*𝓟𝓓𝓥 𝓛𝓲𝓿𝓪𝓲̈*

Les vagues dansent légèrement à l'horizon, la chaleur nous enveloppe progressivement au fils de nos pas. Le trajet se fait en silence, parfois les mots n'apportent rien. Eren a aujourd'hui libéré ses cheveux, son brun se reflète à la force du soleil. Sa crinière demeure bronze et flamme par endroit. Comme si le monde voulait faire ressortir le phénix trônant en lui. il est vraiment beau ainsi. Il dégage de la puissance, de l'assurance, de la sagesse. Toutes sortes de choses émanent de son être. Je crois bien que sa personne me fascine. Le port Marina se dessine nettement, le paysage est magnifique lui aussi. Eren se dirige en direction d'un homme au traits fins posté près d'un bateau. Nile je suppose. Ce dernier a l'air originaire du pays, sa peau est caramel, ses iris constituées d'un vert aussi intense que celles d'Eren appelle le regard. L'émeraude à l'état pur. Ses cheveux mi-long et chocolat habillent son port de tête. des mèches rousses ondulent dans sa chevelure lascivement. Les tatouages présents sous ses yeux intensifient leur charme, l'un deux me rappelle l'œil oudjat. Une boucle d'oreille ornée d'une améthyste décore son lobe gauche. Sa carrure est athlétique, l'image qu'il renvoie a l'air importante pour lui.

-Nile ! Commence Eren, salut mon vieux.

-Ça fait plaisir de te voir, ça fait un bail qu'on ne s'est pas vue, répond le brun, un léger sourire aux lèvres.

-Je te l'accorde, le temps est passé bien plus vite que je ne le pensais. D'ailleurs laisse-moi te présenter Livaï.

-Enchanter.

-De même, dis-je.

-La mer est calme, déclare l'ami d'Eren tout en observant l'horizon, si c'est bon pour tout le monde nous allons pouvoir embarquer.

-Mais il n'y a que nous, personnes d'autres ne voulait faire de la plongée aujourd'hui ?  Demande le phénix.

-Non c'est mon jour de congé, considère-toi chanceux répond Nile tout en détachant le bateau une fois que nous avons pris place.

-Oh tant mieux, je pensais que ton business ne fonctionnait pas avec un caractère comme le tiens.

-Toi tu vas finir à l'eau avant même d'avoir quitté le port, déclare l'égyptien après avoir pousser un soupire d'exaspération plus que prononcé.

-Sapristi ! Comment peut-tu me dire ça toi ?

-Fais pas celui qui est choqué, commençai-je, tu as l'habitude de te retrouver à la flotte.

-C'est une habitude qui a prit sa place depuis que je te connais...je ne sais pas vraiment si ça me plait.

-Si tu me côtoies toujours c'est que tu aimes bien. 

Nile ricane pendant qu'Eren tord sa bouche d'un façon étrange, surement en pleine réflexion.

-Tss gagné, lâche ce dernier.

Des membres de l'équipage pointent le bout de leur nez et hissent les voiles. L'ami d'Eren prend les commandes du navire et quitte le port.  Le phénix m'éclaire sur le programme prévu en ce jour. Nous allons rejoindre le site de plongée Gamul Soraya. Si la chance nous sourit, les dauphins seront de la partie. Dans le cas contraire nous admirerons juste les autres êtres aquatiques et les récifs coralliens. Pendant le trajet je ne peux m'empêcher de regarder la mer. Ce n'est que la deuxième fois que j'ai l'occasion de naviguer, j'avais oublié cette bonne sensation. Loin de la civilisation, le bruit de l'eau est une agréable symphonie, j'en oublie presque que je ne suis pas seul à bord. Je me sens bien, et ça me fait aussi oublié la douleur qui trône dans mon derrière. La nuit passée m'a laissé quelques séquelles. Je me tais et admire le paysage pendant que le temps ne fait que passer. Eren s'accoude à la barre à mes cotés, lui aussi regarde la même chose que moi. Je sens ses yeux se poser sur ma personne par moment. J'ignore ce geste, puisque qu'un sentiment moins jovial prend place sur mon visage sans crier gare. Tout ce que j'ai vécu ces derniers jours est surréaliste. Je m'entends très bien avec le fils d'Osiris, nous avons couché ensemble, il m'apprend des choses et il me fait découvrir comme il peut le pays qui habite son cœur. Il a su prendre sa place en peu de temps dans ma vie. Les environs m'hypnotisent, mais tout cela aura une fin. Je viens seulement de m'en rendre compte. Dans quelques jours je rentrerai chez moi et reprendrai mon train de vie habituel. Je chercherai ce que je pourrai faire de mon existence, ferai quelques petits boulot et c'est tout. La magie qui m'animait aura disparu. Qu'est-ce que je m'imaginais pour ne pas y penser ? J'étais juste dans ma bulle, c'est tout. Je suis déjà nostalgique alors que rien n'est encore fini. Si seulement le temps pouvait être infini...

-Livaï ? Demande le brun, soucieux. Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je me disais juste que...tous ces moments seront bientôt terminés. Les vacances finissent bientôt, on va chacun reprendre notre vie de notre coté. J'ai pas envie de rentrer.

Eren ne répond rien, un petit air peiné glisse dans ses yeux.

-Je vais devoir repartir en Allemagne dans quelque temps, lâche t-il, des affaires à régler. Moi non plus j'ai pas envie de rentrer.

-Nous ne nous reverrons pas en France de si tôt j'imagine.

-Non...

-L'Egypte en ta compagnie va me manquer.

-À moi aussi...

Le silence remplace mes mots, la joie qui nous animait il y a peu nous a quitté lâchement. Peut-être aurai-je du garder mes ressentis pour moi le temps d'un instant ? Pourquoi ai-je pensé à ça maintenant ? Je viens de tout gâcher, je m'en veut pour ça. Soudainement la main d'Eren enserre la mienne. Ses prunelles cherchent à capter les miennes pour au final se rencontrer.

-Tu sais...la distance n'est pas définitive. Elle ne définit pas notre avenir. Nous nous reverrons, et dans l'attente nous nous appellerons. Communiquer de loin est facile de nos jours, je m'accroche à cette idée. J'aurai au moins des nouvelles de ta part.

-Dis-moi, que sommes-nous maintenant après la nuit que nous avons passer ? Après toutes les fois où on se cherchait ? Malgré le peu de temps que nous nous connaissons ? Est-ce que tu vas être un amour de vacance ? Le genre d'histoire qu'on peut vivre étant encore gamin et qui n'a jamais de suite.

-Certains s'aiment pendant des années et d'autre par delà la mort. Parfois, on ne s'aime que le temps d'une nuit.  Mais nous...je ne sais pas vraiment.

Ces derniers mots me serrent le cœur, pourtant il n'a rien dit de mal. Il est honnête avec moi, il ne m'avait rien promis à ce sujet. Et puis...moi non plus je ne sais pas ce que nous sommes.

-Tu sais pourquoi je suis paumé à ce sujet ? Commence Eren, parce que je ne sais pas si ce que je ressens pour toi est de l'amour véritable ou de l'affection ainsi qu'une attirance physique. J'en ai aimé des gens dans ma courte vie, mais pas de la même manière que toi. Je ne m'y retrouve pas. Tu as su prendre ta place en peu de temps dans ma vie. Et-... Pourquoi tu rigoles ?

-Je m'étais fait la même réflexion sur ton passage dans ma vie.

Ce dernier sourit, j'aime son sourire. J'ose lui dire et ce dernier continue de plus belle pour mon plus grand bonheur.

-Quand j'étais plus jeune, ajoute le brun, je ne pensais pas que certaines personnes pouvaient s'aimer en peu de temps. Mais un jour je me suis rendu compte que chaque être trace son chemin, écrit sa propre histoire avec différents chapitres. Certains ont besoin de se connaître depuis longtemps pour tomber amoureux, tandis que d'autres n'ont besoin que de quelques jours. L'alchimie entre les gens est différente pour chacun. Ce qui plane entre les protagonistes ne peut être compris totalement par les autres. Et aujourd'hui j'ai le sentiment d'être moi-même protagoniste. Tu n'es pas n'importe qui pour moi Livaï, sache-le.

Ma tête se pose sur son épaule, mes yeux se ferment et l'obscurité envahie le dessous de mes paupières. Sa joue se colle contre ma tempe et nos esprits se connectent en silence. Le silence...avant je pensais qu'il ne pouvait qu'être gênant ou ennuyeux. Maintenant, je me rends compte qu'il est aussi un moment de partage et d'intimité. Au bout d'un petit moment le bateau s'arrête et cesse de glisser sur les vagues. Nile apparaît dan mon champs de vision et hésite à parler en nous voyant. Eren sentant sa présence tourne la tête vers lui, l'invitant à s'exprimer.

-Nous sommes arrivés, déclare t-il. Hum, est-ce qu'il vous faut quelques minutes avant d'y aller ?

Nous lui répondons que non et nous habillons de notre combinaison de plongée, de nos palmes et notre masque, ainsi que d'une ceinture composée d'un lestage nous permettant une meilleure descente dans l'eau. L'ami d'Eren nous équipe de nos bouteilles d'oxygène et explique qu'avant de remonter à la surface tout à l'heure, il faudra décompresser au risque que des bulles pathogènes atteignent une taille critique dans l'organisme. Cela pourrait entraîner une paralysie, des douleurs articulaires, des problèmes circulatoire ou dans le pire des cas, la mort par anoxie. J'écoute attentivement chaque mots prononcer par Nile. Et une fois prêt nous plongeons et pénétrons dans l'immensité du monde aquatique. J'ai l'impression de rêver. Les bancs de poisson se déchaînent, les nombreuses couleurs se pavanant devant mes yeux dansent entre elle. Une harmonie spectaculaire se dégage, j'ai presque l'impression d'entendre l'eau fredonner. Un tout autre univers se dresse face à moi, je ne peux que l'admirer. Ici-bas est un semblant de paradis. Les coraux pour certains varient de leurs formes, à eux seuls ils pourraient habiller une feuille blanche de vie. Un requin dont je ne connais l'espèce me frôle et royalement continue son ascension. Je pourrais rester ici pendant des heures, tout semble si calme. Tout paraît si reposant, là où une paix règne la plupart du temps. Une paix brisé par l'être humain au fil des saisons. Cela me peine grandement de voir ses animaux innocents brillés de vie, en me disant qu'une partie d'eux subissent d'horribles châtiments sans le moindre respect. Ce mot perd sa trace, il disparaît et coule jusque dans les abysses.

Une rascasse volante, apparaît à plusieurs mètres dans mon champs de vision. Cette espèce marine m'a toujours fasciné par sa beauté depuis que je suis enfant. En revanche je ne m'en approche pas. Ce poisson est aussi éblouissant que venimeux. Ses nageoires lui donnent un air majestueux, elles me font penser à des ailes. Comme si l'eau était devenue l'espace d'un instant ce beau tableau bleu au dessus de nos têtes. Pris par la rêverie j'imagine le ciel et l'océan changer de place. Les nuages m'entouraient et les vagues fileraient quand je lèverai la tête. Penser à cela me fait sourire, j'ai l'impression de crée un autre monde. Justement, pourquoi ne pas concevoir mon propre univers ?

Nous sommes rester un petit bout de temps dans l'eau, c'était magique. Je remercie intérieurement la mer rouge de m'avoir accueilli en elle. Je me sens heureux et lessivé de cette activité que je n'oublierai pas de sitôt. Nous sommes sur le chemin du retour puis soudainement un point que je voudrais éclaircir dans ma tête me revient.

-Eren ? Appelai-je, le soir où tu m'as proposé de partir ici à Hurghada, j'avais aperçu une sorte d'homme-crocodile dans le Nil. Est-ce que tu sais qui il pourrait être ?

-Homme-crocodile dis-tu ? Haha pas de panique, ce n'est que Sobek. Le dieu des eaux et de la fertilité.

-J'étais le seul à le voir, je t'avoue ne pas comprendre, avouai-je assez confus en y repensant.

-Je vois surtout que ton esprit n'a pas mit beaucoup de temps à s'élargir me lâche t-il, content pour moi.

-Comment ça ?

-Tu vois, sur Terre il se passe beaucoup de chose. Beaucoup de chose que les êtres humains ne voient pas, du moins ne voient plus. Il y a longtemps ils ont cessé de ne faire qu'un avec l'univers, de ressentir ce qu'il disait. Leur esprit s'est crée une limite à cause de cela. Aujourd'hui l'humanité a inventé  les explications rationnelles, les événements paranormaux et les ovnis. Ignorant comme ils peuvent ce qui les entourent . Pourquoi crois-tu que les animaux sentent certaines choses venir par rapport aux humains ?

-Parce qu'ils ont garder leur lien avec l'univers.

-Exactement ! Pour en venir à toi, tu as su t'ouvrir au monde. Pas totalement mais c'est un début. La science proclame que le cerveau humain n'est qu'utilisé qu'à très peu de pour cent et je suis assez d'accord avec ça. Il y tant de chose que tu pourrais voir en ce moment même.

-Que vois-tu ?

-L'eau joue avec le soleil. La terre plus loin essaye de s'en sortir, elle ne se sent pas très bien.  Elle est malade. Je sens un gros poids sur le monde et les esprits de l'océan ondulent et chantent amèrement derrière toi.

Par réflexe je me retourne et sans surprise ne voit rien. Eren pose délicatement sa main sur ma joue et la caresse avant de reprendre la parole.

-Ne t'en fais pas trésor, tu les verras un jour.

Un sourire se dessine sur mes lèvres et à mon tour laisse mes mots s'exprimer.

-Si je comprends bien, c'est parce que mon esprit s'ouvre de plus en plus que j'ai pu voir Sobek ? Sans ça j'aurais été comme les autres, "aveugle". Est-ce que tu y es pour quelques chose ?

-Peut-être...

Soudainement nous entendons un cris venant du bateau, le phénix et moi même nous précipitons vers la voix qui a l'air d'être celle de Nile.

-C'est pas possible ! Rugit ce dernier énervé.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?! Demande Eren.

-J'ai perdu ma boucle d'oreille !

-Ah...mais c'est tout ?

-Comment ça c'est tout ?! Tu te fous de moi ?

-Relax diva, elle est juste tombée sur ton épaule.

-Hum...merci.

-Abrutit.

-Je t'emmerde Eren, réplique Nile.

-Moi aussi je m'emmerde.

-Quoi ?

-Non rien.

-Pourquoi tu es stupide ?

-Parce que je suis...

-Si tu me dis "ton père" je te rase le crane.

-Parce que je suis Eren.

Son ami lève les yeux au ciel, me lance un regard de soutien et nous tourne le dos. Le reste de la journée se passe dans la bonne humeur. Avec étonnement des dauphins nageaient près du bateau. C'était vraiment vibrant de les apercevoir. Une fois accoster au port et avoir saluer l'équipage, le brun et moi nous dirigeons vers l'hôtel. Mais soudainement, ce dernier s'arrête. Comme si il sentait quelques chose. Derrière, j'entends la mer. Je me retourne. Derrière, je vois d'immenses vagues. Et elles foncent droit sur nous.