Même les nuits les plus extraordinaires aboutissent toujours à des matins comme les autres.

La quiétude de fin de matinée flâne dans l'appartement, les faisceaux de lumière se baladant sur deux corps maigres mais amoureux. De timides rayons infestent lentement leurs peaux, la tiédeur de l'aube se faufilant jusqu'à leurs traits somnolents.

La pièce baigne dans un pâle soleil, quelques éclats striant leurs jambes emmêlées au milieu des draps défaits et, distrait par quelques pensées affectueuses, Seonghwa se fascine de celui en sa compagnie.

La chaude lueur du jour effleurant sa joue écrasée contre le matelas, Hongjoong se blottit un peu plus contre Seonghwa. Son nom se chuchote à ses lèvres hésitantes, le nez paresseusement coincé dans son cou.

La hâte de la veille laisse place à la lenteur des heures où l'on se languit d'amour. Leurs lèvres se touchent à peine, prenant le temps de se retrouver. Elles trainent lascivement, s'attardent à une intime caresse, rampent le long d'une courbe puis s'égarent dans la tendresse. 

Il aurait aimé que chaque jour, ses réveils ressemblent à ça : des milliers de baisers mourant sur leurs peaux maladroitement éprises alors que de leurs corps mordorés dégouline la chaleur d'août. Nul ne peut retenir le temps, mais on dit que pour l'amour, il s'arrête parfois, voilà les infimes instants qui feront leur future nostalgie.

⭒

Seonghwa déserte la pièce et Hongjoong se précipite à sa suite dans un rire étourdi. Une large chemise sur le dos bouffant sa silhouette, il tire sur le col de celle-ci pour y renifler une odeur réconfortante qui n'est pas sienne. Un poil épicée, elle lui rappelle ses heures d'errance dans les marchés hongkongais à réinventer le monde et il ne peut que resplendir d'un soudain sourire.

Pieds nus, il trottine derrière Seonghwa, rayonnant d'une bonne humeur qui lui est déroutante. Ils ne leur ont pas fallu longtemps pour que cela devienne une habitude de se réveiller par quelques baisers et d'en glisser encore entre deux tasses de café. Seonghwa s'est si aisément immiscé dans sa routine que sa présence suffit à changer les coups de blues en coups de foudre. 

Et peut-être qu'ils n'auraient pas du tant se presser à envahir le quotidien de l'autre mais tant pis, ils n'en pouvaient plus de manquer d'amour. Du bout de leurs lèvres se murmurent des échanges qui semblent anodins et pourtant qui transcendent tout car on est toujours trop pressés d'être heureux :

Seonghwa taquine Hongjoong sur sa taille tandis qu'il peine à atteindre l'un des placards et lui se moque en retour de son incapacité à cuisiner correctement. Le temps est aux futiles confessions : Hongjoong note combien Seonghwa apprécie les dim sums de la rue d'en face et lui, promet de se souvenir des quelques détails qui, bien qu'Hongjoong fasse mine du contraire, le font secrètement craquer. Ils discutent des dernières chansons populaires et des nouveautés à la télé tandis que s'emmêlent leurs sourires dans la paresse chaleureuse de la journée.

Ils auraient pu rester là, à se bouffer du regard et à partager les petites choses qui font de la vie à deux une passion, si le café n'était pas en train de refroidir. Car soudain, Hongjoong comprend qu'aux côtés de Seonghwa, il peut se permettre d'être vulnérable. 

𝐇𝐎𝐍𝐆𝐉𝐎𝐎𝐍𝐆
Seonghwa, I wanna learn to love.

Et malgré les mots qui ne sortent jamais comme il le veut et les gestes qui se font toujours tremblants de peur de mal faire car il n'a jamais appris à aimer, ça crève les yeux à quel point il est sincère.