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Chapitre X

Trois jours plus tard

Cette forêt, Loë commençait à penser qu'ils n'allaient jamais en voir le bout. Chaque arbre semblait se quereller, à se pencher les uns sur les autres comme de vieux piliers de bar. Plus le trio avançait, plus le chemin s'assombrissait, plus Phoe tentait de ramener Xi à la capitale.

Cette Xi même était d'ailleurs étrangement silencieuse, depuis leur première nuit ici.

Cet après-midi ci, ils avançaient dans un mutisme pesant. Les sabots de leurs chevaux et le chuchotis du vent les oppressaient avec talent. Loë manquait de bondir à chaque fois qu'un animal faisait frémir les fourrés, ou à la moindre parole des deux jeunes femmes.

Que se passait-il, autour d'eux ? La maison de Shazar ne devrait pas être loin, réfléchit-il, à fleur de peau. Ce bougre-ci, il l'avait rencontré à l'école martiale : Shazar était parti deux ans après lui, et ils s'étaient retrouvés par hasard lors d'une formation d'alchimie. Il avait avait décidé de vivre en forêt, car « ici, on y trouve les meilleurs ingrédients ! »

Loë avait souvent douté des champignons rouges et blancs qu'il mixait dans ses breuvages. Cependant, tant que son confrère ne tuait personne, cela ne posait pas de problème.

La route que le groupe empruntait commençait à brunir, et se rétrécissait tant qu'ils devaient avancer en ligne. La jument de Loë n'avait de cesse de plonger son museau dans les hauts fourrés l'entourant, mais le relevait au moindre contact avec la verdure. Il commençait à croire que les herbes, ici, lui cramaient la face.

Après des foutus Canards Spirituels, plus rien ne pouvait le surprendre.

Il ouvrit la bouche pour parler ; ses mots restèrent coincés dans sa gorge compressée. Aller voir Shazar allait leur remonter le moral, il en était certain. Néanmoins, l'atmosphère pesante les étouffant tuait la moindre phrase qu'il tentait de prononcer.

Et merde, c'est justement car on est au fond du trou que je devrais causer ! Il se fit violence, mais une voix lui coupa l'herbe sous le pied.

« Ici, Liz », qu'on venait de dire. Il se tourna vers Xi, les sourcils froncés. Il aurait dû se réjouir qu'on se jette à l'eau à sa place. Et pourtant, il se sentait d'autant plus à l'étroit qu'avant.

— Pourquoi tu parles de Liz ? balança-t-il à Xi.

Elle le gratifia d'un air défiant.

— Je n'ai rien dit.

Il s'apprêta à héler Phoe, pour se retenir de justesse. Elle ne sait pas qui est Liz : pourquoi en parlerait-elle ? De plus, elle semblait aussi perturbée que lui.

— Je ne suis pas sénile, grogna-t-il donc à Xi. Tu as causé.

— Non, vraiment pas.

— Ce n'est pas drôle !

Le regard de son amie se durcit drastiquement.

Ta blague est pourrie, articula-t-elle dangereusement.

— Je ne blague pas...

... mais elle a raison. Elle n'évoquerait pas Liz comme ça, de nulle-part ! Il se racla la gorge.

— Au temps pour moi, céda-t-il. Je crois savoir où dormir cette nuit.

Xi fronça le nez, circonspecte.

— J'ai un ami qui habite ces bois, développa-t-il. Il s'appelle Shazar. On pourrait s'arrêter chez lui.

— Et prendre du bon temps ? lâcha-t-elle. Le Diable ne m'attendra pas.

— Je pense que le Diable s'en fout. Et s'il existe, il ne va pas s'enfuir juste parce que tu fais un voyage pour aller le voir. Pour lui, on serait des fourmis. Donc, j'ai un toit pour cette nuit, on aura aussi un plat chaud, et je pense que ça nous fera du bien, à tous les deux.

Phoe, derrière, baissa les yeux. Tu comprends les sous-textes : alors, fais demi-tour, et laisse Xi. Elle était assez suspicieuse comme cela : qu'elle leur colle aux semelles le dérangeait au plus haut point. Elle s'engageait trop pour Xi, jusqu'à combattre des brigands pour l'aider. Peut-être appréciait-elle son amie, mais cela ne changeait pas le fait qu'elle ressemblait bien trop à la conductrice de la calèche ayant tué Liz.

— Il est comment, ton Shazar ? rognonna Xi.

— Très joyeux, le vendit-il. Toujours ouvert à la compagnie. Un bonhomme curieux et honnête. À voir, pour sa cuisine, cela dit.

— Soit.

Il resta confus un instant. Xi venait-elle de céder ? Il n'en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles. Phoe, elle, posa un œil soucieux sur elle.

Peu importe, trancha-t-il donc. Il regarda de nouveau devant lui, pour lâcher un juron. En face, la laie qu'ils empruntaient se coupait en deux sentiers plus minces et ombragés encore. On est dans un labyrinthe, ou quoi ?

Loë s'apprêta à faire trou-trou, mais un beau « Xi mourra » l'arrêta net. Cette fois-ci, il se glaça de pied en cap. Il rêvait encore. Personne, ici, n'aurait dit ça. Personne... Non, Phoe était capable de tout pour détourner Xi de cette quête.

Il posa une main tremblante sur son arc, plus tendu que jamais. Chaque mouvement de trop sonnait sa mort.

— Phoe, énonça-t-il difficilement. Répète ce que tu viens de dire ?

Il l'entendit arrêter son cheval.

— Je n'ai rien dit.

Fous-toi de ma gueule ! Il dégaina rapidement une flèche, et la visa aussitôt. La corde de son arme manqua de dégager sa munition : il la rattrapa de justesse. En face, Phoe le dévisagea, interdite.

— Je vais tirer, cracha-t-il. Fais demi-tour...

Mais Xi se jeta aussitôt devant elle.

— T'es taré ? gronda-t-elle. Arrête tes conneries, ou tu te prends une beigne !

— Surveille Phoe ! éructa-t-il. Tu l'as pas entendue ?!

Tu deviens taré ! Elle n'a rien dit, et moi non plus, et je ne te laisserai pas la blesser, feula-t-elle. C'est à nous de te reprocher ça : tu marmonnes des trucs insensés depuis une heure !

« Je n'ai rien dit », allait-il protester ; il se tut de justesse. Cette histoire ne tournait pas rond. Chacun entendait l'autre causer, alors qu'on se taisait à l'unisson ? Il baissa son arc, noyé dans une incompréhension des plus totales.

Puis, les arbres alentours piquèrent son attention. Il y jeta une rapide œillade : certains dansaient sous le vent. Certains. Car une minorité ne bougeait pas d'un iota.

— Ce monde se fout de ma gueule ! jura-t-il.

— Ce sont peut-être des Arbres à Paroles, suggéra Phoe.

Les deux autres l'étudièrent avec désarroi.

— T'as déjà un Canard Spirituel, qu'est juste un canard doré, balança-t-il. Et tu vas babiller que ces foutus troncs murmurent des trucs ? C'est ton piaf, le problème, pas la forêt !

— Laisse-moi tester, intervint Xi.

Elle s'approcha de Phoe, et toucha le crâne du canard, assommé dans le dos de son ancienne camarade. Celle-ci posa ses doigts sur l'une de ses ailes. Elles se regardèrent un instant : Loë crut presque qu'elles allaient se galocher. Mais à son plus grand soulagement, elles se contentèrent de soupirer en chœur.

— Le canard fonctionne, annonça Xi.

Et c'est censé me rassurer ?!

— C'est quoi, ce bordel, alors ? J'ai entendu...

« J'ai entendu que Liz était ici » : phrase des plus cruelles. Il serra les dents sous la frustration.

— J'ai entendu quelqu'un blablater que Xi allait mourir.

Si l'intéressée fronça simplement les sourcils, les prunelles de Phoe se rétrécirent d'un coup. Elle prit son amie par les épaules avec vigueur. Son affolement était à son paroxysme, tant et si bien qu'elle braqua un regard terrifiant sur Loë.

— Décris la voix.

— Elle ressemblait à la tienne, débita-t-il.

Xi ouvrit la bouche ; Phoe plaqua sa main sur ses lèvres, les mâchoires contractées.

— Ne dis rien, murmura-t-elle.

Son index chercha nerveusement son pouls : elle se détendit dans la seconde, et posa avec douceur ses doigts sur l'épaule de l'autre. Un sourire faible, mais pas moins sincère, s'étala sur ses lèvres. Il parut pour de bon perdre Xi.

— Je n'ai pas l'impression de mourir... ? hésita-t-elle.

— Tu ne mourras pas, chuchota Phoe. Loë, autre chose ?

Oui, et je ne peux pas le dire devant ta foutue bien-aimée. Il fit trotter son cheval jusqu'à Phoe, manœuvra péniblement entre le bas-côté et sa camarade d'enfance, et toucha le Canard Spirituel : elle l'imita sans jamais lâcher Xi.

Comment marche ce truc ? Je ne sens pas l'once d'une communication.

Bonjour, Phoe ? se força-t-il à penser.

Qu'est-ce que tu as entendu ?

Sa voix résonna dans son crâne : il en vacilla, tant elle la prenait de court. Ouah, c'est quoi, ça ?!

Un truc à propos de son amie d'enfance, dit-il donc amèrement. Je pense que tu vois de quoi je veux parler, hein ?

Elle ne cilla pas un seul instant.

Liz ?

Superbe, tu connais son prénom. Maintenant, aux cachots.

Je t'ai entendu le dire, soupira-t-elle.

Oh. Certes. Certes ! ragea-t-il.

Peux-tu me donner la phrase exacte ?

Pourquoi je te ferais confiance ?

Tu es entré en télépathie avec moi, fit-elle remarquer.

Une nouvelle fois, il dut abandonner un pan entier de toutes les suspicions qu'il portait à Phoe.

« Ici, Liz. »

Elle ferma les paupières, un air complexe collé sur sa face. Il n'en tira pas la moindre émotion, tant une infinité de choses semblait s'y fusionner. Tristesse, ou regrets, ou allègement ? Il n'en avait pas la moindre idée, et cela l'irritait au plus haut point.

Tu vas me demander à quoi ressemblait la voix, je suppose, grogna-t-il. C'était celle de Xi.

Elle hocha la tête, et lâcha son Canard Spirituel ; il s'écarta donc, peu enclin à retrouver un quelconque contact avec elle.

— Qu'est-ce que vous avez échangé ? questionna Xi.

— Des mots qu'il a entendus, abrégea Phoe. Je pense que ces phrases viennent des Arbres à Paroles. Comme leur nom l'indique, ils peuvent parler, mais seulement dans la tête d'une personne sélectionnée, en soulevant leur plus grande peur. Loë, tu as dû m'entendre dire que Xi allait mourir car tu te méfies de moi.

Il fronça le nez avant de répondre.

— Certainement. Et toi, qu'est-ce que tu as entendu ?

— Loë, tu n'as aucune pitié, le chapitra Xi. Tu veux que je te fasse bouffer tes dents ?

Ses mots lui percèrent l'abdomen. Que Xi soit violente ne sortait pas de l'ordinaire ; mais qu'elle le réprimande aussi brusquement, il n'y croyait pas. Cela le secoua tant qu'il talonna son cheval, et lui tourna le dos.

— Bien ! éructa-t-il. Vas-y, l'encyclopédie sur pattes : dis-nous les spécialités de tes foutus Arbres à Paroles. Ils peuvent rendre les gens fous, pendant qu'on y est ?

— Ils peuvent, et on devrait partir d'ici.

« Tu es un incapable », murmura-t-on au même instant.

Ses entrailles se compressèrent douloureusement : il prit une route au hasard. Leur direction ne l'importait plus, tant il voyait rouge. J'accompagne Xi partout, et elle me menace de me mettre une droite ? Elle perd la tête, depuis le début ! Elle sait ce que c'est, la gratitude ?! Et cette connerie, « un incapable »... Il serra brièvement les dents. Je n'ai pas peur de ça !

— Loë, tu vas où ? le héla-t-elle d'ailleurs.

Sa voix lointaine l'interpella ; néanmoins, il se força à regarder de l'avant. Toujours plus d'arbres semblaient scruter le moindre de ses mouvements. Leurs paroles, elles, le tourmentèrent encore et encore. Elles en arrivèrent à perdre tout sens. « Liz est là », « les Dieux sont des enfoirés ! », « non, les Diables sont pires », « demain à l'aube, je te pète la mâchoire ! », « Neeh, tu exagères. »

Loë s'arrêta abruptement, l'œil rond. Neeh ? Si ces arbres se nourrissaient de leur peur ou que savait-il, ils ne devaient parler que de ce que leurs victimes connaissaient. Or, il n'avait jamais rencontré un quelconque Neeh.

Et c'était quoi, ce « demain, à l'aube », et autres défis que ces plantes se lançaient ? On ne le tournait plus en bourrique. Non, désormais, il avait le désagréable sentiment d'assister à une vraie discussion entre ennemis aigris.

Parmi eux, un Neeh qui « exagérait. »

Deux galops le rattrapèrent alors. Il se tourna vers Phoe et Xi : sa face perdit toutes ses couleurs.

— Eh. Je ne suis pas le seul à les entendre, n'est-ce pas ?

— C'est pour ça que nous devons avancer, insista Phoe.

— Je sais pas qui est Neeh, songea Xi, mais j'admire son culot...

— Peu importe. Peu importe, bordel ! s'énerva Loë.

Il chopa les rênes de son amie, et la tira derrière lui ; la troisième du groupe suivit sans attendre. Cette fois-ci, elle ne surveillait pas uniquement Xi, mais faisait aussi attention au jeune homme. Ses yeux perçants le déconcertèrent à l'extrême.

« Utiliser nos outils : c'est lâche. Cependant, cela vous ressemble bien. » « Je vais vous taire pour de bons, enfoirés ! » « Nous taire ? Laisse-moi rire... »

Mais les voix s'arrêtèrent dans la seconde. Un lourd mutisme s'écrasa sur le trio. À partir de cet instant, ils avancèrent sans échanger le moindre mot, tant ils s'embourbaient dans un malaise vicieux.

Ces arbres avaient tenté de les rendre fous, en parlant entre eux. Puis, l'un de ces monstres les avait tous arrêtés : Loë ne percevait plus le moindre chuchotis. Uniquement le bruissement naturel de la verdure, le chant des oiseaux, et les claquets et cliquetis de leurs chevaux et équipements.

Phoe a dit qu'ils se nourrissaient de nos peurs. Sans parler du fait que je suis utile, en quoi devrais-je avoir peur d'un affrontement entre... Entre Dieux et Diables. « Les Dieux sont des enfoirés ! » ; « Non, les Diables sont pires. » Il n'avait pas halluciné : lui, qui n'avalait pas une miette de l'histoire de ces foutus Enfers et Cieux, ne pouvait pas les craindre de la sorte. C'est incohérent ! Et Xi aussi les a entendus mentionner un Neeh, alors qu'elle ne le connaît pas, et que je ne le connais pas non plus...

Phoe avait-elle donc omis des détails ? Ce doute picotait la langue de Loë, mais il ne parvint pas à le formuler. Alors, il se contenta d'attendre d'arriver chez Shazar. Si le bougre vivait dans la forêt, il devait en connaître les créatures.

Et là, là allait-il avoir ses réponses.

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