Chapitre 36
Harry frémit à l'entente des crépitements menaçants qui grondaient à l'extérieur, les murs du château vibrant à un rythme régulier, accompagnés de la chute de poussière semblable à un voile brumeux, rendant les visages qui l'entouraient étrangement flous. La Grande Salle était parcourue de tremblements menaçants, faisant se recroqueviller les élèves entassés, dans l'expectative d'un coup fatal qui sonnerait le début de la bataille. Dehors, la barrière protectrice continuait à encaisser péniblement les projections magiques, les coups portés disparaissant contre le dôme en un mouvement ondulatoire pareil à des ricochets. Il pouvait apercevoir, derrière les immenses vitraux surplombant la vaste pièce, le feu d'artifice magique qui pulsait dans le ciel, les explosions aux teintes diverses illuminant l'étendue d'encre délaissée par les étoiles, se mêlant au brasier incandescent que l'on pouvait apercevoir, au loin, alors que le terrain de Quidditch était terrassé par les flammes. L'obscurité de la nuit avait été remplacée par la bataille des teintes dansant dans l'air, des crevasses bleutées se dessinant peu à peu dans les protections, alors que les fissures se mêlaient aux éclairs, éclipsant la chaleur de la lumière des bougies, au profit d'une brulure électrique, calcinant progressivement leur bouclier. Harry percevait distinctement les tremblements des corps comprimés contre sa propre silhouette vacillante, les baguettes pointées vers le sol, convulsant d'une crainte graduelle, tandis que les respirations saccadées supplantaient peu à peu le fracas des explosions. Les murmures d'encouragement parcouraient les rangs, leur discrétion éclipsée par le silence de mort qui engloutissait la Grande Salle, les rendant semblables à un écho.
L'air grave, Harry leva son regard en direction de l'estrade où étaient rassemblés les professeurs, ses émeraudes anxieuses rencontrant le visage sévère de Mcgonagall, dont la silhouette vieillissante n'avait jamais parue plus vigoureuse qu'à l'instant présente. Droite et fière, la sorcière arborait un port assuré, dissimulant à merveille l'inquiétude qui remuait dans ses yeux figés, alors que ses lèvres pincées peinaient à restreindre des tremblements involontaires. La nouvelle Directrice de Poudlard avait ordonné, un peu plus tôt dans la soirée, de rassembler les élèves majeurs et volontaires dans la Grande Salle, tandis que les moins de dix-sept ans et ceux ne désirant pas prendre part au conflit, avaient été évacués en direction de la Tête du Sanglier, à l'aide du passage secret reliant la Salle sur Demande à Pré-au-Lard.
Ils avaient été réveillés en plein milieu de la nuit par une voix sifflante, à la provenance inconnue, qui avait résonné dans Poudlard tel un écho de l'au-delà. Un avertissement, faisant suite aux semaines qui s'étaient écoulées depuis le coup d'état au Ministère, faisant basculer la société sorcière entre les mains du Seigner des Ténèbres. L'école écossaise était devenue le refuge de la résistance, fermant ses portes aux Carrow, deux Mangemorts envoyés pour prendre la direction du château, et livrer Harry Potter sous le commandement de leur Maître. Mcgonagall, alors directrice, avait pris la décision de poursuivre la lutte de Dumbledore, accueillant les Aurors et les membres de L'Ordre du Phoenix dans la forteresse réputée imprenable, se plaçant ainsi directement contre le camps des Ténèbres, et signant de cette manière une déclaration de guerre. Harry n'avait su trouver les mots pour lui exprimer sa gratitude, il s'était alors contenté d'affirmer sa participation au conflit qui se préparait, entraînant à sa suite des élèves fidèles aux convictions qu'on leur avait inculquées tout au long de leur enfance. Ainsi, lorsque le mage noir avait perturbé leur sommeil pour leur annoncer, dans un acte évident de provocation, que l'offensive serait lancée à minuit, les habitants du château s'étaient rapidement mobilisés pour renforcer les défenses.
Le professeur Flitwick, assisté par ses collègues, était parvenu à déployer un puissant enchantement de protection, appuyé par la Directrice qui avait usé d'un sort étonnant, donnant vie aux armures qui décoraient les murs du château. Celles-ci, formant une armée de pierre, s'étaient postées aux différentes entrées, dessinant un deuxième rempart en prévision de la destruction des barrières magiques. Le stratège était simple, mais parfaitement huilé. Ils avaient conscience de leur infériorité numérique, et comptaient ainsi sur les divers pièges pour affaiblir leurs adversaires, et les amputer de quelques partisans. Certains Rafleurs, venus de la foret, étaient déjà morts en se confrontant directement aux barrières, et il n'y avait pas a douter que les armures vaincraient un nombre raisonnable d'opposants avant que ceux-ci ne puissent percer leurs défenses.
Conscient que l'heure fatidique arrivait, Harry jeta un regard en direction de Taehyung, sa main frôlant la sienne en un signe de réconfort, qui arracha au concerné un sourire crispé. Le jeune homme semblait avoir connu une croissance en accéléré depuis la bataille du Ministère, son regard éteint et ses joues creuses, le rendant plus adulte qu'il ne l'avait jamais été. Il savait que Taehyung ne s'était pas encore remis de la mort de son père, et encore moins de l'annonce du nom de son meurtrier. Il n'avait pas osé aborder le sujet avec lui et, bien rapidement, le nom de Baekhyun avait été tu, rendant son évocation proscrite, et son souvenir délicat. Il ignorait quelle était la position de son ami vis-à-vis de son jeune frère, et lui-même n'était toujours pas parvenu à placer un statu sur le visage de ce qui fut son seul amour à sens unique. L'idée de lui attribuer l'étiquette d'ennemi lui était impossible, et pourtant, le Serpentard s'était montré bien trop direct dans ses agissements pour lui permettre le doute.
La gorge nouée, Harry se refusa à songer une minute de plus au plus jeune, incapable de se résoudre à l'imaginer de l'autre coté de la barrière, aux côtés du Seigneur des Ténèbres. Certaines rumeurs avançaient que Baekhyun était mort de la main de Dumbledore, ce jour là, son corps inerte ayant été aperçu par certains Aurors avant qu'ils ne fuient l'Atrium. Néanmoins, le Survivant ne parvenait pas à imaginer que l'ancien Directeur ait assassiné son élève, lui qui avait présenté une figure de neutralité étonnante parmi les teintes discordantes des deux camps. Sa visage grisé, rendue terne par la vie, s'était immiscé entre les idéologies opposées, agissant d'une manière si énigmatique et imprévisible, que ce qui fut un jour, par une ironie tordante, le symbole de la Lumière, tomba en laissant derrière lui la pénombre mystérieuse de ses réels projets. Néanmoins, malgré une attitude que l'on pourrait jugée indéchiffrable, Harry était persuadé avoir suffisamment bien cerné Dumbledore pour comprendre qu'il ne condamnait jamais un être vivant, cherchant toujours à déceler le bon chez les âmes qui paraissaient pourtant perdues, dans les limbes de la haine et du désir de vengeance. Il avait bien perçu son regard, lorsque Baekhyun avait disparu aux cotés de Chanyeol, affirmant son allégeance sans que cela ne semble le surprendre. Le jeune Potter était certain que le vieil homme avait eu des projets pour le Serpentard, quelque chose qu'il avait jalousement conservé, convaincant Harry, à de nombreuses reprises, de laisser le mage faire ses propres choix de vie, malgré les doutes souvent émis par le lion.
Harry se souvenait parfaitement des nombreuses discussions à sens unique qu'il avait entretenu dans le bureau directorial. Alerté par des visons persistantes, il avait tenté de prévenir Dumbledore, sans que celui-ci ne daigne agir. Lorsqu'il finalement, le visage du professeur Halcyone s'était imposé dans l'un de ses nombreux cauchemars, il s'était empressé de prévenir ses professeurs, se doutant que le mage blanc ne lèverait pas le petit doigt.
Celui-ci avait perçu quelque chose en Baekhyun, un élément qui l'avait convaincu de le laisser agir à sa guise. Qui lui disait que le noiraud n'était pas son complice ? Un agent infiltré auprès de l'ennemi, comme l'était Severus Rogue ?
À la mention du professeur de potions, les sourcils du Survivant se froncèrent grossièrement, la réflexion frappant son visage anxieux.
L'ordre du Phoenix avait perdu toute communication avec l'agent-double, quelques jours avant la prise du Ministère. Harry ne s'en était pas étonné, il avait toujours considéré l'homme trop peu honnête pour s'investir pleinement dans la guerre, et perdre l'immunité accordée par sa couverture. Il était intouchable, et indéniablement doué par manipuler son entourage, faisant croire aux deux camps qu'il défendait leurs intérêts, alors qu'en réalité, il ne devait avoir pour projet que de conserver sa carcasse de traitre.
Il ne lui avait jamais fait confiance, et s'était toujours outré de cette liberté excessive dont le potionniste jouissait vis-à-vis de l'Ordre, à qui il rendait des comptes lorsqu'il était d'humeur, ne prouvant d'aucune manière sa loyauté, en plus de livrer des informations sans réelle importance, si ce n'était celle de conserver l'illusion qu'il espionnait bien à leur compte. Harry n'était pas sot, contrairement à ce qu'il aimait renvoyer, l'on pouvait dire qu'il était impulsif, immature, ou bien encore incroyablement têtu. Néanmoins, il n'y avait point à douter que s'il avait pris le temps de considérer des maisons comme Serdaigle ou Serpentard, le sorcier aurait certainement brillé dans un autre art que la bêtise.
-Tu crois qu'il est avec eux ?
L'intervention hésitante de Taehyung le ramena brusquement à la réalité. Déboussolé, Harry jeta un coup d'œil affolé en direction de l'horloge murale, pointant de son doigt menaçant l'écart minime qui les séparait du coup d'envoie, l'appréhension lui nouant le ventre à mesure que le gouffre se transformait en simple fissure.
Il ne savait pas quoi lui répondre. Il pensait sincèrement que Baekhyun avait choisi son camp, mais ne parvenait pas pour autant à concrétiser cette idée pourtant évidente.
-Taehyung, murmura-t-il, la douleur lui nouant la gorge, je crois qu'il faut nous préparer à le revoir.
Il contracta violemment les poings, ses dents serrées pulsant péniblement sous la pression exercée, alors qu'il rajoutait du bout des lèvres :
-En tant qu'ennemi.
Il aperçut du coin de l'oeil la pomme d'Adam de son ami tressauter péniblement, alors que son visage acquiesçait mécaniquement, ses lèvres pincées disparaissant sous la frustration. Il n'avait pas besoin d'imaginer à quel point il lui était inconcevable de considérer Baekhyun en tant qu'adversaire. Tous deux l'avaient vu grandir, nouant avec lui des liens nécessitant une implication émotionnelle à vie, et cela indépendamment de ce qu'il pouvait se produire entre eux. Baekhyun avait été un petit frère précieux pour l'un, un amour douloureux pour l'autre. Peu importait la relation qui les définissait, les tords qu'ils s'étaient mutuellement infligés, l'affection qu'ils ressentaient à son égard dépassait la logique impassible du bon sens, au profit de l'instinct primaire d'un coeur attaché.
-Il l'a tué, déclara calmement Taehyung, faisant fi du tremblement de sa voix, il l'a tué et je devrais vouloir l'anéantir pour avoir commis un acte aussi abject. Je devrais être une épave, dirigée par les flots paresseux de la vengeance.
Son regard s'accrocha douloureusement aux perles émeraudes de son ami, y cherchant une compréhension, la preuve qu'il n'était pas déréglé, que quelqu'un d'autre partageait ce sentiment contradictoire qu'était le sien.
-Pourtant je le vois encore comme mon petit frère, cette représentation plus frêle et délicate de moi, et si opposée à la fois. J'ai envie de le secouer et de la remmener à la réalité, celle où il est un jeune homme intelligent qui ne s'abaisserait jamais à se salir les mains, même s'il juge qu'il doit obtenir réparation.
Harry hocha simplement la tête, incapable de l'interrompre.
-Je l'aime tellement, murmura Taehyung en se tirant les cheveux, malgré tout le mal qu'on s'est infligé, je suis incapable de le détester. Il a tué mon père, ma mère a été réduite à l'état d'un légume se battant sans la moindre conviction, si ce n'est le désir de rejoindre son mari en se servant de la guerre pour dissimuler sa lâcheté. Ma famille a implosé, et la seule chose que je parviens à penser c'est qu'on l'a totalement mérité.
Le Gryffondor baissa honteusement les yeux au sol, les sanglots enveloppant progressivement sa voix brisée.
-Quel genre de fou suis-je, Harry ? Après l'avoir surprotégé, puis délaissé lorsque mes parents m'ont dévoilé la prophétie dont il faisait l'objet...? À l'annonce de la mort de mon père, j'ai souhaité sa propre fin l'espace de quelques jours, pour me rendre compte plus violemment de l'amour que je lui porte... Quel est mon problème au juste ?
Harry contracta violemment la mâchoire, sa voix s'élevant sans réelle conviction.
-Ton problème, notre problème à tous, c'est qu'on prend des décisions sans penser aux conséquences. Toi comme moi, nous nous sommes éloignés de Baekhyun pour le protéger, de nous, de lui-même, pour au final le fragiliser davantage.
Taehyung acquiesça douloureusement, les souvenirs de son éloignement brutal lui bouffant le coeur, alors qu'il réalisait à quel point sa décision avait été irréfléchie et impulsive.
-Lorsque Baekhyun a été reparti à Serpentard, déclara-t-il d'une voix tremblante, ça m'a terrorisé. Je ne comprenais pas ce que j'avais pu louper, à quel moment l'évidence avait décidé de me fuir, pour me laisser croire qu'il finirait ailleurs. J'ai eu l'impression d'avoir échoué dans mon devoir de grand-frère, pas parce que Baekhyun était un Serpentard, mais parce que j'avais été incapable de le comprendre par moi-même.
Le fracas d'une explosion interrompit brutalement sa tirade, mais il la repris tout aussi vivement, ignorant les cris qui résonnaient dans la Grande Salle, comme possédé.
-J'avais honte, si honte de l'avoir côtoyé pendant onze ans sans parvenir à comprendre qui il était vraiment. C'est ajouté par la suite une lettre de mes parents, en réponse à ma propre missive les informant de la répartition de Baekhyun. Ils m'y expliquaient que je ne devais pas être surpris, que Baekhyun était programmé pour mal tourner. Au début je n'ai pas vraiment compris, mais lorsqu'ils m'ont expliqué, durant les vacances de Noel, que Baekhyun faisait l'objet d'une prophétie, j'ai été incapable de le confronter à nouveau. Tu connais la suite.
Harry hocha nerveusement la tête, faisant le lien avec la prophétie évoquée par Dumbledore, dans le bureau du professeur Halcyone. Taehyung avait toujours refusé de lui révéler la raison de son éloignement brutal et, trop accaparé par sa propre décision de fausser compagnie au jeune serpent, il n'avait pas tenté d'en savoir davantage.
-Le pire, c'est que je t'ai entraîné dans ma bêtise, souffla-t-il, j'ai retiré à Baekhyun son meilleur ami, après l'avoir lâchement abandonné. J'étais tellement aveuglé par cette prophétie que je suis devenu complètement paranoïaque, à l'image de mes parents. Nous craignions tellement de faire quelque chose qui pourrait précipiter sa chute dans les ténèbres, que nous avons préféré complètement l'ignorer, oubliant volontairement le problème, l'étouffant en priant pour que cela suffise à le faire disparaitre. Lorsque Baekhyun a fugué durant les vacances séparant sa cinquième et sa sixième année, mes parents ont cru que c'était terminé, qu'il avait quitté Poudlard pour accomplir sa destinée. C'est ainsi que nous avons réalisé que l'ignorance était tout aussi dangereuse que les actes. Mes parents, qui avaient vécu dans la crainte et l'angoisse de faire un geste de travers, ont très mal vécu ce sacrifice inutile. Ils n'ont jamais réellement détesté Baekhyun, au contraire, ils avaient simplement peur de le condamner d'une quelconque manière. C'est pour cela qu'ils ont toujours été si soucieux à mon égard, ils transvasaient l'amour qu'ils se refusaient de donner à Baekhyun, et moi je ne l'ai réalisé que trop tard.
Harry, boulversé, se sentit honteux de ne pas se retrouver dans le discours de son ami. Taehyung pensait qu'il avait abandonné Baekhyun par solidarité, mais la vérité voulait plutôt qu'il ait ses propres raisons, et que le frère de son béguin y soit totalement ignorant.
Il doutait que le moment soit propice aux confessions, mais Taehyung avait déjà engagé la manoeuvre, et rien ne lui assurait qu'il puisse livrer ses secrets par la suite. L'issue de la guerre était incertaine, et son titre de Survivant ne lui assurait, pas plus qu'à un autre, la suivie face à la bestialité qui régnait sur le champ de bataille.
Il se devait d'être honnête avec son allié de toujours, aussi dérisoire l'aveux pouvait-il paraître compte-tenu des circonstances.
-Taehyung, fit-il du bout des lèvres, si je me suis éloigné de Baekhyun c'est parce-que-
Une secousse brutale interrompit sa confession, qui mourut sous les cris horrifiés des étudiants, tandis que les murs se zébraient de fissures, et que la poussière s'effondrait sur leurs visages ébahis. Derrière les vitraux désormais éclatés, le bouclier magique tombait doucement en pièce, les morceaux s'évaporant dans l'air, dévorés par les flemmes bleutées, les laissant vulnérables face à la fureur de l'ennemi. L'on pouvait entendre, au dessus de l'affolement général, les crépitements assourdissants du dome grignoté à petit feu, son démantèlement progressif se répandant comme une trainée de poudre, sous les regards terrifiés des élèves.
-C'est l'heure, souffla Taehyung, son regard écarquillé scrutant les protections détruites, alors que McGonagall lançait les directives avec assurance.
La Grande Salle fut bientôt vidée de ses occupants, les élèves ayant été répartis en plusieurs unités, dirigées par le corps enseignant. Alors que la directrice, assistée des professeurs Flitwick et Chourave, menait un groupe d'étudiants dans les hautes tours du chateau, Kingsley Shacklebolt et l'Ordre du Phoenix conduisaient les autres dans le parc, les aurors menant la marche pour se positionner au première ligne.
Mais alors que Harry, interpelé par Remus, ouvrait la bouche pour intimer à Taehyung de le suivre, celui-ci pointa du doigt les jumeaux Weasley qui annonçaient se charger des passages secrets de Poudlard.
-Je vais aller avec eux, Harry.
Le dénommé, gagné par une angoisse suffocante, sentit son coeur se rétracter à l'idée de perdre de vue son camarade au cours de la bataille. Dans son dos, James Potter fixait la silhouette de son fils avec des remords bouleversants, se surprenant à être soulagé à l'idée que sa femme, touchée lors de la bataille du Ministère, se trouve dans un coma magique réparateur, la préservant de cette vision cauchemardesque. Il ne parvenait pas à croire qu'il s'apprêtait à laisser son jeune hériter risquer sa vie sur un champ de bataille, mais Harry, désormais majeur, s'était montré intraitable, refusant de se défiler alors que la communauté magique attendait qu'il accomplisse un exploit.
Le coeur au bord des lèvres, l'aurore jeta un coup d'oeil en direction de la veuve Byun, avisant son visage neutre, dépourvu de la moindre émotion. La sorcière n'était plus que l'ombre d'elle-même depuis l'annonce de la mort de son mari, présente physiquement mais comme disparue à l'intérieur. Elle n'avait pas sourcillé lorsque Taehyung s'était porté volontaire pour la bataille, se contentant de fixer son fils d'un regard éteint, comme incapable de discerner ce qui l'entourait.
L'aurore eut une bouffée de pitié à l'égard de la mère de famille, profondément ébranlé par sa destruction morale, elle qui agissait à la manière d'un Inféri guidé par la volonté morbide d'une entité supérieure. Elle ne semblait qu'attendre que son enveloppe charnelle libère son âme éteinte, et il ignora s'il se sentit profondément scandalisé face au désintérêt qu'elle portait à son enfant, ou alors concerné par cette acceptation face à la volonté de leur progéniture de prendre part au combat.
-Harry, l'interpella-t-il avec une fermeté feinte, lorsqu'il le vit sur le point de protester face à la décision de son ami, laisse-le suivre la voie qui lui semble la plus juste. Ta place est aux côtés de l'Ordre du Phoenix.
Merlin qu'il lui en coutait de précipiter son propre fils dans les limbes de la bestialité humaine, lui qui aurait du l'enfermer à double tour dans un endroit sûr, lutant pour l'éloigner de la guerre. Mais James savait qu'il ne pouvait pas s'opposer au destin, celui-ci même qui avait déclaré Harry comme le sauveur de la communauté magique, l'élu de la prophétie, le Survivant miraculé. Qui était-il pour lui refuser sa destinée, lui qui l'avait entrainé tout au long de son adolescence pour faire de lui un combatant, en prévision de cet instant fatidique ? Il avait été le premier à dessiner cette voie sanglante pour son enfant, quel genre d'hypocrite serait-il, s'il se permettait de lui faire la leçon, alors que son héritier s'affichait plus déterminé que jamais à se battre pour ses idéologies encore naives ?
-Tu es sur de toi ? L'entendit-il murmurer avec émotion. Cela pourrait être notre dernière discussion, en as-tu conscience ?
Taehyung esquissa un sourire crispé, son regard hésitant se portant un instant sur Fred et George qui attendaient qu'il prenne sa décision, avant de se reporter sur le faciès dévasté de son plus précieux ami.
-Tu vas me prendre pour un lâche, souffla-t-il avec une douceur amère, mais je ne suis pas sur de réussir à me battre si je me retrouve confronté à lui, et je le connais assez pour savoir qu'il sera en première ligne, dehors, et pas parmi les plus froussards qui tenteront de s'infiltrer dans le chateau pour éviter les coins les plus dangereux.
Harry acquiesça, la tête raide, son regard fixé au loin pour éviter de flancher à la vue de l'expression défaite de son camarade.
Peut-être méritaient-ils ce qui leur arrivait.
-Bonne chance, Taehyung.
Il ne lui laissa que l'occasion d'émettre un soupir étranglé, ses pas le conduisant brutalement vers son père qui l'attendait à l'entrée de la Grande Salle, tandis que son organe vital, resté fermement accroché à la présence regrettée de son ami, hurlait de douleur à l'idée qu'il s'agisse de leur ultime discussion.
Le regard vacillant, rapidement regagné par une flamme déterminée, Harry accueillit sur son épaule la main protectrice de son père, sans jamais se courber, marchant à ses côtés jusqu'au lieu de l'affrontement final.
L'enfant miraculé rendait à la Mort ce qu'il lui avait volé.
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Dissimulé sous le manteau de velours, à l'obscurité parfaite, déployé par la Forêt Interdite, un groupe de trois individus observait calmement le démantèlement progressif du bouclier magique. Leurs respirations, faible bruissement fendant le rideau épais du silence, se matérialisaient discrètement sous la forme d'une condensation fantomatique, brume blanchâtre se mêlant à l'infini néant de leur cachette. Parfois, les explosions magiques dansant dans le ciel, parvenaient à chasser les ténèbres gelées qui entouraient les silhouettes, révélant des faciès figés par le sérieux, bien que différents en tout point.
-Il n'y aura pas de retour en arrière, déclara calmement la plus petite des trois.
Son visage paraissait irradier parmi la suie, telle une lune terrestre, ronde et si éclatante, une étoile peut-être, ou tout simplement un homme. Son regard était pareil à deux pierres précieuses rendues tranchantes par l'expertise de la vie, taillées par la vécu, embellies par la sagesse. Deux perles d'eau englouties par une détermination sans faille, une soif de victoire qui paraissait couler en son être frêle, mais nullement vulnérable, tel un liquide vital. Ce n'était pas le rouge qui inondait ses veines, en revanche, ni l'oxygène qui circulait dans ses vaisseaux. L'encre assombrie par la vengeance pulsait dans son système sanguin, accompagnée des molécules de la ténacité, formant un cocktail explosif de fermeté et et d'hardiesse. Le petit homme étincelait de pouvoir, son corps délicat parcouru de crépitements magiques, explosant en un réseau d'éclairs et de paillettes enivrants, formant une aura déchainée, rendue gargantuesque par l'anticipation.
Il aurait suffi qu'il lève un doigt pour courber le dos de ses accompagnateurs, d'un simple geste négligé de la main pour exiger de ces deux fiers guerriers une soumission totale. Chacun d'entre eux avait parfaitement conscience de cette inégalité de force, et portant ils s'en accommodaient sans jamais y voir une forme de manipulation mesquine. Les deux individus suivaient aveuglément le plus petit du groupe, n'exigeant de lui que l'efficacité tant louée de son incroyable encéphale, et la puissance magique usée à bon escient. Il ne s'agissait pas là d'une hiérarchie, ou d'un vulgaire abus, mais simplement de la conviction de deux hommes ayant accepté de remettre leur vie entre les mains élégantes de l'être en qui ils avaient décidé de placer leur confiance.
-Nous n'avons pas fait tout cela pour nous rétracter au dernier moment, Baekhyun.
Le dénommé esquissa un sourire satisfait, ses lèvres au goût passion se tordant avec charme pour révéler le masque de séducteur qu'il se plaisait tant à revêtir. Assuré, son corps se déplaça jusqu'à frôler la silhouette plus robuste de son camarade, sa traversée élégante ne faisant résonner que l'ombre d'un murmure. Taquin, Baekhyun releva doucement la tête, son sourire enjôleur attaquant sans ménagement l'expression froide de son allié, qui se fissura un instant, avant de regagner son sérieux.
-Ne serait-ce pas présomptueux de ma part de prendre votre fidélité pour acquise, mes amis ? Souffla simplement le noiraud.
Ses boucles réglisses dansèrent sur son front, bousculées par une brise glacée, tandis que son sourire se faisait plus tordu, presque forcé. L'air torturé du mage n'échappa d'ailleurs pas au troisième homme, celui-ci frottant nerveusement sa chevelure blonde, alors qu'il répliquait avec fatalité :
-Tu ne nous feras jamais confiance à Yifan et moi-même, par vrai ?
Baekhyun se mordit la lèvre, son regard chargé de malice se plissant légèrement, alors que l'envie de lui rire au nez secouait brusquement sa poitrine, le cynisme lui brulant la gorge. Il aurait été si mesquin de sa part de lui énumérer toutes les raisons justifiant sa méfiance, le plus grand n'aurait même pas eu de quoi répliquer, conscient que le doute du Serpentard était légitime. Néanmoins, l'ennuie supplanta bien rapidement l'envie de se livrer à la facilité de la brimade, il avait passé l'âge des conflits d'écolier, ou du moins n'éprouvait-il plus le même entrain à l'idée de cracher son venin.
Tout était si insipide, désormais.
-La confiance aveugle est une invention du simple d'esprit, décréta-t-il en dardant un regard farouche sur le blond, je suis assez désespéré pour accepter de me rendre plus vulnérable en vous accordant un minimum de ma charge, mais je ne suis pas sot pour autant.
L'homme hocha simplement de la tête, raide, ne comprenant que trop bien à quel point il lui en incombait de s'en remettre aux autres. La confiance de Baekhyun avait été violentée un nombre trop indécent de fois pour espérer de lui une vision saine de ce concept, il aurait été égoïste de leur part d'attendre de lui un abandon total, lorsque l'on savait à quel point le noiraud avait été détruit par toutes ces relations abusives.
Lui-même était responsable, après tout.
-Pourquoi, reprit le serpent en penchant doucement sa tête sur le côté, pourquoi est-ce si important que je vous fasse totalement confiance ? Je n'exige pas de vous que vous me suiviez aveuglément, je n'essaye pas d'annihiler votre liberté de reflexion. En fait, vous ne me devez rien et je ne vous dois rien. Je suis simplement un tordu refusant la fin que le destin a programmé pour lui, je suis un manipulateur se servant impunément de son entourage pour arriver à ses fins, n'hésitant pas à sacrifier des vies au passage pour mon confort personnel. Je suis un véritable salaud qui ne considérera même pas avoir une dette à votre égard une fois que tout cela sera terminé, alors qu'est-ce que vous faites encore là, finalement ?
Yifan lança un regard entendu en direction de son allié, tous deux se fixant d'un oeil similaire, comme s'ils s'étaient préparés depuis longtemps à cette confrontation. Ils n'étaient pas stupides, n'en déplaise au plus petit qui affirmait sans détours que leur fidélité aveugle était le fruit d'une bêtise incurable. En réalité, ils étaient suffisamment éclairés pour deviner aisément ce que Baekhyun tentait de faire en les confrontant brusquement à la réalité, en leur rappelant vicieusement quelle était sa nature profonde, tout en occultant volontairement le détail qui faisait toute la différence.
-Et toi, pourquoi déploies-tu autant d'efforts pour nous dégouter de ta personne, toi qui es si égoïste et motivé par ton confort personnel ? N'aurais-tu pas intérêt à abuser de tes charmes, comme tu sais si bien le faire, pour t'assurer que l'on te suive dans cette mission suicide jusqu'au bout ? Répliqua posément le vampire.
Le visage de Baekhyun, si assuré jusqu'alors, perdit instantanément de ses couleurs.
-Je crois que c'est précisément le fait qu'il s'agisse d'une mission suicide qui le motive à nous détourner de lui, renchérit le blond, monsieur le mage noir est juste mort de trouille à l'idée de nous perdre, alors il se comporte comme une teigne.
Le voyant sur le point de répliquer, il s'empressa de rajouter :
-Nous t'avons suivi dans ce coffre-fort à Gringotts, gardé par un putain de Dragon qu'on a calmé en agitant un foutu Tintamar dont le bruit hante encore mes oreilles. Là bas, on a failli mourir étouffés sous les objets multipliés par un maléfice de Gemino, tout ça pour voler une coupe cabossée, puis on s'est échappé sur le dos de ce même Dragon furax sous les sortilèges des gardiens. Par la suite, histoire de renouveler notre abonnement avec mademoiselle la faucheuse, on s'est rendu dans une grotte absolument pas accueillante où on a dû affronter des centaines d'Inféris absolument pas pacifiques, et où t'as failli crever en buvant une eau empoisonnée pour récupérer ce putain de médaillon. C'est sans oublier notre charmant séjour au Manoir Malfoy, où on a été traité comme des rois, avec la qualité absolument mémorable du sol des cachots, et les bons soins de Bellatrix Lestrange qui semblait absolument ravie de pouvoir jouer à la poupée avec toi. Et tout ça pour quoi ? Mettre la main sur un vieux journal intime, après avoir bataillé contre les Malfoy et cette timbrée bavant littéralement sur ton "aura dominatrice", pour citer ses hurlements d'hystérique, qui avaient prévenu ton chère compagnon de notre présence au sein du manoir. On continue ou t'as bien saisi à quel point toutes ces péripéties étaient pal-pi-tantes ?
Il balaya d'un geste de la main le visage rouge de honte de son camarade, concluant sur un ton qui n'admettait pas la moindre protestation :
-Tout ça pour dire qu'on ne va pas se défiler, encore moins après tout ce que l'on a traversé. Peut-être que pour toi, la confiance aveugle engage une faiblesse, mais je n'ai pas honte de te dire, Baekhyun, que tu détiens l'exclusivité totale de ma confiance. Alors couine, hurle, crache, fais tout ce que tu veux, mais crois-moi, que je ne te lâcherai plus jamais. C'est compris ?
Baekhyun, trop ébranlé pour formuler une réponse construite, et sentant son regard vaciller sous le poids de l'émotion qui lui enserrait la poitrine, se contenta de tourner le dos à son camarade, dissimulant le sourire soulagé qui lui tordait le visage.
-C'est parfaitement compris.
La main tremblante, il saisit la précieuse sacoche qui reposait contre sa hanche, appréciant le tintement des objets s'entrechoquant dans le tissu, alors qu'il rajoutait du bout des lèvres :
-Merci, Sehun.
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Lorsque Baekhyun pénétra dans le parc du chateau, les aiguilles du temps indiquaient une heure du matin. Les ravages de la bataille se dessinaient déjà à ses pieds, où des corps encore tièdes, déformés par les maléfices, formaient une allée morbide jusqu'à la cour d'entrée, point central de la bataille. Les oreilles bouchées par les hurlements qui résonnaient au loin, et les derniers soupirs des condamnés prostrés au solo, les yeux aveuglés par les éclats meurtriers dansant dans l'air, le nez écorché par l'odeur nauséabonde de la chair brulée et du sang versé, il eut l'impression de sentir jusque dans sa bouche l'atrocité métallique, alors que ses joues devenaient rouges sous les gifles régulières des explosions.
Ses yeux se posèrent sur les quelques géants, seules créatures ayant accepté de seconder le Seigneur des Ténèbres, ligotés par des plantes ensorcelées, leurs grognements assourdissants faisant vibrer l'air, alors que les secousses de leurs corps se répandaient dans la terre. Quelques Acromentules, enfants d'Aragog, avaient subi le même sort, leurs longues pattes poilues s'agitant vers le ciel, alors que leurs dizaines d'yeux vicieux fixaient voracement ce qui les entourait, surplombant leurs crochets enduits de poison, claquant dans le vide. La vision de ces créatures primaires lui arracha un frisson de dégout, alors qu'il avisait les restes humains liquéfiés coincés dans leurs gueules, la chair décorant le poil repoussant de ces bestioles infernales, puis leurs pattes brillant d'un rouge vif, sauvagement récolté. L'une d'elle s'agita de plus belle lorsqu'il passa à proximité, son corps immense se débattant, pris de folie, convulsant d'envie de se jeter sur le jeune mage pour saisir son frêle corps entre ses crochets; et le réduire à l'état d'une masse informe et sanguinolente.
Piqué au vif, Baekhyun darda un regard furieux en direction de cette immondice, peu impressionné par son imposante stature, un "Arania Axumai" s'échappant de ses lèvres, tandis que sa baguette libérait un puissant rayon bleuâtre, qui s'abattit férocement sur l'Acromentule qui retomba, inerte.
Le noiraud reprit son avancé solitaire, la poitrine lourde, ayant perdu l'habitude de combattre sans la presence de Sehun et Yifan. Ces derniers avaient emprunté un passage secret pour pénétrer à l'intérieur du chateau, ayant pour destination la Salle sur Demande, où se dissimulait leur dernier objet de quête.
Fébrile, le mage noir releva la tête en direction du viaduc, où de nombreux corps chutaient, repoussés par les armures enchantées. Dans les tours du château, d'innombrables points lumineux dansaient, témoignant des sortilèges lancés par les sorciers s'étant posté en hauteur pour défendre les murailles. L'on pouvait voir des objets, s'apparentant à d'immenses Mandragores, tomber tels des boulets de canon, assommant quelques ennemis malchanceux. Des traînées charbonneuses, manifestations tangibles du transplanage, s'abattaient régulièrement contre les murs, des kamikazes ayant été envoyés en mission suicide pour fragiliser les défenses de Poudlard. Les ennemis semblaient avoir déserté le parc, aussi fut-il relativement facile de neutraliser les Mangemorts et Aurors qui se dressèrent sur sa route, les uns le considérant comme un traitre, tandis que les autres n'avaient jamais cessé de le voir comme un ennemi.
À peine essoufflé, Baekhyun atteignit les marches menant aux serres du cours de botanique, ses pas le conduisant naturellement sur le chemin familier, qu'il se surprit à regretter, le regard perdu sur la colline abrupte séparant le parc du chateau. Chaque claquement de talon résonnait comme un cran enclenché dans la montée de son appréhension, l'adrénaline s'agitant dans ses veines alors que les murs de l'école se rapprochaient, inexorablement.
Il avait grandi entre ces murs, s'était forgé sous la protection de Poudlard. Le lieu de sorcellerie avait été sa maison de substitution, son refuge au cours de son adolescence. Il y avait découvert tant de choses sur lui-même, qu'il ne pouvait ne serait-ce qu'imaginer se définir sans évoquer l'école. Ce serait comme renier une part conséquente de son identité, ce blason émeraude auquel il avait appartenu, défendant les intérêts du serpent et louant la devise du fondateur Salazar.
« Vous finirez à Serpentard si vous êtes plutôt malin, car ceux-là sont de vrais roublards qui parviennent toujours à leurs fins."
Fierté, ambition et ruse. Il serait réducteur de limiter son identité à ces trois principes, mais Baekhyun, durant tant d'années, s'y était accroché avec une telle force pour donner un sens à son existence, qu'il avait longtemps résumé ce qu'il était aux caractéristiques si controversées de Serpentard. Poudlard avait accueilli ses incertitudes sans jamais le juger, le formant progressivement à sa vie de jeune adulte, lui faisant découvrir pour la première fois la complicité d'une relation amicale, et les faiblesses d'un coeur amoureux.
Il pénétra finalement dans l'enceinte du chateau, encore épargnée par la bataille.
Il se sentait étrangement vide, déambulant à travers les couloirs, tel un automate se dirigeant vers sa destination finale. Il ne parvenait plus à correctement réfléchir, ni à véritablement ressentir. Il n'était plus qu'un condensé de reflexions volatiles, de perceptions fugaces, et de regrets persistants. Les reflexions incohérentes frappaient son crane sans le moindre filtre, faisant de son encéphale un amas de paroles et d'images indépendantes, comme incapable de se focaliser sur une idée précise. Il évoluait, guidé par le seul désir de rejoindre celui qui lui avait été arraché, de mettre fin à cette mascarade persistante. Il n'avait plus le désir du pouvoir, ni de la victoire, ne subsistait de ses ambitions passées que l'arrière-gout acre d'un projet inachevé. Baekhyun ne souhaitait rien d'autre que la présence de sa moitié, imperméable au devenir du monde extérieur, se fichant bien méchamment de l'avenir de la population magique, dont il était responsable, quoi qu'il veuille en penser.
La solitude qui pesait sur ses épaules, alors qu'il redécouvraient les couloirs de Poudlard, semblait avoir éclipsé les artifices dont il s'était vêtu pour faire bonne figure face à ses compagnons de route. La vérité voulait plutôt que le noiraud ne soit plus que l'ombre de lui-même, comme dépouillé de son essence, affaibli par une séparation qui n'avait que trop duré. La poids de son masque n'avait eu de cesse de le fatiguer un peu plus, au cours de sa quête, tandis que l'envie de lâcher prise s'était faite plus prenante, presque suppliante. Il avait redoublé d'effort pour renvoyer une image inchangée de son esprit, craintif d'alerter ses alliés, repoussant toujours plus fermement sa lassitude au profit d'une exagération presque satirique de ce qu'il avait été.
Il était devenu une caricature de lui-même, un Serpentard, un Mage Noir, une simple identité d'usage. Mais désormais, alors que la solitude accompagnait ses déplacements, il s'autorisait à se défaire de cet attirail de masques changeants, pour revêtir la simplicité de sa substance première.
Baekhyun était éreinté. Baekhyun se sentait faiblir.
Byun Baekhyun était incomplet.
Il eut vaguement conscience de sa main s'étant paresseusement agitée pour neutraliser un ennemi qui avait sonné l'alerte en le voyant déambuler dans les couloirs, mais il ignora à quel camp il s'était attaqué. Ses reflexes conduisaient son corps à la dérive, alors que l'envie d'en finir lui martelait la poitrine, supplantant l'excitation familière de la bataille qui se tue brusquement, comme lassée de ce petit jeu redondant.
Il n'avait jamais autant convoité le repos, ni à ce point jalousé la sérénité.
Les corps tombèrent un à un sur son passage, balayés par son aura déchainée, contrastant si sévèrement avec l'ennuie qui inondait son coeur, pulsant par simple nécessité. Le regard vide de Baekhyun demeura fixé sur l'entrée principale, d'où s'extirpaient les hurlements de rage, sa main pendant isolement le long de son corps, laissant sa baguette pointer le sol. Au cours des derniers mètres le séparant de son objectif, il ne fit même pas l'effort d'accorder de l'attention à ses opposants, laissant sa magie, vorace, s'abattre sur les imprudents se risquant à l'interrompre malgré les ondes terrifiantes qu'il dégageait. Sa chevelure ébène virevoltait autour de son faciès placide, encadrant sa douce figure opaline, tel un halo de lumière obscure, mystique. Bientôt, plus personne n'osa s'immiscer sur le chemin du jeune mage, la bataille semblant se jouer au ralenti, presque interrompue par la progression inattendue de cet être indéfinissable, vacillant si singulièrement entre la pureté d'un ange et la démence du déchu.
Lorsqu'il pénétra finalement dans la cour principale, ce fut pour y figer son plus grand ennemi :
le Temps.
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Le revoir fut comme contempler son plus grand échec, et aviser son absence de changements physiques, pareille à une provocation cuisante, lui qui savait que plus rien n'était comme avant.
Chanyeol se tenait face à lui, dans sa glorieuse posture de domination, le pouvoir s'échappant de sa silhouette par vagues successives, clouant littéralement son adversaire au sol. Son regard, ravagé par la folie, analysait avec un plaisir morbide l'impuissance de son opposant, tandis que sa main, cramponnée autour de la baguette de sureau, ancienne propriété de Dumbledore, tremblait tant la pression exercée était phénoménale. Les hurlements de la victime résonnaient à travers la cour principale, comme la défaite du camp de la Lumière, dont les figures illustres, rassemblées sous les arcades, s'affaissaient à mesure que leur représentant courbait le dos face au Seigneur des Ténèbres. Derrière le mage noir, les Mangemorts contemplaient avec mépris l'individu avachi au pied de leur Maître, Lucius et Bellatrix s'imposant à la tête du rassemblement, tels les deux vainqueurs d'une lutte connue de peu.
La bataille s'était figée au moment où le Seigneur des Ténèbres avait défié Harry Potter en combat singulier. Le Survivant, enragé par la vision dont il venait d'être victime, s'était précipité tête la première dans le piège de son ennemi, quittant le corps sur lequel il avait pleuré sous les regards navrés des frères Weasley.
"Il a sauvé Fred", avait murmuré George, la gorge serrée, "c'est un héros. Je suis désolé, Harry".
Baekhyun fixa d'un air absent le corps inanimé de Taehyung, secoué désespérément par la main tremblante de sa génitrice, alors qu'un sentiment étrange s'emparait de sa poitrine jusqu'alors désespérément vide. Personne n'avait accordé un regard en direction de son frère, le laissant là, tel un inconnu au milieu des cadavres non-identifiés, un mort parmi tant d'autres, gisant sur le sol au même titre que les restes des armures ayant défendu le chateau.
Taehyung qu'il avait nombre de fois accusé de s'accaparer toute l'attention, de sans cesse exister à ses dépends, ce frère qu'il avait autant aimé que méprisé, partagé entre l'affection brute et la rancoeur jalouse, venait de s'éteindre dans l'indifférence la plus cruelle, à peine ébranlée par les plaintes hystériques d'une mère au bord de la rupture. Tous avaient les yeux rivés sur leur précieux Survivant, torturé par la main sévère de Chanyeol, délaissé par les adultes qui avaient décrété que ce combat n'était pas le leur.
Un sourire indéchiffrable étira brusquement les lèvres de Baekhyun, contrastant si terriblement avec les larmes qui menaçaient de s'échapper de leur prison aqueuse.
La communauté magique n'était, en fin de compte, qu'un ramassis d'hypocrites couards, préférant déléguer leurs responsabilités à un jeune homme perdu, souffrant d'un complexe du héros décidément bien pratique. Aucun d'entre eux ne valait mieux que les autres, qu'il soit blanc ou noir. Le champ de bataille ne laissait aucune place à l'ambiguïté, révélant, au delà de sa sauvagerie sanglante, la nature enlaidie d'une espèce s'affranchissant de l'identité du sorcier, et que l'on oubliait bien trop souvent de mentionner.
L'Homme.
Il n'y avait que des hommes devant ses yeux, des hommes apeurés, lutant pour une idéologie absurde dont ils avaient depuis longtemps oublié le sens, abrutis par cette violence dans laquelle ils se complaisaient volontairement, avides de conflits, dépourvus du moindre principe, si ce n'était celui du déguisement. Il était si distrayant de les voir gesticuler d'inconfort, étouffant derrière leurs rôles bien définis, suintant de suffisance, de convictions factices, se cachant derrière un camp pour dissimuler leur absence totale de tolérance envers la différence. Ils n'étaient que des sots crachant allègrement sur la diversité d'opinion, de culture et d'origine, incapables d'accepter la singularité, pourtant caractéristique nécessaire de leur espèce.
Il n'y avait pas de bon camp, ni de bon sorcier.
"Il n'y a pas de bien ni de mal, il n'y a que le pouvoir, et ceux qui sont trop faibles pour le rechercher..."
Baekhyun le comprenait, finalement. Son rôle n'appartenait guère aux Ténèbres ou à Lumière. Il s'était efforcé de rentrer dans une case définie par l'intolérance, se prêtant involontairement à ce jeu d'apparence et d'interprétation opposée, voulant absolument se contorsionner pour convenir aux seules possibilités que les principaux concernés avaient consenti à lui accorder. Chanyeol avait fait la même erreur, ne cherchant pas à s'émanciper de cette dualité redondante, préférant asservir ses nobles projets, les livrer à une idéologie qui n'avait jamais été la sienne. Ils avaient été les victimes d'un sytème archaïque, opposant le bien et le mal tels deux extrêmes entre lesquels, d'une manière totalement incohérente et illogique, il ne pouvait subsister un état d'équilibre.
Une prophétie qu'il n'avait jamais entendue s'était appliquée à dicter son existence, que ce soit par le bias de sa famille qui l'avait formaté, bien qu'involontairement, à suivre un chemin opposé au sien, et donc par extension à rejoindre le camp adverse, ou alors sous l'impulsion de son propre inconscient, qui avait pris pour acquis sa prise de decision lorsqu'il avait accepté de rejoindre Chanyeol. Le noiraud s'était lui-même censuré en réduisant son soutien à son amant à une adherence au camp des Ténèbres, il n'avait pas émis la possibilité de construire leur propre parti, se contentant de chercher bêtement à se définir sous l'étendard d'un autre.
Son regard se posa furieusement sur les Mangemorts, incarnation tangible de cette erreur qui leur avait été fatale.
Ils s'étaient approprié l'armée d'un autre, réquisitionnant des partisans qui ne représentaient nullement leur idéologie, mais qui matérialisaient les vestiges des projets d'un autre mage noir. En voulant absolument mener ses propres idéaux sans pour autant prendre pleinement son envole, et clamer son indépendance, Chanyeol s'était condamné, ignorant que l'allégeance première d'un chien ne pouvait tolérer de se faire supplanter par une autre.
Et Lucius, comme Bellatrix, avaient été indéniablement bien dressés.
Baekhyun le savait, désormais, leur place n'était pas ici.
-Cela suffit.
Chanyeol releva lentement la tête dans sa direction, un sourire suffisant s'emparant de ses lèvres pleines, preuve que contrairement aux autres combatants qui partageaient des exclamations de surprise, il avait perçu sa présence dès son arrivée.
Baekhyun n'avait jamais cherché à se dissimuler, après tout.
-Mon compagnon daigne finalement rejoindre la bataille, s'exclama le Seigneur des Ténèbres, son regard amusé étudiant la silhouette gracile du noiraud.
Le concerné avança calmement sous les regards scrutateurs des combatants, ses orbes sévères jugeant avec mépris le spectacle pitoyable auquel il était confronté.
Harry, avachit sur le sol, fut seulement capable de relever la tête en direction du jeune mage, ses émeraude éreintées, dissimulées sous une couche insalubre de crasse et de sang, se posant fébrilement sur le faciès indéchiffrable du nouvel arrivant, sa voix cassée parvenant à peine à murmurer son nom.
-Il y a erreur, répondit platement le Serpentard, je ne suis pas votre compagnon, Voldemort.
Il ignora royalement l'agitation provoquée par sa révélation, son regard enragé, allumé d'une lueur vive, une première depuis qu'il avait perdu Chanyeol, fixé sur le visage trompeur de son adversaire.
Il était temps d'en finir.
Mais alors qu'il s'était attendu à voir naitre une expression ébahie, un froncement de sourcil, ne serait-ce que le moindre froissement trahissant la stupeur de son ennemi, celui-ci siffla avec moquerie, le son agaçant se confondant entre deux éclats de rire, alors qu'il le contemplait de haut, presque...Attendrie.
-J'avoue être étonné Baekhyun, ricana-t-il, se délectant de l'incompréhension qui frappait le visage si agréable du plus jeune, je n'avais pas imaginé que tu réussirais à jouer la comédie aussi longtemps. À vrai dire, j'avais pensé que tu fuirais avant que je n'ai le temps de m'immiscer entre tes cuisses, mais j'ai sous-estimé ta détermination, il est vrai. Qui aurait cru que tu t'offrirais bien docilement tout en sachant qui se cachait derrière le visage de ton amant ?
Baekhyun eut l'impression qu'on venait de lui arracher le coeur. Le souffle court, les poumons écrasés, il jura que son corps s'était violemment rebellé face à la révélation de son adversaire, subissant une autodestruction dévastatrice, comme incapable de soutenir le poids de la vérité. Les yeux écarquillés, la gorge sèche, il dut poser une main devant ses lèvres pour réfréner les nausées qui avaient menacé de lui lacérer la bouche, les vertiges comprimant soudainement sa boite crânienne, alors que des taches commençaient à danser devant ses yeux.
Cela ne pouvait pas être vrai, il ne pouvait pas s'être fait avoir à son propre jeu, il lui était impossible de le tolérer. Baekhyun était incapable d'accepter qu'il ait sacrifié son propre corps, renié son humanité pour une cause perdue d'avance, c'était inenvisageable, une absurdité.
Il mentait, il ne voyait pas d'autres explications. Il serait prêt à se damner pour prouver que cette bouche n'avait de goût que pour le mensonge, il irait vendre son âme écorchée pour s'affranchir de cette monstruosité qui tentait de s'imposer à lui, il offrirait tout ce qu'il avait encore à donner, tout sauf cela, son être entier à l'exception de cette réalité qu'il voulait lui faire avaler. Il n'avait pas trompé Chanyeol en vain, il ne s'était pas volontairement immoler pour découvrir que Voldemort avait toujours eu un coup d'avance sur lui, c'était impossible.
-Vous mentez, murmura-t-il, la douleur lui donnant la sensation terrible de n'être qu'une masse inerte, soumise à son bon vouloir.
Cela ne pouvait pas être vrai, se répétait-il tout en subissant les visions écoeurantes de ses abandons multiples entres les bras de Voldemort, il ne s'en remettrait jamais. Il avait tenu tout au long de ce mois par la simple volonté de le prendre par surprise le jour de l'affrontement, que lui restait-il si ses projets n'avaient eu aucun secret pour son ennemi ? Lui qui avait sacrifié jusqu'à son humanité pour s'accorder la victoire, qu'avait-il encore à donner ?
Un sanglot frappa la poitrine serrée du noiraud, alors que sa propre faiblesse lui explosait en pleine figure.
-Voyons chaton, s'amusa le mage noir tout en se rapprochant lentement de sa silhouette tremblante, je t'ai connu plus résistant que cela. Je ne t'ai même pas encore annoncé le plus drôle, tu ne voudrais pas me gâcher ce plaisir, n'est-ce pas ?
Baekhyun fut incapable de réagir lorsque la main de Chanyeol se posa contra sa joue, cueillant les larmes traitresses qu'il avait été incapable de retenir une seconde de plus. Engourdi, il voulut gémir d'inconfort lorsque l'aura familière de sa moitié se mêla lascivement à la sienne, la sensation rassurante ne faisant que lui rappeler à quel point il avait besoin de lui, combien son absence lui pesait.
-Chanyeol est...Mort, commença-t-il en prenant soin d'appuyer chacun de ses mots, sa langue humectant ses lèvres, trahissant son excitation.
Baekhyun, étourdi, secoua fermement la tête, ne voulant pas en entendre davantage.
-Taisez-vous, je ne vous crois pas, alors arrêtez de-
-Un corps ne peut supporter la presence de deux âmes, l'interrompit sèchement le Seigneur des Ténèbres, une présence multiple cause systématiquement l'implosion de l'enveloppe charnelle. Lorsque je me suis incarné en Chanyeol, j'ai détruit son âme pour prendre le contrôle de son corps, il ne reste strictement plus rien de lui, il n'est plus que néant, tu comprends ?
Baekhyun secoua plus fortement la tête, repoussant avec désespoir ce lien qui l'unissait au mage noir et qui lui assurait, implacable, qu'il s'agissait de la vérité, son aura transpirant cruellement de sincérité.
"Je vais me réveiller, se répétait-il inlassablement, rien de tout cela n'est réel, ce n'est qu'un cauchemar. Je vais me réveiller, et Chanyeol sera près de moi, on quittera ce pays de malheur et on disparaîtra loin de tout cela. Je vais me réveiller, je dois me réveiller...Merlin, sortez moi de là, par pitié, ne m'abandonnez pas...".
Il avait atteint ses limite, c'était terminé.
-Tu sais que je dis la vérité, Baekhyun, souffla la voix victorieuse de Voldemort, tu le sais et tu t'en remets à Merlin pour échapper à ton destin, au fond de toi tu sais que tu as perdu, et tu en connais parfaitement la raison. Mais comme tu ne veux pas affronter la réalité, je vais me faire un plaisir de t'aider.
Le menton ruisselant de larme du noiraud fut saisi, la honte s'échouant sur son corps définitivement brisé, l'envie d'en finir s'imposant à son esprit complètement anéanti par la douleur et la fatalité.
-Je suis ton compagnon, siffla-t-il avec force, ta magie est liée à la mienne, tu n'as jamais été la moitié de Chanyeol, il n'était que le receptacle de l'Horcruxe que tu as reconnu comme étant ton compagnon. Maintenant que son âme est éteinte et la mienne en pleine possession de son corps, tu ne peux plus nier l'évidence. Tu es ma moitié Baekhyun, tu m'appartiens.
C'était la fin.
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Un hurlement résonna, glaçant le sang des combatants qui assistèrent, impuissant, à l'acte qui scella la guerre.
Yifan brandi victorieusement la tête de Nagini, serpent et Horcruxe de Voldemort, coupée à l'aide de l'epée de Gryffondor, tandis que Sehun jetait aux pieds de Baekhyun un sac en tissu dont le contenu se déversa au sol, révélant un journal abîmé, le médaillon de Serpentard, la coupe de Poufsouffle, et le diadème de Serdaigle.
Pour la première fois depuis le début de la confrontation, les yeux du Seigneur des Ténèbres exprimèrent l'ébahissement, son visage volé se tordant d'un sentiment de peur, bien vite éclipsé par la rage. Furieuse, sa main s'enroula autour de la gorge de Baekhyun, soulevant le corps léger d'une poigne de fer, alors qu'il crachait avec hargne :
-Comment as-tu osé, petite chienne !
Pourtant, en dépit de la douleur, Baekhyun se contenta de fixer le corps affaibli d'Harry, sa baguette se soulevant doucement alors que les regrets lui martyrisaient le coeur.
-Je suis désolé, souffla-t-il d'une voix cassée.
Le sortilège de mort s'abattit férocement sur le Survivant, l'affaissement brutal de son corps et le relâchement de ses muscles faisant écho au hurlement de douleur de Voldemort qui desserra sa prise, laissant au noiraud l'opportunité de l'envoyer au sol.
-Harry était aussi un Horcruxe, murmura-t-il, vous l'avez crée le soir de votre défaite, lorsque vous avez tenté de le tuer.
Sa baguette pointa vivement les autres objets jetés à terre, tandis que la formule du Feudeymon franchissait ses lèvres, sous les hurlements agonisants de son adversaire.
Les flammes noires engloutir voracement les derniers Horcruxes, leurs crépitements éternels supplantant les cris s'échappant du gouffre béant qu'était la bouche tordue de Chanyeol.
Elles ne cesseraient de bruler tant qu'elles n'auraient pas été suffisamment rassasiées, et cette évidence sonna le gond du rempli. Les sorciers commencèrent à fuir, sachant l'incendie inévitable, tandis que certains, plus lents, et ayant été pris pas surprise par les flammes, furent condamnés à bruler jusqu'à ce qu'il ne reste d'eux que le parfait néant de leur existence entièrement consumée. Lucius et Bellatrix ces malheureux, leurs corps rongés par l'appétit insatiable du Feudeymon, sous le regard indifférent de Baekhyun, qui voyait des anciens camarades de classe se faire piéger la les flammes, la chaleur suffocante se répandant à une vitesse exponentielle.
Les professeurs de Poudlard refusèrent de transplanter pour fuir le désastre, sachant que la plupart des élèves n'avait pas encore été formée à cette branche de la magie, les condamnant à périr sous les crocs affamés du maléfice. Baekhyun fut témoin du sacrifice de Mcgonagal, Flitwick et Chourave, qui tentèrent de repousser les flammes pour sauver un groupe d'étudiants, de la perte de James Potter et de la plupart des membres de l'Ordre du Phoenix, qui défendirent le blason des lions jusqu'à leur dernier soupir.
Sa propre mère mourut sous son regard indifférent, berçant le corps inanimé de Taehyung tout en fredonnant une comptine qu'il ne souvenait pas avoir entendue durant son enfance. Il observa les visages familiers de la famille Weasley se faire dévorer par le Feudeymon, cherchant à travers toutes ces têtes connues, deux figures bien particulières, qui ne pointèrent jamais le bout de leur nez.
Malgré le paysage chaotique qui se dessinait sous son regard éreinté, les cris qui lui déchiraient les tympans et les jurons de Voldemort, agonisant à ses pieds, Baekhyun se permit d'esquisser un sourire, rassuré.
Ils n'étaient pas là.
Ses orbes à la pureté trompeuse se posèrent sur l'illustre chateau de Poudlard en proie aux flammes, l'observant s'éteindre à petit feu, disparaissant sous les grignotages orangées, sa pierre robuste noircissant, et ses charpentes élégantes se consumant en un feu d'artifice crépusculaire, noyé dans la fumée. Il y vit ses souvenir devenir cendres, son identité de Serpentard disparaitre les laissant lui et son nom, seuls, face au renouveau d'un phoenix en combustion.
Sehun et Yifan avaient disparu, ne restait dorénavant plus qu'eux.
-C'est terminé, chantonna-t-il, les yeux perdus en direction du ciel en plein éveil.
L'aurore avait commencé à chasser l'encre opaque de la nuit, ses teintes agrumes se mêlant au brasier de Poudlard, faisant des flammes un élément anecdotique du tableau matinal de la nature, car telle était leur place.
C'était magnifique.
-Nous avons perdu, Chanyeol, nous avons tout perdu, fredonna-t-il de plus belle.
Leurs rêves venaient de disparaître à travers l'incendie, personne ne ressortirait vainqueur de cette querelle infinie.
-Il est temps de partir, conclut-il, ses yeux se fermant, paisibles.
Le sortilège de mort faucha le corps agité du mage noir, le laissant seul, face à l'immensité du mur de feu.
L'unique chose que Baekhyun perçut, lorsqu'il s'allongea contre le corps inerte de Chanyeol, insensible à la propagation des flammes, fut un crack familier, suivi d'un silence reposant.
Son rôle s'achevait ici.
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On se retrouve demain pour l'épilogue. ;)
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