Chapitre 35
Ce n'était pas ainsi qu'il l'avait imaginée, ni de cette manière qu'il aurait pensé la rejoindre. Pourtant, elle s'était présentée à lui, subitement, sa vivacité fugace le frappant avant même qu'il n'ait eu le temps de le réaliser. Elle s'était apparentée à une étoile filante, sa blancheur immaculée inondant sa vison aveugle, chassant le stéréotype du noir absolu, pour imposer un néant étonnement lumineux. Leur rencontre n'avait été ni douloureuse, ni synonyme d'un défilement soudain de l'ensemble de son existence sous ses yeux ébahis. Antinomique à ses croyances, elle s'était imposée à lui avec douceur, l'emprisonnant de son étreinte chaleureuse, sa lourde présence écrasant son corps dans l'enveloppe de ses bras pâles, frêles mais incroyablement denses à la fois. Il lui avait semblé perdre contact avec la réalité, frappé par sa chaleur singulière, son esprit chassé de son enveloppe charnelle, capturé par la langueur au gout acidulé de fatalité, diffusée par son parfum indéfinissable.
Le blanc l'avait envahi, investissant sa vision en quête du moindre relief, la plus infime trace d'ombre pour lui permettre de situer son propre corps. Il était aveugle, ne percevant qu'une continuité lactescente, à l'immensité infinie, qui sonnait pourtant comme la fin de tout.
Sa propre fin, présentée à lui sous la forme d'une toile vierge, comme si tout n'était plus que rien, et rien plus que tout, indissociables. Un état intermédiaire entre la conscience de soi et l'absence d'existence, une perception du soi dans sa forme la plus sincère, inaccessible en temps voulu. Nulle sensation pour alerter son esprit, l'observation simpliste du "moi", perdu ici et nul part à la fois. C'était déroutant, et d'une logique imparable pourtant, indescriptible, mais explicable.
La Mort ne semblait pas avoir grand chose à raconter. Elle se contentait d'emporter ses victimes et de les laisser là, nul part, ici peut-être, ou bien en aucun lieu. Son absence de loquacité et de réelle apparence coupaient court à toute perception, plongeant l'esprit dans un état intermédiaire, en dehors de l'espace et du temps.
Ainsi, lorsque Baekhyun vit se dessiner une silhouette au loin, un point minuscule, à peine perceptible, mais tranchant brutalement avec le néant, il fut en capacité de se questionner sur la durée de son état léthargique. Subitement, il prit conscience de son corps, droit comme un i, ses yeux se posant avec confusion sur ses pieds ancrés au sol, alors que son reflet apparaissait progressivement sur le marbre. Surpris par les battements frénétiques de son coeur, tambourinements déroutant faisant vibrer sa poitrine, il se crispa à l'entente de plus en plus précise des claquements de talons sur le sol. Puis, il sentit ses yeux se plisser pour tenter d'apercevoir plus nettement la silhouette, prenant conscience du souffle qui s'échappait de ses lèvres gercées, et du bruissement dérangeant produit par ses vêtements, à chaque geste de sa part.
Il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait, n'était-il pas censé être mort ? Comment pouvait-il cesser d'exister et se défaire de l'inconscience, quelques indénombrables secondes plus tard ?
Ses questions furent balayées par l'apparition qui se présenta finalement sous son regard confus, ses orbes irrités scrutant avec incompréhension la robe excentrique du nouvel arrivant, presque sensibles face à la couleur jaune criarde du tissu tapissé d'abeilles. La longue barbe neigeuse dissimulait à peine son sourire complice, surplombé par un nez aquilin, décoré de lunettes en forme de demi-lunes encadrant deux pupilles pétillantes, indéniablement familière.
-Professeur Dumbledore, souffla-t-il, sursautant involontairement à l'entente de sa propre voix, que faites-vous ici ?
Le vieux mage croisa calmement ses mains dans son dos, son sourire fendant plus franchement sa barbe soigneusement démêlée. Baekhyun avait l'impression de paraître incroyablement sot face à l'assurance du directeur, sa sérénité apparente rendant son incompréhension presque discordante et inappropriée. Désappointé, le noiraud se mordit nerveusement la lèvre, la piqure soudaine faisant fourmiller son visage engourdi.
-Et pourquoi ne serais-je pas là, monsieur Byun ?
Le dénommé retint à la dernière seconde un gémissement plaintif, se sentant bien trop déboussolé pour supporter les devinettes du leader de la Lumière.
Son pied se mit à taper machinalement sur le marbre, les vibrations faisant trembler sa jambe encore faible, bien qu'il tenta de dissimuler sa vulnérabilité passagère.
-Nous sommes morts, n'est-ce pas ? Enchaîna-t-il sans préambule , l'impatience chauffant dans ses veines, démangeant péniblement sa peau tendue à l'extrême.
Il se crispa à l'entente du rire discret de Dumbledore, la voix chevrotante du vieil homme écorchant ses tympans encore sensibles, suscitant un cocktail explosif d'incompréhension et de frustration.
-Ah Monsieur Byun, s'amusa-t-il en caressant pensivement sa barbe, votre facilité à parler de votre propre trépas vous sied indéniablement, même si je dois avouer qu'il est fort amusant de vous répondre que vous faites fausse route.
Le jeune mage ne se priva pas d'écarquilles les yeux, le désarroi frappant son faciès jusqu'alors impassible, s'attirant un regard hilare en provenance de son ancien directeur.
L'homme restait fidèle à lui-même, menant la discussion d'un ton léger, contrastant terriblement avec la raison morbide qui était à l'origine de leur confrontation. Paré de sa jovialité presque indécente compte-tenu des derniers événement, le voir accompagner son numéro habituel d'une dégustation de bonbons au citron aurait rendu le tableau parfait, si ce n'est plus dérangeant. Dumbledore lui souriait avec sincérité, les plissements de sa peau ridée encadrant son regard rieur, brillant d'un mélange doux-acide d'espoir et de fatalité. Il lui apparaissait usé et incroyablement vivant à la fois, sa posture légèrement voutée éclipsée par la vivacité de ses billes sages, emplies d'une connaissance patiemment cultivée.
-Je... Fit-il, partagé entre l'agacement et la curiosité...Ne comprends pas.
Dumbledore amorça une avancée dans une direction aléatoire, l'obligeant à lui emboîter le pas pour poursuivre la discussion. Les mains toujours croisées dans son dos, le directeur marchait la tête haute, son regard perdu sur l'infini néant immaculé, ayant légèrement perdu de son éclat depuis son apparition. Le noiraud, intrigué, se contentait de l'observer, ses propres talons répétant avec précision le tempo imposé par le mage.
-Une phrase étonnante de votre part Monsieur Byun, déclara pensivement le vieil homme.
Le concerné se sentit rougir d'embarras, la perpective de paraître idiot aux yeux de son accompagnateur suscitant un sentiment indigné dans sa poitrine. Il n'appréciait pas devoir dévoiler son ignorance d'une manière aussi délibérée, c'était comme céder à son adversaire la confession de sa vulnérabilité momentanée. Dumbledore dominait la situation, se présentant comme le plus savant des deux, et c'était cette connaissance précise qui marquait sa supériorité, celle à laquelle il cherchait à accéder, le plaçant en position de demande, et donc de faiblesse.
D'une manière presque imperceptible, une lueur rosée se diffusa autour d'eux, suscitant un sourire compatissant de la part de Dumbledore.
-Vous n'avez pas à vous sentir gêné, je suis responsable de cette discussion dans votre esprit, vous ne pouviez pas deviner que le sort que je vous avais envoyé aurait cet effet précis.
-Mon esprit ? Répéta le Serpentard, incrédule, vous voulez dire que tout ce qu'il se passe actuellement se déroule dans ma tête ?
Bien qu'il aurait imaginé cela impossible, le sourire du directeur se rehaussa un peu plus.
-C'est l'idée, Monsieur Byun.
Alors qu'il songeait aux conséquences impliquées par cette vérité, le plus jeune remarquait pour la première fois les teintes changeantes de l'atmosphère, celle-ci se parant subitement d'une teinte d'un bleu outremer, s'assombrissant à mesure qu'il y réfléchissait.
-Donc, je ne suis pas mort ?
Il s'agissait plus d'un constat que d'une réelle interrogation, aussi voulait-il s'assurer malgré tout de l'efficacité de son raisonnement, indifférent aux rayonnements jaunâtres qui perçaient à travers l'immaculée de l'environnement.
-Vous ne devriez pas douter de vos capacités, le sermonna gentiment le mage, mais si cela peut vous rassurer : vous n'êtes pas mort, en effet.
Baekhyun pinça prestement les lèvres, désirant contenir le soupir de soulagement qui avait menacé de lui échapper. Le regard fuyant, comme conscient qu'il pourrait le trahir, il étudia avec plus d'attention ce qui s'apparentait désormais plus à des murs immenses qu'à une étendue infinie, notant la timide teinte émeraude qui zigzaguait sur leur surface. Elle était à peine perceptible, faisant écho au soulagement qui inondait sa poitrine, mais qu'il tentait difficilement de contenir, jugeant s'être suffisamment dévoilé face aux billes inquisitrices de son ancien directeur. Il était à la fois rassuré, se sachant désormais victorieux face à la faucheuse, mais également partagé par un sentiment d'inquiétude suscitée par son absence de connaissances face à la situation actuelle.
-Si nous sommes dans mon esprit, qu'en est-il de mon corps ? Et que faites-vous là ? Etes vous réel, où un simple délire ? S'enquit-il.
Dumbledore hocha la tête, comme pour valider la pertinence de ses interrogations.
-Vous n'avez rien à craindre pour votre enveloppe charnelle, vue de l'extérieur vous êtes plongé dans un comas magique. Quant à ma présence ici, il s'agit de la conséquence du sort que je vous ai lancé avant que Tom ne me tue.
Baekhyun arrêta subitement sa progression, son regard écarquillé scrutant le dos vouté du mage blanc, la gorge nouée par l'anarchie confuse, tiraillant douloureusement, si bien qu'il eut du mal à articuler.
-Tom ? Répéta-t-il.
Il se souvenait avoir déjà entendu ce prénom dans la bouche du vieil homme, lors de leur confrontation dans le bureau de Chanyeol, lorsqu'il avait suggéré à son amant que le fameux Tom avait du lui enseigner que le destin était inéluctable. Evidement, il était bien placé pour savoir que l'unique personne ayant pu détenir ce rôle de précepteur dans la vie de sa moitié était connue sous une identité crainte de la population, néanmoins il préférait attendre la confirmation de Dumbledore, ne voulant pas lui livrer des informations contre son gré, même si à l'heure actuelle, il doutait que le détenteur de l'Ordre de Merlin puisse s'en servir contre lui.
-Ah, soupira le concerné, la vieillisse paraissant le rattraper d'un coup, tandis qu'il se courbait un peu plus, abattu, il est vrai que cela fait des années qu'il a fait taire son véritable prénom. Voldemort n'a jamais accepté ses origines.
-Alors vous saviez.
Il ignorait quoi en penser. Dumbledore paraissait avoir cerné la supercherie en un regard, c'était à la fois fascinant, et terriblement sinistre.
L'homme était-il aussi aveugle qu'il l'avait laissé paraître jusqu'à présent ? Assurément que non, il serait même prêt à parier, désormais, qu'il avait toujours eu un coup d'avance sur eux. Il n'avait jamais désiré se servir de son avantage pour les arrêter, jugeant vain de tenter de modifier le destin. Sa manière de résonner était sans le moindre doute unique, et trop complexe pour qu'il ne s'essaye à la déchiffrer. Il était une évidence que Dumbledore emporterait ses secrets jusque dans sa tombe, demeurant jusqu'à la fin cette figure énigmatique, aux projets aussi floues que ses phrases aux sens multiples.
-J'ai assez côtoyé Tom pour le reconnaitre lorsqu'il se présente à moi, répondit calmement le mage en reprenant sa progression, ses déguisements sont bien peu efficaces, et son style de combat unique.
Baekhyun acquiesça simplement, ne voyant pas l'intérêt de s'attarder sur le sujet. Il n'y avait rien que Dumbledore ne puisse lui apprendre concernant cette tromperie, il avait eu l'occasion de l'étudier durant un mois entier, après tout.
-Vous êtes mort, n'est-ce pas ? Poursuivit-il sans s'embarrasser de la diplomatie. J'ai vu le sortilège vous toucher, comment pouvez-vous être là ? Ou plutôt, comment marche le sort que vous m'avez lancé, exactement ?
Heureusement, il n'eut pas à attendre une éternité avant que Dumbledore ne satisfasse sa curiosité, notant simplement l'amusement indécent qui illuminait ses pupilles, alors qu'il lui répondait sur un ton relativement amical :
-Je le suis, Monsieur Byun. Lord Voldemort m'a défait avec une facilité écrasante, et vous n'y êtes pas étranger, puisque c'est votre magie, précisément, qui lui a permis de décupler sa propre force.
Il n'y avait aucune trace d'accusation dans sa voix, seulement le constat irréfutable de la complicité du noiraud vis-à-vis de son meurtre. Et même si Baekhyun savait que le vieil homme ne lui en tenait absolument pas rigueur, il ne put s'empêcher d'être atrocement embarrassé, jugeant leur dialogue pour le moins morbide.
-Enfin, poursuivit-il gaiement, j'étais de toute manière condamné, voyez-vous. Vous avez simplement abrégé mes souffrances, si cela peut apaiser votre conscience.
Baekhyun, honteux, fut incapable de répondre, la source de ses tourments lui apparaissant comme l'une des choses les plus pernicieuses qu'il ait eu à éprouver au cours de son existence. Il ignorait si son ancien directeur avait conscience de sa véritable culpabilité, alors que son coeur demeurait désespérément neutre à l'idée d'avoir participé à son assassinat.
-Le sort que je vous ai lancé est très complexe, reprit le mage, il s'agit d'un rituel ancien, ni blanc ou noir, consistant à projeter son esprit dans celui de la cible. Evidement, son effet varie en fonction du désir du lanceur, mais je peux vous assurer que mon seul objectif était d'entretenir cette dernière discussion avec vous, avant de trouver la paix.
-Pourquoi ? Répondit un peu trop brutalement le noiraud, l'idée d'avoir été envahi par une présence étrangère, à la manière d'un parasite, le mettant mal à l'aise. Pourquoi vouliez-vous me parler ? Je ne comprends pas ce que vous y gagnez. Vous êtes mort.
Evidement, l'indélicatesse de ses paroles était gratuite et peu légitime face à la bienveillance dont l'homme faisait preuve depuis le début de la confrontation. Néanmoins, il avait l'impression dérangeante que son intimité avait été violée par les projets farfelus du glucosé, ne voyant son intrusion que comme un caprice inutile, visant à culpabiliser le Serpentard avant de définitivement disparaître.
-Si vous êtes ici pour me tourmenter, reprit-il entre ses dents serrées, c'est inutile. Vous voulez savoir la vérité ? Je n'éprouve aucun remord, aussi bien pour vous que pour mon père.
L'aveux fut terrible, car empreint d'une vérité qui le blessa plus qu'il ne l'aurait imaginé. Il se sentit monstrueux, si inhumain face à l'indifférence qu'il éprouvait à l'idée d'avoir tué deux hommes. Il aurait dû avoir la nausée face à son geste, se sentir moins glorieux que la saleté qui recouvrait ses semelles ayant piétiné les corps étendus sur le sol du Ministère. En vérité, il subissait tout cela, mais pas pour les bonnes raisons. Sa culpabilité naissante s'abreuvait de son incapacité à regretter son geste.
Aussi bien Dumbledore que son géniteur avaient été ses ennemis depuis le lancement de la guerre, des obstacles à la réalisation des projets qu'il partageait avec Chanyeol. Il s'était fait à l'idée de devoir tacher ses mains, même s'il avait tenté de retarder l'échéance, craintif de ce qu'il pourrait éprouver face au meurtre, et non pas l'acte en lui-même. Il avait observé les Mangemorts et les Aurors s'entretuer, notant sans grandes surprises leur envie commune d'expédier leurs adversaires de l'autre côté. Les sortilèges de mort n'avaient pas été exclusifs au camp des Ténèbres, bien au contraire, la Lumière en avait abusé avec tout autant de ferveur, contredisant les idées préconçues que l'on se faisait à son sujet.
La mort de Dumbledore n'avait pas été un acte contingent, mais une nécessité de la guerre qu'ils menaient. Quant à celle de son père, elle représentait certainement une symbolique bien moins excusable, puisque résultant d'un caprice qui n'aurait rien changé au dénouement de la bataille. Il l'avait tué par simple vengeance, influencé par la magie noire, certes, mais elle n'avait fait que faire ressortir les pensées les plus sombres qui l'habitaient. Elle n'avait rien crée, elle s'était contentée d'exacerber ce qu'il éprouvait au préalable, et il s'était fait dépasser par son influence. N'ayant à l'esprit que la souffrance qui lui bouffait leur coeur depuis sa plus tendre enfance, cette injustice qui avait su creuser en lui pour s'implanter en profondeur, le tourmentant nuit et jour, il n'avait songé qu'à obtenir réparation. Désormais, il ne parvenait pas à le regretter, et cela le détruisait. Son organe vital demeurait désespérément neutre, insensible aux remords qui auraient dû l'envahir, comme figé par la douleur que lui avait infligée son géniteur au cours de sa vie, une armure crée aux dépens de l'homme, et qui avait signé son arrêt de mort. La volonté de son père de le rejeter, cette manière dont il l'avait violenté moralement, cette brutalité qui lui avait arraché des larmes le soir, alors qu'il attendait qu'il vienne l'embrasser et lui souhaiter une bonne nuit... Toute cette rancoeur qu'il avait accumulée l'avait rendu insensible face à son sort. Alors qu'il tentait de se persuader que ce n'était pas normal de ne rien éprouver, son encéphale lui renvoyait les scènes de brimade, les anniversaires ignorés, les Noël passés dans la solitude d'une bibliothèque poussiéreuse, l'éducation qu'il n'avait reçue que par l'intermédiaire des livres, les regards de dégouts, les repas qu'il avait du préparer seul, les blessures qu'il avait été contraint d'apprendre à soigner par lui-même, les maladies qui avaient failli l'emporter en l'absence de soins, les gifles assénées sur ses joues anesthésiées, lorsqu'il avait interrompu des discussions importantes...
Brusquement, alors qu'il s'était pensé capable de demeurer impassible, une fraicheur inattendue inonda progressivement ses joues, l'humidité soudaine lui arrachant un sursaut, tandis qu'il portait une main tremblante à son visage. Déboussolé, Baekhyun observa son doigt mouillé, un sanglot secouant soudainement sa gorge, alors qu'une chaleur insoutenable faisant pulser son crâne, ses yeux faisant face au visage flou de Dumbledore.
-La culpabilité, déclara pensivement son ancien directeur, est un ennemi ancestral de l'homme. Et même s'il est bon de savoir en faire abstraction pour continuer à avancer, parfois il est nécessaire de la laisser triompher pour se souvenir, humble, qu'avant d'être des soldats, nous sommes tous des êtres humains.
Il se détourna, son geste naturel faisant presque passer inaperçu son désir de lui accorder un peu d'intimité, et Baekhyun lui fut reconnaissant de ne pas exploiter sa faiblesse passagère.
En quête de son masque, le noiraud s'appliqua à sécher ses larmes traitresses, relativisant du mieux qu'il pouvait, se résonnant sur la nécessité de laisser exploser ses émotions refoulées à un moment où un autre. Il avait accumulé une quantité indécente d'anxiété, de dégout et de douleur au cours des dernières semaines, il aurait du se douter que la bataille aurait un impact psychologique assez conséquent pour faire déborder cette case précieuse, où il avait noyé ses tourments. Il pouvait les sentir désormais, se déversant impunément dans ses veines, emplissant son coeur, noyant ses poumons, martyrisant sa conscience maintenant qu'ils en avaient l'occasion. Le tsunami avait pris de l'ampleur, alimenté par son déni persistant, faisant d'une simple vague passagère, un monstre dévastateur l'ayant obligé à reconnaitre qu'il n'allait pas aussi bien qu'il voulait le prétendre. Quoi de plus prévisible ? Baekhyun avait beau refouler son humanité pour gagner en efficacité stratégique, il demeurait malgré tout un homme, aussi vulnérable que les autres, aux caprices de ses émotions. Il avait vécu la perte, l'humiliation, les sévices aussi bien mentaux que physiques, la torture de la retenue et de l'oubli de soi au profit de la victoire... Il aurait été d'une bêtise honteuse d'affirmer que les attouchements de Voldemort l'avaient laissé indifférent, que le rôle qu'il avait endossé ne l'avait pas profondément endommagé. Malgré son embarras suscité à l'idée de craquer maintenant, alors qu'il aurait souhaité durer jusqu'au bout, il reconnaissait être soulagé que ses barrières cèdent dans l'intimité de son esprit, et non en présence du mage noir.
Ignorant la brulure qui piquait ses yeux, Baekhyun essuya la dernière perle lacrymale, la rougeur anormale de ses orbes, seul vestiges de son affaiblissement momentané. Il devait se ressaisir, il n'avait pas le droit de se laisser aller maintenant, alors que tout restait encore à accomplir. Il avait pu décharger une partie de son poids, et c'était un réelle bénédiction, mais il se devait de poursuivre sa route.
-Je me doute que le temps nous est compté, déclara-t-il finalement, satisfait de la fermeté nouvelle de sa voix, alors répondez-moi. Que voulez-vous ?
Dumbledore se retourna vers lui, son air complice ayant disparu au profit d'une mine coupable, comme s'il regrettait de devoir répondre à sa question.
-Je veux que vous terminiez ce que j'ai commencé.
Déboussolé, Baekhyun dut se faire violence pour ne pas faire un pas en arrière.
-Je sais ce que vous pensez, reprit sévèrement le mage lorsqu'il le vit sur le point de protester, et non monsieur Byun, je ne suis pas fou, simplement...Hors jeu,
Le Serpnetard fut surpris de le voir banaliser sa propre mort avec une telle aisance. Néanmoins, lorsque l'on était âgé de plusieurs siècles, à l'image de Dumbledore, il se doutait que l'approche que l'on se faisait de la faucheuse était bien moins dramatique, si ce n'était même résignée.
Cependant, il ne parvenait pas à saisir ses motivations, et cela l'agaçait. Qu'espérait-il en demandant à son ennemi de l'assister? Il devait bien se douter que Baekhyun n'aurait aucune envie d'oeuvrer pour la Lumière, alors pourquoi l'avoir choisi lui, et pas l'un de ses alliés ?
Subitement, les yeux du noiraud s'écarquillèrent, tandis que le seul intérêt susceptible de les mettre d'accord s'imposait à son esprit.
-C'est en rapport avec Voldemort, n'est-ce pas ?
Le vieil homme esquissa un mince sourire, ses yeux l'observant d'une manière indéchiffrable, à peine dissimulés par ses lunettes en demi-lune.
-Vous êtes intelligent monsieur Byun, et nous partageons tous deux un objectif, même si la raison qui vous pousse à vouloir arrêter Voldemort, est sans le moindre doute différente de la mienne.
-Ne perdons pas de temps avec cela, fit fermement le jeune homme en balayant le constat d'un geste négligé de la main, nous avons manifestement des intérêts communs, et vous une solution au problème. Je suis prêt à mettre de coté l'incongruité de l'alliance, puisque de toute manière vous ne serez pas là pour me la rappeler.
Il avait besoin de se réaffirmer, plus que nécessaire, pour faire oublier son instant de faiblesse.
-Dites-moi ce que vous avez en tête.
Dumbledore croisa calmement ses mains, la réponse fendant finalement l'épais mutisme qui s'était déployé autour de leurs silhouettes.
-Il serait plus simple de vous le montrer directement.
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Lorsque Baekhyun ouvrit les yeux, il fut surpris de constater que les murs blancs de son esprit avaient été remplacés par un décors familier.
Il avisa ainsi les voutes gotique imposantes, les tableaux vivants animants la pierre, paysage en patchwork faisant office de tapisserie. Les armoires étaient toujours aussi nombreuses et débordantes d'objets singuliers, le contenu menaçant de se jeter au sol, tant les reliques anciennes, amassées au fil du temps, remplissaient les étagères. Le perchoir de Fumseck brillait avec exubérance, sous le lustre crépitant de mille bougies, le Phoenix scrutant la pièce du haut de sa perche, son plumage cramoisi rivalisant avec la vivacité des flammes. Subitement, la créature dardas ses yeux minuscules, d'un noir aveuglant, dans sa direction, le faisant amorcer un mouvement de recul.
-N'ayez crainte, le rassura Dumbledore, l'homme étant apparu brusquement à ses cotés, les souvenirs ne peuvent pas nous voir.
Baekhyun fixa Fumseck d'un air dubitatif, l'impression dérangeante que l'oiseau l'observait le dissuadant de s'avancer vers lui.
Son attention fut néanmoins rapidement détournée, le son caractéristique d'une conversation ne tardant pas à envahir ses oreilles, à mesure que deux silhouettes brumeuses se dessinaient sous ses yeux. La première se condensa pour revêtir le visage exténué de Dumbledore, assis derrière son bureau, alors que Severus Rogue se manifestait en posant brutalement ses mains sur la surface en bois, son nez proéminent dangereusement incliné vers le bas, tandis qu'il menaçait le mage de toute sa hauteur.
-Qu'avez-vous fait, Albus ?! S'insurgea-il, ses lèvres tremblantes attestant d'une perte de contrôle qui surprit le jeune homme. Vous êtes parti en pleine nuit, Merlin ne sait où, et vous voilà désormais plus mort que vivant !
Baekhyun avisa ainsi la mine blême de la silhouette fantomatique, se faisant la réflexion que ce n'était pas la projection qui était à l'origine de cette perte de couleur inquiétante.
-Je me suis chargé d'une affaire que j'aurais du régler depuis longtemps, déclara gravement le directeur de Pouldard.
Appuyant ses dires, le vieil homme ouvrit l'un des tiroirs de son bureau, déposant victorieusement une bague, sertie d'une obsidienne frappée d'un symbole singulier. Baekhyun, estomaqué, reconnu immédiatement l'enchevêtrement caractéristique des Reliques de la Mort, un fin triangle scindé par un trait vertical, renfermant un cercle parfaitement proportionné.
-Impossible, chuchota le professeur de potion, le tient plus livide qu'à l'accoutumé, c'est bien...?
-La pierre de Résurrection, l'une des Reliques de la Mort, oui, confirma sereinement le mage.
Rogue parut s'appuyer plus par difficultés que par fureur sur le bureau, son visage cireux, creusé par les ombres projetées par les bougies, se mêlant à sa chevelure ébène luisante, plaquée contre son crâne en une absence d'entretien flagrante. L'homme paraissait avoir pris vingt-ans en une fraction de secondes, les cernes ornant ses yeux minuscules, traçant un demi cercle violacé sous ses orbes exténués, bouffis par la fatigue.
-C'était également l'un des Horcruxes de Voldemort, perdu dans les décombres de la maison des Gaunt, sa famille maternelle. Elle appartenait à Morfin Gaunt, jusqu'à ce qu'il ne lui la vole et le fasse accuser du meurtre de son père, Tom Jedusor Sr., ainsi que de ses grands-parents paternels.
Dumbledore retroussa la manche qui dissimulait l'une de ses mains, dévoilant sous le regard horrifié du potionniste une chair nécrosée, parcourue par des veines devenues noires, dont l'obscurcissement semblait commencer à progresser le long de son avant-bras.
-Malheureux, balbutia Severus tout en étudiant d'un oeil critique la membre noirci, notant la marque plus prononcée autour d'un de ses doigts, ne me dites pas que vous avez été assez orgueilleux pour la porter ?
Face au silence du mage, il ne put s'empêcher de pousser un juron, sa langue acérée pestant allègrement contre l'imprudence du vieil homme, tandis qu'il examinait sa main à l'aide de diverses formules issues de la magie curative.
-Pauvre fou, prétentieux et arrogant, déblatérait-il comme il l'aurait fait à l'égard d'un étudiant ayant fait exploser son chaudron, le Seigneur des Ténèbres a dû protéger son Horcruxe grâce à de la magie noire, votre main est fichue.
-Et ça se propage, Severus.
Dumbledore avait prononcé ce constat d'un air empreint de fatalité, son visage, exténué, à peine rehaussé par le pétillement habituel de ses pupilles malicieuses.
Figé, le dénommé arrêta un instant ses sortilèges de diagnostique, les insultes restant exceptionnellement bloquées au fond de sa gorge, malgré la rage qui froissait ses traits tendus à l'extrême.
Spectateur de la scène, Baekhyun comprit, lorsqu'il avisa les lèvres pincées de son professeur, que le verdict allait être sans appel.
-C'est incurable, Albus.
Rogue se laissa tomber contre l'un des sièges, toute prestance envolée, son regard vitreux bloqué sur le membre nécrosé, alternant entre la vison de la chair morte et la bague calcinée, toujours posée sur le bureau.
-Combien de temps ? S'enquit simplement le condamné.
La terreur des cahots pinça un peu plus fortement les lèvres, les mots s'échappant de sa bouche avec difficulté, comme s'il peinait à concrétiser ses pensées.
-6 mois, un an tout au plus, si je parviens à retarder la propagation de la malédiction. Mais ce serait vous contraindre à endurer plus longtemps cette souffrance.
-Faites-le, ordonna fermement Dumbledore, après avoir replacé la bague dans le tiroir.
Rogue écarquilla des yeux, son corps se redressant furieusement, déployant son ombre sur le visage éreinté du vieil homme.
-Vous avez perdu la tête, siffla-t-il, je ne veux pas me rendre complice de ce spectacle pitoyable.
-J'ai déjà détruit un Horcruxe, le résonna calmement le mourant en faisant référence à la bague de Gaunt, et j'ai mes idées quant à l'emplacement des autres artéfacts. Avant de partir, je dois m'assurer d'avoir suffisamment avancer dans ma tache pour que celui qui prendra ma relève n'ait pas à accomplir le plus difficile. Je connais Tom mieux que quiconque, je suis le seul à pouvoir identifier les lieux où il a dissimulé ses Horcruxes.
Rogue renifla avec dédain, son expression méprisante dissimulant savamment la bouffée de chagrin que l'annonce de la mort de son ancien mentor, brutale, avait suscité en lui.
-Si vous songez à Potter, cracha-t-il avec dégout, vous feriez mieux de revoir vos plans. Le gamin est effronté, impulsif et aussi médiocre que son père. Il serait incapable de comprendre les enjeux de cette chasse, trop occupé à profiter de sa célébrité et à faire de Pouldard le terrain de jeu de sa paresse intellectuelle.
Baekhyun ne fut pas surpris du discours de Rogue, ayant eu l'occasion de constater à quel point l'homme haïssait son ancien meilleur ami, la faute à son père et son parrain, Sirius, disait-il. Néanmoins, il avait toujours considéré le potionniste assez intelligent pour ne pas se laisser berner par les apparences, et était étonné de le voir dépeindre un portrait aussi erroné d'Harry, bien que le concerné souffre de défauts tout aussi agaçants certes, mais bien différents de ceux énoncés. Il était stupéfiant de constater à quel point la rancoeur pouvait influencer des choix de vie, ainsi que des opinions, même chez les plus brillants d'entre eux
Jetant un coup d'oeil en direction de l'esprit de Dumbledore, celui-ci observant calmement la scène, il se demanda ce que le mage pensait du Survivant, lui qui paraissait lui avoir réservé une place de choix dans la guerre.
-Harry aura son rôle à jouer, c'est une évidence. Que cela vous plaise ou non, Serverus.
Dumbledore ferma brièvement les yeux, et l'espace d'un instant, la pensée irrationnelle qu'il se soit subitement éteint lui effleura l'esprit.
-Quoi qu'il en soit, quelqu'un devra poursuivre le travail là où je l'aurais laissé, reprit-il, j'aviserai le moment venu. Voldemort peut revenir d'un instant à l'autre, sous n'importe quelle forme. Tant que ses Horcruxes existeront, nous devrons vivre avec l'incertitude d'un éventuel retour.
-Cela justifie-t-il que vous gâchiez votre vie, Albus ?
Le mage parut considérer sérieusement la question, la fatigue délaissant progressivement son visage au profit d'un air bienveillant, alors qu'il répondait avec conviction.
-Cela fait bien longtemps que je ne vis que pour le plus Grand Bien, mon ami.
Ce fut sous le chant funeste de Fumseck que la scène s'évapora dans une tornade d'encre, jusqu'à ce que sa vison se résume à la contemplation privilégiée des ténèbres, une seconde maison.
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Baekhyun pouvait sentir l'épaisseur cotonneuse clouant son corps paralysé, l'impression que du plomb avait été déversé dans ses veines, rendant de simples inspirations aussi douloureuses que des lacérations. Conscient du confort du matelas sur lequel il était allongé, il se sentait comme prisonnier de sa douceur moelleuse, la sensation d'étouffer faisant s'accélérer son rythme cardiaque, l'alarme de son coeur résonnant péniblement dans sa boite crânienne émiettée par la souffrance. Il entendit à peine le grognement qui s'échappa de ses lèvres, ses oreilles bourdonnant en un bruit strident continu, tandis qu'il prenait conscience de la sécheresse qui grattait terriblement sa gorge, ses lèvres gercées paraissant soudées entre elles.
Une main s'était posée sur son épaule, secouant son corps engourdi avec une vivacité anormale, pressée, comme si l'instigateur de ce réveil désagréable le brutalisait pour le prévenir d'un danger.
Comprenant qu'il était dans son intérêt de se réveiller, et cela en dépit de son état de confusion déplorable, Baekhyun laissa son instinct de suivi guider ses mouvements, ses orbes irrités rencontrant la lueur tamisée des chandelles. Il eut à peine le temps de reconnaitre la chambre du manoir de Chanyeol, qu'un visage familier se pencha dans sa direction, lui soufflant avec un empressement anxiogène :
-Lève-toi, on a pas beaucoup de temps !
Fronçant les sourcils, les vertiges l'empêchant de convenablement raisonner, Baekhyun parvint tant bien que mal à décoller ses lèvres asséchées, sa voix râpant douloureusement sa gorge :
-Yifan ?
Il tenta de se relever, ignorant l'air particulièrement angoissé du vampire, mais dut suspendre son geste lorsque sa tête menaça d'imploser.
-Bordel, geint-il en pressant faiblement ses tempes de ses deux mains, ce rustre y est pas allé de main morte.
Il aurait voulu maudire Dumbledore pour sa manière indélicate de pénétrer un esprit, l'idée incongrue que l'homme continuait à l'observer de là où il était le poussant à considérer cette possibilité, mais le ton affolé de Yifan le ramena brutalement à la réalité.
-Tu feras le ronchon plus tard, on doit partir, et vite. Tu peux marcher ?
Baekhyun, n'appréciant pas qu'on le bouscule alors que de toute évidence, il n'était pas en pleine possession de ses moyens, envoya un regard noir en direction du plus âgé, un gémissement passant la barrière de ses lèvres lorsque sa tête pulsa de plus belle, le froncement de ses sourcils ayant suffi à raviver la douleur.
-J'ai l'impression que ma cervelle tente de s'échapper de mon crâne, cracha-t-il, et mon corps est aussi réactif que celui d'une larve. Je te laisse tirer tes propres conclusions.
Il n'eut pas le loisir d'en ajouter davantage, malgré son inspiration soudaine, puisque Yifan souffla bruyamment avant de l'attraper entre ses bras, ignorant les grognements étouffés du plus petit qu'il plaça avec précaution sur son dos. Faisant fi des insultes vociférées au creux de son oreille, la créature s'assura de l'équilibre de leur position avant d'amorcer quelques pas vers la sortie, récupérant au passage la baguette du sorcier, posée sur la commode, alors que le concerné jurait de plus belle.
-Lâche-moi, connard. Je te jure qu'à l'instant même où je récupère mes forces, je plante mes ongles dans tes yeux pour résonner à main nue le strangulot qui te sert de cerveau.
-Charmant, renifla Yifan tout en poussant la porte.
Baekhyun grogna une énième fois, la douleur scindant son crâne en deux, le faisant gémir d'inconfort, si bien qu'il fourra son nez dans la nuque du vampire, laissant ses plaintes s'échouer plus discrètement contre sa peau.
-Au moins, même si tu souffres le martyr, reprit-il, je suis rassuré de constater que tu es toujours aussi exécrable qu'à l'accoutumé, c'est encourageant.
Baekhyun se contenta de marmonner une réponse incompréhensible, tenta de réfréner entre deux insultes les feulements qui lui irritaient la gorge.
-Tu es resté dans le comas deux jours, poursuivit Yifan, sa voix basse et sa manière de se déplacer lui faisant comprendre qu'il ne voulait pas être repérer, et tu n'as même pas idée de l'ampleur des dégâts. Ton compagnon a pris le contrôle du Ministère, les soldats de la Lumière ont fui dès que Dumbledore a été défait, probablement vers Poudlard, où se déroulera bientôt la prochaine attaque. Aujourd'hui, les créatures magiques ont fait le déplacement pour négocier leurs droits auprès du nouveau dirigeant de l'Angleterre, et je dois dire que je ne m'attendais pas à un tel retournement de situation.
Baekhyun parvenait à percevoir de plus en plus précisément les cris de rage qui résonnaient au rez-de-chaussé, son coeur s'accélérant à mesure que les bruits de lute emplissaient ses tympans.
-Ton compagnon est revenu sur tous ses engagements, il nous a ordonné de retourner à nos vies d'ermites, sans quoi nous subirions le même sort que les Aurors au Ministère.
Baekhyun ne parvint même pas à feindre la surprise, trop affaibli pour s'essayer à la comédie.
Il s'était douté que les projets de Voldemort contrasteraient avec ceux de Chanyeol. Là où son amant était un idéaliste perdu, lutant pour faire entendre ses convictions, quitte à se salir les mains, le Seigneur des Ténèbres ne nourrissait que désir de destruction. Le combat qu'il menait n'était motivé que par le sadisme et la mégalomanie, il se contentait de profiter du plaisir éphémère suscité par les batailles, multipliant les bains de sang, sans nourrir de réels objectifs. Il n'avait que faire du sort des Créatures Magiques, et s'était contenté de les exploiter avant de les jeter à l'oubli, décision qu'il devait même juger généreuse, compte-tenu de son aversion pour le sang impur. Le noiraud ne serait pas étonné de l'entendre argumenter à propos de son immense mansuétude, lui qui avait gracieusement offert à ces êtres immondes le repli, alors qu'il aurait pu se contenter de les éliminer. Chanyeol se battait par nécessité, là où Voldemort bataillait pour sa distraction personnelle.
-C'est bien ce que je pensais, souffla le vampire lorsqu'il avisa son absence de réaction.
Il s'arrêta brusquement, plaquant son corps derrière une colonne, alors qu'un sort fusait dans leur direction, éraflant la pierre.
-Il dégageait une odeur étrange, reprit-il après avoir jeté un coup d'oeil en contrebas, un mélange de souffre et de décomposition. Je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué, et certains représentants, hurlant à l'usurpation, ont engagé les hostilités.
Yifan reprit sa progression prudente, visiblement peu perturbé par le poids échoué contre son dos.
-Très bien, tu as raison ce n'est pas Chanyeol. Mais ça ne m'explique pas pourquoi tu n'es pas en bas, avec tes camarades. Qu'espères-tu en me "kidnappant" ?
Il avait volontairement exagéré la situation, fidèle à son sarcasme habituel, mais la réponse de son ami refroidit considérablement ses ardeurs.
-Crois-moi, je ne le fais pas par plaisir. Mais j'ai remarqué la manière dont il te regardait, tu représentes quelques chose de précieux à ses yeux. Cela ne m'avait pas interpelé, puisque je pensais avoir affaire à Chanyeol, mais maintenant que je sais que ce n'est pas lui, je réalises que tu constitues un bon moyen de négociation.
Baekhyun se contenta de lever les yeux au ciel, pas particulièrement outré par les manigances du vampire, mais plutôt ennuyé de se retrouver mêlé à ses conflits, alors qu'il avait une quête à accomplir.
-Tu ne sais même pas contre qui tu te bats, objecta-t-il sereinement, à ta place je ne serais pas aussi sûr de moi, je ne suis rien pour lui. Aussi, ce n'est pas que ta présence me gêne, mais j'ai beaucoup trop de travail pour me plier sagement à tes directives.
-Je te promets que ce contre-temps n'altérera pas tes projets, tu sais très bien que je te porte de l'affection, Baekhyun.
Le dénommé ouvrit la bouche pour vivement protester, ayant du mal à imaginer que les idées suicidaires de la créature ne lui fassent pas prendre un retard terrible, avant qu'une réaction plus sournoise ne s'impose à son esprit en plein éveil.
-Tu promets que ça ne m'empêchera pas de mener à bien mes plans ?
Après tout, que pourrait bien lui refuser Yifan après l'avoir extirpé de son lit, et mis en danger en provoquant sciemment la colère du Seigneur des Ténèbres ? Il n'éprouvait aucun scrupule à se servir de lui pour obtenir ce qu'il voulait, car fallait-il le souligner, ce n'était pas comme si le vampire avait pris une telle considération en planifiant son enlèvement.
-Evidemment, souffla le concerné tandis qu'il empruntait un escalier reculé, éloigné de l'agitation environnante, tu as ma parole, je ferai tout pour que ça ne te nuise pas, tu n'es pas mon prisonnier.
Les sourcils de Baekhyun se froncèrent lorsqu'il remarqua la présence d'une silhouette encapuchonnée, celle-ci menaçant de sa baguette le corps inerte d'un des Mangemorts chargés de surveiller les entrées du manoir. Elancée, et recouverte intégralement d'une lourde cape noir veloutée, laissant deviner sa carrure athlétique, il crut apparoir quelques mèches imbibés d'un éclat solaire, avant que l'individu ne baisse la tête vers le sol.
-Et lui, fit-il en désignant l'inconnu du menton, c'est ton allié ?
Yifan accorda un bref signe de la tête en direction du sorcier, celui-ci se décalant sur le coté pour lui laisser l'accès à la porte.
-Il a su se monter fiable, il nous accompagnera jusqu'aux terres des Vampires où tu resteras jusqu'à ce que le nouveau Ministre accepte d'écouter les revendications des créatures, se justifia-t-il.
Mais alors qu'il posait un pied dehors, leur accompagnateur fermant la porte après leur passage, Baekhyun esquissa un sourire malicieux, sa main tapotant gentiment la joue creuse du vampire, alors qu'il déclarait avec condescendance :
-Navré, chéri, mais moi et les projets que tu t'es juré d'assister avons rendez-vous ailleurs. À moins que tu ne sois un menteur ?
Figé, Yifan jeta un coup d'oeil incrédule dans sa direction, une pointe d'agacement froissant ses traits à l'accoutumé neutres.
-Tu sais que je n'ai qu'une parole, grogna-t-il, vexé de s'être fait avoir aussi facilement, ton habilité à obtenir ce que tu veux me surprendra toujours. Quelle est la destination ?
Baekhyun fut incapable de contenir son sourire suffisant, l'excitation accompagnant son air hautain, ses joues se teintant d'une douce couleur grenadine, fouettées par la brise glaciale d'un vent libre. Sa chevelure réglisse ondulait au rythme des coups de cravache, lui rappelant à chaque claque gelée la sensation grisante de délivrance. Pour la première fois depuis un mois, il parvenait à percevoir l'immensité vertigineuse du monde qui l'entourait, conscient des innombrables destinations qui s'offraient à lui, et qu'il s'apprêtait à réduire à une unique voie, disposant du plein pouvoir décisionnel, ivre de ce potentiel infini qui se présentait sous son regard déterminé, et qu'il allait remodeler au gré de ses envies.
Son rôle n'était plus, et son masque avait été abandonné sur le sol du Ministère, se confondant avec les corps inertes des soldats. Il ne restait que lui désormais, lui et son désir de vaincre, lui et son ambition, lui et son alliée la plus fidèle, celle qui pulsait dans l'air, accompagnant sa destiné.
Se hissant sur ses bras pour rehausser son corps, lui permettant ainsi d'observer le paysage sans que sa vison soit obstruée par la tête de Yifan, Baekhyun déclara avec fermeté :
-Gringotts.
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A votre avis, que veut faire Baekhyun à Gringotts ? Ou plutôt...Que va-t-il aller chercher ? ;3
J'espère que vous avez appréciez ce chapitre, je ne sais pas trop quoi en penser pour ma part haha, si ce n'est que c'est l'avant dernier et que...Mince, j'arrive pas à réaliser que Tenebrae va bientôt toucher à sa fin.
Je garde mon discours pour le dernier chapitre, mais sachez que je suis déjà émue haha.
Merci pour votre fidèle lecture ~
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