7.2
Taehyung resta immobile, sidéré par les paroles de Jungkook. Il ouvrit la bouche, puis la referma, répétant ce geste sans pouvoir articuler un mot. Le cœur battant dans ses tempes, Jungkook implorait Taehyung de dire quelque chose, n'importe quoi.
Des gouttes de sueur perlaient sur les paumes de Jungkook, tandis qu'il se demandait si Taehyung comprendrait enfin ce qu'il cherchait à lui dire depuis de si nombreuses semaines.
"Pourquoi es-tu jaloux de lui ? Young-Jae est mon ami, le... le seul qui puisse me comprendre un tant soit peu. J'ai besoin de lui", murmura Taehyung, sincère mais toujours dans l'incompréhension.
Jungkook serra la lanière de son sac à dos, son cœur se comprimant de plus en plus.
"Moi aussi... moi aussi, j'ai besoin de toi", murmura-t-il en baissant la tête, laissant ses cheveux couvrir ses yeux.
Un vent glacial d'hiver souffla, s'engouffrant à travers le champ qui les entourait, secouant les branches, faisant frissonner les feuilles. Les deux adolescents se tenaient face à face, ressentant la brise froide pénétrer au plus profond de leur être. Jungkook se sentait si fragile, si vulnérable depuis un moment déjà, et se trouver si proche de Taehyung, sans pouvoir le prendre dans ses bras, lui montrer combien il l'aimait, le rendait encore plus sensible. Finalement, il se laissa submerger par ses émotions si longtemps contenues, des larmes coulant sur ses joues sans qu'il puisse les retenir.
Les yeux écarquillés, Jungkook les vit tomber sur le sol, impuissant. Il essaya de les essuyer rapidement, mais une main douce se posa sur son menton, le relevant. Taehyung se tenait là, si près, si proche que Jungkook pouvait presque sentir son souffle effleurer sa peau. D'un geste tendre, Taehyung attrapa l'une des larmes et l'essuya avec son pouce.
"Ne pleure pas... Je n'aime pas ça", murmura-t-il doucement. Puis, s'approchant davantage, il passa ses bras autour du corps de Jungkook et le serra contre lui. "Toi, je peux accepter que tu sois si proche de moi. J'aime mieux ça que de voir tes larmes... S'il te plaît, sèche-les."
Un frisson parcourut l'échine de Jungkook tandis que l'étreinte chaleureuse de Taehyung l'enveloppait. Les battements de leur cœur s'unirent dans un rythme apaisant, comme un mélange harmonieux de douceur et de compréhension. Le vent froid continuait à souffler autour d'eux, mais ils étaient maintenant protégés par cet amour naissant, une bulle de réconfort et de connexion émotionnelle.
Jungkook se sentit enfin en sécurité dans les bras de Taehyung, les larmes séchant lentement sur ses joues alors qu'il puisait du réconfort dans cet éternel échange d'affection. Le monde extérieur semblait s'estomper, remplacé par la sensation de la présence réconfortante de l'autre.
Et là, dans cette intimité partagée, ils savaient que quelque chose de spécial se créait entre eux. Leur amitié se transformait en quelque chose de plus profond, de plus vaste, une connexion qui transcendait les mots et les gestes, qui défiait les contraintes et les conventions.
Ils restaient là, dans cette étreinte réconfortante, unis par une complicité grandissante et une promesse mutuelle de se soutenir inconditionnellement.
°
Taehyung n'avait pas pleuré. Lorsque les résultats du procès lui furent annoncés, une lourdeur morbide s'empara de lui et le silence s'installa. Il acquiesça sobrement, écoutant les éducateurs lui dire que ceux qui l'avaient blessé étaient condamnés à de longues peines de prison. Puis, il se dirigea seul vers la salle de musique, lançant à Jin un regard qui lui demandait de ne pas le suivre. Il avait besoin d'être seul, seul avec son piano qui se parait d'argent à la lueur de la lune filtrant à travers les grandes fenêtres. Tel un automate, il avança et s'assit devant l'instrument de musique, le regard écarquillé.
"Alors c'est fini ?" murmura-t-il à lui-même.
Comment cela pouvait-il se terminer ainsi ? Ses doigts s'enfoncèrent dans les touches, Taehyung concentrant toutes ses émotions dans ses doigts qui commencèrent à faire résonner la pièce de sons, de hurlements. Comment ? Comment pouvait-il accepter que tout se termine ainsi ? Ils avaient reçu des peines lourdes et des amendes ? Eh bien, tout cet argent qu'il allait recevoir, il s'en moquait complètement. Une compensation pour la victime.
Une grimace déforma son visage et ses doigts chantaient plus fort sur les touches. Noires, puis blanches, noires, puis blanches. Une symphonie douloureuse emplissait chaque instant de son être. Une colère éclatait en lui, oui, c'était ça, une colère dévorante. Pourquoi ? Pourquoi était-ce si facile pour eux ? Oui, la justice avait fait son travail. Vingt-cinq et cinquante-deux ans de prison, c'était beaucoup, c'était bien, mais horriblement dérisoire face à l'enfer qu'il avait vécu.
Pourquoi ? Pourquoi ne se sentait-il pas heureux ? Il aurait dû se sentir soulagé maintenant qu'ils étaient derrière les barreaux, mais rien, rien de ce qui lui avait été enlevé ne pouvait revenir. Rien ne pouvait effacer ce qui avait été fait.
Ses doigts appuyaient encore plus fort sur les touches et soudain, il eut l'impression d'exploser, mais il serra les dents. Il ne devait pas crier, il ne le faisait jamais. On lui avait appris à se taire, à être toujours silencieux, au point que même à travers la musique aujourd'hui, ses émotions n'arrivaient pas à s'échapper.
Il lâcha brusquement les touches et le silence envahit soudainement la pièce. Son regard se figea sur son piano et une vague impulsion de tout détruire l'envahit. C'était la première fois qu'il ressentait une telle colère, une rage insaisissable qui brûlait en lui. Les cordes vibrantes de son piano semblaient refléter sa douleur, ses frustrations et sa furie intérieure.
Il se leva lentement, mesurant chacun de ses pas, jusqu'à revenir près du piano. Ses poings se serrèrent, les ongles pénétrant dans la chair de ses paumes. Ses yeux se posèrent sur les touches immaculées, symboles de la pureté qu'il avait perdue. Il eut un élan irrésistible de tout démolir, de libérer sa colère contenue dans un acte de destruction.
Mais au dernier moment, il s'arrêta, figé par la perfection délicate de l'instrument. Son souffle était court, sa poitrine tendue. Une larme solitaire dévala sa joue, mêlant ses regrets et ses tourments. Il savait que le piano, tout comme lui, portait ses cicatrices invisibles, témoins silencieux de sa souffrance.
Dans un geste de résilience, il effleura doucement les touches, laissant leurs vibrations apaisantes lui murmurer que même dans les moments les plus sombres, la beauté et l'espoir pouvaient subsister. Taehyung prit une profonde inspiration, puis, ses doigts dansèrent sur le clavier, révélant une mélodie empreinte de douleur, de frustration et, enfin, d'un espoir timide qui brillait à travers les notes. Car c'était tout ce qui lui restait de sa mère, chanter à travers ses doigts.
°
La psychologue, Meena, maintenait son regard fixé sur Taehyung, espérant qu'il se déciderait enfin à lui parler. Mais le jeune homme demeurait fermé, hermétique à toute discussion. Ils n'étaient pas censés se voir aujourd'hui, mais elle avait été appelée en urgence. Pendant la nuit, Taehyung avait fait une crise. Au début, elle avait pensé qu'il s'agissait de l'une de ses crises d'angoisse habituelles, mais les éducateurs lui avaient expliqué que celle-ci était différente. Taehyung avait ravagé sa chambre, jetant les draps, retournant le matelas, brisant le miroir du lavabo et fissurant l'écran de son téléphone.
"Taehyung ? M'écoutes-tu ?" tenta Meena.
Mais elle n'obtint qu'un soupir agacé de la part de l'adolescent qui fixait la fenêtre voilée de brume.
"Est-ce que tu as envie de faire quelque chose aujourd'hui ?" proposa-t-elle à nouveau.
"Je veux juste qu'on me laisse tranquille un peu ! Est-ce que c'est trop demander, ça aussi ?" grogna-t-il soudainement, sans prévenir. Puis, se levant brusquement, il quitta la pièce sans attendre.
Meena resta figée, choquée. Elle avait déjà vu plusieurs aspects de Taehyung depuis qu'elle le suivait, mais jamais il ne lui avait paru aussi... en colère et dédaigneux. Elle ressentit une pointe de frustration et de tristesse en comprenant que Taehyung était submergé par ses émotions, incapables de les exprimer ou de les gérer de manière saine. Elle savait qu'il avait traversé des traumatismes qui laissaient des cicatrices profondes, des blessures invisibles qui étaient prêtes à éclater à tout moment.
Taehyung marchait dans les couloirs du foyer d'accueil, sans se soucier de quoi que ce soit. A cette heure de la journée, tous les autres étaient à l'école, mais lui n'avait pas pu y aller à cause de sa crise. Lorsqu'il arriva devant sa chambre et constata que tout avait été nettoyé, sa colère décupla en raison de la culpabilité d'avoir laissé quelqu'un d'autre ranger ce qu'il avait abîmé.
"Je fais toujours n'importe quoi", grogna-t-il contre lui-même. Sans attendre, il quitta la maison. Le froid hivernal le frappa violemment. Des plantes étaient gelées par le givre et ses vêtements inadaptés à l'atmosphère n'aidaient en rien, mais il s'en fichait et s'enfonça dans le jardin. Il voulait juste être seul.
Le vent glacé s'infiltrait dans ses habits, picotant sa peau, mais il ne fit pas attention à ses frissons. Il avançait avec détermination, ses pas résonnant dans le silence de l'air gelé.
Il s'arrêta près d'un arbre dénudé, ses branches délicates semblant étendre leurs bras vers le ciel gris. Taehyung posa sa main contre l'écorce rugueuse, laissant ses doigts ressentir la texture brute. Une rage sourde bouillonnait en lui, un tourbillon d'émotions qu'il ne parvenait pas à contenir. Il voulait crier, hurler son désespoir, sa solitude. Mais les mots ne venaient pas, étouffés par la frustration et l'incompréhension qui le rongeaient.
Les larmes affluaient, brisant la barrière qu'il avait érigée depuis si longtemps. Des larmes de colère, de douleur, s'échappaient de ses yeux, s'écrasant sur le sol gelé. Les émotions étaient tourbillonnantes, semblables à une mer déchaînée qui menaçait de dévorer tout sur son passage.
Il s'accroupit, les mains agrippées à de la terre froide, serrant les poings avec force. Une rage incontrôlable le submergeait, chaque fibre de son être criant de frustration. Pourquoi cela devait-il être si difficile ? Pourquoi devait-il porter seul le poids de son passé, alors que les autres semblaient vivre leur vie sans encombre ?
Les branches de l'arbre dansaient au rythme du vent, semblant lui offrir une certaine consolation. Taehyung se sentait en communion avec cette nature dénudée, cette beauté brute et sauvage qui reflétait sa propre rage intérieure.
Épuisé par l'effusion de ses émotions, il s'allongea sur le sol froid, laissant ses pensées flotter dans l'air glacial. Les larmes séchaient sur ses joues, mais l'angoisse persistait, telle une brume épaisse enveloppant son esprit.
°
Deux semaines s'étaient écoulées depuis l'annonce du verdict infligé à ses agresseurs, et depuis lors, Taehyung avait du mal à suivre. Il ne comprenait pas. Même si la musique lui permettait peu à peu de s'évader, il avait l'impression que ce n'était pas suffisant. Personne ne l'écoutait vraiment. Il avait besoin, vraiment besoin de s'exprimer verbalement, mais à qui pourrait-il confier des choses aussi terribles ? Il ne voulait pas en parler à sa psychologue, car elle était payée pour cela. Il voulait quelqu'un qui serait simplement là pour lui, sans contrepartie financière. Young-Jae était capable de comprendre, mais Taehyung craignait de lui en demander trop.
Car depuis deux semaines, Young-Jae semblait passer tout son temps au club de basket, et ils ne se voyaient plus que pendant les cours. Jimin était soit à la salle de danse, soit avec Yoongi. Taehyung se sentait seul. Éloigné de tout, au bord de l'explosion. Et pour couronner le tout, depuis l'étreinte qu'il avait échangée avec Jungkook, il n'arrivait plus à le regarder dans les yeux, à être proche de lui. Il avait peur de perdre pied et perdait tous ses moyens, alors il l'évitait tout simplement.
Il avait l'impression de faire deux pas en avant pour en faire dix en arrière.
Il grinça des dents.
Ses yeux glissèrent sur la chaise vide à côté de lui, habituellement occupée par Young-Jae. Ce dernier était en réunion. L'approche imminente du festival annuel du lycée poussait les délégués de chaque classe à être très occupés avec les réunions d'organisation.
"Kim, m'écoutez-vous au moins ?" grogna l'enseignant, visiblement irrité par le manque de concentration de Taehyung.
Lorsqu'il réalisa que le professeur lui parlait, Taehyung tenta de se rattraper, mais finit par tourner à nouveau son regard vers l'extérieur.
"Très bien, puisque vous semblez plus intéressé par autre chose que mon cours, soit vous venez faire l'exercice au tableau, soit vous sortez", réprimanda à nouveau l'enseignant.
Taehyung eut envie de hurler. Pourquoi ne le laissait-on pas simplement tranquille bon sang ! Juste un peu de paix, était-ce trop demander ? Les voix dans sa tête qui lui répétaient sans cesse qu'il faisait tout de travers, les éducateurs dans le manoir qui le regardaient comme s'il était une petite chose fragile prête à se briser à tout moment, ces gens dans la salle de classe qui le fixaient. Son professeur qui le réprimandait, pourquoi devait-il toujours être forcé de faire ce qu'il ne voulait pas ?
Il glissa son regard vers l'exercice et serra les poings. Et si... Pour une fois, il faisait quelque chose d'autre que ce que les autres attendaient de lui ?
Alors il se leva, saisit ses affaires et quitta la salle sous les protestations de l'enseignant et les regards étonnés de ses camarades. Son cœur battait rapidement, il avait envie de faire demi-tour, mais il refusait de se soumettre.
"Plus jamais on ne m'obligera..." murmura-t-il déterminé.
Soudain, comme un signe du destin ou peut-être l'influence d'un petit diablotin qui le pousserait à quitter le lycée sans autorisation, Taehyung sentit son portable vibrer dans sa poche. Il le sortit délicatement et remarqua qu'il s'agissait d'un message de Jungkook.
"Je m'ennuie... Le prof est absent, nous avons été libérés."
Reçu à 14:35
Taehyung réfléchit un instant, pesant le pour et le contre. Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas répondu à un seul des messages de Jungkook, et pourtant, ce dernier s'acharnait à lui envoyer des messages, parfois juste pour le plaisir de communiquer.
"On rentre ensemble ?"
Envoyé à 14: 38
Un sourire naquit sur les lèvres de Taehyung alors qu'il accélérait le pas.
"Omg! Tu as répondu ? Je ne rêve pas ?"
Reçu à 14:39
Un frisson d'anticipation parcourut le corps de Taehyung alors qu'il continuait de marcher, ses pas le guidant vers la sortie du lycée.
"Je t'attends dehors."
Envoyé à 14:39
Il remit délicatement son portable dans sa poche, savourant cette victoire intérieure, ce sentiment de prendre enfin les rênes de sa propre vie. Pour une fois, il voulait simplement suivre les désirs de son cœur, au lieu de se soumettre aux attentes des autres. Et comme pour illuminer ce sentiment d'audace, les premiers flocons de la journée tombèrent délicatement du ciel, transformant le paysage en un tableau féérique.
Les flocons virevoltaient gracieusement dans l'air, se déposant doucement sur les épaules de Taehyung. La neige formait un tapis immaculé sur le sol, contrastant parfaitement avec l'obscurité de l'asphalte. Les arbres semblaient se parer d'une lueur magique, leurs branches se courbant doucement sous le poids des flocons. L'air était empreint d'une certaine douceur, les bruits étouffés par la légèreté du manteau neigeux.
L'excitation grandissait en lui, le faisant presque oublier le froid qui le mordait. Il savait que ce n'était qu'un petit pas, un simple moment partagé avec Jungkook, mais c'était un pas vers quelque chose de nouveau, quelque chose d'authentique et de libérateur.
Alors qu'il patientait dehors, les flocons de neige caressaient doucement son visage, fondant sur sa peau comme des baisers délicats. C'était comme si la nature elle-même célébrait cette décision de suivre son cœur, de braver les attentes et de se laisser porter par l'instant présent.
•
Je vous jure, Taehyung il ne me prévient pas avant de faire quoi que ce soit.
Surtout dans ce chapitre, j'ai rien compris à sa façon de prendre les décisions même ses réactions, ses émotions n'étaient pas prévus 🤧 j'ai tout écrit comme s'il me soufflait à l'oreille quoi écrire. Il a vraiment décidé de se prendre en main.
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