Je suis réveillée par la sonnerie de mon téléphone. Nous sommes déjà lundi, j'ai passé la nuit chez Aurore, et nous allons nous rendre en cours ensemble. J'attrape mon portable, les yeux à moitié ouverts. Il est six heures du matin et je me demande qui peut bien m'envoyer un message à cette heure. Aurore habitant à moins d'un kilomètre du lycée, j'avais prévu de me lever un peu plus tard... Pour le coup, c'est raté.

C'est Nico, je n'ai pas eu de nouvelles depuis qu'on s'est pris la tête samedi soir à la fête. Je lis le message avec un peu de mal, mes yeux étant éblouis par la lumière de mon téléphone.

NICO : * J'ai déconné samedi, dsl *

Je ne réponds pas tout de suite, je préfère prendre le temps de me réveiller comme il faut, mais après quelques secondes voyant que je ne lui réponds pas et pensant surement que je lui fais la tête, mon téléphone sonne à nouveau.

NICO : * M'en veut pas *

Je décide alors de lui répondre sans tarder, Nico est avant tout un ami, et à moi aussi il m'est déjà arrivé de dépasser les bornes... Plus d'une fois même.

MOI : * Je t'en veux pas, c'est oublié *

Il se contente de me répondre avec un smiley tout sourire. Je le vois d'ici, il doit être soulagé et se dire qu'il va pouvoir venir me saluer aujourd'hui comme il le fait chaque jour. Ah, celui-là !

Aurore se redresse légèrement, et se tourne vers moi.

- C'est déjà l'heure ? marmonne-t-elle à moitié endormie.

- Non rendors toi c'était juste un message.

- OK, dit-elle tout en se laissant retomber dans son lit.

Maintenant que je suis réveillée, impossible de retrouver le sommeil. Je décide donc de me lever, de prendre mon petit déjeuner et de passer à la salle de bain. Une fois prête je sors devant chez aurore, et m'assois sur le muret en bord de route, comme je le fais souvent.

Tandis que je pianote sur mon portable, j'entends un bruit au loin qui me tire de mon occupation, un son que j'aime tout particulièrement. Je tourne la tête et regarde dans la direction d'où il provient. J'aperçois alors un groupe de motards à l'angle de la rue, qui se dirige vers moi, peut-être six, huit motos. De grosses cylindrées. À chaque fois que j'entends ce genre de son, mon corps se couvre de frissons, je suis une folle de motos.

Arrivée à ma hauteur, elles ralentissent légèrement en approchant du cédé le passage. L'une d'elle m'est familière, et je l'observe alors plus en détail tandis qu'elle approche. Je reconnais immédiatement la moto de Yann, ainsi que l'un de ses casques. Il me remarque alors que je suis toujours assise sur le muret, et m'adresse un petit signe de la main, pour ensuite reprendre de la vitesse, suivie des autres.

Aurore ne m'a pas encore rejoint dehors, pourtant il est l'heure de se mettre en route sinon nous risquons d'arriver en retard. J'ouvre la porte d'entrée.

- T'es prête ? criais-je depuis le bas des escaliers.

- J'suis dans la salle de bain, j'me suis levée à la bourre. Pars en avant, j'te rejoins au bahut.

- OK, à toute !

- À toute !

Ça ne m'étonne pas plus que ça de sa part, elle n'est pas du matin, et elle arrive souvent en à la bourre. J'attrape mon sac à l'entrée, puis me mets en route, tranquillement. Je suis perdue dans mes pensées, lorsque devant moi au loin j'aperçois le même groupe de motards que tout à l'heure. Ils passent de nouveau à côté de moi, et je constate que Yann est toujours avec eux. La visière de son casque est relevée et nos regards se croisent. Je me demande bien où il va, sa semaine d'exclusion est terminée, et il est censé reprendre les cours aujourd'hui...

Je continu de marcher en direction du lycée perdu dans mes pensées, quand soudain, au bout d'à peine cinq minutes, j'entends le ronronnement d'un moteur arriver derrière moi, puis ralentir à mes côtés. Yann s'arrête, pose un pied par terre, laissant le moteur tourner, et lève la visière de son casque.

- Salut, lance-t-il.

- Salut, ça va ?

- Ouais et toi, ça va mieux avec Nico ?

- Ouais, c'est passé, il m'a envoyé un message ce matin.

Je remarque alors qu'un deuxième casque est enfilé à son bras, et je le regarde, curieuse.

- Ça y est tu reprends les cours ? demandé-je.

- Pas l'choix, soupire-t-il en haussant les épaules.

Je m'apprête à me remettre en route, et je vois a son air qu'il est hésitant. Alors que je fais un pas, il se lance.

- Je t'emmène ? lâche-il peut sûr de lui.

J'ai bien entendu ? Il veut que je monte sur sa bécane ? Il remarque mon air interrogateur, et me tend le deuxième casque.

- Allez, grimpe, ajoute-t-il sans attendre ma réponse.

J'enfile le casque, et m'installe derrière lui. Il n'est quand même pas retourné jusque chez lui pour récupérer un deuxième casque exprès ? Ou bien il aurait fait super vite, mais c'est sûr il ne l'avait pas avec lui tout à l'heure.

- Accroche-toi bien, lance-t-il en faisant rugir le moteur.

Je m'exécute, et me cramponne des deux mains à l'arrière de la moto n'osant pas vraiment passer mes bras autour de sa taille. Il le remarque et lâche un petit rire.

- Si tu t'accroches comme ça, c'est pas sûr que t'arrives à destination, se moque-t-il.

Je souris à sa remarque, me rapproche de lui, et l'encercle de mes bras. C'est vrai, il n'y a pas a dire, c'est beaucoup mieux ainsi... Soudain, il accélère, et avec la puissance, je suis forcée de resserrer ma prise autour de sa taille pour ne pas m'envoler. À chaque accélération ou passage de vitesse, je sens ses abdominaux se contracter sous mes mains, pour mon plus grand plaisir... Bah quoi ? Qui n'en profiterait pas ?

À mon grand regret, nous arrivons très vite devant le lycée, où il se gare à sa place habituelle. Une fois le moteur coupé, je descends, ôte mon casque, puis le lui rends lorsqu'il a enlevé le sien. Je l'observe un moment, tandis qu'il met la moto sur sa béquille et ferme l'antivol de celle-ci.

- Merci pour la balade, dis-je tout sourire.

- Pas de quoi.

Je remarque alors que tous les regards sont braqués sur nous... Il faut dire qu'il attire l'attention. De son côté, ça n'a pas l'air de le perturber plus que ça. Commençant un peu à connaître le personnage, je dirais même qu'il s'en tape royalement. Yann a pas mal de succès auprès des filles, rien de vraiment étonnant, il a tout pour plaire, mais aucune ne l'avait approché jusque-là. Je suppose que de me voir en sa compagnie attise leur curiosité, et le rend tout à coup plus intéressant.

Alors qu'il sort son sac de cours du petit coffre sous son siège, et le met sur ses épaules, je repense à quelque chose.

- Au fait...

Il me regarde du coin de l'œil, l'air interrogateur.

- Mmh ?

J'ouvre mon sac et lui tends la veste qu'il m'a prêtée samedi soir.

- Ah, merci, dit-il en m'adressant un clin d'œil.

Je lui adresse un sourire, puis nous commençons à avancer vers l'entrée sous le regard curieux de la plupart des étudiants. La fille la moins facile du lycée et la plus bagarreuse aussi au passage, traînant avec le mec le plus craint du même lycée, je suppose que ça doit faire parler. Mais comme d'habitude, je m'en fous totalement. Sur ce point, Yann et moi nous ressemblons beaucoup.

J'aperçois, Nico au loin, il m'observe tandis que nous nous dirigeons vers lui. Yann se tourne alors vers moi lorsqu'il le voit nous regarder.

- J'te laisse, a plus tard, annonce-t-il.

- A plus.

Je l'observe s'éloigner un bref instant, et je rejoins Nico et ses amis. Arrivé à sa hauteur, il m'observe pour jauger mon humeur, et s'approche de moi.

- J'peux ? demande-il.

Je lui adresse un sourire, sachant très bien à quoi il fait allusion, mais il n'attend pas mon feu vert et passe son bras autour de mon cou, m'écrasant la joue d'un bisou bien exagéré.

- T'es géniale, affirme-t-il.

- Je sais.

Puis sur ces mots, nous prenons le chemin des cours pour une nouvelle journée.