2.9 Interlude I
Coucou à tous, alors euh... Ce chapitre fait 7000 mots c'est le plus long chapitre de l'histoire d'ailleurs mais surtout de toutes mes histoires réunies 😅
🔞 Attention présence d'abus, et de scène dure dans ce chapitre.
Le chapitre est long car il va de l'enfance de Young-Jae jusqu' au soir du premier janvier.
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Dans une posture solennelle, Insoon se dressait devant sa sœur et, empli de supplication, lui adressait ses mots depuis un certain temps.
- Prête-moi une oreille attentive, Jun et moi projetons de nous évader ce week-end... Nous avons besoin de réjouissances. C'est pourquoi j'implore ta compassion afin que tu te charges de veiller sur lui, je t'en prie.
Les yeux de Soyoun s'attardèrent un long moment sur sa sœur avant de briser à nouveau le silence :
- Vous êtes parents, Insoon. Et vous devriez sérieusement songer à vous stabiliser et créer un foyer véritablement solide pour Young-Jae. Il n'a que quatre ans.
- Quant à son père et à moi, nous n'avons que vingt-trois et vingt-deux ans respectivement. Ce ne sont pas des âges propices à l'établissement d'un foyer solide, et encore moins pour nous ! Nous sommes bien trop jeunes, riposta Insoon.
Le regard de Soyoun se fixa sur sa sœur et dans ses yeux se vit une lueur de reproche face à l'insouciance dont elle faisait preuve. « Tu aurais dû y réfléchir avant de mettre au monde un enfant à dix-huit ans, Insoon », murmura Soyoun, laissant échapper un soupir empreint de tristesse. Son regard se posa alors sur le petit garçon qui s'était endormi sur le canapé du salon, serrant tout contre lui une peluche rose qui avait jadis appartenu à sa tante bien-aimée. Ses bras le protégeaient tendrement, comme s'il était le fruit de ses propres entrailles.
Elle poursuivit d'une voix douce : « Tu sais à quel point je chéris ce petit bonhomme. Je l'aime comme si je l'avais enfanté moi-même... Et en plus, étant donné que nous nous ressemblons comme deux gouttes d'eau, il a aussi hérité de mes traits. Si besoin était, je l'aurais tout simplement pris sous mon aile jusqu'à ce qu'il grandisse et prenne son envol. »
Insoon répondit d'un ton empreint de tristesse : « Et pourquoi ne le fais-tu pas ? Je serais ravie de te l'apporter pour qu'il puisse être adopté. Ce n'est pas que je ne l'aime pas, tu sais. Après tout, c'est mon fils, donc il y aura toujours ce lien indéfectible entre nous. Mais Jun et moi sommes incapables de nous en occuper, et tu le sais. De plus, il t'aime bien plus que moi, sa propre mère. »
Les yeux de Soyun étaient lourds, chargés du poids d'une fatigue dont seule une bonne nuit de sommeil pourrait la libérer. Mais cet espoir d'un repos bien mérité fut soudainement anéanti par l'arrivée impromptue de sa sœur jumelle, accompagnée de son fils pour le week-end.
"Comme toi, Insoon, je suis âgée de vingt-deux ans. Mais contrairement à toi, qui préfères t'amuser, je me prépare à un examen crucial pour valider ma licence, dans seulement trois petites semaines. Et je dois jongler avec le travail au café pour gagner un peu d'argent. Je ne pourrai pas m'occuper convenablement de l'enfant", expliqua Soyun.
Le visage d'Insoon se leva, accompagnant son corps vers la sortie. Une fois sur le seuil de la porte, elle endossa sa veste, sous les yeux de sa sœur.
"De toute manière, je n'ai aucune idée de l'endroit où l'emmener", ajouta Insoon.
Soyoun était abasourdie face à l'audace de sa sœur. Un rire amer s'échappa de ses lèvres, reflétant l'incrédulité qui traversait désormais son être.
"Je n'arrive pas à y croire... Tu abandonnes encore une fois ton fils, sans scrupules, juste pour t'enivrer des lumières des boîtes de nuit de Séoul ?", lança-t-elle, les mots flottant dans l'air comme une mélodie désenchantée.
Le regard fixé sur sa sœur, Soyoun chercha une once de compassion dans ses yeux. Mais, à la place, elle ne vit que l'arrogance imperturbable qui caractérisait si bien Insoon.
"Sache que je ne l'abandonne pas, car je le laisse entre les mains de sa deuxième mère", rétorqua sa sœur, la voix dépourvue de toute émotion. Un frisson parcourut Soyoun, témoin de l'inconscience qui animait sa jumelle.
Insoon quitta l'appartement étudiant sans un mot de plus, laissant dans son sillage un silence lourd de réponses inexprimées. Pour Soyoun, le respect et la responsabilité semblaient des notions lointaines, emportées par les vents irresponsables de son existence.
°
Quatre années s'envolèrent telles des feuilles emportées par le vent. Soyoun se maria, quitta Séoul pour Daegu, dans l'étreinte de son époux. Ensemble, ils cherchèrent pendant deux ans à créer la vie, mais les médecins spécialistes leur firent comprendre que leur vœu d'enfant resterait à jamais inaccompli. Face à cette douloureuse évidence, le couple envisagea l'adoption, visitant de nombreux orphelinats, espérant qu'un éclair divin illuminerait leur cœur en se portant vers l'un de ces enfants. Hélas, leurs démarches restèrent vaines. Ainsi, assis côte à côte dans leur salon chaleureux, ils contemplaient les photographies d'enfants potentiellement destinés à être accueillis dans leur foyer, éparpillées avec soin sur la table basse.
"Et ta sœur ?" interrogea le compagnon de Soyoun. "Elle ne souhaite toujours pas nous confier son fils ?"
Un sourire doux se dessina sur les lèvres de Soyoun, tandis qu'elle lançait un regard tendre empreint d'amour à son mari.
"Toi aussi, tu l'apprécies, n'est-ce pas ?" répondit-elle.
"C'est un enfant véritablement adorable, et de surcroît, il nous voue une affection toute particulière."
Soyoun acquiesça, plongée dans ses pensées...
-Tu as raison... Mais hélas, depuis que les parents du compagnon de ma sœur nous ont quittés et qu'il a hérité de la maison, ma sœur a le désir de chérir son fils. Elle m'a confié sa volonté de créer une famille authentique...
-C'est une réjouissante nouvelle qu'elle ait enfin choisi de se redresser, j'espère sincèrement qu'ils prendront désormais mieux soin de Young-Jae. ajouta le mari de Soyoun.
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Dans une petite chambre aux nuances pastel, Young-Jae était paisiblement assis sur sa moquette douce. Autour de lui, un océan de jouets multicolores étalés, la plupart offerts par son oncle adoré, Inok. Ce dernier, le grand frère de son père, voyageait énormément à travers le pays, mais à chaque retour, il prenait soin de venir rendre visite à son précieux neveu.
Ce jour-là, alors que Young-Jae se perdait dans l'imagination fertile de son monde de jouets, une cacophonie d'éclats de voix jaillit de la chambre parentale. Il connaissait déjà cette mélodie discordante, hélas familière. Ses parents, pris dans leurs querelles, laissaient échapper leur colère avec une fréquence déconcertante. Mais ce jeune garçon, si fragile et innocent, ne désirait qu'une chose : oublier les tourmentes de leur vie d'adulte.
Avec une infinie douceur, Young-Jae se leva de la moquette et s'approcha de la porte entrouverte. Les voix s'entrechoquaient et les paroles blessantes volaient dans l'air, vibrant jusqu'à son petit cœur. Comprenant que ce n'était pas la première fois qu'il était témoin de cette scène, il prit une décision décisive. Il ferma la porte de sa chambre, laissant derrière lui le tumulte de sa demeure familiale.
Le jeune garçon se retrouva alors à nouveau dans sa petite bulle enchantée. Les jouets, avec leurs histoires fantastiques, lui offraient un abri, un échappatoire face à la sombre réalité. Il se laissa happer par cette magie protectrice, laissant les disputes parentales s'évaporer dans les brumes de son imagination.
Quelques instants plus tard, alors que Young-Jae se perdait dans les méandres de son propre univers, sa mère fit son apparition dans la chambre. Son regard trahissait à la fois la tristesse et la détermination. Doucement, elle s'assit à côté de lui et murmura d'une voix douce : "Mon chéri, tu vas passer la semaine chez ton oncle Inok." Un sourire franche s'esquissa sur le visage innocent du jeune garçon. En ce moment précis, il ne pouvait ressentir que la pure joie, le soulagement de pouvoir échapper à ces conflits qui assombrissaient son quotidien.
"D'accord, maman. Je suis si heureux!" répondit-il avec enthousiasme, accueillant cette chance d'évasion avec une gratitude sincère. L'idée de retrouver son oncle tant aimé faisait briller ses yeux d'une lueur émerveillée.
Ce soir-là, Young-Jae s'endormit avec l'image imaginaire des aventures qu'il vivrait avec son oncle Inok. Dans son cœur d'enfant, il portait cet espoir, cette idée que sa semaine chez son oncle serait synonyme de douceur, d'amour sans faille, et qu'il serait enfin à l'abri des orages qui ensanglantaient le foyer familial. Car, grâce à son oncle adoré, Young-Jae ressentait déjà qu'il y avait toujours un refuge dans ce monde turbulent, un endroit où son cœur pouvait être à jamais en sécurité.
Le soleil se couchait doucement sur la campagne embrasée de Séoul, peignant les cieux d'une nuance dorée. Young-Jae, regardait le paysage défiler à travers la fenêtre de la voiture, son cœur léger rempli d'anticipation. Ses parents venaient de le déposer chez son oncle bien-aimé, Choi Inok. Il adorait aller chez lui, dans cette belle maison située en pleine campagne, où il pouvait jouer à tous les jeux qu'il voulait et où les règles semblaient n'être qu'un lointain souvenir.
Inok, âgé d'une trentaine d'années, n'était pas encore marié, mais il avait toujours su créer une atmosphère accueillante et joyeuse pour Young-Jae. Dès que la petite voiture s'arrêta devant la maison, le garçonnet déborda d'excitation et sortit en courant. Les bras d'Inok s'ouvrirent en grand, l'accueillant avec un sourire radieux qui réchauffait le cœur de Young-Jae.
La première nuit se déroula dans un rire incessant, les éclats de joie résonnant dans chaque recoin de la maison. Les deux jours suivants furent des moments enchanteurs. Young-Jae et Inok étaient inséparables, passant leur temps à jouer et à rêver dans un monde où le bonheur n'avait pas de limites. Les éclats de rire emplissaient l'air, mêlant les doux souvenirs de l'enfance aux rêves insouciants.
Cependant, le troisième jour apporta avec lui une obscurité inattendue. Le soleil se coula lentement derrière les collines, laissant place à une pénombre inquiétante. Young-Jae, toujours absorbé par son dessin animé, fut rejoint par son oncle. Inok posa doucement sa main sur l'épaule du garçonnet, une lueur étrange illuminant son regard. Une vague d'appréhension s'empara de Young-Jae, faisant frissonner sa peau juvénile.
Inok marmonna doucement, la voix teintée d'une requête troublante. Sentant une étrange tension, Young-Jae vit la main de son oncle glisser sous son vêtement. La peur se propagea dans ses veines, glaçant son petit cœur innocent. Il essaya de comprendre ses intentions, mais la confusion et le désarroi s'entremêlèrent dans son esprit enfantin.
"J'ai besoin que tu m'aides, Young-Jae", dit Inok d'une voix chargée de mystère.
Le garçonnet tourna la tête vers son oncle, les yeux remplis d'incompréhension. Mais malgré cela, une intense volonté de venir en aide à son oncle bien-aimé brûlait en lui.
"Que... Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?" demanda-t-il d'une voix douce, cherchant à comprendre.
Inok posa sa main sur le bas du dos de Young-Jae, lui provoquant un léger sursaut d'inconfort. Le jeune garçon ne comprenait pas ce qui était en train de se passer.
"J'ai quelque chose qui me dérange...", murmura Inok, sa voix semblant porter un poids. "Peux-tu m'aider à régler ce petit problème ? J'ai un problème juste là." Il pointa timidement du doigt son entrejambe.
Young-Jae sentit une certaine confusion s'emparer de lui. Il ne comprenait pas vraiment ce que son oncle attendait de lui. Soudain, Inok prit la main du garçon et la guida vers la fermeture de sa braguette, l'ouvrant pour déposer la main innocente de Young-Jae sur cet endroit si intime.
Les mots se perdirent dans la gorge de Young-Jae, remplacés par un murmure de protestation. "Je... Non..."
Soudainement, Inok le souleva dans ses bras et l'emmena dans la chambre, où l'obscurité enveloppa la scène, plongeant Young-Jae dans un mélange de peur et d'incompréhension.
Un moment interminable passa où les émotions contradictoires de Young-Jae dansaient sur le fil fragile de sa conscience. Son visage pâlit, seuls ses grands yeux reflétaient la terreur qui l'envahissait. Il voulait crier, mais les mots se bloquaient dans sa gorge, incapables de trouver une issue. Son oncle était-il en train de trahir cette confiance précieuse qu'ils avaient tissée dans leur monde plein d'amour et de jeux ?
Dans cette scène, Young-Jae devint soudainement conscient de sa vulnérabilité, de son innocence brisée par une réalité sombre et troublante. Les pensées de l'enfant de huit ans furent plongées dans le chaos, luttant pour comprendre ce qui se passait et déchirant l'image idéalisée de son oncle chéri.
Après cette nuit là, tel un petit oiseau fragile, Young-Jae sentit son monde vaciller. À l'âge tendre de ses huit printemps, il ne saisissait ni pourquoi ni comment cela avait pu arriver. Les gestes de son oncle semblaient avoir volé son innocence telle une plume emportée par le vent. Une douleur le transperçait, gravant bien plus profondément dans son être que de simples bobos sur sa peau. C'était dans son cœur que la plaie saignait, l'alourdissant d'une détresse insoutenable. Ses joues fatiguées, déjà marquées par les larmes, semblèrent inondées par une rivière indomptable qui reflétait son désarroi. Écrasé sous ce poids effrayant, il erra longtemps dans l'ombre de l'incompréhension et de la terreur, cherchant désespérément un secours qui s'était perdu dans les replis de son innocence brisée.
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De retour de son voyage chez son oncle, Young-Jae avait été métamorphosé. Son âge tendre de huit ans ne lui permettait pas de comprendre les sévices dont il avait été victime là-bas. Ses parents, englués dans le tourbillon sauvage de leur jeunesse, ne réalisèrent pas le bouleversement qui avait envahi le regard de leur fils. Un jour, assis stoïquement dans sa salle de classe, Young-Jae sentit une douleur soudaine dans son nez, laissant échapper une goutte écarlate qui tacha sa chemise immaculée. Il fut alors conduit à l'infirmerie de l'école où l'infirmière, bienveillante, s'empressa de stopper le saignement. Apercevant la tache qui souillait le vêtement du garçonnet, elle lui demanda de le retirer pour lui en donner un autre. Lorsqu'elle posa ses yeux sur son abdomen nu, elle fut frappée de stupeur. Un hématome sombre et monstrueux s'étendait, telle une tache sombre, sur le ventre de ce petit être fragile.
L'infirmière s'efforça de garder son calme et s'approcha lentement de Young-Jae, cherchant à pénétrer dans son esprit.
"Mon grand, peux-tu me dire comment tu t'es fait ça ?", demanda-t-elle doucement.
Le regard du jeune garçon tomba sur l'hématome qui recouvrait son abdomen, qu'il effleura du bout de ses doigts.
Son silence persista.
"Tu sais que tu peux me le dire, n'est-ce pas ?", assura l'infirmière, cherchant à apaiser l'enfant.
Une autre pause accueillit sa tentative, ce qui la poussa à adopter une autre approche :
"Est-ce que tu es tombé ?"
Young-Jae secoua la tête de gauche à droite.
"Est-ce que quelqu'un t'a fait du mal ?"
L'enfant hocha la tête.
L'infirmière se trouva démunie face à ces terribles révélations. Son cœur s'alourdit d'un poids insoutenable tandis que ses yeux se reposèrent sur l'infâme hématome. Une certitude s'empara d'elle : lorsqu'un enfant était marqué de la sorte, une personne proche en était fatalement responsable. Ses pas hésitants s'approchèrent de Young-Jae, et d'une voix brisée par l'émotion, elle murmura :
- Cette personne qui t'a infligé de tels sévices... fait-elle partie de ta famille ?
Young-Jae baissa la tête, écrasé par le poids de la vérité, puis acquiesça avec une infinie tristesse. Entre deux sanglots, l'infirmière poursuivit sa quête de réponses :
- S'agit-il d'un accident isolé dans le temps, ou bien cette personne t'a-t-elle fait du mal à maintes reprises ?
Le petit garçon releva alors son regard, scrutant la jeune femme avec une intensité troublante. Un long silence s'installa, ponctué par les battements douloureux de leurs cœurs meurtris. Puis, bravant sa douleur, Young-Jae se décida enfin à parler :
- Je... Je ne sais pas, je promets que je ne mens pas... Mais il... Il m'a fait mal... Et puis, il... Il a posé ses mains sur moi alors que j'étais tout nu... Pleura Young-Jae, submergé de tristesse et de honte.
Un tourbillon d'émotions envahit l'infirmière, mêlant indignation et détermination. Au plus profond de son être, une voix s'éleva, claire et résolue : il fallait agir, il fallait protéger cet innocent en danger. Son sang-froid reprit le dessus et elle prit une décision cruciale : alerter les autorités compétentes.
La main tremblante, elle sortit son téléphone portable et composa le numéro d'urgence. Le souffle court, elle tendit l'appareil à Young-Jae, lui expliquant ses intentions d'une voix douce mais ferme :
- Je vais appeler la police, d'accord ? Ils vont venir t'aider et te protéger. Tu ne crains plus rien, Young-Jae. Promets-moi de rester courageux, d'accord ?
Les larmes brouillaient la vue du jeune garçon, mais il trouva en lui la force de hocher la tête, signe d'une acceptation brûlante d'espoir. Ensemble, main dans la main, ils affrontèrent l'horreur de la réalité, emprunts d'une lueur d'espoir, déterminés à ouvrir une porte vers un avenir meilleur.
Dans l'esprit dévoué de l'infirmière, une inquiétude grandissante fleurissait. Elle était persuadée que Young-Jae, cet enfant dont les yeux trahissaient la lueur d'un mal-être profond, était victime de l'autorité abusive de son père. Sans plus attendre, une décision audacieuse perça le tumulte de ses pensées ; elle se saisit de son téléphone et composa le numéro de la police.
La voix qui répondit de l'autre côté de l'appareil était empreinte d'une solennité grave. « Allô ? Je souhaite signaler un possible cas de maltraitance et d'abus sur mineur. Il s'agit d'un enfant fréquentant l'établissement scolaire où j'exerce, » exprima-t-elle avec une détermination touchant à l'urgence.
Quelques instants plus tard, la cour de l'école fut témoin d'une scène empreinte de mystère. Une voiture de police, timide dans sa présence, se glissa jusqu'à la porte d'entrée. L'officier Lee en sortit avec une douceur presque palpable et s'avança silencieusement vers le jeune Young-Jae. D'une voix bienveillante, il s'adressa à lui avec calme, cherchant à gagner sa confiance.
« Bonjour, jeune homme, » prononça-t-il en inclinant légèrement la tête. « Pourrais-tu me dire comment tu t'appelles et quel âge tu as ? »
Un mélange de surprise et de soulagement illumina les prunelles de Young-Jae. Il répondit timidement, « Je m'appelle Choi Young-Jae et j'ai huit ans. »
Le sourire chaleureux de l'officier comprit que l'enfant avait besoin de se sentir en sécurité. D'une voix apaisante, il continua, « Je suis là pour t'aider, Young-Jae. Je veux m'assurer que tout ira bien pour toi. Est-ce que tu te sens capable de me dire ce qu'il s'est passé ? »
Le petit garçon hocha la tête, les murmures de la confiance prenant doucement forme dans son esprit vulnérable. Avec une patience réconfortante, l'officier Lee déploya le protocole à suivre lorsqu'un enfant est potentiellement victime d'abus et de maltraitance. Il posa des questions attentives, recueillant des détails précieux de l'histoire de Young-Jae, tout en le rassurant sur sa disponibilité à l'écouter entièrement.
La scène se déroula avec une beauté mélancolique, celle de la justice en action, tandis que l'officier Lee enveloppait Young-Jae d'une présence douce et rassurante. Son regard protecteur et son ton vigilant peignaient un tableau de confiance et d'espoir pour l'enfant qui longtemps avait souffert dans l'ombre. Ainsi se déployaient les premiers pas vers un avenir meilleur, guidés par la lumière de la vérité et de la compassion.
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Insoon faisait les cent pas devant son fils, ses ongles se rongeant avec anxiété. Puis, s'arrêtant, elle se rapprocha de son garçonnet.
- Écoute-moi, mon poussin. Ton oncle a proposé une somme considérable à ton père. Et tu connais les difficultés financières que traverse ton père. Les dettes nous accablent et la maison est en danger. Nous ne pouvons pas permettre qu'un autre drame se produise. Alors, je t'en prie, écoute-moi attentivement. D'accord ? commença Insoon.
Mais ses mots furent interrompus par la brutalité de son compagnon qui la repoussa violemment avant de se positionner devant leur fils. Sans douceur, il enserra les épaules de Young-Jae de ses bras.
- Tu dois dire à la police que tu as menti, que c'est ta mère et moi qui t'avons forcée à le faire pour de l'argent. Tu m'entends ? Nous devrons payer une amende, mais ce n'est pas important. Tout ce que tu as à faire, c'est jurer que c'est nous qui t'avons contraint à mentir. Est-ce clair ? gronda-t-il.
Quelques semaines s'étaient écoulées lorsque Soyoun, frappée par la douceur de la vie, découvrit devant sa porte un enfant endormi, enveloppé d'un sommeil paisible. Lové contre lui, un ourson rose, jadis propriété de Soyoun, semblait protéger précieusement son petit compagnon. La jeune femme réalisa alors qu'il s'agissait de son neveu.
Troublée, elle demeurait perplexe face à ce mystère : comment un enfant si jeune, à peine huit années de vie, avait-il pu quitter Séoul pour s'échouer ici, à Daegu ? Rapidement les pièces du puzzle s'assemblèrent dans l'esprit de Soyoun, lui révélant la vérité amère : sa sœur jumelle, mère de cet enfant, l'avait abandonné là, seule.
Dans la poche du garçonnet, une lettre, précieusement pliée, cachait les mots déchirants de sa jumelle. Les lignes se révélaient tour à tour comme de doux murmures et des larmes à fleur de plume. "Son père et moi, impuissants et désorientés, avons pris la décision de renoncer à notre rôle de parents. L'évidence s'est imposée : cet art de la vie ne nous correspondait pas. Toi, qui depuis tant d'années brûles du désir d'être mère, voici Young-Jae, précieuse étincelle, unique éclat lumineux que j'ai su accomplir. Entre tes mains, il trouvera une place plus douce et plus juste que la mienne. Nous, à l'unisson, donnons notre accord pour que tu entreprennes les démarches d'adoption. Prends bien soin de lui, tel un trésor sacré."
Les mots, mêlés au battement sourd de son cœur, éveillèrent une myriade d'émotions en Soyoun. La fierté d'être l'héritière du précieux fardeau, la douleur d'une fratrie fracturée et l'émerveillement face à cette nouvelle destinée qui s'offrait enfin à elle.
Des larmes coulèrent, gouttes d'amour et de tristesse mêlées. Soyoun serra fermement le petit corps endormi contre elle, s'imprégnant de son essence délicate. Elle entreprit alors un voyage intérieur, nourri d'espoir et de détermination, prête à créer un avenir d'amour et de bonté pour ce jeune être frêle.
Ainsi débuta l'aventure de Soyoun et Young-Jae, unis par les liens de la destinée et du cœur, écrivant ensemble les pages d'une nouvelle histoire où la tendresse et la bienveillance seraient leur unique mantra.
Il passa alors de Choi Young-Jae à Kim Young-Jae.
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Dans les profondeurs de son âme, Young-Jae avait enfoui ses secrets, les abus et l'injustice qu'il avait subis. Il tenait rancune à ses parents pour les avoir abandonné sans un mot, mais il leur était également reconnaissant de l'avoir confié à sa tante Soyoun et son mari Min-gu. Ce couple était devenu rapidement les parents aimants et adorables qu'il avait toujours souhaité avoir.
À l'âge de onze ans, la famille accueillit une petite fille, à peine âgée de quelques mois, qu'ils prénommèrent Ae-cha, ce qui signifiait "amour". Cette enfant apporta une joie nouvelle au sein du foyer, renforçant encore davantage les liens de cette petite famille.
Alors que Young-Jae grandissait et prenait peu à peu conscience des tourments qu'il avait traversés quelques années auparavant, il réalisait à quel point les séquelles des abus sexuels avaient marqué profondément son âme, bien au-delà de ce qu'il laissait transparaître. C'est à ce moment-là qu'il croisa le chemin de Hyun-su et Yong. Fraîchement inscrit dans cette nouvelle école suite au désir de ses parents de le rapprocher de la garderie de sa petite sœur, Young-Jae était doté d'une intelligence aiguisée qui lui fit comprendre rapidement qu'il devait s'affirmer face à ces deux nouveaux camarades, sous peine d'être écrasé tel un minuscule moustique insignifiant. Ainsi débuta sa transformation en dur à cuire. Il se battait, tenait tête au collège. Et à la maison, enfin, il redevenait quelqu'un de sage, un modèle de grand frère. Ce besoin viscéral de prouver sa force s'emparait de lui, faisant taire toute notion de faiblesse.
L'année suivante, Young-Jae vécut l'arrivée d'un nouvel élève dans sa classe comme une effusion de douceur. Assis dans l'ombre du fond de la salle, ce dernier s'amusait à aligner les mots avec grâce dans son précieux carnet de notes. L'écriture était sa passion, son refuge secret où il laissait s'échapper son esprit enchanteur. De nombreux carnets dormaient chez lui, remplis de ses pensées entrelacées. Son rêve ultime ? Devenir un grand maître des lettres.
Un brusque mouvement le fit quitter son univers de mots pour se confronter à une apparition inattendue. Il croisa son regard émerveillé avec celui d'un jeune adolescent, épousant l'innocence de son âge. Timide et troublé, le nouveau venu se tenait devant l'enseignant, la tête modeste et baissée.
- Bonjour à tous, je suis Park Jimin, annonça-t-il d'une voix empreinte de timidité. J'étais auparavant en 3ème C, mais j'ai été transféré ici, en A, avec vous.
Young-Jae fut pris d'une perplexité mêlée de douceur. Sans comprendre pourquoi, il le trouvait captivant avec ses joues rebondies qui semblaient innocemment défier la gravité et son teint qui rosissait comme une rose en émoi.
Young-Jae, sans qu'il se rende compte immédiatement de ce qui se passait. Son attention était captivée par la présence nouvelle de la classe, sa belle énergie l'attirait irrésistiblement. Il souhaitait ardemment que Jimin pose les yeux sur lui, que leur regard se rencontre. Cependant, Jimin ne semblait pas conscient de son existence, ni de la magie qui prenait naissance dans le cœur de Young-Jae.
Lentement, la jalousie commença à s'immiscer dans les pensées de Young-Jae, telle une douce brume qui s'installe furtivement. Il admirait la joie de vivre qui émanait de Jimin, cette facilité déconcertante à être lui-même. Un sentiment étrange envahit Young-Jae, mêlant admiration et désir. Il aurait tant aimé posséder cette aisance naturelle, s'épanouir avec une telle légèreté.
Un jour, alors que la cour de l'école se déployait sous leurs pieds, Hyun-su se figea devant Young-Jae, un sourire malsain déformant son visage.
- Dis-moi, mec, pourquoi tu jettes sans cesse des regards au petit nouveau ? s'interrogea-t-il d'un ton moqueur.
Surpris par cette interpellation brusque, Young-Jae planta son regard dans celui narquois de Hyun-su, puis haussa simplement les épaules.
- Je ne sais pas... Il me tape sur les nerfs, c'est tout. répondit-il, cherchant à masquer les sentiments qui l'envahissaient.
Puis, il se tourna vers Jimin qui passait près de là. Il ne put s'empêcher de taquiner.
- Hé, toi, le petit gros ! Sais-tu que tu as un cul d'enfer ? déclara-t-il, espérant ainsi dissimuler cette attirance dévorante.
Et c'est ainsi que le harcèlement commença...
°
Installé sur le siège de son bureau, Young-Jae détourna le regard vers la fenêtre close de sa chambre. Le ciel, dépourvu d'étoiles, ressemblait à présent à son âme, privé de lumière. Un sourire amer se dessina sur son visage. Son regard s'attarda sur le calendrier accroché au mur, affichant fièrement le 31 décembre 2022. D'une voix murmurée, il prononça ces mots : "Premier janvier 2023". Cette date, parmi tant d'autres, il l'avait méticuleusement entourée. Sa décision était prise, ce serait ce jour-là.
À présent, nous étions le dernier jour de décembre et, telle une silhouette figée, Young-Jae passait sa dernière nuit en compagnie de plusieurs feuilles immaculées et d'un stylo comme complice. Il n'avait pas de temps à perdre. Il savait précisément à qui il souhaitait adresser ces dernières missives avant de commettre l'irréparable.
"Une feuille vierge. Tel est le seul élément devant moi. Je demeure incertain quant à ce que je vais y inscrire, mais tant de pensées m'assaillent... Par où devrais-je commencer lorsque les mots eux-mêmes ont perdu toute signification à mes yeux ? Quel terme pourrait être juste pour vous faire comprendre à tous ce qui m'a conduit à cet extrême ? Je l'ignore. Mon stylo dans la main, je couche ces premiers mots en espérant en trouver de meilleurs dans les paragraphes à venir, afin de vous expliquer mon geste. Pourquoi suis-je en train de vous écrire cette lettre ? Ou plutôt, ces lettres..."
La main libéra son stylo et son visage se retrouva accueilli par ses paumes, laissant échapper un soupir répété. Une lourdeur immense pesait sur sa poitrine, lui comprimant le cœur. Son regard se glissa alors vers une photo où il apparaissait, autrefois, choyé par ses parents et enveloppé dans les bras délicats de sa petite sœur. Ils arboraient tous un bonheur si palpable... Mais aujourd'hui, Young-Jae sentait que ses forces s'épuisaient.
- Je suis profondément désolé... murmura-t-il.
"
Chers papa et maman,
Je m'excuse du plus profond de mon cœur pour toutes les fois où je n'ai pas été le fils modèle dont vous aviez besoin. Alors que je suis assis ici, les larmes coulant le long de mes joues, je réalise à quel point j'ai été égoïste et distant avec vous ces derniers mois. Je sais que mes actions ont causé des peines et des soucis inutiles, et je regrette sincèrement chaque instant où je vous ai déçus.
Il est temps de vous confier une vérité douloureuse, une vérité que je n'ai jamais osé partager avec vous jusqu'à maintenant. À l'âge de huit ans, j'ai été victime d'abus sexuels de la part de Choi Inok. Pardonnez moi d'emporter avec moi les détails de ces actes terribles. Pendant toutes ces années, j'ai gardé cette douleur enfouie dans les tréfonds de mon âme, vivant avec la honte, la peur et la culpabilité. Je croyais que personne ne me croirait, que je serais jugé ou blâmé pour ces actes horribles qui m'ont laissé marqué à jamais."
Les perles salées qui déferlaient floutaient son regard. Il humecta en silence et posa les yeux sur ses mains fébriles. Une inspiration s'engouffra courageusement en lui, apaisant les tourbillons émotionnels. Il se recentra avec une détermination sans faille sur l'accomplissement de sa mission.
"Malheureusement, cette terrible expérience n'est pas la seule qu'il m'ait été donnée de vivre récemment. Quelques jours plus tôt, j'ai également subi des abus de la part de Hyun-su et Yong. Ces événements se sont enchaînés d'une manière effrayante et m'ont soumis à une torture psychologique insupportable. Je me suis senti piégé et impuissant, incapable de protéger mon corps et mon esprit de leurs agressions.
Je tiens à vous assurer que rien de tout cela n'est votre faute. Vous êtes des parents incroyables qui ont toujours été là pour moi, me soutenant et m'aimant inconditionnellement. Je sais que vous vous reprochez peut-être de ne pas avoir remarqué les signes de ma souffrance et j'insiste pour vous dire que vous n'avez commis aucune erreur. Ces monstres ont su dissimuler leurs intentions malveillantes avec une habilité déconcertante.
Même si je ne serai plus là physiquement à vos côtés, veuillez garder à l'esprit que je vous aime profondément. Vous avez donné tout votre amour pour que je grandisse et devienne la meilleure personne possible. Je prie pour que vous trouviez la force de continuer votre chemin malgré cette terrible perte que vous supportez.
Lorsque le temps aura effacé mes pas, soufflez doucement à Ae-Cha ces mots d'amour, susurrez-lui combien elle est une petite sœur si tendre et précieuse, et qu'à jamais je serai son gardien attentif.
Il est maintenant temps pour moi de mettre fin à cette douleur qui m'envahit constamment. Sachez que ma décision n'est pas prise à la légère, mais je crois fermement qu'elle est la seule issue pour échapper à cette souffrance insupportable. Je demande votre pardon pour le choix que je suis sur le point de faire, et je vous en prie, ne me jugez pas trop sévèrement.
Je vous aime plus que les mots ne peuvent l'exprimer. Prenez soin les uns des autres, soutenez-vous mutuellement et continuez à vivre une vie remplie de joie et de bonheur. Je veux que vous vous souveniez de moi comme votre fils aimant et fier, malgré tous les défauts et les erreurs que j'ai pu commettre. Je serai toujours avec vous, dans vos cœurs, vous guidant et veillant sur vous.
Avec tout mon amour,
Young-Jae."
Une fois achevée l'écriture de sa lettre, il la plia avec délicatesse, veillant à l'ajustement parfait des plis, comme un origami aux contours infiniment précis. Puis, il l'enveloppa tendrement, la confiant à la protection de ce fin papier qui la cachait aux yeux du monde. Sur son enveloppe, il inscrivit avec une main tremblante les noms chéris de ses deux parents, comme pour sceller leur présence à ses côtés, même à distance.
Dans un silence empli d'émotions, il posa délicatement cette enveloppe sur le côté, comme une offrande sacrée déposée avec la plus grande précaution. Puis, d'un geste empreint de détermination, il saisit un second papier, prêt à se confronter à la page blanche. Son stylo en main, il fixa intensément cette surface immaculée, comme s'il cherchait à y puiser la force nécessaire pour déverser les mots qui dansaient à l'intérieur de son être.
Une lueur de douleur traversa fugacement son regard, mais il ravala cette tristesse qui menaçait de submerger son courage. Il s'arma de sa plume et, avec une détermination mêlée de désespoir, se remit à poser les mots sur le papier, les laissant raconter cette histoire qui s'était si profondément gravée en lui.
"Chèr oncle Choi Inok,
Ce soir, le vent hivernal caresse tendrement mon visage, et avec lui vient la tempête qui consume mon cœur. Devant ma plume, je me trouve en quête des mots qui sauront dévoiler la douleur qui m'a tourmenté durant ces longues années. Les lignes qui suivent sont comme les silences qui m'ont enfermé, les confessions d'une âme marquée à jamais. Pour être franc, je ne sais même pas pourquoi j'ai pris la décision de te rédiger cette lettre. Mais je me suis rendu compte que je ne pouvais pas m'en aller sans te parler de ce que je ressens, car, après tout, c'est en grande partie à cause de toi que j'en suis arrivé là.
Je te voyais comme un phare dans la nuit sombre de ma vie, un rempart impénétrable face aux tourments du monde. Mais aujourd'hui, ce monde-là s'est effondré, et mon coeur est empli d'une tristesse indicible.
Les jours insouciants ont laissé place à une mélodie amère, celle de la trahison et du désespoir. Mes yeux voient désormais les étoiles ternies par le mensonge, la complicité éteinte dans les abysses de ma déception.
Comment as-tu pu déchirer ce voile si fragile qui enveloppait mon innocence ? Comment as-tu pu trahir la confiance que je plaçais en toi ? Ces instants précieux, gravés en moi comme des joyaux d'enfance, tu les as souillés, les noyant d'un chagrin infini.
Aujourd'hui, je suis perdue dans cet océan de désespoir où les vagues déferlent sans relâche, où les murmures de la déception résonnent dans le silence de mon être. Tu étais mon héros, mais maintenant, je me sens comme naufragée sur une île déserte, abandonnée par ton ombre qui s'est dissoute dans les méandres de mon âme brisée.
Mon esprit est plongé dans les ténèbres, piégé dans une spirale infernale. Les lamentations de mon âme résonnent dans le silence de mes pensées tourmentées. Comment ai-je pu être touché par la cruauté de tes actes abjects ? Étais-ce ma faute ? Étais-je celui qui t'a poussé vers cette abîme infernale ?
Des réponses fugaces flottent dans l'éther, des éclats de vérité qui se dissolvent dans l'éternité sans jamais m'apaiser. La haine et le dégoût, mes compagnons indéfectibles, ont pris racine en moi. Les cicatrices de ta trahison impardonnable marquent mon âme d'une douleur insoutenable. Tu as détruit l'équilibre de mon monde, réduisant ma confiance en cendres. L'innocence qui me faisait briller s'est effacée, me laissant vulnérable, prisonnier d'une douleur lancinante.
Le désespoir m'enlace, presque comme une douce tentation, m'offrant une échappatoire à cette souffrance intolérable. Les pensées suicidaires dansent dangereusement sur le fil de ma conscience.
Tes actes ont détruit mon enfance, brisant en mille morceaux la naïveté qui m'entourait. Les souvenirs se mêlent aux larmes, ces mêmes larmes qui ont noyé mes rires autrefois. Les jeux, les rires, tout cela a été terni par une réalité sombre et perverse.
Jamais, ne l'oublie jamais, je ne pourrai te pardonner. Ton ombre pèse sur chaque battement de mon cœur, chaque souffle de ma poitrine. Je m'en vais, je pars vers l'inconnu, vers ce qui m'attend là-bas, dans l'espoir que l'univers, dans toute sa justice, saura te punir pour ces actes abjects.
Aujourd'hui, je veux te rappeler ces moments passés ensemble, lorsque le rire dansait dans nos vies. Je veux que tu saches combien ta descente aux enfers a radicalement changé l'homme que tu étais. Enfermé dans ce silence coupable, tu as perdu ton humanité, succombant à tes démons intérieurs.
Mon départ imminent m'offre un dernier espoir, celui de voir ton masque tomber, de te perdre dans les méandres de tes remords et de tes regrets. Que chaque nuit soit hantée par ton image, que tu te retrouves face à tes monstres intérieurs, sans répit, sans échappatoire.
Là où mes pieds me guideront, je ne le sais pas encore. Mais souviens-toi, cher oncle, que mes pensées ne te quitteront pas, qu'elles te hanteront jusqu'à ton dernier souffle. Puissent-elles être les témoins de ta culpabilité, de la douleur que tu m'as infligée.
Je m'en vais, l'âme brisée mais l'espoir de justice gravé dans chaque fibre de mon être. Que le destin, impartial juge de nos vies, veille à infliger la punition que tu mérites. Que ma voix, enivrée de chagrin mais déterminée, résonne dans les ténèbres, portant mes mots à jamais.
Adieu, cher oncle, adieu à jamais.
Young-Jae"
Lorsque les trois dernières lettres furent achevées, il les pare d'une élégante écriture. Park Jimin, Officier Lee Seung-ho, et enfin, sur la dernière, Choi Inok. Ressentant une légère réticence, il décida de ne pas se plonger de nouveau dans la lettre destinée à Jimin.
Au matin de la première journée de cette nouvelle année, il opéra une lente ascension hors des bras de Morphée. N'ayant pu goûter qu'une maigre heure de sommeil, il leva les paupières avec hésitation. Son regard se perdit dans le vide alors qu'il fixait obstinément le mur de sa chambre, sans vraiment le percevoir. Ça y était. Aujourd'hui était le jour qu'il avait choisi pour partir.
Il se doucha soigneusement, savourant la sensation de l'eau sur sa peau, tout en ayant conscience que ce serait là sa dernière ablution. Puis, il s'habilla avec une élégance calculée, en veillant à soigner son apparence. Après cela, il prit entre ses mains l'enveloppe soigneusement pliée destinée à ses parents, et la déposa avec précaution dans l'ombre protectrice de son armoire, qu'il referma à clé.
Le pas décidé, il se dirigea vers la salle à manger où sa petite famille se trouvait réunie. Il s'efforça d'étirer un sourire sur son visage, dissimulant tout indice de ses intentions secrètes. Une fois le dernier repas du matin achevé, il posa une dernière fois son regard sur ses parents. Il aurait tant aimé les serrer contre lui, jouer une ultime partie avec sa petite sœur, mais il craignait que ces caresses et ces jeux ne viennent l'ébranler, lui faisant trahir sa résolution.
- À ce soir, mon cœur. Fit sa mère alors qu'il se glissait hors de l'appartement sans dire un mot.
Tel un voyageur solitaire, Young-Jae s'empara de l'instant présent et quitta l'immeuble. Il déposa délicatement son empreinte sur le manteau immaculé de la neige, sans un regard en arrière. Guidé par une détermination muette, il se dirigea d'un pas assuré vers la poste et y confia les trois enveloppes. Il savait avec certitude que dès l'aube, elles seraient entre les mains de leurs destinataires. Pour lui, ce délai était amplement suffisant. Il ne souhaitait en aucun cas qu'un regard indiscret se pose sur ses lourds secrets avant qu'il n'ait accompli son devoir.
Aussitôt, tel un vagabond de l'esprit, il erra sans cap dans les rues enneigées. Le vent glacial de l'hiver caressait son visage, mais il ne ressentait ni morsure ni gêne. Son esprit était ailleurs, en communion avec le présent, admirant chaque détail qui se présentait à lui. Une dernière fois, il désirait sauvagement goûter à la liberté de marcher sans itinéraire, emporté par une mélodie céleste au sein de son âme.
Le Daegu Center of performing arts s'élevait majestueusement devant lui, tel un morceau de ciel tombé sur terre. Ses yeux émerveillés contemplant chaque détail de cette merveille architecturale, il revivait encore et encore la splendide performance de danse offerte par Jimin. Les mouvements gracieux, la passion palpable dans chaque pas, tout avait transporté son âme dans une autre dimension.
Mais à la fin de cette danse ensorcelante, il s'était effacé dans l'ombre, telle une étoile filante disparaissant dans l'infini. Il avait quitté la salle du bout des pieds, laissant derrière lui la magie qui l'avait imprégné tout au long de la soirée. Sa décision était prise, il devait agir. Pas de temps à perdre, il rédigea un message à l'attention de sa mère, lui demandant de se rendre dans sa chambre et de prendre la clé posée sur son bureau.
La clé symbolisait bien plus qu'un simple morceau de métal. Elle était le reflet de ses sentiments sincères, de ses souvenirs enfouis derrière les portes de l'armoire. Avec une infinie tristesse, il écrivit ces mots, cette excuse sincère, empreinte de regrets : "Dans ma chambre, prends la clé sur mon bureau et ouvre l'armoire. Je suis sincèrement désolé."
Le vent glacial s'engouffrait dans les rues grises de Daegu, les feuilles mortes tourbillonnaient tristement dans les airs. Sur le pont Doran qui enjambait la rivière Han, Young-Jae se tenait debout, ses doigts crispés sur la rambarde gelée. Il savait que l'eau en contrebas était glaciale, figée par les rigueurs de l'hiver. Mais pour lui, cette froideur n'était rien comparée à celle qui engourdissait son cœur.
Les larmes se mêlaient au froid mordant sur ses joues. Tremblant de tous ses membres, il contemplait le flot impétueux qui défilait en contrebas. L'angoisse l'enveloppait tel un brouillard opaque, brouillant tous ses sens. Il se questionnait, tiraillé entre l'idée de se rétracter et l'envie irrépressible de mettre fin à cette souffrance insoutenable.
Les souvenirs de toutes ses épreuves s'entremêlaient dans son esprit, évoquant les cicatrices invisibles. Il revoyait les regards emplis de mépris, les mots cruels et les gestes violents qui l'avaient conduit jusqu'ici, au bord du vide. Ses yeux se fermaient, comme pour échapper à cette réalité oppressante. Son souffle saccadé, presque audible dans le silence assourdissant, trahissait sa détresse.
Le doute le rongeait, l'étau de l'incertitude se resserrait autour de lui. Alors le monde serait-il plus clément sans sa présence ? Les questions se heurtaient dans son esprit vulnérable, à défaut de trouver des réponses. La peur grandissait en lui, un monstre sombre et insidieux qui engloutissait ses pensées.
Finalement, sans vraiment comprendre comment il avait pu franchir ce cap, Young-Jae lâcha la barrière glacée et s'abandonna à la chute. Un instant éternel sembla se figer dans le cosmos, son souffle coupé par l'intensité de ce geste irréversible. La frayeur le submergea, sauvage et brutale, tandis que l'eau froide se précipitait à sa rencontre.
Le temps se dilata, chaque seconde s'étirant à l'infini alors que son corps tutoyait le vide. La douleur, lancinante, l'envahit lorsque l'impact avec l'eau glacée brisa sa descente. L'agonie semblait s'écouler avec le flot tumultueux, mais quelque chose d'inattendu se glissa entre les mailles de son désespoir.
Une brève lueur de paix, si fugace qu'elle en était presque insaisissable, s'empara de lui. Comme si le monde lui offrait un instant de répit, suspendant les tourments qui le hantaient. Dans cet instant de quiétude, alors que sa conscience vacillait, Young-Jae ne ressentit plus rien. Juste une paix infinie, délicatement vêtue du silence des profondeurs, avant qu'il ne perde connaissance.
Le pont Doran, témoin silencieux de cette tragédie, garda les secrets nimbés de désespoir de Young-Jae. La rivière Han continua de couler, indifférente à la souffrance humaine. Mais peut-être, dans cet océan de douleur, une étincelle d'espoir émergea, telle une étoile fragile au cœur de la nuit éternelle.
Un homme témoin de la scène sauta lui aussi dans la rivière malgré le froid prêt à sortir de l'eau le garçon qui avait sauté précédemment...
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Voilà, j'espère que ça vous a plu. Je ne sais pas s'il y des fautes dissimulées dans le texte mais j'ai tenté de corriger autant que possible. C'est un chapitre qui était prêt depuis au moins le 10em chapitre de l'histoire 😅.
Il fallait simplement que je comble quelques trous.
Dites moi ce que vous en pensez 🤗
Ce chapitre me tenait aussi à cœur car il raconte en quelque sorte la vie d'un ami qui m'a autorisé à écrire ceci.
À travers ce chapitre il espère faire passer un message alors il m'a raconté et moi j'ai écrit tout en faisant en sorte de coller son histoire à Don't cry.
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