Le temps est tel un fil rouge, d'une longueur inconnue et qui ne saurait se dérouler simplement par hasard. On dit qu'il aurait été façonné d'une main douce et fragile, qui le traita avec tant de précautions et de bienveillance que sa disparition l'eut profondément touché, le déformant en une spirale de déroute incorrigible.

Ainsi privé de l'Origine, le temps voulut retrouver cette chaleur qui le berça depuis sa naissance, cherchant dans l'Univers des éléments identiques à cette harmonie. Il erra pour des millions, des milliards d'années sans jamais retrouver son éclat, devenant alors le plus sombre des chaos.

Sa déchéance brutale conduisit presque le monde à sa perte, amenant peu à peu la confusion d'un présent et d'un avenir troublés où l'espoir cessa de renaître. Maints et maints aspirants furent ainsi créés pour consoler le miséreux, toujours en vain.

Son désir était irréalisable, trop cupide, et ce ne fut qu'après des millénaires d'essais supplémentaires et de refus consacrés qu'il retrouva la raison, acceptant qu'il ne pourrait jamais retrouver ce qu'il avait perdu.

Hélas le Temps avait déjà fait son oeuvre, déréglant suffisamment l'équilibre pour décourager l'univers.

Mais même dans un tel état de déploration, et sous l'effort ultime de son existence, l'Univers concéda sa plus belle trouvaille au Temps, donnant naissance aux êtres les plus lumineux qui soient.

Ces nouvelles entités le charmèrent en un seul regard, faisant enfin s'arrêter le Temps, pris d'une nostalgie si forte qu'il laissa ses noeuds se dénouer au rythme des fées. On dit qu'un sentiment indescriptible émanait de leurs radiances enchanteresses, capable d'apaiser son mal et de l'inciter à traverser les âges avec elles.

C'est ainsi que le monde fut sauvé et que naquit la légende des fées, éternelles maîtresses de l'avenir et du passé, aimantes du Temps généreux qui les laissa libre de plier son cours.