𝐅𝐎𝐔𝐑
Entrant à nouveau dans le salon, Katsuki avançait d'un pas mécanique, suivant le mouvement sans vraiment y penser alors qu'il peinait encore à s'en remettre.
Par automatisme, presque sans s'en rendre compte, il vint prendre place sur une des chaises entourant la table ronde, cognant doucement le fond de sa bière sur le plateau.
Encore pantois, il observait les gestes de son colocataire dans la pièce, analysant sa démarche et la façon dont ses pas frôlaient le sol sans jamais le heurter.
Outre les constatations qu'il s'était déjà faites au fil des jours, il remarquait soudain de nouveaux détails dans sa façon de bouger, comme sa manière singulière de venir s'assoir à son tour en face de lui, son dos se cambrant sur une courbe parfaite alors qu'il appuyait son menton dans le creux de sa main.
S'il se doutait qu'il ne pratiquait pas une discipline de combat, il n'imaginait pas qu'il soit un danseur de ce type, se figurant tout à coup de drôles d'images à son esprit.
Jamais de sa vie Katsuki n'avait assisté à un ballet quelconque mais, pour le peu qu'il pouvait en voir à la télé sans s'y attarder, il lui semblait bien que les hommes s'y faisaient rares.
Du reste, il ne parvenait pas vraiment à se représenter ce à quoi ça pouvait ressembler, un corps masculin s'étirant d'une souplesse infinie dans une tenue parfaitement moulante.
_ Ca va pas Katsuki ? l'interrogea son colocataire après quelques secondes, le voyant sûrement se perdre dans ses pensées.
Relevant les yeux, prenant conscience de son mutisme, il se racla la gorge en hochant simplement la tête, suivant du regard les déplacements d'Eijiro qui, avalant une gorgée de bière, vint les rejoindre autour de la table, s'asseyant silencieusement sur la troisième chaise.
_ Qu'est-ce que t'as été lui raconter pour le terroriser comme ça ? se moqua gentiment Eijiro en enfonçant ses coudes dans le plateau, un éclat de rire dans les iris.
_ Rien du tout ! se défendit alors Izuku en souriant. On parlait de nos études juste.
Soudain, l'expression d'Eijiro se fit bien plus sérieuse, trahissant une méfiance toute nouvelle alors qu'il tournait son regard vers Katsuki.
Fronçant les sourcils, il le dévisagea un instant et, raclant sa gorge, il redressa sa posture pour appuyer son dos contre sa chaise.
_ Izuku t'a parlé de son école alors ?
Près de lui, Katsuki avala difficilement sa salive en voyant la lueur de défi dans ses yeux, semblant le menacer de le remettre à sa place s'il venait à dire quoi que ce soit de travers.
Cette soudaine agressivité le mettait mal à l'aise, alors qu'il était pourtant sûr de n'avoir rien fait de mal depuis son retour au salon.
_ Ouais.
_ Ca ne te pose pas de problème je présume. continua t-il, toujours plus sur la défensive.
_ Eijiro, c'est bon. coupa finalement Izuku en posant une main sur son épaule, cherchant visiblement à apaiser son humeur.
Analysant la scène, Katsuki ouvrit silencieusement la bouche quand un éclair lui traversa l'esprit, réalisant tout à coup où se situait le problème.
Mordant l'intérieur de ses joues, il songeait au fait qu'Izuku devait sans doute avoir l'habitude d'encaisser les remarques désobligeantes et autres moqueries dès lors qu'il avouait pratiquer le ballet à un niveau professionnel.
Katsuki le premier n'avait pas pu s'empêcher de rester perplexe un petit moment, jugeant cette pratique peu attribuée aux hommes, et Eijiro assurait simplement son rôle d'ami en cherchant à le protéger.
_ Il porte pas de tutu si c'est ce que tu te demandes. ajouta malgré tout Eijiro comme un avertissement, fixant son regard tout au fond du sien pour le mettre en garde.
_ J'me l'demandais pas. se risqua Katsuki en faisant tourner sa bière entre ses mains, haussant une épaule qui se voulait nonchalante en espérant que sa réponse suffirait à apaiser la tension naissante.
Au milieu d'eux, Izuku émit un bruyant soupir de désapprobation, redressant lui aussi sa posture avant d'avaler une franche gorgée de sa boisson alcoolisée.
Puis, offrant un sourire réconfortant à Katsuki, il hocha silencieusement la tête pour le rassurer, interpelant ensuite son ami en s'éclaircissant la voix.
_ Tout va bien Eijiro, je t'assure.
L'ambiance alourdie, il fallut quelques minutes à Katsuki pour détendre son dos contracté, sentant la contrariété lui monter à la tête en même temps qu'une irrépressible envie de se tirer de là.
Un peu comme il le craignait, la soirée prenait un tournant inattendue et, bien qu'il ne s'en estimait pas totalement coupable, il n'empêche que le malaise grandissait sous ses côtes, le poussant à se murer dans le silence en priant pour que tout ça se termine vite.
Sous la table, ses chevilles s'agitèrent de secousses nerveuses, reflétant son inconfort autant que son désir d'aller s'enfermer dans sa chambre pour échapper à la suite de la discussion.
Alors, pour s'extirper un minimum, tournant son regard vers le couché du soleil à travers la porte fenêtre, il claqua sa langue à son palais avant de se lever rapidement de sa chaise, abandonnant sa bière sur place pour s'avancer vers l'accès au balcon.
Marchant droit devant lui, il s'efforça de garder le contrôle sur sa respiration, mise à rude épreuve par le sentiment de malaise qui bouillonnait sous ses côtes.
S'échappant littéralement, il abaissa la poignée brutalement, ouvrant grand la vitre amovible alors que, derrière lui, un murmure d'Izuku parvint jusqu'à ses tympans, ce dernier reprochant à son ami de s'être montré trop agressif.
S'engouffrant sur l'espace extérieur suspendu dans le vide, il referma derrière lui avant d'aller s'accouder à la rambarde de sécurité, penchant le haut de son corps par dessus pour observer la rue en bas de l'immeuble.
A cette heure, l'agitation se faisait plus discrète, alors que seul deux ou trois piétons déambulaient le long du trottoir, regagnant sûrement leurs domiciles à la fin d'une longue journée de travail.
Ses cheveux chatouillant son front, il ferma les yeux un instant pour se concentrer sur son souffle, espérant l'empêcher de s'emballer alors qu'il ne désirait plus que d'aller se coucher jusqu'au lendemain matin.
Il détestait ce regard, celui qu'Eijiro venait de lui envoyer, celui qu'il recevait souvent dès qu'il ouvrait la bouche.
Celui qui avait bercé son enfance et son adolescence jusqu'à faire de lui la personne qu'il était devenu.
Au demeurant, c'est vrai qu'il comprenait mal comment et pourquoi un homme pouvait s'intéresser à la danse classique, considérant cette discipline plutôt mal adaptée à toute forme de virilité.
C'est vrai aussi, il admet s'être posé quelques questions déplacées sans les verbaliser pour autant mais, il le jurait, il n'avait pas l'intention de se moquer, ni même de se montrer humiliant.
Pourtant, on l'en avait accusé immédiatement.
_ Katsuki ?
Sans décoller ses coudes du garde fou, il tourna la tête autant qu'il le pouvait pour apercevoir la silhouette de son colocataire se profiler près de la porte fenêtre, semblant vouloir s'approcher prudemment de lui.
La main sur la poignée, Izuku amorça un pas silencieux tout en refermant derrière lui, venant prendre place à ses côtés en adoptant la même posture.
Puis, s'intéressant lui aussi à l'animation presque inexistante de la rue, il souffla discrètement par le nez en baissant complètement la tête, renvoyant les mèches de ses cheveux presque dans ses yeux.
_ Je comprendrais que tu penses le contraire, mais Eijiro n'est vraiment pas méchant je te promet. commença t-il en relevant progressivement son visage, cherchant son regard en affichant un maigre sourire. Il panique parce que c'est déjà arrivé que ... que j'ai quelques problèmes à cause de ça ..
Sans répondre, se contentant d'acquiescer à ses paroles, Katsuki concentra son attention sur le marquage d'un passage piéton désert, comptant les lignes épaisses par automatisme.
Entre deux bâtiments, un morceau de soleil saluait une dernière fois l'horizon, se préparant à disparaitre entièrement pour laisser la place à sa remplaçante de la nuit.
Aussi, une brise de vent s'invita entre eux, soufflant leurs cheveux et le tissu de leurs vêtements sans faire de bruit, se contentant de passer par là pour rappeler sa présence.
_ Il est parti plus tôt que prévu, je crois que tout le monde est assez tendu comme ça au final, mais j'espère que ça se passera mieux la prochaine fois. ajouta Izuku après quelques secondes, forçant Katsuki à se retourner brièvement pour constater, effectivement, l'absence du garçon.
_ Il était pas obligé d'partir. J'm'en fous.
_ Pas moi.
Puis, redressant son dos pour se retourner complètement, Izuku vint presser le bas de son dos contre la barrière, croisant ses bras sous sa poitrine tout en faisant machinalement bouger ses jambes, semblant bouillonner d'une furieuse envie de danser dans le vent.
_ Tu sais, je sais ce que c'est que d'être catalogué. Je fais du ballet, ça revient presque à avoir une étiquette "tapette" sur le front. Je te connais pas Katsuki, mais je suis sûr que tu n'es pas aussi fermé que tu veux le faire croire.
_ T'es v'nu pour me faire de la psychologie d'comptoir ? ne put s'empêcher de lancer Katsuki, gêné par les propos réalistes de son colocataire.
_ Non, pas du tout .. Je suis désolé que tu le prennes comme ça.
Il ne faisait pas exprès, vraiment, de froisser les gens autour de lui avec ses réflexions maladroites.
Pourtant, il le faisait à chaque fois, souvent involontairement.
Des fois même, il lui arrivait de s'en vouloir un petit peu, quand il constatait que, au lieu de se mettre en colère, la personne en face de lui semblait sincèrement blessée.
Un peu comme ce soir là quand, haussant les épaules en signe d'abandon, Izuku décolla son dos de la rambarde pour retourner silencieusement à l'intérieur, le laissant seul sur le balcon, libre de ruminer ses propres conneries.
Il aurait voulu, si ses mauvaises habitudes ne l'en empêchaient pas, retenir Izuku à l'extérieur, ou bien le rejoindre dans le salon pour lui présenter des excuses, balayer l'incident et relancer une conversation toute neuve.
Il aurait aimé que sa carapace ne soit pas si envahissante, au point de lui interdire de tresser des liens comme tout un chacun.
Mais, contraint d'obéir à son malaise grandissant, il se contenta de traverser l'appartement pour s'enfermer dans sa chambre, s'en allant s'assoir sur son lit pour y déverrouiller l'écran de son téléphone.
Plongeant son esprit tracassé dans ses réseaux sociaux, parcourant des publications qui ne l'intéressaient pas le moins du monde, il soupira de frustration en changeant d'application.
La lumière du plafonnier éteinte, les résidus de soleil à travers la fenêtre ne donnaient qu'un faible éclairage à la pièce, la plongeant dans une semi pénombre angoissante qui ne faisait que l'enfoncer un peu plus dans son découragement.
Au milieu des draps toujours défaits de la nuit précédente, seul son souffle résonnait dans l'atmosphère vide, rendant l'espace toujours plus terne et plus morne.
Encore plus qu'il ne l'était déjà.
Le temps qui s'étirait de part et d'autre de son corps réveillait progressivement un sentiment de solitude désagréable à sa poitrine, soulevant une angoisse passagère qui contracta ses mains autour de son téléphone.
L'agitation soudaine de ses émotions bouleversait son estomac, et sa respiration se fit légèrement plus bruyante, plus lourde, plus pénible.
Le grésillement du silence assourdissait ses tympans, burinant son crâne jusqu'à y insuffler une douleur naissante, et sa poitrine se serra violemment.
Tout à coup, il rêvait de rentrer chez lui, dans le domicile familial, et de se terrer dans sa chambre d'enfance pour les dix huit prochaines heures.
Mais, alors que l'anxiété se répandait à travers sa peau, mordant ses muscles tendus de stress, il sursauta légèrement quand trois coups légers résonnèrent contre sa porte, indiquant une présence de l'autre côté du bois.
Avalant sa salive, alors que seul Izuku pouvait être à l'origine de cette interpellation, il verrouilla l'écran de son téléphone avant de s'assoir plus convenablement au bord du lit, posant ses pieds bien à plat sur le parquet.
_ Entre ..
Au son du grincement discret des gonds, le visage avenant de son colocataire se faufila par l'ouverture, bientôt accompagné du reste de son corps.
_ Je vais quand même commander ce soir, j'ai pas le courage de me faire à manger. Tu veux quelque chose ?
_ C'que tu veux.
_ T'es au courant que je connais pas tes gouts ? souffla doucement Izuku en s'approchant de lui, venant se poster près du lit en inclinant la tête sur le côté. Dis moi ce que tu veux, je t'invite.
Relevant les yeux vers lui, Katsuki avisa son téléphone dans sa main gauche, une page ouverte sur une liste de plats disponibles.
Soupirant, il réceptionna l'appareil qu'Izuku lui tendit, faisant défiler la carte en cherchant son bonheur parmi les différentes propositions, surveillant inconsciemment les prix pour ne pas ruiner son colocataire.
Sa gentillesse le perturbait un peu à vrai dire, et il peinait à trouver les bonnes réactions face à lui.
_ T'as prévu de faire quelque chose de ton week-end ? intervint Izuku tout en s'invitant à ses côtés sur son lit, croisant ses jambes en tailleurs au milieu du matelas.
_ Non, pas vraiment. A part l'entrainement demain matin. répondit-il simplement tout en continuant de parcourir la liste des yeux, arrêtant finalement son choix en cliquant sur l'écran, rendant ensuite le téléphone à son propriétaire.
Tranquillement, Izuku opéra quelques manœuvres sur son portable, réglant la commande en entrant ses codes confidentiels dans l'application, informant alors Katsuki que leur repas serait là dans une vingtaine de minutes.
Puis, posant le téléphone dans le creux au centre de ses jambes, il étira ses bras au dessus de sa tête, croisant ses doigts entre eux et allongeant son dos.
Dans ses gestes, la fluidité de son corps se devinait aux courbes de ses hanches, insinuant la grâce de ses mouvements quand il dansait sur un parquet lustré.
_ Moi non plus. Je fais jamais rien de mes samedis, tu me laisserais venir avec toi ?
_ Pour ?
_ Pour te voir sur un ring. sourit Izuku en inclinant la tête sur le côté. Je suis sûr que t'es impressionnant.
Battant des cils, Katsuki chercha l'ironie dans son regard, craignant qu'il ne soit simplement en train de lui faire une mauvaise blague mais, n'y lisant rien de plus que toute sa sincérité, il ouvrit la bouche sans rien dire pendant une seconde.
La surprise perchée au bout des lèvres, il dévisagea son colocataire comme une bête curieuse, se demandant surtout par quel genre de miracle il continuait de s'intéresser à lui alors qu'il se montrait si peu ouvert avec lui.
_ Ouais. Si tu veux.
_ Merci, ça me fait plaisir ! C'est différent, mais mon père faisait du judo avant, j'allais le voir parfois. Il voulait que j'en fasse aussi d'ailleurs. Il a pas eu de chance, son fils préférait jouer les pédales dans une salle de danse juste pour le plaisir de le déshonorer.
_ C'est ce qu'il disait ? l'interrogea Katsuki, passablement secoué par la violence des mots qu'il citait.
_ Oh, c'est ce qu'il dit toujours ! rit doucement Izuku, semblant vouloir aborder le sujet sur un ton léger pour ne pas plomber l'ambiance. Il est jamais venu me voir danser d'ailleurs, y'a que ma mère qui se déplace pour ça.
Se sentant subitement investi par la conversation, Katsuki recula son corps pour s'assoir lui aussi au centre du lit, se plaçant juste en face de son colocataire en croisant à son tour ses jambes en tailleur.
Posant ses mains à plat sur ses genoux, il planta ses yeux dans les siens le temps de chercher quelque chose de constructif à dire, désirant sincèrement faire un effort de discussion avec lui.
Parce que son approche lui faisait plaisir, et parce que sa manière de ne jamais le regarder avec condescendance apaisait son éternelle colère interne, il voulait réussir à faire un pas vers lui en retour.
_ Vous vous parlez quand même ? Avec ton père ?
_ Pas vraiment. Il fait encore l'effort de m'envoyer un message pour mon anniversaire, enfin quand il oublie pas, mais ça s'arrête là. Tu as de la chance, tes parents ont l'air vraiment investis dans ce que tu fais, et ils te soutiennent beaucoup. En tout cas, c'est l'impression que j'ai eu quand je leur ai parlé, ça leur tenait à cœur de faire tout leur possible pour que tu te rapproches de ton université.
_ Te méprends pas, ils font surtout tout ce qu'il faut pour que j'la boucle. J'suis pas con, j'les vois m'brosser dans l'sens du poil pour être sûr que ça f'ra pas d'vague.
Hochant la tête, Izuku l'écoutait réellement, le laissant finir ses phrases sans le contredire, et prenant son point de vu sincèrement en compte sans émettre d'objection quelconque.
En somme, Izuku le respectait.
Comme il était, pour ce qu'il était.
_ Je vois .. Je suis désolé alors, j'ai peut-être été maladroit. Peut-être qu'eux aussi, au final, ils sont maladroits dans leurs intentions. Ma mère dit souvent qu'être parent c'est un peu comme débarquer tous les jours dans un pays étranger, d'être tout le temps un peu paumé tout en essayant d'avoir l'air convaincu de ce qu'on fait.
_ Elle a l'air plus intelligente que ton père alors. se permit Katsuki, espérant dans la seconde suivante que sa remarque ne le vexerait pas.
_ Oui, c'est une femme bien. rétorqua t-il simplement, visiblement pas blessé pour un sou, tout en venant appuyer ses coudes dans ses cuisses et sa tête dans ses mains. Je me demande tous les jours ce qu'elle fait avec un type pareil ... Il fait noir un peu là, non ?
Levant les yeux au plafond, Katsuki constata effectivement la pénombre presque complète qui les entourait, le soleil ayant totalement tiré sa révérence depuis quelques minutes.
Souriant pour lui même, il ressentit le courant frais d'une sensation de sérénité se faufiler au dessus de son diaphragme.
Au final, il appréciait véritablement ce moment d'échange et, priant pour qu'il ne s'arrête pas là, il s'absenta quelques secondes pour aller presser l'interrupteur près de la porte.
L'ampoule jaune criant subitement sa lumière à travers la pièce, il plissa les paupières pour protéger ses pupilles agressées, voyant du coin de l'oeil Izuku en faire de même.
Ce soir là, sa chambre terne semblait l'être un petit peu moins, illuminée par l'ampoule du plafond, mais sans doute aussi par le sourire bienveillant de son colocataire squattant son lit pour se raconter leurs vies privées au hasard d'un repas commandé.
_ Et sinon .. relança t-il en venant récupérer sa place et sa posture initiales. Ca mène à quoi comme métier tes études ? Tu vas faire quoi après ?
_ Eh bien .. Si tout se passe bien, je signerai un contrat avec une compagnie pour me produire régulièrement sur scène. Mais on est vite trop vieux pour ça, alors .. Au bout de quelques années, j'aimerai ouvrir mon école pour enseigner. Et toi Katsuki ? Tu vas faire quoi de ton master ?
Passant sa main dans ses cheveux, Katsuki s'étonna une seconde de toutes les informations que possédaient déjà Izuku à son sujet, devinant facilement que ses parents lui avaient tout balancé au moment de leur conversation.
_ Enseigner aussi. Enfin, pas le ballet hein ! Je suis plus doué avec des gants de boxe qu'avec des chaussons de danse.
_ J'avais bien compris t'en fais pas. sourit encore Izuku en redressant finalement son dos, gesticulant dans un sens et dans l'autre comme si son corps le démangeait.
Il semblait que, en permanence, le garçon ressentait l'irrépressible besoin de bouger, de danser sûrement, et rester en place le frustrait au possible.
Un peu comme s'il était programmé pour être en mouvement perpétuel, il ne cessait de déplacer au moins une partie de son corps, levant les bras, courbant son dos ou agitant ses jambes sans pouvoir s'en empêcher.
Le regardant faire, Katsuki ne put retenir un sourire en coin, un élan doucement moqueur vibrant à sa poitrine en même temps que la douceur d'un sentiment délicat caressait son sternum.
Observant le tracé de ses lignes, il s'attarda à deviner les détails de son abdomen en dessous du tissu de ses vêtements, tout comme le galbe de ses hanche et les reliefs de son torse, dessinant sa silhouette entière à son esprit.
Fronçant les sourcils, se sentant brutalement submergé par ses propres idées, il avala sa salive en retenant son souffle, réalisant que ses émotions se mélangeaient en pagaille au gré de son imagination.
En fait, une compression vint faire suffoquer ses poumons quand, décroisant ses jambes pour revenir au bord du lit, il prit conscience d'être en train de reluquer l'homme en face de lui.
Baissant les yeux vers le plancher, il serra la mâchoire en refoulant l'attirance soudaine qu'il ressentait, hurlant à sa tête que son cœur ne disait que des conneries en cet instant.
Parce qu'il ne pouvait pas tolérer son propre fantasme nouveau, parce qu'il ne faisait pas partie de cette catégorie de personne, parce qu'il n'acceptait pas d'éprouver un quelconque attrait pour quelqu'un du même sexe que lui.
Et Katsuki se braqua totalement sans transition, coupant court à cette discussion pour fuir la chambre et s'en aller chercher de l'air sur le balcon.
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