Chapitre 12 : Heurt céleste
𝒫𝑜𝒾𝓃𝓉 𝒹𝑒 𝓋𝓊𝑒 𝒹𝑒 ℒ𝒾𝓋𝒶𝒾̈
Le cœur au bord des lèvres, je m'abandonne dans les draps souillés par les plaintes incessantes de mon corps. Dévoré par ce sentiment si fragile. Combien de temps me faudra-t-il pour espérer retrouver la raison ? Sous cette lune ivoire et mystique, je me remémore incessamment ma conversation avec maman. Ce silence lui étant propre, jusqu'à ce qu'il finisse par me dévorer, me faisant taire à mon tour. Je l'observais, cherchant à décrypter son passage dans l'histoire, ou si elle allait l'ignorer. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais entendre, pourtant la crainte parcourait le bleu de mes veines. -"Osera-t-elle me faire confiance et me croire ?" C'est ce que je me répétais, ne vivant que pour ces quelques mots. Cette aventure dans l'esprit de certains demeurerait invraisemblable. Et c'est avec du recule que j'oserai me demander pourquoi. Comment peut-on décider de ce qui existe ou non, alors que nous-mêmes sommes de simples ignorants. Je me souviens de ces bras autour de moi, de sa main caressant l'ébène de mes cheveux. La surprise aux yeux, je l'ai entendue me demander comment je le vivais. Et j'ai pleuré. Je ne savais pas pourquoi, je ne savais pas pourquoi mon cœur saignait pour une personne que je pensais aimer. Une personne que je ne saurais définir après coup. Aussi proche semblaient être nos esprits pluralistes. Elle n'a été qu'un mirage douloureusement éphémère, avant qu'elle ne s'efface dans le temps.
Je voulais apprendre à te connaître, découvrir ton cœur et oser construire le monde à tes côtés si nos âmes se trouvaient. Je voulais bâtir des souvenirs qui nous rendraient déjà nostalgiques.
Au début, il n'y avait que ton corps, aussi enivrant que délectable qui me plaisait. Toi, je m'en fichais pas mal en fait. Tu n'étais pourtant pas le genre de personne sur qui je me serai retourné. Je ne comprenais pas, puis j'ai fini par apprendre que du sang divin dévorait le rubis de ton sang. Ça a changé la donne, c'est du moins ce que j'avais fini par penser. Que ces doux picotements lacérant mon être ne demeuraient qu'erronés. Que ton statut traçait les sentiments de chacun à ton égard. Rendant cette incartade si terne. Si morne, si sinistre. J'ai fermé les yeux à ce sujet, peut-être aurais-je dû les garder ouverts et t'en faire part âme contre âme. Nous n'aurions pas perdu notre temps face à cette illusion à sens unique. C'est ce que je me disais, avant de voir un peu plus à travers toi. Tu n'étais pas juste un joli corps.
Que ressentais-tu ? À travers ton être dans le miens, à travers le désir de ton regard sur ma peau, à travers tes jolies mots...Est-ce mon physique qui te plaisait tant ? Si jamais c'est le cas... alors cela change absolument tout à présent.
La pluie toque à la vitre, sur un soupir las mon regard se pose sur celle-ci. Et c'est avec dégoût que j'observe la rue. Au loin les lumières dansent, les voitures fusent, les gens se bourrent, pensant qu'en se détruisant le bonheur les enlacera. Pensant que le bonheur vient des autres et non d'eux. Cette image me rend nauséeux, comment peut-on apprécier la ville ? Elle est si triste, sans nature,sans calme, sans amour, sans vie.
Mon portable se met à vibrer à l'autre bout de la pièce, éclairant de son écran le corail du mur. Mes pieds nus embrassent le sol et c'est avec étourdissement que ma main prend l'objet animant le silence de la pièce. Je décroche, une voix mettant familière résonne dans mon oreille. Une voix réchauffant mon cœur, comme si elle avait été absente depuis des décennies. Je deviens muet sans l'avoir voulu.
-Livaï ?─ Livaï tu es là ?─ Livaï ?
-Je suis là, Petra.
-Ah enfin ! Pendant un instant je pensais qu'aucune voix ne me répondrait.
-Haha...c'est vrai que pour une pipelette dans ton genre c'est un comble.
-Ne commence pas à me charrier, tu perds toujours à ce jeu.
-Ne sous-estime pas mon imagination.
-Soit, finit-elle par rétorquer avant de reprendre, Livaï ?
-Oui ?
-Comment tu te sens ?
L'hésitation me submerge un instant, et c'est avec honnêteté que je me décide de lui répondre.
-Je ne vais pas dire que je vais bien mais...ça pourrait surement être pire, avouais-je.
-Un désagrément à ton retour ?
-Non, pendant le voyage.
-Tu veux en parler ?
-Tu es prête à entendre mes plaintes pendant un temps indéterminé ?
-C'est loin de m'effrayer tu sais.
-Alors allons-y, lançais-je.
Les secondes s'écoulent, les minutes les suivent et les heures s'écroulent. Je libère mon cœur pour la seconde fois de cette tumultueuse soirée à mon égard. J'omets mon escapade à l'Ennéade, ne voulant entrer sur une discussion plus profonde à ce sujet. Juxtaposant des situations qui auraient peut-être besoin d'être éclairé. Malgré les zones ombrageuses de mon récit, Petra ne me pose aucune question et m'écoute avec la plus grande attention. Comme si présentement j'étais le seul qui comptait.
-Il n'a même pas répondu au mot que tu lui avais laissé ? Me demande mon amie, calme et sereine.
-Pas le moins du monde.
-Je vois...déclare-t-elle,laissant ses mots en suspend.
-Tu es toujours là ?
-Oui oui, excuses-moi je réfléchissais.
-D'accord.
-Je peux te dire quelque chose ?
-Évidemment.
-Je pense que tu devrais le contacter. Demander des explications, ne reste pas silencieux à ton tour en attendant qu'il vienne à toi. Les autres ne réagissent jamais comme on le voudrait. Alors fais-toi entendre, impose-toi car il n'y a pas un, mais bien deux individus concernés dans cette histoire. Même s'il ne te répond toujours pas, au moins tu auras vidé ton esprit. Après tout, c'est lui qui devrait entendre toutes ces choses en premier. En toute honnêteté, je pense que tu te sentiras un peu mieux après ça.
-Tu as raison...je ne devrais pas attendre de quelqu'un ce que je pourrais faire moi-même. Je pense que je le contacterai dem─
Une ombre dévora promptement mon champ de vision, dehors, derrière la vitre. Me coupant dans ce que je m'apprêtais à dire devant le courage retrouvé. Le cœur battant de frénésie. Je me demande si ce n'était qu'un rêve éveillé.
-Livaï ?
-Je...hum...excuses-moi. J'ai eu un moment d'absence...Je disais donc que je le contacterai demain.
-Fais comme tu le sens, mais prend du recule avant tout. Parler sous ses émotions directes amène au regret. Les émotions de l'instant ne sont pas forcément nos amies dans une relation conflictuelle.
-Je prends note. Mais...
-Oui ?
-Tu penses qu'il s'en veut ? Je demande, sans savoir réellement pourquoi je le fais.
-On ne trouve pas la paix dans le remords des autres.
Un petit sourire amer se dessine sur mon visage, avant de lui avouer qu'elle a raison.
-Que ferai-je sans toi ?
-Tu t'en sortirai malgré tout. Comme tu l'as toujours fait. Me répond-t-elle, accompagnée de la plus grande évidence. Oh ! Maintenant que j'y pense, ça te tente d'aller à la fête foraine le week-end prochain ?
-Si tu me demande implicitement de faire le train fantôme pour que je puisse t'entendre faire la causette aux acteurs sensé faire peur et bien...je suis plus que partant.
-À la bonheur alors ! Je vais te laisser, il commence à se faire tard.
-D'accord, bonne nuit. Je t'aime petite tête.
-Je t'aime aussi grosse tête que tu es.
Le cœur gonflé d'un peu de gaieté, je raccroche avant de laisser ma main ballante le long de mon corps pâle. Le vide se fond dans mon regard, avant que la fenêtre de ma chambre ne le remplace avec enclin. Je me rapproche de celle-ci, et tente de discerner par delà les larmes du ciel une forme noirâtre pouvant expliquer ce que j'ai vu plus tôt.
Il ne se trouve rien. Voulant m'assurer de cela, je pose la main sur la poignée avant de la tourner. Mettant la tête à l'extérieur, la fraîcheur de la pluie me caresse de sa culminance. Un mauvais sentiment s'empare de mon être, comme si on voulait me pousser et voir l'enveloppe de mon âme s'écraser contre le bitume. Je me retourne, constatant que je suis seul ici, mon attention se reporte sur la rue. Et c'est avec émoi que mon regard croise celui d'un chat, assis sur le balcon d'en face. Un animal plus noir que la nuit, émanant une lumière solaire de la parure qu'il porte, couvrant son poitrail. Contraste de deux astres si puissants. Le félin m'observe avec insistance le temps d'un éclat, avant de tourner la tête vers les étoiles. Je m'éprends à faire de même. L'une d'entre elle attire mes pupilles. Son éclat m'aveugle, sa prestance me coupe le souffle et saccade les vibrations du temps .Tant de beauté à travers l'art du ciel. Les larmes me montent aux yeux. Je pourrais presque l'effleurer de mes doigts. Et c'est à ce moment là, que je me demande si lui aussi il te voit...toi...qui vit dans les étoiles.
Orion.
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