Chapitre XIX
Mon cul, qu'on va rester là ! ragea Loë. Il talonnait son cheval avec énergie, Shazar derrière lui. Ils avaient demandé à de nombreux habitants où était partie Xi. Désormais, son itinéraire, il le devinait avec brio.
Les fermes défilaient à toute vitesse autour d'eux et le vent sifflait follement à leurs oreilles. Mais le vacarme du galop des chevaux secouait à peine Loë ; il ne cherchait plus que son amie du regard.
— Si elle va dans le bois, lui cria Shazar, elle en ressortira très vite !
— Pourquoi ?!
— Les Sangliers Géants le gardent !
— Elle pourrait abattre un putain d'ours, Shazar !
Celui-ci le rattrapa alors. Il arborait un sérieux tombal.
— Les Sangliers Géants font trois mètres de haut. Seul un éleveur – qui est devenu une légende – a réussi à en apprivoiser quelques-uns, mais la génération d'après est retournée à l'état sauvage.
— Qu'elle trouve un moyen de les contrôler et c'est foutu, cracha Loë.
— Si elle rage comme ça, elle n'y arrivera pas. Et puis, elle n'est pas née de la dernière pluie ! Loë, on va la rejoindre et on ira plaider ensemble pour Phoe. Seul toi peut réussir à la calmer !
Cela, il en doutait. Que ses suspicions sur Phoe s'avèrent vraies le secouait : qu'est-ce que Xi pensait de lui, désormais ? Peut-être le haïssait-elle. Et il n'avait été qu'un boulet, depuis le début. S'il échouait à l'aider...
— Je la vois ! s'exclama soudain Shazar.
Il braqua aussitôt ses yeux devant lui. En effet, un cheval et sa cavalière blonde et armée trottaient plus loin. Ils accélérèrent donc leur course ; à peine Xi se retournait-elle qu'ils déboulaient à ses côtés. Shazar serrait les dents sous la colère.
— Tu allais nous laisser derrière ?! Tu es folle !
— Phoe est aussi notre amie ! insista Loë, la gorge compressée. On ira l'aider...
— Vous voulez crever sur le chemin ? laissa-t-elle tomber.
Il écarquilla les yeux sous le choc. Le ton de son amie était mort, et cela ne voulait dire qu'une chose : elle pouvait exploser à tout moment. Cela, cela n'allait pas être beau à voir – il en était convaincu, même un Sanglier Géant pouvait y passer.
Mais plus que tout, il se voulut de se demander si Xi l'écartait par ressentiment. Il l'avait taraudée des années durant sur Phoe ; désormais, ces deux-là étaient si proches...
Ou l'avaient été, car Phoe venait de les laisser derrière.
Partir. Rien de plus, rien de moins. « À quel point ça brise Xi ? », aurait-il dû se demander ; « Xi va-t-elle toujours me regarder en face ? », craignait-il à la place.
Je suis égoïste. Je suis un enfoiré...
— Partez, articula-t-elle. Je ne coopérerai pas avec vous.
« Partez », et pourtant, elle n'accéléra pas. Elle ne tenta pas de les fuir. L'espoir infime qu'elle ne parte pas tête baissée, qu'elle réfléchisse avec eux à la place, s'avérait-il sensé ? Il sentit le regard de Shazar peser sur lui : il reprit la parole d'un timbre tremblotant.
— Tu ne te comportes pas comme quelqu'un qui souhaite être seul.
— Je veux être seule, gronda-t-elle.
— Combien de fois je vais devoir te le dire ? On connaît aussi Phoe, et...
— Et vous ne savez pas ce que c'est de voir son amie se faire éclater par une calèche ! mugit-elle.
— Non, et je ne veux pas le savoir !
Elle se raidit aussitôt, pâle comme un linge. Au même instant, une quatrième voix s'éleva.
— Retournez dans l'Empire de Ki, trancha-t-on.
Loë se tourna lentement vers cinq personnes armées... dont cet homme de l'auberge. L'homme ayant accompagné la femme au cache-œil.
Il ne sut pourquoi une profonde horreur le foudroya à cette seule constatation. Xi tira son sabre d'un geste fluide ; Loë tendit sa main vers elle dans l'urgence, mais elle l'esquiva sans mal. Son visage se tordit d'un rictus lugubre.
— Il faudra y traîner mon cadavre, énonça-t-elle avec lenteur.
L'inconnu leva une lourde épée, l'œil plissé : Xi se mit en garde. Elle est devenue folle, pensa Loë à pleine vitesse. Complètement folle ! Elle ne va pas affronter tous ces types ?! Il chercha son arc avec frénésie.
Mais déjà courait-on pour les encercler.
Son amie et l'individu taillé comme un roc se foncèrent dessus ; juste avant que leurs armes se heurtent, elle lui jeta une œillade furibonde.
— Loë, je ne te regarderai pas crever : va-t-en ! hurla-t-elle.
Malgré lui, malgré toute sa volonté de protéger Xi, il tira sur ses rênes et fit vivement volte-face. Sa terreur écrasait son inquiétude. Il ne maîtrisait plus la moindre des foulées de son cheval ni le moindre de ses coups de talon. Il filait, tout simplement. Et plus il s'éloignait à cette allure folle, plus le vent recouvrait les cris du combat faisant rage bien loin derrière.
Bientôt, tout rugissement s'évanouit... et il se retrouva pour de bon seul. Seul, sans la moindre occasion de faire demi-tour.
***
Bien, Loë est parti, pensa Haydus. Il posa son regard sur Xi, qui fonçait vers lui. En tant que sous-Dieu de la mer, il n'était pas un as en combat ; mais en tant que sous-Dieu tout court, il surpassait la jeune femme.
D'autant plus car ses quatre pions les entouraient, elle et Shazar, et levaient leurs dague d'un œil acéré.
Dès que Xi arriva à sa hauteur, le temps passa au ralenti autour de Haydus. Il analysa tout de ses mouvements fluides, de la position de son poignet, de sa prise sur son arme ; et surtout, il scruta sa face tordue en une expression si lugubre qu'elle en aurait été terrifiante. Mais lui qui avait vécu des centaines d'années en avait vu des vertes et des pas mûres.
Alors, sa lourde arme, il l'abattit dans un grondement déterminé... pour hoqueter lorsqu'elle ne rencontra que du vide. Xi dérapait à terre avec agilité et fit derechef tourner son sabre. Il crut halluciner lorsqu'elle égorgea trois chevaux de ses soldats et que ceux-ci tombèrent au sol.
Elle planta son épée dans la gorge de l'un d'eux sans l'once d'une hésitation. Le sous-Dieu s'apprêta à sauter à terre, mais elle se retournait déjà et tranchait son équidé dans un cri guttural. L'animal hennit à la mort, glissa au sol et s'y tordit en agonisant.
Haydus bondit de sa selle. Il para de justesse un coup de Xi, pour viser ses genoux le plus vite possible. Elle arrêta sa lame dans un crissement strident et la releva avec force. Il vit l'un de ses combattants foncer sur elle par derrière ; par malheur, la jeune femme suivit son regard, enfonça avec violence son talon dans l'entre-jambe du bonhomme et se tourna de nouveau vers l'être éternel.
Celui-ci se redressa certes, mais ne retint pas sa grimace. Xi lui arrivait à l'épaule, Xi était moins musclée aussi. Cependant, Xi avait plus d'expérience, venait de tuer l'un de ses hommes et d'en pousser un autre, l'avait pris de court une fois et avait déjà bloqué deux de ses attaques.
Et plus que tout, Xi était hors de ses gonds.
Les vives attaques qu'ils échangèrent, Haydus les percevait tout juste. À droite, à gauche, vers sa gorge, sur son abdomen ; il recula pas à pas, à parer chacun de ses coups. Et à chaque fois, son opposante redoublait en précision. Elle le jaugeait...
Mais je te jauge aussi !
Lorsqu'elle lança son sabre droit vers sa hanche, il parvint enfin à sauter en arrière et abattit sa lourde arme dans un grognement. Elle frôla l'épaule de Xi : celle-ci pâlit aussitôt. Elle venait de manquer de se faire couper un bras, rien que ça. Profitant de sa confusion, Haydus remonta illico son épée.
Elle se décala de nouveau, il enfonça son pied dans son ventre. Là roula-t-elle sur quatre bons mètres, et se recroquevilla en toussant. Son plastron était tordu, du sang gouttait de ses lèvres. Mais celles-ci s'étirèrent en un sourire inhumain.
Inhumain.
Peu importe ! Il courut vers elle sans attendre. À terre, elle était à terre, il devait en profiter. Puis, le sabre de Xi fendit l'air... à ras les pâquerettes. De l'herbe tranchée vola au niveau de son visage, du sang suivit dans la seconde. L'un des genoux de Haydus le lâcha la seconde d'après.
Elle a sectionné mon pied ?! Elle pirouetta en arrière, non sans s'exclamer sous la douleur. Néanmoins, elle semblait prioriser son objectif sur son état physique. En bref, elle n'avait rien à faire de ses blessures tant qu'elle pouvait toujours retrouver Phoe.
Elle n'avait pas menti, en disant qu'il allait falloir la tuer pour l'arrêter. Mais la rage commençait à l'aveugler, et la souffrance aussi. L'un des hommes de Haydus surgit derrière elle, la mâchoire gonflée : il la tira par la frange, la força à se relever et plaqua sa dague contre sa carotide. Elle se raidit dans l'instant, l'œil exorbité.
Merci, bon sang. Le second se tordait toujours au sol, à tenir ses parties génitales malmenées ; et le quatrième... Le quatrième échangea un dernier coup avec Shazar. Du sang coulait du nez de celui-ci et des égratignures torturaient son poing. Poing qu'il abattit dans la plus grande des rages dans la gorge de son opposant avant de frapper son menton de toutes ses forces. Il vit ensuite Haydus et fit un dernier geste.
Une dague fila vers le sous-Dieu à pleine vitesse ; il cria dès qu'elle se planta dans son biceps. Putain d'humains ! ragea-t-il. S'il retira le couteau sans attendre, il se redressa tout de même trop tard.
Non seulement tomba-t-il sur un genou sous la douleur, mais en plus avait-il réveillé Xi. Elle saisit le poignet du combattant la menaçant, puis le balança cul par dessus tête en rugissant. À peine s'écrasait-il au sol qu'elle récupéra son sabre d'une main tremblante et décapita le pauvre être.
Shazar lui-même recula sous l'horreur en voyant sa tête voler dans une giclée pourpre. Son amie ne le remarqua pas le moins du monde : elle acheva l'individu dont elle avait endommagé les testicules et avança en haletant vers Haydus.
— Xi ! s'écria-t-il en chœur avec Shazar.
« Xi ». Elle n'eut cure de cet appel. Elle sectionna d'un coup sec le bras blessé du sous-Dieu. Un éclat aveuglant éblouit ses yeux, suivie d'une affreuse douleur. Il s'écrasa au sol tel un sac de pommes de terre.
Il n'y croyait pas. Il n'y croyait pas, mais il devait bien se rendre à l'évidence. Cette nana s'était servie de ses faiblesses pour attaquer. À défaut de la voir, il l'entendit même cracher de nouveau. Lui goûta la terre et le sang de ses chevaux.
Comment avait-il pu sous-estimer la rage des Hommes ? Eux, Dieux, vivaient décidément dans un autre monde. Un monde où seuls les Diables pouvaient être aussi cruels, et où les Dieux ne se résignaient à couper des membres qu'en dernier recours.
La douleur de son bras tranché l'enveloppait tout juste lorsque Xi l'égorgea à son tour. De profonds ténèbres suivirent son échec cuisant. Il eut honte. Sweerias aurait fait un bien meilleur boulot. « Tu es à moitié égorgée ! » entendit-il Shazar débiter malgré ses tympans bourdonnants.
Suivit un néant total.
***
Je viens juste de tuer deux personnes... Non, trois... Non. Je ne sais plus. Xi tâta lentement son cou, l'œil vide. Elle sentit un liquide chaud tremper ses doigts ; à côté d'elle, Shazar fouillait son sac avec frénésie. « Bandages, bandages », qu'elle l'entendit répéter.
« Tu es à moitié égorgée ! » avait-il crié.
Égorgée, moi ? Mais au moins, ils ne traîneront pas mon cadavre jusqu'à l'Empire de Ki... Et je ne peux pas mourir avant d'avoir revu Phoe et Liz... Des larmes brouillèrent sa vue. Je veux les voir...
— Shazar..., s'étrangla-t-elle faiblement. Je dois les voir.
— Arrête de causer, bordel !
Il la força à se mettre à genoux. Les prairies, les arbres, les cadavres, tournèrent peu à peu autour d'elle. Elle ne ressentait aucune douleur. L'urgent besoin de revoir le visage de Phoe et de ramener Liz et de combattre le Diable la taraudait. Plus ce sentiment gonflait, plus sa vue s'assombrissait.
Elle se noya, jusqu'à n'entendre qu'à peine son camarade dire qu'il s'était affairé à « appliquer des bandages » et « cesser le saignement ». Il disait aussi qu'il devait la « tenir éveillée » et l'avait « reconnue ». Reconnue... ?
Elle leva deux yeux tremblotants sur la forte face du jeune homme.
— Où... ? énonça-t-elle, la voix rauque.
— Tu ne te souviens pas de moi ? À l'école Martiale, je m'étais entraîné contre toi et t'avais demandé pourquoi tu faisais des heures supplémentaires. Tu avais répondu très..., toussota-t-il. De façon très concise, alors j'en ai conclu que je te dérangeais, donc je suis reparti, et je ne savais pas que tu étais la meilleure amie de Loë, c'est fantastique ! Non ?
— Loë... où est-ce qu'il est ?
— À l'abri, comme tu lui as demandé. Regarde !
Il désigna les cadavres d'un doigt secoué de soubresauts.
— On a maîtrisé nos ennemis : désormais, il faut juste qu'on se repose un peu...
— Shazar, est-ce que je saigne encore ? souffla-t-elle.
— Non, se précipita-t-il.
Elle le sentit appuyer son biceps sur sa nuque.
— Tu n'as aucune autre blessure !
— Mais du sang coule sur ma nuque.
Elle le sentit vérifier son dos, puis soupirer de soulagement, puis hoqueter sous l'horreur, puis manquer de se précipiter vers le chef de la troupe les ayant attaqués, puis se raidir sèchement.
— Je ne comprends pas, chevrota-t-il soudain. Je ne me suis pris aucun coup de couteau. Pourquoi mon bras saigne comme lui... ?
— Soigne-le, énonça-t-elle.
Elle cracha quelque chose d'amer l'instant d'après ; lorsqu'elle inspira, une vive douleur assaillit ses côtes. Derrière elle, Shazar s'activa de nouveau – mais ses mouvements, même elle constatait leur étrangeté.
Il grogna lorsqu'il désinfecta sa blessure ; il tremblota en la pansant de lui-même. Mais surtout, il semblait regarder tour à tour son épaule et celle du bonhomme que Xi avait égorgé.
— La blessure que je lui ai infligé, j'ai exactement la même..., s'horrifia-t-il enfin.
Tout ce que Xi vit fut un tas flou de chair et de sang. Dans l'action, Shazar n'avait probablement pas senti cette frappe-ci. Que l'emplacement soit le même au centimètre près pouvait arriver. Manquait d'en analyser la profondeur. Exagérait-il, en disant qu'il avait « exactement la même » ?
Elle ne le connaissait pas assez. Loë aurait pu trancher, lui. Mais Loë était désormais loin. Quand allait-elle le revoir, lui aussi ? S'il revenait, elle allait lui casser les deux jambes. Elle se le promit même, car le perdre serait une catastrophe, et la détruirait, et la rendrait folle.
Durant la molle transe qui suivit, les pensées de Xi n'eurent de cesse de s'éthériser. Loë avait eu un comportement étrange, depuis leur arrivée dans le village. Non, depuis les Arbres à Paroles. Non, depuis la première attaque des brigands. Quelque chose n'allait pas. Quoi ? Ce matin, il s'est réveillé avec d'immenses cernes et une peau pâle comme la mort. Une horreur.
Que lui arrivait-il ? C'est de ma faute ? Je n'ai pas fait attention. Je ne sais pas faire attention. Alors, est-ce que c'est de ma faute... ?
***
Empire de Ki, quelques heures plus tard
C'est de ma faute. Loë se laissa tomber à genoux sur les feuilles molles et la terre fraîche. Autour de lui chantaient les arbres et les oiseaux ; son cheval suant grignotait gaiement des bouchées d'herbe. Suant, car Loë avait galopé si longtemps, jusqu'à traverser de nouveau la frontière et foncer dans un bois et s'y affaler comme la loque qu'il était.
Il aurait tant aimé retourner auprès de Xi et de Shazar. Mais il ne savait plus où elle était, ni même s'ils étaient encore vivants.
Il étudia ses mains tremblantes dans une horreur vicieuse. Quelques larmes y gouttèrent, remarqua-t-il, et sa respiration se hachait. Qu'avait-il fichu de sa vie, à part rester chez ses parents jusqu'à ses quatorze ans, suivre Xi pour tâter le terrain dans une École Martiale, y abandonner sa scolarité et se tourner les pouces en alchimie ? Qu'avait-il accompli ? Xi, à côté, avait gagné un grand tournoi et un objectif clair comme de l'eau de roche régissait son futur.
Moi, qu'est-ce qui me tient en vie ?
Il flottait juste, il suivait le courant. Et dès que le danger se présentait, dès que quelque chose le dérangeait, il décampait la queue entre les jambes. Lâche. Égoïste. Bon à rien. Il n'avait rien perdu et n'avait rien à perdre, à part sa petite vie de rossard. Si, peut-être venait-il de causer la ruine de Xi et de Shazar : alors, il aurait quelque chose sur laquelle se lamenter.
Et c'était tout, car seuls eux importaient dans son existence futile. Il ne méritait pas même de les côtoyer, réalisait-il désormais. S'ils étaient morts à cause de sa fuite, il allait s'en vouloir à mort ; mais s'il était resté, il les aurait alourdis.
Oh, c'est vrai. Je suis parti après que Xi m'ait demandé de partir. Je lui ai obéi, car je ne sais rien faire d'autre, car prendre des initiatives est hors de portée, car je suis un branleur, car...
Car il était né ainsi.
Peut-être ses parents étaient à blâmer, commença-t-il à songer. Devait-il les tuer ?
— Je n'en aurais pas même le courage, pouffa-t-il.
Il ramassa le poignard pendant à sa ceinture. S'il voulait survivre, il allait devoir trancher de la chair. Alors, de la chair, il en trancha.
Il prit son couteau à deux mains, étudia un bref instant sa poitrine, puis y planta sauvagement sa lame.
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