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Chapitre XXI

Empire de Donya, cinq jours plus tard

Shazar était parvenu à panser la plaie de Xi ; ils sortaient désormais d'un bon repos de cinq jours, cloîtrés tout le long dans une cave à l'abri du vent et des intempéries. Grâce à la spécialité en médecine de Loë qui leur avait fournis des cataplasmes optimisés, son « semi-égorgement » s'était assez refermé pour qu'elle puisse bouger.

Puisque Loë était certainement en sécurité, ils avaient décidé de continuer leur chemin. Ils trottaient donc désormais vers les marécages dans le profond espoir de ne plus se faire repérer. Bien des frondaisons les protégeaient du ciel bleu de ce début d'automne. Shazar rapprocha son cheval de Xi lorsque leur chemin de terre battue se resserra et que les ronces frôlèrent les pattes de l'animal.

— Là-bas-bas, expliqua-t-il, il y a ce qu'on appelle des tortues rouges : elles ont des propriétés médicinales intéressantes. Je ne peux pas en extraire quoi que ce soit de moi-même. Cependant, des alchimistes du coin les exploitent. Et on aura besoin de soins, face aux Sangliers Géants...

Elle se contenta d'acquiescer – il ne lui en tint pas rigueur. Loë n'était plus là, Phoe n'était plus là, elle avait tué trois personnes, et ils étaient probablement coursés. Une profonde concentration modelait ses traits. Dans sa tête ne devait s'imposer qu'un seul objectif : retrouver Phoe, puis faire demi-tour.

Un tel comportement tranchait tant avec sa personnalité que Shazar, même en ne la connaissant que depuis une poignée de semaines, pleurait ses paroles tranchantes désormais obscurcies par un calme effroyable.

Un pesant mutisme suivit leur excuse de dialogue. Un vent frais s'insinua entre les mailles de la cotte de Shazar et secoua les feuillées pourpres au-dessus d'eux ; des bruissements s'élevèrent autour des deux camarades. Le jeune homme déglutit avec malaise, mais rien n'y fit : sa gorge ne se dénoua pas, ses entrailles continuèrent de se contracter, et son coffre s'usa un peu plus à chaque battement de cœur. Et, à l'image de ceux-ci, le sentier se rétrécit, puis s'élargit, puis se rétrécit, puis se découpa en deux chemins.

Ce bois avait beau être éparse, il ne leur dévoilait pas la destination que les deux routes leur offraient. Xi sortit leur carte sans attendre, et l'examina de près.

— Pas d'indication sur ce bois, renifla-t-elle bien vite. On joue à trou-trou ?

— Je ne sais pas..., rit nerveusement Shazar.

— C'est décidé, alors. J'ai toujours préféré prendre à gauche.

Là-dessus repartit-elle au trot ; il la suivit en silence, la tête basse. Les craquements du bosquet continuèrent de les harceler, à manquer de le faire sursauter. Sa monture d'apparence si courageuse frétillait parfois aussi. Même un mort aurait pu sentir la tension les compressant.

Leur chemin, ici, ne différa pas de celui que leur aurait offert la droite. La nature semblait certes plus vive, plus bruyante, et peut-être aurait-elle fait profil bas de l'autre côté, mais cela importait peu.

Alors, si cela « importait peu », pourquoi le jeune bûcheron étouffait-il de plus en plus ? Quelque chose est étrange, autour ? Il étudia la nuque rasée de Xi, qui avançait sans regarder en arrière. Est-ce que je devrais lui demander si, elle aussi, elle ressent quelque chose d'étrange ? Il ouvrit la bouche, pour la refermer dans la seconde. Non, non. Elle a assez de problèmes comme ça...

Il ravala donc ses inquiétudes, pour les vomir l'instant d'après. Xi tira son sabre d'un coup et le planta sèchement dans le sol : il sursauta aussitôt.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?! s'affola-t-il.

— Par terre !

Il baissa nerveusement les yeux. Le sentier était spongieux, plus verdâtre... et des boules en sortaient avec lenteur. Cinq, dix, vingt, cinquante, il ne compta plus. Elles les encerclèrent dans une labeur terrifiante : il béa dès qu'il reconnut la carapace écarlate des Tortues Rouges.

Depuis quand ce sont des animaux agressifs ?!

— Il suffit de passer au galop ! s'exclama-t-il.

— Les chevaux vont s'embourber, il faut être prudents. Merde... Merde ! ragea-t-elle. T'as pas une potion qui peut servir d'explosif ?!

Son équidé se cabra dès que l'une des créatures planta son bec au-dessus de son sabot. Bien évidemment, des explosifs, Shazar n'en avait pas. Et d'après elle, on ne peut pas galoper ? Elle compte faire comment, alors ?!

Au même instant sauta-t-elle à terre : elle planta sa lame dans un autre monstre, grimaça quand du sang éclaboussa son pantalon et trancha l'air d'un vif geste circulaire. Six autres animaux reculèrent en gémissant, les pattes arrachées ou le visage balafré ou la carapace éclatée. Mais d'autres surgirent tels des larves, remplaçant leurs compagnons.

Humains contre tortues se démenèrent comme des demeurés de longs moments. Ce combat était ridicule. Manquer de glisser sur la boue, planter des être de vingt centimètres de diamètre, retenir les chevaux de partir : comment diable un affrontement si loufoque avait-il pu tourner au dynamique ?

Shazar abattit une nouvelle fois son épée avant de se figer sur place. Il venait de se souvenir d'informations un poil importantes : le bec de ces saloperies était venimeux, et elles étaient plus soudées que jamais lorsqu'elles se déplaçaient en groupe.

Il plongea derechef sa main à terre, attrapa une créature par le cou et la montra aux autres.

— Maintenant, dégagez ! rugit-il.

Xi le regarda avec des yeux ronds : il devait ressembler à un fou, à étrangler ainsi une tortue face à une cinquantaine d'autres congénères. Leur donner un tel ordre, les menacer de la sorte, devait sembler d'autant plus absurde. Et pourtant, la marée sauvage de parasites recula, puis s'enfouit de nouveau sous le sol flasque.

— Vraiment... ? s'étouffa la jeune femme.

Elle regarda ensuite le cheval de Shazar. Il commençait à ployer sous la jambe que les tortues avaient mordue. Je suis un idiot, un vrai idiot ! Les Tortues Rouges n'étaient pas au programme, mais quand même, j'aurais pu me remémorer ces deux caractéristiques ! J'étais bien trop concentré sur notre santé, bien trop inquiet pour notre sécurité...

— Shazar. Est-ce que tu peux m'expliquer comment tu as fait... ça, et pourquoi ton cheval est dans un tel état ?

Il lui décrivit donc la façon dont ces êtres se rapprochaient et se protégeaient tant, une fois en groupe ; il passa ensuite à leur venin. Il ne savait pas combien de tortues avaient mordu son destrier pour le mettre ainsi à genoux, mais la scène n'était pas belle à voir.

— En bref, répéta une Xi estomaquée, on va garder ta tortue en guise de passeport spécial marécages, jusqu'à trouver un village où l'échanger contre du matériel... ? Et ton cheval ?

— Soit on y va à pied, soit on partage un canasson.

Elle désigna le sien, l'œil plissé.

— Monte, alors. On y va. Pas de temps à perdre, siffla-t-elle.

Après un dernier regard dégoûté vers la boue, elle grimpa sur sa selle, et il se plaça derrière elle. Plus ils avancèrent, plus les marécages s'approfondirent, plus les arbres s'éclaircirent pour laisser la place à des bouts de terrains et des ruisseaux artificiels.

Si l'équidé ne fléchit pas sous le poids des deux individus, il manqua bien des fois de glisser sur la terre spongieuse. Une odeur âcre s'élevait des flaques de vase et des nids de poule encore indisciplinés par l'Homme ; lorsqu'ils passèrent devant un arbre ployant sous l'âge, Shazar jura voir un petit sanglier éventré au sein de ses racines à découvert. Il se pinça le nez et braqua son regard à sa gauche.

Ce spectacle suffocant transcendait l'horizon même. Ses yeux ne rencontraient qu'un cimetière de bouts de forêt et de parcelles de terrain abandonnées. La lente brume les suivant de près renforça petit à petit son malaise ; chaque seconde, il s'attendait à ce qu'on surgisse d'un buisson rabougri pour leur planter une lame en plein cœur.

« Ruisseaux artificiels », « parterres aménagés » : le petit bout de paysage qu'avait daigné dévoiler le bois s'avéra bien mensonger.

— Shazar, posa soudain Xi.

Il sursauta derechef, le cœur frénétique.

— Tu entends ?

— Entends... ? Entendre quoi ? débita-t-il.

— Il y a des bruits dans le sol.

Leur odorat et leur vue, à la poubelle : ils laissèrent toute leur place à leur ouïe. Et en effet, des choses gargouillaient dans la fange. D'autres Tortues Rouges, se persuada-t-il. Il batailla contre ses nerfs à fleur de peau pour ne pas urger Xi à faire demi-tour.

À la place, il prit son courage à deux mains et posa sa tortue sur ses genoux, à la vue de toutes ses potentielles congénères. À sa plus grande stupeur, un silence de mort tomba sur eux au bout d'une poignée de secondes. Son pari payait : ces bêtes n'allaient pas les attaquer s'ils avaient l'une de leurs consœurs en otage.

À partir de cette victoire de rien, leur chemin apparut si clair, si limpide – s'il mettait de côté la fragrance mordicante nécrosant ses narines. Le bûcheron parvint enfin à se focaliser sur l'un de leurs problèmes principaux.

Où dormir ?

Se reposer de nuit dans les gâtines se résumait à foncer dans les bras de la Mort, avec le nombre de saloperies rampant par-ci par-là. Animal, bactéries, et il en passait : pire idée du siècle. Leur seul échappatoire était de trouver un bout de civilisation...

— Il y a une cabane, annonça Xi.

... sur lequel ils tombèrent plus vite que prévu.

Shazar étudia, éberlué, une maisonnette aux cloisons boisées et tordues se tenir au bord d'une rivière bien plus droite. La jeune femme encouragea son cheval sans attendre : il navigua entre mares, creux et branchages mous avant d'arriver face à cette habitation bien mise à mal.

Non... Il y a des choses intéressantes, par là, réalisa Shazar. Ils ne tombaient pas sur la sombre demeure d'une quelconque sorcière sortie d'un conte : des barrières droites encadraient la propriété, et des vaches domestiquées broutaient autour. Et surtout, surtout, un chemin partait de la façade du foyer. Un chemin solide, soutenu par des planches et des ponts.

Les Dieux soient loués... Ses poumons se relâchèrent enfin, au bout d'une excuse d'apnée de trois bonnes heures. Il exhala comme s'il sortait d'une longue plongée. Sa camarade lui jeta une œillade, mais ne commenta pas le moins du monde. Dès que leurs destriers posèrent leurs sabots sur de la terre potable, ils descendirent à leur tour. Shazar crut se briser la cheville en rencontrant ce sol ferme.

— Ces saloperies de marécages..., rit-il nerveusement.

Cependant, il ne rit pas longtemps. Xi dégainait son sabre et étudiait les environs d'un œil acéré. Cherchait-elle les propriétaires du lieu ? Le ciel commençait à s'assombrir : si les habitants tombaient nez-à-nez avec une personne armée, ils allaient fuir, et non les aider.

Il lui siffla ces pauvres indications. Si elle céda, sa main se tint toujours prête à prendre les armes. Shazar racla sa gorge sèche.

— Il y a quelqu'un ? demanda-t-il d'une voix forte.

— Oh.

Il bondit en arrière : une voix d'homme venait de s'échapper du perron. Un trentenaire chauve et sans tresse, à la barbe noire fournie, passait sa tête anguleuse au travers de la porte.

— Navré, on ne peut pas vous accueillir ici, expliqua-t-il d'avance. Par contre, on peut vous donner des torches.

Il désigna le sentier aménagé.

— Il va jusqu'à un village carrefour. Vous cherchez la capitale ?

— La Forêt du Nord, posa Xi.

Il la dévisagea avec des yeux ronds.

— Avec les Sangliers Géants ?! Vous êtes fous ! Déjà un miracle que vous ayez survécu aux Tortues Rouges !

— Ce village mène à la Forêt du Nord ? insista-t-elle sourdement.

Il fronça le nez, irrité.

— Oui, il y a une voie – mais je vous le déconseille vivement !

— Monsieur, contra-t-elle d'un timbre plat. Je suis armée. Arrivée première du Tournoi Martial Inter-Empires. Vos sangliers, je peux les esquiver.

— Et les Papillons ?

Shazar lui-même haussa les sourcils.

— Les papillons ? répéta-t-il, confus. Quoi, les papillons ?

— Vous ne connaissez vraiment pas le pays, ma parole... Champions ou pas, sans connaissance, vous foncez dans le mur !

— Pas le temps, intervint Xi. Pouvez-vous développer ?

L'individu se gratta le crâne, l'air bien embêté.

— Papillons Dévoreurs d'Âme, grincha-t-il. Que l'un vous touche, et il aspirera votre âme pour se dédoubler. Des milliers de gens sont morts ainsi – et des milliers de ces conneries, nées au passage ! Êtes-vous suicidaires ?

— Juste tenaces, répondit-elle. Un moyen de les contourner ?

— Je ne suis pas une encyclopédie. Demandez au bourg, y a des spécialistes. Mais n'y allez pas, murmura-t-il.

Xi comme Shazar se raidirent à l'entente de son ton rauque. C'était la douche froide. Ce type devait en avoir entendu des vertes et des pas mûres.

Il retourna dans sa maison là-dessus, laissant les deux voyageurs dans la nuit tombante. Ils échangèrent un regard troublé : allait-on vraiment les laisser là comme des pantins ? Ce gars-là, comptait-il les jeter à leur sort sans s'en mêler le moins du monde ?

Comment lui en vouloir... ? pensa Shazar. Il ne doit pas croiser beaucoup de monde. Et qu'on ne veuille pas suivre Xi dans ses dingueries, ni même les effleurer, est plutôt sensé. Il se résigna à faire volte-face et emprunter la route qu'on leur avait désignée. Au même instant, la porte de la maison s'ouvrit de nouveau, et l'inconnu leur tendit deux torches.

Il paraissait toujours aussi réticent, sa face se tordait toujours sous le dégoût. Et pourtant, il leur offrait cette petite aide. Cela ne devait pas lui coûter grand-chose, mais pour Xi et Shazar, de la lumière était crucial.

— Là, tout droit, village, abrégea-t-on sèchement. Bon courage, et faites demi-tour juste après votre première nuit à l'auberge !

Il leur claqua la porte au nez là-dessus. Xi n'attendit pas une seconde pour remonter en selle, là où Shazar contracta le poing sur le manche mal poncé de sa torche.

« Papillons Dévoreurs d'Âmes ». Trois ans plus tôt, il aurait ri à l'entente de ce nom ; toutefois, après avoir vu des Canards Spirituels ou des Arbres à Paroles, toute sa naïveté s'était envolée. Si des locaux disaient que ces créatures étaient des saloperies, elles étaient des saloperies. En terrain inconnu, il fallait toujours suivre le flair des habitants du coin.

Mais s'ils ne pouvaient pas passer par la Forêt du Nord, que faire ? Gravir les montagnes au nord-ouest, pour se confronter aux gardes à l'ouest ? Leur seul chemin « sûr » pour atteindre la capitale était le long détour qu'ils avaient prévu.

Traverser les deux Forêts du Nord, contourner le massif montagneux et foncer droit sur la cité de Donya – ça, ou Phoe y passait. Mais sur le chemin, on peut mourir aussi...

— Shazar ?

Il grimpa machinalement derrière Xi ; cependant, peu importèrent le nombre d'heures ou de kilomètres qu'ils franchirent au trot, jamais sa crainte ne mourut-elle. Pire encore, elle s'accentua.

S'ils ne trouvaient pas un moyen de contourner les Sangliers et de contrer les Papillons, cette histoire ne se résumait plus qu'à un choix mortel : sauver leurs propres vies, ou les risquer pour Phoe qu'ils n'allaient peut-être jamais réussir à tirer hors des cachots.

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