PDV AKEMI

     Elle m'attaque à nouveau, et j'évite, encore. Ça continue comme ça pendant un bon moment, jusqu'à ce que je l'arrête d'une seule main, ce qui la surprend.

Kazuko : elle a reçu la moitié des pouvoirs du roi des démons ou quoi?

     Je lève un regard surpris vers le groupe un peu plus loin.

Moi : que faites-vous ici? C'est dangereux...

Sasaki : ne perds jamais ton adversaire de vue.

     J'arrête son second poing avec ma main libre et utilise ses deux poings comme appuie pour faire une belle figure acrobatique. Je me retourne très rapidement vers elle, assez pour éviter son coup.

Sasaki : tu vas vraiment te battre contre une femme enceinte?

     Tout en évitant ses coups, je lui réponds.

Moi : crois moi si je te dis que je n'en ai pas envie. Mais si j'étais sous ma forme démoniaque, je te dirai que c'est mieux que cet enfant disparaisse puisqu'avec toi comme mère, il souffrirait. Ou encore, que j'ai peur qu'il soit comme toi. Que ça serait mieux qu'il ne voit jamais le jour. Alors oui, je me battrai contre une femme enceinte. De plus... Non rien. J'en ai trop dit, je crois.

     Elle s'arrête soudainement, surprise.

Sasaki : tu es vraiment un monstre.

Moi : c'est moi, le monstre? Laisse moi rire. Entre nous deux, c'est toi qui l'es. Si j'avais été à ta place, tu n'aurais pas eu pitié de moi, non? Et puis, je t'ai dit que je ferai pareil que toi avec moi.

     La haine qui monte encore en elle est presque palpable. Une aura noire visible l'entoure et seuls ses yeux sont encore visibles. Lorsque l'aura se dissipe, une grande paire d'ailes noires se déploie et une démone me fait face.

Sasaki : voyons encore comment tu t'en sortiras vivante.

Moi : Sasaki, tu peux encore éviter tout cela.

Sasaki : tu implores ma pitié maintenant?

Moi : faudrait déjà que tu saches quand est-ce que je l'ai fait. Bon, puisque tu ne veux pas m'écouter, tant pis.

     Je fais apparaître une épée dans ma main, et crie aux autres :

Moi : aller vous mettre à l'abri. Ça risque d'être encore plus dangereux.

     Je n'attends pas une réponse et fonce vers Sasaki.

Sasaki : tu crois vraiment que ce coup me fera quelque chose?

     Une entaille profonde s'ouvre sur son bras et le cri qu'elle lâche est à en faire fuire les animaux.

Sasaki : petite...

     Je lui donne un coup de pied en plein visage. Mon coup était tellement puissant qu'elle se retrouve propulsée contre un arbre qui se brise et elle va se cogner contre un autre.

Moi : je te laisse un dernière chance.

Sasaki : plutôt mourir.

     Je soupire tandis qu'elle m'attaque.

Moi : bon, j'en ai marre.

     J'utilise mon épée pour m'entailler la paume de main.

Sasaki : t'es vraiment stupide.

Moi : je vous ordonne de vous ouvrir, portes des abysses de l'oublie éternel.

     Un grand cercle de magie apparaît sur le sol et un œil géant s'ouvre. Je laisse mon sang s'écouler sur lui, et il dirige son iris vers Sasaki.

Sasaki : qu'est-ce que c'est que ça?

     Elle se fige sur place.

Sasaki : qu'est-ce qui m'arrive?!

Moi : tu es prisonnière du gardien des abysses de l'oublie éternel. Je suis la seule à pouvoir utiliser ce sort. Il comporte des risques, mais je n'ai pas envie de te tuer. C'est un sort issu d'un niveau de magie noire élevée qui me consomme beaucoup d'énergie. En le nourrissant de mon sang, il s'en prend à ma victime et l'emporte avec lui. Tu souffriras lors de ton séjour dans cet endroit. Tu verras tes pires cauchemars. On va dire que c'est comme un jugement. Les personnes ayant été moins cruelles sont en paix, mais les mauvaises personnes sont maltraitées. Un peu comme en Enfer mais en mille fois pire.

     Je commence à faiblir sérieusement. Il faut que je termine ce sort et vite.

Moi : tu réfléchiras plus à la gravité de tes actes là-bas. Plus personne n'aura de souvenirs de toi. Ta renaissance aura lieu dans un an. Voilà le délai que j'impose. Tu n'auras plus aucun souvenir de cette vie et j'espère que tu seras une meilleure personne. Adieu, Sasaki.

     L'œil disparaît, et une grande porte s'ouvre. Des tentacules obscures la saisissent,m et l'attirent vers la porte

Sasaki : je veux pas! Je ne veux pas! Arrête ça tout de suite! Arrête!

     Les portes se ferment et sa voix n'est plus qu'un faible écho. J'arrête le sort et tombe à genou, transpirant à grosses gouttes tandis que je sens deux bras m'enserrer.

Keiko : les battements de son cœur sont lents. Elle a perdu beaucoup de sang aussi.

Misaki : mais qu'est-ce qui t'a pris d'utiliser ce sort? Tu n'as pas encore retrouvé toutes tes facultés et voilà que tu te mets à utiliser des sorts de hauts niveaux.

Moi : ce n'est rien... Je vais bien...

     Je tousse et du sang se met à couler de ma bouche.

Kazuko : ramenons la au chalet. Son corps refroidit beaucoup trop à cause de la perte de sang. Et avec le froid qu'il y a...

     Je me sens soudainement soulevée, et la dernière chose que j'entends est le son des pas.

PDV KEIKO

     Yuki pose délicatement Akemi sur le lit, tandis que Kazuko et Keiko revienne avec une bassine d'eau chaude, un gant de toilette et de nouveaux vêtements.

Moi : les filles, je vous laisse vous occuper d'elle. Les garçons, sortez. Yuki, on doit parler.

     Mon ton autoritaire ne leur laisse pas le choix que d'obéir. Une fois que Yuki et moi sommes seule, je "redeviens" normale.

Moi : bon, écoute Yuki. Ce n'est pas pour t'effrayer, mais il faut que tu laisses Arisa te mordre pour une guérison plus rapide. Ça serait bien qu'elle soit en santé pour pouvoir se protéger. En plus de la fatigue que les deux combats qu'elle a mené aujourd'hui lui ont apporté, elle a perdu une importante quantité de sang en réalisant ce sort.

Yuki : ce n'est pas un problème. Elle peut me mordre si elle le veut. C'est elle qui s'entête à toujours me le demander. Ce qui est très aimable, mais j'aimerais qu'elle sache qu'elle peut le faire si elle en a envie.

Moi : tu l'aimes vraiment beaucoup, dis moi.

Yuki : bien sûr. Je ne me vois pas sans elle. Ça serait comme être vivant mais ne plus avoir d'âme.

     Arisa, crois moi, tu as de la chance que les Dieux aient créé quelqu'un comme lui pour toi.