Aziraphale adorait Noël.

C'était sa fête préférée et chaque année, Crowley en faisait les frais.

Tous les réveillons, soit le 24 décembre au matin, l'ange appela son ami d'une voix enjouée et lui proposa de venir faire les magasins avec lui, décorer la librairie ensemble puis cuisiner le repas.

Malgré le fait qu'il soit un démon, le serpent accepta chaque fois, il en était même plus que réjouit. (Tant qu'il n'allait pas dans une église, tout se déroulait plutôt bien...)

Passer du temps avec son ange était merveilleux, l'entendre chantonner en choisissant avec soin les décorations, le voir s'activer dans tous les sens afin que tous les préparatifs soient en place rapidement.

Par contre, dès que le blond commença à poser la fameuse crèche sur une immense table (avec des centaines de centons dessus), Crowley parti dans une autre pièce, sentant une aura angélique envelopper son être, lui procurant une sensation d'emprisonnement.

Il se sentait mieux loin de tout objet en lien avec les Cieux, il ne fallait pas oublier tout de même que cette fête était en l'honneur des gens D'en Haut afin de célébrer la naissance de Jésus.

Heureusement pour lui, son ami les a placé dans une pièce annexe, pour que Crowley puisse dîner dans le salon illuminé, à ses côtés.

Mis à part ce petit point négatif, Crowley tolérait cette fête. Il n'en était pas particulièrement fan mais avec son angelot, tout semblait plus divin.

C'était donc sans surprise que le démon reçu un appel d'Aziraphale dès que l'aurore fût annoncée.

Aziraphale : Mon cher Crowley comment vas-tu ?

Le destinataire bailla, en effet il venait tout juste de se lever car à l'opposé de la créature venant du Paradis, Crowley dormait très souvent.

Crowley : Mmh... Ça va...

Aziraphale : Parfait ! Voudrais-tu me rejoindre au centre-ville je te pris ? Une journée chargée nous attend !

Crowley : J'arrive dans cinq minutes mon ange...

Après un petit remerciement, Aziraphale raccrocha et enfila sa veste beige avant de sortir, un large sourire collé aux lèvres.

C'était en ce jour où il ressentait le plus d'amour et de joie chez les humains. Tant de charité et de bonté mais qui pour son plus grand désarrois ne durait qu'une journée...

Mais bon, il en fallait bien plus déprimer le libraire, car son optimisme était à toutes épreuves.

En quelques minutes, nos deux amis se retrouvèrent dans leur petit lieu de rendez-vous habituel et ils se dirigèrent par la suite dans une pâtisserie dont l'ange ne cessait de faire l'éloge depuis des années.

Dès la porte d'entrée franchis, le blond couru vers les vitrines où de sublimes bûches de Noël lui faisaient face, ce qui lui mis directement l'eau à la bouche.

Aziraphale : Oh mon Dieu Crowley ! Regarde moi ces merveilles !!

Complètement subjugué par la finesse des gâteaux, l'ange n'avait d'yeux que pour les desserts, ce qui avait le dont d'agacé le serpent qui lui répondit en levant les yeux au ciel.

Crowley : Je ne vois pas ce qu'ils ont d'exceptionnels... C'est juste de la bouffe que l'on va manger en moins d'une minute...

Aziraphale : Mais tu ne comprends donc pas toute la maîtrise qu'il faut pour arriver à ce résultat ! Ce mélange de saveur, ce chocolat si exquis...

Une chose étrange arrivait quand un ange ressentait soudainement un afflux de bonheur intense.

Cela n'arrivait pas fréquemment, mais en vu de l'état euphorique de Zira, celui-ci ne se rendit même pas compte qu'une lueur dorée se forma au dessus de sa tête.

Crowley : Heu... Azi ?

Aziraphale : Et puis regarde ses fruits juteux ! Ces framboises exquises et... Oh ! Cette tarte à l'air si délicieuse ! Un peu de crème fouettée hop ! Elle sera parfaite !

Le roux mis une main sur l'épaule de son camarade quand tout à coup, ses immenses ailes blanches se déployèrent dans son dos, son auréole brillant encore plus.

Crowley : Calme toi mon ange tu... Tu es à découvert là...

Remarquant que les trois quart des acheteurs le regardait abasourdis, le gourmet rougit un peu puis fît disparaître ses ailes ainsi que tout autre aspect de son côté angélique.

Pendant ce temps, son ami miracula une heureuse amnésie générale.

Aziraphale : Désolé... Je me suis emporté...

Crowley : Ce n'est rien... Bon, achetons rapidement ces gâteaux et partons.

* * *

Pendant plusieurs heures, les deux compères accumulèrent les achats pour la soirée puis retournèrent à Soho où l'ange sorti les clef de sa librairie, voulant quand même accueillir des clients aujourd'hui, ne serait-ce que quelques uns.

Bien évidemment, ils discuterait seulement avec eux, rien ne sera vendu.

Crowley : Mais... Tu avais dis qu'on allait décorer juste tous les deux...

Déçu, le malin posa les sacs au fond de la salle et siffla tristement.

« Je voulais être seul avec Aziraphale moi... », pensa-t-il en baissant la tête.

Aziraphale : Je n'ouvre que deux heures trente mon cher, c'est par principe.

Crowley : Mais enfin, tu sais très bien qu'il n'y aura pas un chat ! Tout le monde sera chez soi !

Aziraphale : C'est ma librairie, je fais ce que je veux.

Le ton cassant de son ami laissa le vieux serpent en suspens et il se dirigea vers le fond du magasin.

Comprenant que sa réplique était trop sèche, Aziraphale le rejoignit puis sourit en découvrant un immense serpent noir et rouge, roulé en boule en haut d'une immense pile de vieux livres contenus dans la remise.

Aziraphale : Crowley je suis navré mais... Tu sais bien que mes livres sont un sujet sensible pour moi...

Pour toute réponse, le reptile sorti sa petite langue et vint se frotter contre la main de l'ange qui était entrain de caresser sa tête.

Aziraphale : Tu es tellement adorable...

L'être « adorable » en question se mis a siffler fortement, contrarié.

Crowley : J'suis pas adorable... Je suis à tomber par terre, nuance...

Il accentua chaque « s » et sa réponse fît rire son bouquiniste qui pris l'animal -mignon tout plein à ses yeux- entre ses bras.

Aziraphale : Bien évidemment que je préférerai passer du temps avec toi... Mais je ne peux pas y faire autrement...

Crowley se blotti contre la poitrine si douce de son ange et ferme ses yeux.

Crowley : Tu es trop organisé chéri... Mais bon vas-y... Occupe toi de tes clients, pendant ce temps je commence à ranger le salon...

L'ange rougit très fortement face à son appellation et reposa délicatement Crowley sur le sol, qui se remit directement sous sa forme démoniaque.

Crowley : Je... Je voulais dire... Enfin... Je te laisse tranquille hein !

Et il s'en alla rapidement tandis que le blond retourna à son bureau, les pensées confuses.

« Il m'a appelé chéri... Non... C'est sans doute une erreur de sa part, sa langue a dût fourchée... », se remémora l'angelot puis il se mis à rougir encore plus en pensant à une autre tournure de sa propre phrase.

Il tenta de calmer ses rougeurs et se mis à lire pour apaiser son esprit.

Le serpent allait réellement finir par l'induire en tentation.

* * *

Commençant à installer les différentes décorations sur le sapin, Crowley marcha quelques instants plus tard vers la bibliothèque, il était temps que son ami passe du temps avec lui et qu'il ferme boutique.

La patience n'était pas une de ses plus grandes qualités.

Quand il entra dans la pièce, il vit Aziraphale parler avec entrain à une cliente.

Il les regarda du coin de l'œil et ne comprit que la moitié de ce qu'il dirent, le dialogue étant essentiellement basé sur des références à un livre de prophéties dont son ange était fan.

Il ne supporta pas de les voir rire ensemble... Il n'y avait que lui qui pouvait amuser son ange, pas cette garce qui a osé poser sa main sur l'épaule du blond, qui ne se rendit compte de rien.

« Regardez là cette... (insérez ici une vulgarité) entrain de le draguer ouvertement... Non mais pour qui elle se prend cette pauvre petite humaine... »

Se remettant en reptile, Crowley rampa jusqu'aux pieds de son ennemie et remonta le long de sa jambe dans un sifflement puissant, sa jalousie prenant le dessus.

La fille hurla de terreur en sentant cet « horrible bête » glisser sur elle et avant qu'elle ne s'enfuit, le démon lui susurra.

Crowley : La prochaine fois que tu oses faire des numéros de charmes bas de gamme à mon Aziraphale je t'étouffe sans pitié ! Compris ?

La femme balança avec dégoût l'animal et il atterri violemment contre le sol tandis que la cliente pris ses jambes à son cou.

Aziraphale : Crowley ! Tu vas bien ? Pour l'amour de Dieu pourquoi as tu fais ça ?

L'ange pris son serpent dans ses bras et se mis à le caresser tendrement pour voir si il n'avait aucune blessure.

Crowley : Je ssssuis sssolide mon ange... T'en fais pas...

Soupirant de soulagement, l'angelot le déposa au sol et son ami reprit son apparence humaine.

Crowley : Elle te faisait du rentre dedans ouvertement...

Ramassant un livre, Aziraphale ne compris pas tout de suite les dires de son ami.

Aziraphale : Qu'insinues-tu par là ? Nous étions à des distances très respectables.

Crowley : Tu comprends pas... Elle voulait... Oh et puis laisse tomber...

Le démon ferma lui même boutique et éteignis toutes les lumières avant de prendre la main du blond pour l'entraîner dans le salon afin de continuer la décoration.

Aziraphale : Crowley attends ! Pourquoi as-tu réagit de la sorte ? Ce n'était pas... Exagéré ?

Crowley : Nan.

C'est la seule réponse qu'il allait lui donner.

* * *

Quelques heures plus tard :

Une fois le repas prêt, l'ange et le démon se mirent à table dans une ambiance des plus joyeuse.

Ils discutèrent de tout et de rien, sans reparler de « l'incident » de cet après-midi, qui avait mis Crowley sur les nerfs.

C'était une personne très possessive, surtout envers Aziraphale à qui il tenait plus que tout.

Plus le dîner avançait et plus Crowley avait du mal à détourner ses yeux de son angel.

Il voulait tellement... Oh, une idée vint titiller son esprit (l'alcool aidant un peu).

Crowley : Mon ange ? Et si on ouvrait nos cadeaux ?

Posant les desserts dans les assiettes, Aziraphale se rassis de nouveau.

Aziraphale : Après la bûche mon serpent.

Il émis un petit « ngk » comme réponse, le démon aimait plus que tout quand il l'appelait par ce surnom.

Il lui sourit et observa la part de gâteau de son ange, ayant rajouté un peu de crème dessus.

Voulant égayé un peu la fin de soirée, Crowley retira (enfin) ses lunettes et passa son index sur la partie crémeuse du dessert.

Ne laissant pas le temps à l'ange de parler, il sorti sa longue langue en lâchant un petit rictus et lécha son doigt lentement en plongeant son regard dans les pupilles turquoises de son ami qui avait désormais les joues complètement cramoisies.

Aziraphale : Mais... Crowley... C'est... Enfin... C'est ma partie préférée du gâteau...

Le démon posa son coude sur la table afin de reposer sa tête sur sa main et fixa Aziraphale.

Crowley : Tu devrais savoir que les démons aiment rendre ce qui est meilleur un peu moins... Agréable...

Le blond déglutit difficilement, n'arrivant plus à se sortir la scène de la tête.

« Par tous les cieux que m'arrive-t-il ? », pensa la créature céleste en sentant sa respiration devenir plus rapide, la langue de son ami en étant la cause.

Ils terminèrent donc la repas sous cette note amusante et Aziraphale se leva tout comme Crowley et ils échangèrent leurs présents.

Aziraphale : Merci beaucoup ! Je me demande bien ce qu'il peut contenir...

Il l'ouvrit doucement et chacun découvrit la cadeau de l'autre dans un sourire.

Crowley : Mais putain comment tu as fais pour en trouver ?? C'est des éditions collectors !!

Il mis immédiatement les nouvelles lunettes que son ange lui a acheté, étant des montures noires et rouges avec le bout des branches dorées, cela lui allant à merveille.

Crowley : Je les aime trop ! Merci mon am- ange !

Aziraphale : Ce n'est rien ça me fait plaisir ! Un immense merci à toi Crowley pour cette collection de contes ! Ce sont les tomes qui me manquais !

Aziraphale vint le prendre dans ses bras et se redressa un peu plus tard.

Crowley : J'ai quelque chose d'autre pour toi...

Aziraphale : Encore ? Je suis gâté cette année !

Crowley se rapprocha de lui et posa ses livres sur la table.

Crowley : Tu m'avais dis que... Les tartes aux pommes étaient ton péché mignon n'est-ce pas ?

L'ange frémit par le timbre de sa voix, quelque chose changea, elle était... Plus tentatrice...

Aziraphale : Eh bien oui, j'avoue que cela est vrai mais pourquoi...

Mettant la pulpe de son pouce sur la lèvres inférieure du blond, le vil serpent le coupa dans sa phrase. Le bouquiniste le laissa faire, restant stoïque, ses joues prenant une teinte plus vive encore qu'il y a quelques minutes.

Crowley : Je pense que la nourriture n'est pas la seule à faire partie de tes faiblesses...

Aziraphale : C-Comment ça ?

La créature maline mis ses mains sur la nuque de son ami et chuchota.

Crowley : Parce que j'ai réussis à devenir ta tentation numéro un...

Contre toute attente ce fût Aziraphale qui avança d'un coup et posa sa bouche contre la sienne, ne pouvant supporter un instant de plus cette proximité déconcertante.

Il voulait plus que ses paroles. Il voulait Crowley, son démon.

Celui qu'il aime et qui n'a mis qu'une seconde pour que son « ennemi angélique » soit dans ses filets, piégé dans l'amour à tout jamais.

Le roux enlaça le dos de l'ange en souriant, rompant le baiser au bout de quelques secondes, voulant prendre tout son temps avec lui.

Il avait réussi à réaliser son plus grand souhait, faire comprendre à Aziraphale son amour pour lui et le lui faire avouer en retour.

C'était le cadeau de Noël dont il rêvait depuis 6000 ans.

Crowley : Joyeux Noël angel...

Personne ne peut définir cette magie si particulière qui se créer lors des fêtes de fin d'année.

Peut-être que l'amour permet, tout simplement de réaliser ses désirs les plus secrets.