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Chapitre VIII

Lorsque Xi rouvrit les yeux, une douleur virulente assaillit son front. Au-dessus d'elle, la lumière du soleil plongeait des poutres dans un pourpre flou ; une cacophonie de bruits insignifiants explosèrent à ses tympans. Des cliquetis, au loin. Quelques paroles échangées non loin d'elle, et le bruissement de quelque chose dansant dans un liquide inconnu.

— Xi, souffla-t-on alors. Ne bouge pas.

Loë, reconnut-elle. Puisque Loë était là, elle n'avait pas grand-chose à craindre. Ce gars pouvait être un vrai loup, quand il le voulait : si son intuition était juste, il n'accepterait pas que quelqu'un la touche alors qu'elle vasait de cette façon.

Alors, elle ne bougea pas. Une froide sensation épousa son front avec douceur : un tissu gorgé d'eau fraîche, devina-t-elle. Elle tenta de lever le pouce, mais ne se récolta qu'une seconde souffrance aiguë.

— Je t'ai dit de ne pas bouger, imbécile. Ton bras n'est pas dans un meilleur état que ta tête de nœud. Avale ça d'abord.

Il passa une main derrière sa nuque, et posa sur ses lèvres le bord d'un verre : elle le but sas réfléchir. Son goût ne s'avéra pas si mal. Arôme de pomme, si elle n'était pas devenue sénile depuis la fin du tournoi.

Oh. La fin du tournoi...

Tandis qu'une lente chaleur envahissait sa cage thoracique, elle inspira avec difficulté.

— Résultats... ? articula-t-elle d'une voix rauque.

— Paraît que t'as bien fait chier les juges. Un coup de boule, sérieusement ? T'as perdu la tête. Ils se sont concertés je sais pas combien de temps pour savoir laquelle de vous deux s'est évanouie en première.

Phoe aussi, a perdu connaissance... Sa dernière expression envahit le crâne embrumé de Xi. Blessée, qu'elle était : la jeune femme ne savait pas à quel point, mais ce seul fait lui pinça le cœur.

— Au final, continua Loë, ils n'ont pas réussi à départager. Alors, ils ont tenté de comparer en combien de temps vous avez vaincu votre adversaire respectif, durant les demi-finales. Là encore, pas de trace. Donc, ils ont décidé que c'était une égalité. M'est d'avis qu'ils ont choisi ce terme car il attire l'œil : un cinquante-cinquante, dans un tournoi, ça arrive pas tous les ans. Je suppose qu'ils vont réévaluer vos prix selon le bénéfice qu'ils tireront de la vente des journaux.

Xi n'enregistra que la moitié de ce qu'il lui déblatéra. Il était le premier à lui dire de « ne pas bouger », mais jamais ne songeait-il à la fermer. Elle ne retint que cette foutue égalité, et le monde qui se réveillait petit à petit autour d'elle.

Lorsqu'elle parvint enfin à se redresser, son meilleur ami causait de trois gars bourrés, qui s'étaient enfilés des jarres de vieux vin dans les gradins. La serviette trempée sur le front de Xi tomba sur ses genoux dans un beau « plouf » : là Loë se tut-il enfin.

Elle découvrit qu'elle se trouvait dans l'infirmerie dédiée aux « maîtres » de son école. Seul un soignant était également présent, assis dans un coin.

— J'ai des blessures graves ? grommela-t-elle.

— Pas à ma connaissance.

Elle baissa donc ses yeux sur la tresse de Liz : ses entrailles se retournèrent aussitôt. Elle se leva d'un bond, le cœur dans la gorge et la tête palpitante sous une frayeur sans nom.

La torsade n'était plus là.

Xi vacilla, mais se rattrapa avec lourdeur sur l'épaule de Loë. Puis, elle courut droit vers la porte... pour s'étaler bien vite par terre. Cependant, son affolement était bien plus fort que ses blessures : elle tâta autour d'elle avec désespoir, et se releva en chancelant, haletante. Ses organes étaient sur le point d'exploser, une méchante nausée remontait sa trachée, son monde entier se perdait en de fous tourbillons.

Puis, la porte en face d'elle s'ouvrit dans un grincement. Elle étudia, estomaquée, Phoe s'y appuyer en grimaçant.

Son état était déplorable. Face pâle comme un linge, arcade ensanglantée, joue boursouflée, genoux flageolants. Et pourtant, elle trouva le moyen de poser ses yeux sur elle, et de lui tendre une main tremblante.

Dedans, gardée avec soin dans son gant, la tresse ensablée de Liz.

— Tu l'as... perdue..., suffoqua-t-elle.

— Phoe ! s'exclama-t-on, dans le couloir. Vous ne devez pas marcher !

Mais les prunelles frémissantes de l'intéressée ne quittèrent jamais Xi. Elle la fixa sans ciller, même en serrant les dents sous la douleur, même en tremblant de la tête aux pieds, même en cherchant de l'air avec difficulté.

Elle avait traîné un corps aussi lamentable jusqu'à l'aile de Xi, tout cela pour lui redonner une tresse dont elle n'aurait rien dû avoir à faire.

Son soulagement était tel qu'elle manqua de s'évanouir de nouveau. À la place, elle trébucha pour de bon, non sans enserrer la main de Phoe. Cette dernière la rattrapa par l'épaule – ou plutôt, s'écroula contre le mur, pour éviter que Xi ne s'y heurte.

La face de celle-ci glissa d'elle-même sur l'épaule de Phoe. Son cou était bien plus doux, sans cotte de mailles. Il était si doux qu'elle y fourra son nez en tremblant. Pas un seul merci ne franchit ses lèvres, car elle n'en avait pas la force.

Puis, Phoe glissa avec faiblesse une main dans son dos. Xi sursauta, mais serra un peu plus ses doigts intacts sur ceux de son ancienne amie. Elle ne pouvait pas pleurer. L'énergie lui manquait. À la place, elle inspira et expira longuement, le cœur lourd. Puis, à son soulagement se mêla un goût amer.

— Phoe..., suffoqua-t-elle tout bas. Pourquoi être partie... ?

Elle entendit son souffle se couper, un instant, un court instant ; après cette brève faiblesse, elle sentit son impassibilité.

— J'ai été transférée dans une autre école, murmura-t-elle simplement.

— Tu ne m'as jamais envoyée de lettres.

Silence.

— Tu n'as pas essayé de me visiter.

Silence.

— Tu n'as peut-être pas pensé à moi.

Silence.

Toute colère était hors de portée de Xi. Elle ne savait plus où se mettre : renouer leur relation si brève, et qu'elle avait pourtant tant langui ? Ou tourner le dos à Phoe pour l'avoir laissée de la sorte ? Deux ans.

Ces deux ans, elle les a déjà dégustés...

— Et la personne de ta tresse ? souffla-t-elle par automatisme.

— Je l'aime toujours.

Quelque chose se noua, dans les entrailles de Xi. Elle se détacha mollement de Phoe, sans un regard de plus pour elle. Son corps parlait à sa place, elle n'avait plus aucun contrôle dessus. Elle récupéra la tresse de Liz, et boita jusqu'à sa paillasse.

— Merci pour la tresse. Et c'était un beau combat. Au-revoir.

Au-revoir, car Phoe ne semblait plus souhaiter la « côtoyer », comme elle avait pourtant prié Xi de le faire. Les humains normaux se comportaient donc ainsi. Ils brisaient leurs promesses implicites, sans un regard pour les sentiments des autres.

Puis, elle rencontra le regard lugubre de Loë : elle ouvrit la bouche pour parler, mais il lui coupa l'herbe sous le pied.

— Phoe, articula-t-il avec lenteur. Il est temps que tu te rendes auprès de la Garde Impériale.

Xi le dévisagea dans le plus grand des terrassements. La Garde Impériale ? Pensait-il toujours que cette pauvre dame était celle ayant renversé Liz ? Ridicule. Néanmoins, ses paroles suffirent pour éveiller le plat intérêt des quelques gardes postés là.

— Phoe, Cheveux Noirs Yeux Noirs, a commis un délit ?

— Elle n'a rien fait.

Les mots tranchants de Xi éclatèrent dans la pièce. Son ancienne camarade la regarda avec des yeux ronds. Interdite, stupéfaite, glacée jusqu'à l'os. Après un « au-revoir » aussi sec, elle n'avait pas dû s'attendre à ce qu'on la défende de la sorte.

Cependant, Xi en était convaincue : Phoe n'avait tué personne. Des jeunes femmes avec un carré noir et des yeux noirs, il en existait partout, tout comme des bruns aux yeux bruns.

— Et ne tenez pas un tribunal alors que je dois me reposer, balança-t-elle abruptement. J'ai dit au-revoir : donc, au-revoir.

Son ancienne camarade pinça les lèvres, le menton bas. Ses mèches corbeau cachèrent tout de sa figure, que Xi n'allait peut-être jamais revoir. Elle avait mal. Cette idée seule la labourait vicieusement. Cependant, elle avait déjà tracé son futur, et il semblait désormais incompatible avec une quelconque amitié avec Phoe.

Alors, cette Phoe même acquiesça d'un geste ténu, et claudiqua dans le couloir. Pas un coup d'œil en arrière – rien, rien. Xi ne lui en tenait pas rigueur : elle avait explicité leurs adieux, il n'y avait rien à ajouter.

Mais s'il n'y avait « rien à ajouter », pourquoi se sentait-elle de nouveau abandonnée ?

***

Empire de Hanâ – 1776, trois semaines plus tard

Les juges n'organisèrent pas la moindre cérémonie des prix. Cela leur aurait coûté cher, conjecturait Xi. Ils s'étaient contentés d'aller voir les deux gagnantes tour à tour, de leur refiler une bonne bourse de sous-sous, et de repartir dans un salut.

Cela était si simple que c'en devenait désolant, mais au moins la jeune femme avait-elle un prix à ramener à ses parents, avant d'aller « s'exiler pour méditer » ou autre connerie. Ses parents, elle les attendait désormais devant la porte de leur maison, après avoir frappé trois bonnes fois sur leur battant de bois mal poncé.

Elle n'avait qu'une hâte : aller les voir, déblatérer quelques mots, et partir enfin chez le gentil Diable auquel elle allait mettre une droite, ou deux, ou trois, jusqu'à ce qu'elle piétine son vieux visage d'enfoiré et prenne son trône et ramène Liz et finisse de lui raconter ce qu'elle avait commencé.

Et, surtout, elle souhaitait s'éloigner de l'avenue de malheur de son bourg, car trop de souvenirs l'étouffaient.

Chaque individue aux cheveux noirs lui hérissait le poil. Chaque livre qu'on portait la poignardait. Et, si elle attendait trop, la prochaine carriole allait l'achever. Pendant ce temps, un silence de mort semblait régner dans sa maison. Un silence de mort.

Un silence de mort...

« Vos parents ont été sauvés par une inconnue » : ces mots la compressèrent d'un coup. Comment n'avait-elle pas pu y penser avant ? Elle défonça aussitôt la porte, et entra avec affolement dans leur pièce à vivre. Le doux soleil d'automne éclairait basse table, plan de travail de pierre, caisses de patates et de pommes, et cloisons branlantes – mais pas une seule trace de sa famille.

Alors, elle courut à pleine vitesse dans leur chambre commune... pour tomber sur sa mère, en train de laver le sol. Ses longues boucles châtaines dévoilèrent un instant, un court instant, un visage anguleux et blanchâtre. Des cernes noirs soutenaient ses yeux éteints, qu'elle leva sur elle avec surprise.

En leur sein naquit une nouvelle lueur : Misa se leva aussitôt, et se jeta vers sa fille. Celle-ci grimaça lorsqu'on l'enserra en tremblant, comme pour échapper à la mort.

Elle sentit même une ou deux larmes goutter sur ses épaules, mais aucun sanglot ne suivait.

— Tu es revenue, chevrota sa parente. Vingt ans, tu as grandi...

Elle s'étrangla ensuite ; Xi jura sentir sa colonne vertébrale craquer. Si elle grimaça d'abord, elle posa ensuite avec douceur une main dans le dos de Misa.

— J'ai frappé à la porte, grogna-t-elle. Pourquoi tu ne répondais pas ?

— Les voisins viennent nous voir pour prendre de tes nouvelles et nous offrir des patates ou des pommes. Tu as dû voir qu'on en a déjà un paquet, dans la cuisine... Haha, ta victoire a fait le tour du bourg !

Rire nerveux, rire brisé.

— Tu vas bien, alors, souffla Xi. Je vais aller m'isoler quelques mois.

Misa la prit aussitôt par les épaules. Ses paupières manquaient de se déchirer, tant elles s'écarquillaient et tremblotaient sous l'affolement.

— Tu ne peux pas ! l'exhorta-t-on. On a besoin d'aide ici...

— Je pourrai vous aider à mon retour, trancha la jeune femme. Tu m'as laissée partir pendant sept ans, et c'est maintenant que tu me dis de rester ?

Ses paroles parurent foudroyer sa mère sur place. Elle chancela en arrière : toute couleur quitta sa figure.

— Non..., se mit-elle à gémir. Juste... Je veux ton bien, tu sais... ? L'école martiale était pour ton bien, tu sais ?!

Xi fronça les sourcils. Pourquoi s'affolait-elle, d'un coup ? Je n'ai rien dit de mal. Ou mes deux autres années de solitude ont détruit toute l'expérience sociale que j'avais développée avec Phoe... ? Phoe, d'ailleurs, qu'allait-elle faire de son prix ?

Qu'aurait-elle dit de sa mère ? Qu'aurait-elle dit à sa mère ? Elle était douce, elle l'aurait rassurée.

C'est bien joli, mais comment on rassure quelqu'un ?!

— Maman, je... ne pars pas loin.

Suffisant, ou assommant ? Misa s'immobilisa, Xi regarda ailleurs.

— Oh, vous avez réparé le plafond.

— Tu as changé..., chuchota alors sa parente. Oui, peut-être que tu peux devenir indépendante...

Sa fille posa de nouveau l'œil sur elle : elle affichait un sourire sorti de nulle-part, et lui mit une grande accolade.

— Courage, ma fille ! s'exclama-t-elle.

Elle est encore plus incohérente que moi... Un peu plus, et elle en effraierait Xi.

— Tu veux une médaille ? demanda celle-ci.

— Une médaille ? Pourquoi une médaille ? Il y a quelque chose de spécial ?

— J'ai gagné un tournoi, maugréa-t-elle.

— Oui, mais nous n'avons rien fait.

C'est pas vrai, elle va pas me faire chier ! Elle sortit sa médaille d'or de son sac en bandoulière, et la ficha dans les mains de Misa.

— Vendez-la, si vous voulez. Je me fiche de ce truc-là.

Elle mentait à demi : ce joli cercle blond était esthétique, et très classe. Néanmoins, il pouvait rapporter bien d'autres cercles blonds – plus petits, mais plus utiles, surtout pour acheter de la nourriture. Les voisins ont beau être généreux, papa et maman ne vont pas tenir longtemps avec deux caisses de bouffe.

— Tu peux prendre des petits trucs avant de partir, proposa soudain Misa. Oui, prends-en. Économise ton argent pour ton retour.

Sur ce, elle la poussa jusqu'à la cuisine, et enveloppa rapidement patates et pommes dans des torchons. Xi ne trouva pas l'occasion de refuser. Mieux, elle n'en eut pas le courage. Alors, elle les mit dans son lourd havresac, et se prépara à affronter de nouveau la rue cauchemardesque l'attendant au-dehors.

— Au fait, dit-elle. Qui est venu vous aider, il y a deux ans ?

— Une femme encapuchonnée. Bon voyage, ma chérie !

Puis, on la mit littéralement à la porte. Elle resta longtemps raide, embourbée dans une confusion sans nom. Se débarrassait-on d'elle ? Dans ses souvenirs, sa mère démontrait bien plus de douceur. Et son père, où était-il passé ?

La mort du frérot les a tant détruits que ça... ?

Elle étudia une énième fois la tresse de Liz. Elle regrettait tant de ne pas avoir plus remercié Phoe. Sans ce souvenir de Liz, elle aurait pété les plombs, mais son ancienne amie l'avait ramassée et fourrée dans son pantalon juste pour elle.

Du moins, elle l'espérait, que c'était « juste pour elle. » Quoique, elle ferait plus pour la personne qui a sa tresse. Désormais que Xi se penchait plus sur la question, Phoe avait certainement trouvé un quelconque métier stable... Non, elle a dit que la personne de sa tresse n'allait pas vivre avec elle. Pourquoi lui avoir cédé une chose si précieuse, alors ? Même moi, j'ai coupé la mienne pour une bonne raison...

Elle retrouva enfin Loë, gentiment chargé de louer deux chevaux : il n'eut de cesse de babiller que ce voyage n'allait profiter qu'à lui, et qu'elle ferait peut-être mieux de s'isoler du monde. Il allait se faire des contacts, gagner plus d'argent, et que savait-elle encore, raconta-t-il ensuite. « On pourra s'arrêter, ici, là, et à cet endroit aussi ? » s'extasiait-il même.

Ainsi commença-t-elle son voyage vers les Enfers : un sabre à la ceinture, un destrier si flemmard qu'elle le devinait marronner « qui peut le plus peut le moins », et un ami déjà migraineux comme compagnie.

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