.
Écho lui sourit, puis avance son front vers celui de Yann.
- Mec, j'dois te rappeler devant elle c'qu'il en est ? Allez bouge, t'as d'la chance que je sois dans un bon jour.
Yann serre son poing droit, il est à la limite de céder à ce qu'il sait faire le mieux... Se battre. Sans réfléchir, je me faufile entre les deux garçons qui se défient du regard tournant le dos à Écho. Je me trouve à quelques centimètres du visage de Yann et j'aperçois Kévin juste derrière. Il ne bouge pas, et je me souviens de sa comparaison concernant Yann... Quand il est lancé, ce n'est pas la peine y'a rien à faire... Pourtant j'ai déjà réussi, et il en sera de même ce soir.
- Allez, viens... S'il te plait, lui demandé-je en plantant mon regard dans le sien.
Il semble hésiter un bref instant, puis toise une dernière fois Écho. J'en profite, pour poser mes deux mains juste en dessous de son torse et le pousse légèrement. Il consent à reculer de quelques pas, tandis que je laisse mes paumes dans cette position, avançant en même temps qu'il recule.
Écho disparaît avec ses amis, en rigolant. Yann, moi et Kévin, rejoignons notre table où Émilie et Nico nous attendent.
- Putain c'était quoi ça ? demande Émilie.
- Ouais, j'avoue, pour qui il se prend ? ajoute Nico.
- Pour le mec le plus craint des Blocks, et que ta pote vient de défier, lance Kévin.
- Bah, elle a raison, me défend Nico.
- Pas si elle ne veut pas d'ennuis, réplique Émilie.
- Il me fait pas peur, annoncé-je.
- Il devrait, s'agace Yann en me regardant sérieusement.
- Ouais, mais c'est pas le cas, insisté-je.
- Bah, j'crois qu'on a vu, lâche Kévin.
L'ambiance est assez tendue, non pas entre nous, mais à cause d'Écho. Yann continue de le défier de loin, tandis que Kévin m'observe, comme s'il me reprochait de lui avoir tenu tête et ne pas l'avoir laissé intervenir. Nico et Émilie quant à eux, se regardent, cherchant un moyen de changer de sujet.
- Qui qu'a soif ?! demande alors Nico.
- Moi j'veux bien une vodka, lance Émilie.
- La même, lâché-je, tandis que tout le monde se tourne vers moi comme si je venais de sortir la connerie la plus énorme du siècle.
- Un verre d'eau, annonce Yann.
- C'est sûr que c'est tellement fort que ça va te calmer, se moque Kévin.
Yann le fusille du regard, tandis que Nico se dirige vers le bar pour passer notre commande. Après un court instant, nous nous retrouvons tous avec nos vers devant le nez, mais un silence pesant s'est installé. Je vois Yann qui essaye toujours de prendre sur lui, et forcément, les autres ne savent pas quoi dire. Un mot de travers et ça pourrait partir en cacahuète.
Soudain, pour couronner le tout, j'aperçois Raphaël passer la porte d'entrée. Étant placée en face à elle, il me repère aussitôt et marche vers nous.
- Nan, mais c'est une blague ! m'exclamé-je tandis que les autres lèvent les yeux vers moi dans l'incompréhension.
Raphaël se poste à côté de moi, et mes amis comprennent alors. J'avale mon verre d'un trait, le pose sur la table en le faisant claquer et bondis de mon siège, pour me placer face à Raphaël.
- Toi, ma parole bouge de là ! lui ordonné-je sous le regard ahuri de mes amis et de Kévin qui se marre.
Yann ne prend même pas la peine de bouger, il voit bien que de mon côté, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Cependant, Raphaël reste planté là.
- Y'a quoi que t'as pas compris ? Aller bouge ! m'énervé-je.
Il se résout à s'éloigner, l'air étonné, sous mon regard sévère, et celui de mes amis amusés. Je me rassois, tendue un maximum. Je jure que si l'autre pétasse se pointe, j'en fais mon défouloir !
Yann qui semble sentir mon état d'esprit, se lève soudain, m'attrape par le poignet gentiment, puis m'entraîne sur la piste de danse. Il m'enlace tendrement, tandis que je me rends seulement compte que ce sont des slows qui sont en train de passer.
Nous restons ainsi, le temps de plusieurs mélodies. Il me sert contre lui avec bienveillance, et il ne nous faut pas longtemps, pour que la tension que nous avons accumulée ne disparaisse. Comme par magie, toute cette journée et ses complications s'évanouissent, faisant place à une immense sérénité. Ses bras qui m'enlacent, me procure une sensation de sécurité, comme jamais je n'ai ressenti. Au fur et à mesure, je me laisse aller, calant ma tête sur son torse, tandis qu'il pose ses lèvres sur le haut de la mienne.
Ce moment de bien-être se termine à contrecœur, et nous rejoignons notre table sous le regard curieux de nos amis. Je remarque tout de suite l'air taquin de Kévin. Une fois Yann assis, il l'observe, une lueur de malice dans les yeux.
- Et après il ira dire qu'il s'en tape que quelqu'un d'autre la prenne dans ses bras ! Moi j'dis c'est une diversion les mecs ! lâche-t-il.
- J'suis d'accord, acquiesce Émilie.
- Je sais pas faut voir, ajoute Nico.
Yann et moi, nous nous regardons brièvement, un peu gênés, puis Kévin insiste.
- T'en penses quoi mec ? demande-t-il à Yann.
- J'en pense que tu devrais fermer ta gueule des fois.
- Nan, ouais, c'est vrai t'as raison j'abuse, n'empêche que c'est chelou votre truc, réplique Kévin d'un ton moqueur, tandis que Yann lui adresse un doigt d'honneur tout en se levant.
Nous décidons de rentrer et saluons nos amis chaleureusement avant de regagner la voiture.
Une fois installés, il démarre, puis nous nous mettons en route. À la sortie des Blocks, il se tourne vers moi.
- Y'a quelqu'un chez toi ? m'interroge-t-il.
- Non, personne.
- OK, tu dors à la maison, annonce-t-il.
Je l'observe un bref instant, me demandant si j'ai bien entendu, et il glisse un regard vers moi.
- Après ce qui c'est passer avec Écho, je préfère, explique-t-il.
- Il sait pas où j'habite, répliqué-je.
- Je s'rais plus tranquille.
- Comme tu veux, acquiescè-je sans chercher plus loin.
Arrivés chez lui, il me prête un de ses tee-shirts ainsi qu'un short de sport que j'enfile en guise de pyjama. Lorsque je sors de la salle de bain fin prête pour aller dormir, je constate qu'il a pris le temps de passer un short lui aussi, restant torse nu pour ce qui est du haut.
- J'te laisse mon lit, j'vais prendre le canapé, annonce-t-il.
- T'es sûr ? demandé-je gênée d'empiéter sur ses plates-bandes.
- Ouais, t'inquiètes.
Je me glisse alors sous la couette, tandis qu'il prend place sur le canapé qui me semble minuscule pour accueillir Yann qui est, il faut le dire, loin d'être une brindille. Il éteint ensuite la lumière à l'aide d'une petite télécommande et un silence s'installe.
J'enfouis mon visage dans les draps qui sont imprégnés de son parfum, puis je ferme les yeux, sereine. Au bout d'un bref instant, je brise le silence.
- T'es pas obligé de faire tout ça, lancé-je.
- Tout ça quoi ?
- Avec Écho, puis là, me faire dormir chez toi.
- Bien sûr que si... aller, dors bien princesse, répond-il.
- Bonne nuit.
- Toi aussi, bisous, lâche-t-il, moqueur.
Je me tends, puis souris silencieusement. Je savais bien qu'un jour cette histoire de message me rattraperait.
- Bisous, lancé-je à mon tour.
Après un moment à repenser à cette journée et à la soirée qui a suivi, je sombre peu à peu dans le sommeil, entendant la respiration calme de Yann, qui lui est déjà dans les bras de Morphée.
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