Pour le concours "Automne" de  Lilirubis-18  , j'ai écrit un OS....et sa suite. Donc je vous présente un OS en deux parties (pour chacune la contrainte la plus difficile était de se limiter à 1000 mots...) 

(Merci à  cocoblood777    pour le media- cover)

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 -- Partie 1  Un amour de pluie -- 

ELLE :

Je jette un regard par la fenêtre du salon où je suis censée réviser mon chapitre de maths sur les intervalles avant de me décider. Je ne résiste pas. Je souris. Adieu les maths. J'attrape mon vieux manteau gris dans l'entrée et l'enfile rapidement. Une bottine. Puis l'autre. Je vérifie rapidement dans le miroir : mes yeux noisettes sont brillants d'anticipation, mes cheveux... Ok je préfère ne rien dire sur ma crinière rousse qui frisotte déjà.

Je referme doucement la porte et cours sans me retourner vers le fond du jardin. Le sol légèrement spongieux s'enfonce doucement sous mes pas. L'air sent l'herbe mouillée. Putain, j'adore ça. La pluie arrive. Je le sais. Je le sens. En quelques secondes, je rejoins le portillon qui me permet d'accéder au petit bois tout proche.

L'odeur change, c'est un mélange de feuilles mortes en décomposition, de bois mouillé et de champignons. J'adore. Ok, je suis folle... mais moins que celles qui aiment sniffer de l'essence. Ce que mon entourage comprend encore moins c'est que j'adore la pluie. Marcher sous la pluie. Danser sous la pluie. Singing in the rain... Non...on se calme On n'est pas à Broadway. Je ne chante jamais de nuit et encore moins en ville. Juste comme maintenant, sous cette bruine d'automne, sous les feuilles mordorées et rouges qui volètent autour de moi. J'ai la chance de regarder, sentir, toucher tout cela. Je ne retiens pas un petit rire de plaisir en caressant le tronc mouillé de mon châtaignier. Oui, j'ai UN châtaignier. Il a été planté par mon arrière-grand-père. Il est donc un peu à moi ? Non ?

Je suis un peu folle, vous l'aurez compris. En tout cas c'est ce que pense mes "camarades " de classe. Depuis mon arrivée au lycée de la ville, il y a deux mois, c'est ce que tout le monde pense. Je ne suis pas ... comme les autres. Et je m'en fiche. C'est les vacances, il pleut, la forêt est splendide, et je compte bien en profiter.

Et essayer de l'oublier.

LUI :

Ma voiture est tombée en panne à quelques centaines de mètres de l'entrée d'un village. Putain de merde. Il pleut. Je cogne le volant comme si cela allait décider ma Lily à démarrer. Je la connais, elle est chiante, comme toutes les filles, ma voiture. Si elle a calé, elle a calé. Mon seul recours est de chercher le garagiste le proche. Je regarde autour de moi. C'est vraiment la cambrousse ici. Donc c'est pas mon truc. Je sors de la voiture en claquant la porte et fouille ma poche pour en sortir mes cigarettes. J'arrêterais surement cette saloperie un jour mais là, franchement, je suis agacé et tirer une taf va me soulager.

La première bouffée me réchauffe déjà un peu. Putain, on se pèle ici ! Je suis con aussi, quelle idée de sortir, sous la pluie, en chemise. Je me penche à l'intérieur de ma bagnole et récupère sur la banquette arrière mon blouson en cuir. Je respire longuement une seconde bouffée, passant les doigts dans mes cheveux trempés qui gouttent dans mon cou. Je regarde autour de moi en écrasant ma cigarette. Il va falloir bouger mon pote. Deux vaches et trois moutons me contemplent en mâchonnant de l'herbe derrière une clôture. Qu'ils y restent. Je suis pas très...fan des animaux de ferme. Par contre les couleurs éclatantes du bois juste derrière....ça ....

Oubliée la recherche potentielle du garagiste local.

Encore une fois je fouille dans la voiture et récupère mon appareil photo.

Je suis venu pour ÇA dans le coin : attraper l'automne.

La photo c'est ma passion, mon hobby. Le truc qui m'excite quoi. Et je suis doué. Quand le thème du concours de photos de l'année au lycée a été publié, j'ai su que c'était pour moi, une fois de plus. Je l'ai gagné deux fois ce concours. Il est hors de question que cette année un petit merdeux de seconde ou de première me pique MON trophée.

Je traverse le champ pour rejoindre le bois. Mes converses blanches s'enfoncent dans la boue. Merde elles sont fichues !

Mais je vais faire, je le sais, la photo de l'année.

La pluie redouble alors que j'arrive à couvert dans le bois. Les branches s'agrippent à mon jean. Mais c'est exactement comme je le sentais. C'est l'Automne.

J'aime le Black&White. La plupart de mes clichés sont en noir et blanc, je trouve cela plus...expressif mais les couleurs de l'automne, rouge chatoyant , orange flamboyant et toutes ces nuances de jaune, de fauve ou de marrons sont un vrai régal pour les yeux. Comme un feu follet dansant crée pour dire aux hommes "Vous êtes de la merde et seule la Nature est belle".

Les couleurs de l'automne. Je ferme les yeux; Pourquoi je pense à elle ? Je ne la connais pas, je sais même pas comment elle s'appelle. C'est juste...une seconde et les conventions font que les terminales n'adressent pas la parole aux secondes. Mais elle... elle me rappelle l'automne. Je sais pas vraiment pourquoi. À chaque fois que je l'ai croisée dans les couloirs du lycée j'ai pensé à ses couleurs. Sa chevelure fauve peut-être. Ou la vivacité du marron de ses yeux qui ont croisé les miens, curieux, deux ou trois fois. Ou le rouge de ses joues... quand elle a vu que je la regardais aussi.

Je soupire, souhaitant écarter la fille de mes pensées quand soudain une silhouette fine slalomant entre les arbres apparaît. Elle court, ou plutôt elle sautille de bosquet en bosquet, sans direction précise. La fille, car s'en est une, a laissé son manteau ouvert et la pluie ruisselle sur son visage que je distingue à peine. Elle semble s'en ficher et... accueillir l'ondée avec plaisir. Sans réfléchir je prends mon appareil et je mitraille l'apparition. J'enclenche alors le zoom et le visage, entouré de flammes rousses tourbillonnant dans l'air, m'apparaît.

C'est elle. Elle est l'automne.

Et le déclic saisit son image pour la rendre éternelle, je sais qu'au même instant mon coeur est capturé à jamais.

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A bientôt pour  la suite. 

PS : bien sur n'hésitez pas à commenter, corriger, discuter, partager ...