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61. Everything matters

Parallèlement aux états d'âme de Jungkook et Taehyung, d'autres héritiers subissaient les déconvenues de leurs souvenirs. L'arrivée des remords était même si soudaine et violente pour certains que les réactions s'enchaînaient sans mesure.

Ce fut le cas de Namjoon, pour qui la mémoire de ses actes et leurs répercussions présentes devinrent finalement insoutenables. Il n'avait eu de cesse de croiser Yongguk à Guryong sans pouvoir échanger normalement avec lui, de tenter des discussions où ses mots s'heurtaient à un mur impassible. C'était presque un retour à la case départ, comme dix années en arrière.

Tu ne te rends pas compte de sa souffrance, Namjoon. J'ai décidé que j'arrêterai de participer à ça.

Les mots de Jimin revinrent encore, avec sa réponse insensible de ce jour.

- Je suis au courant.

Et pourtant, il n'avait rien fait. La douleur de Yongguk l'avait aussi peu fait réagir qu'auparavant.

- Et tu serais prêt à le laisser continuer ?

- Pour l'instant, oui.

Namjoon serra les poings aux souvenirs du malentendu. Il ne souhaitait pas encourager Yongguk dans sa souffrance, c'était la dernière chose qu'il voulait. Mais sans son aide, Jimin risquait sa vie. À défaut de pouvoir réguler sa radiance, les éléments invisibles qu'il attirait terrasseraient sévèrement son corps et finiraient par l'emporter d'un seul coup.

Pour cette raison, Namjoon devait ignorer son cœur et respecter des décisions pragmatiques. C'était la règle, l'habitude d'alléger sa charge mentale par la suppression de ce qui posait conflit au bien réaliste des choses. En tant qu'Oracle, il n'avait pas à questionner cette seconde nature.

Ses émotions passaient après.

Quel qu'en soit le contexte.


⟢✳︎⟣

Un coup de vent balaya soudain Guryong, forçant Namjoon à réajuster son allure. Cela faisait quelques minutes qu'il était là, portable en main, à envisager d'entrer chez Yongguk. Il s'apprêtait à attendre davantage quand son téléphone s'éveilla, vibrant d'un appel important.

« - ... Rappelez-moi plus tard. » Raccrocha-t-il aussitôt.

Son besoin de s'excuser lui importait plus que cet actionnaire. C'était peut-être une erreur de venir ici subitement, mais son cœur l'y avait poussé. Il avait besoin de s'apaiser, d'être guéri à la place de son esprit constamment tumultueux.

Il fallait qu'il calme d'une manière ou d'une autre les souvenirs trop envahissants de son alter ego. C'était vital. Autrement, Namjoon ne cesserait de s'interroger, de se remettre en question par leur faute et pour des sujets de plus en plus existentiels.

Ces derniers jours par exemple, la grande question était de savoir en quelle version de lui-même faire confiance.

Devait-il suivre le modèle de son ancienne vie jusqu'au bout, rester aveuglement dans cette influence dénuée d'état d'âme ?

Devait-il au contraire s'émanciper de ses racines, tenter une autre solution comme ce que cherchaient les autres ? Voir ses amis héritiers trancher l'un après l'autre lui mettait la pression. Pourquoi n'arrivait-il pas à choisir ? Pourquoi l'Oracle restait-il indécis dans une situation aussi peu pardonnable ? S'il ne tranchait pas très vite, il le regretterait.

Tandis que ses pensées frétillaient, des pas dans la rue le ramenèrent à la raison. C'était Jackson qui passait pour s'entraîner au hangar. Il salua Namjoon d'un signe de main, l'humeur sympathique et innocente. Mais le voyant s'approcher, le grisé se tendit subitement, ne sachant que faire à part l'intimer de partir d'un regard stricte.

« - Oula, ok, je te laisse tranquille ! » Fit Jackson en levant les mains.

Ce fut abrupte mais le message était passé : pas question d'attirer l'attention de Yongguk sur eux avant qu'il entre. Namjoon s'assura de le voir partir totalement de son champ de vision.

Il faudra peut-être que je m'excuse pour ça aussi...

Namjoon s'affligea.

C'est bien joué, moi qui comptait m'amender pour mes actes, voilà de nouvelles raisons de m'excuser.

Il regarda rapidement l'heure sur son portable, consterné du temps passé à réfléchir. Il ne trouverait pas la bonne réponse aujourd'hui, mais peut-être qu'il ferait un pas pour s'aider et secourir Yongguk. Il souhaitait au moins régler les problèmes à sa portée, peu importe s'il finissait par lui requérir l'impossible.

« - Yongguk. » L'interpela-t-il en entrant dans sa demeure.

Son ton était plus ferme que prévu, mais l'idée qu'ils s'évitent encore le motivait à se montrer plus péremptoire. Le plus vieux était allongé sur son canapé, un pied ballant proche du sol et l'autre en appui sur le cuir. Son allure et l'ambiance de la pièce indiquaient clairement son éveil, d'autant plus qu'une barquette de nouilles trônait encore sur le tapis.

Yongguk s'arrêta rapidement dans ses gestes, abaissant la main qu'il gardait sur ses yeux pour dévisager Namjoon. Comme à son habitude, la parole passa de côté, créant une réelle appréhension chez ce dernier. Il n'allait visiblement pas le remercier de sa visite ou l'inviter à poursuivre.

C'est justifié, pensa Namjoon.

Il soupira, profitant de son réflexe respiratoire pour relativiser. C'était devenu rare de ressentir du doute pour s'adresser à Yongguk; le noiraud le mettait dans une situation complètement déstabilisante. Namjoon hésitait un peu sur la façon de faire, craignant de rater son approche ou de susciter le pire dans sa réaction.

« - Dis-moi, tu comptes retransformer ta maison en musée de nouilles ? » Lança-t-il enfin.

Tous deux savaient parfaitement que ce n'était pas le cas. La détérioration du lieu avait largement diminué à cause du temps passé hors de la maison, que ce soit pour régler les problèmes de Guryong ou des héritiers. Très peu de déchets organiques ou ménagers s'entassaient dans la pièce de vie, ce qui témoignait d'une prouesse surprenante pour Yongguk.

« - Laisse-moi enlever la boîte avant que tu marches dessus. »

Namjoon n'attendit pas sa réponse pour s'activer, avançant jusqu'au canapé avec détermination. Il souhaitait faire quelque chose pour commencer, les aider à calmer l'atmosphère. Malgré son silence, Yongguk se redressa, acceptant le passage de son ami pour nettoyer. L'entrée en matière par des banalités fonctionnait suffisamment bien pour introduire sa coopération.

« - Il va vraiment falloir revoir ton alimentation... » Se préoccupa-t-il en s'éloignant.

Namjoon revint quelques secondes plus tard, stoppant ses pas face au plus vieux d'un air perplexe. Au bout du compte, ses idées semblaient toutes bancales et rien de ce qu'il avait prévu pour maximiser ses chances ne semblait fonctionner. Il finit par serrer les poings, maudissant le temps passé à chercher spécialement les vieux habits offerts par Yongguk après la réussite de leur première affaire; ces mêmes vêtements qui ne suscitaient plus la joie de leur association, plus la moindre réaction de sa part.

« - Tu sais, je me souviendrais toujours de la première fois qu'on s'est vus il y a dix ans. » Tenta Namjoon, la gorge serrée.

Il ouvrit un peu son anorak, se sentant suffoquer face au regard de Yongguk. Ce dernier semblait enfin captivé, il s'intéressait soigneusement à ses paroles et à son accoutrement.

« - J'ai eu l'impression de trouver une personne formidable. Reprit-il. Je t'ai vu toi. Aussi fou que ça puisse paraître, je ne t'ai pas approché pour ta radiance, Yongguk. Même si la suite de notre relation a pu te le faire penser, même si notre histoire d'antan montre le contraire, je n'ai jamais vu Spleen dans notre nouvelle rencontre. »

Il s'interrompit, éreinté par l'effort de son aveu. Partager sincèrement sa nostalgie d'adolescent l'emplissait de honte. Il était le futur directeur d'une entreprise après tout, une personne haute placée dans la société et qui s'exposait de plus en plus au regard des médias. Un tel comportement allait en contradiction avec ses rêves de réussite sociale et les actions menées pour contrôler les faiblesses de son psyché.

Pourtant une part de lui jubilait, gagnant enfin la bataille de son égo au profit de la sincérité. C'était encore plus stupide de se rendre compte du gouffre qui le séparait de Yongguk après dix ans d'amitié. À croire que leur relation s'était seulement construite sur des habitudes et rien d'autre par la suite. À croire qu'ils s'étaient vraiment satisfaits de leur hypocrisie mutuelle.

De son côté, Yongguk secouait lentement la tête. Il était en pleine digestion des paroles de Namjoon et ne semblait plus totalement présent. Sa main grattait son avant-bras par-dessus le pull, ignorant la sensibilité de sa peau endolorie.

« - Je sais que ma présence te fait du mal ces derniers temps. Soupira le grisé. Elle a sans doute toujours été néfaste pour toi. Je le vois bien, tu... »

Namjoon se coupa, rassemblant son courage pour reconnaître ses torts et appréhender le chaos que ses mots produiraient. C'était nécessaire, l'effondrement était la seule issue pour libérer leurs blessures.

« - ... Tu survis avec une dépression depuis des années, tout ça parce qu'il a fallu que j'empoisonne ton existence. »

Un spasme bruyant se fit entendre, Yongguk se repliant sur lui-même. Il colla le visage à ses avant-bras et se mit à serrer ses cheveux aussi fort que possible, tremblant nerveusement de la tête aux pieds. Devant sa détresse, Namjoon se fit violence pour continuer, s'accrochant à l'envie de lui demander des excuses.

« - Je ne peux même pas imaginer l'étendue de ta souffrance... S'attrista-t-il. Je sais seulement que ce que je t'ai fait est épouvantable, Yongguk. Je suis un monstre et je le reconnais. Tu as tous les droits de me demander des comptes. »

Le silence s'étira après sa tirade, l'échange invariablement statique. Le noiraud était profondément sous le choc. Il oscillait entre le soulagement d'entendre ces mots et la fureur croissante de ses ressentiments. La haine travaillait si fort ses entrailles que son corps refusait de bouger.

« - Yongguk... Entreprit Namjoon. Je suis venu pour qu'on adresse ces problèmes... Je veux t'apporter de l'aide et te faire sortir de cet enfer. Est-ce que tu peux faire cet effort avec moi ? »

Sa remarque eut le don de le faire s'esclaffer, un sourire mauvais caché sous ses bras.

« - Ne nous y trompons pas, déclara-t-il amèrement, tu veux que je te pardonne. C'est ce qui te ferait vraiment plaisir, hein ? Régler ce problème t'aiderait grandement à alléger ta charge mentale. »

Ce fut à Namjoon de bredouiller, cette fois pris au dépourvu. Il n'avait pas imaginé ce type de réception chez Yongguk. Qu'il soit en colère à cause de ses mots, pourquoi pas; qu'il lui en veuille, ça tombait également sous le sens. Mais douter de sa sincérité présente, si éloignée de son incarnation d'antan ? Voilà qui le blessait sérieusement.

« - Non... S'agita-t-il en se crispant. Je ne viens pas dans l'espoir d'un pardon. Je ne le mérite pas.

- Nous sommes d'accord.

- Mais tu ne peux pas me résumer à mes actes passés, ils sont trop différents du présent. Se justifia Namjoon. Si je t'ai toujours aidé avec Guryong, c'est d'abord en tant qu'ami. Je le dirai autant de fois que nécessaire : ta personne m'importe plus que ce dont tu es capable. »

Il le fixa avec conviction, priant pour que Yongguk l'examine. Tout fonctionnerait mieux s'ils osaient se regarder. Il voulait miser sur son affection profonde, aussi naïve que soit cette idée.

Hélas, l'aîné lui prouva tout le contraire. Il baissa d'un coup ses bras pour le dévisager d'un air hargneux.

« - Tu manies si bien les mots, Namjoon. Commenta-t-il. Avec ton talent, tu dois sûrement pouvoir m'expliquer l'apparition de Spleen dans le vocabulaire commun. En ce qui me concerne, je n'ai jamais oublié ta propagande de l'époque. Sais-tu seulement à quel point c'était destructeur ? »

Le silence parla à sa place, dénué d'argument. Yongguk arborait de plus en plus d'expression, comme si son voile sombre s'écroulait.

« - Tu vas me dire que c'était purement tactique, nécessaire ? Qu'il faut que je fasse la part des choses avec aujourd'hui ? Mais comment peux-tu me demander de faire la différence alors que la souffrance induite par tes actes est toujours présente en moi ? Comment, Namjoon ? Si tu sais séparer Spleen de moi alors dis-le. Fais que ça cesse. Rends-moi ma raison de vivre. »

Les larmes tombèrent honteusement face au noiraud, rendant Namjoon incapable de le contredire.

« - ... Tu pleures ? »

Les yeux perçants de Yongguk le sondaient, choqué d'une telle allure. Il n'arrivait pas à y croire. Aucun d'eux n'avait su pleurer devant l'autre avant ce jour et rien n'aurait dû provoquer cette situation. C'était impossible, ils se l'interdisaient. Ça avait toujours fait partie d'une promesse inconsciente.

Ne partage pas trop d'émotions. Nous devons nous mentir pour le bien du peuple. Nous devons oublier qui nous sommes, entre nous, et d'abord avec nous-mêmes.

Yongguk ne fit même pas semblant d'être triste, sa posture bougea à peine pour observer Namjoon.

« - Parle. » Lui ordonna-t-il.

La tension montait sans que le cadet puisse agir. Yongguk se leva d'un bond, approchant face à lui pour obtenir sa réponse.

C'était trop pour Namjoon. Le voir dans cet état l'accablait au-delà du soutenable, tuant toute envie de riposter. La présence de ses larmes était au moins aussi extraordinaire que la furie s'emparant du plus vieux.

« - Parle !! Tu as toujours le mot pour tout, pourquoi tu ne dis rien ?! » Explosa-t-il en agrippant son col.

Il tira vers le haut pour maintenir le regard de Namjoon dans le sien, ce dernier vacillant d'inquiétude.

« - Tu ne veux pas parler ? C'est moi que tu veux entendre, Namjoon ?? Alors très bien, tu ne partiras pas d'ici sans m'avoir entendu. »

Son agressivité s'affirma dans sa voix, tel un ultime avertissement. Il lâcha d'un coup son ami en le repoussant contre le canapé, puis recula à son tour, effaré de voir la peur chez Namjoon.

C'était impensable.

Il ne pouvait pas concevoir son avantage sur Namjoon, il ne comprenait pas que ce dernier lui autorise ce pouvoir. C'était tellement hors de considération que son esprit s'effondra.

« - Alors c'est ainsi ? S'exclama Yongguk, incrédule. Félicitations Namjoon, tu m'as bien berné ! J'aurais pu te faire taire depuis le début, c'est ça ? J'aurais pu faire entendre ma propre voix ? »

Il prit sa tête entre ses mains, secouant son front à un rythme régulier.

« - En fait, tu as eu raison de m'abuser, j'étais apparemment trop stupide pour te dire non ! »

L'air s'alourdit drastiquement, enveloppé d'une attraction négative. Namjoon comprit tout de suite ce qui se passait. Après une lutte étonnamment longue, le contrôle de Yongguk sur sa radiance venait de céder. Ce n'était pas nouveau, mais l'intensité de cette chute s'annonçait terrifiante.

« - Yongguk, je... je vais parler, calme-toi- »

Le concerné grogna en s'éloignant, la vue toujours obstruée tandis qu'il tâtonnait à l'aveugle. Il ignora totalement l'avertissement de Namjoon et sembla s'enfoncer davantage dans ses ténèbres.

Des émotions diverses montaient et décroissaient, tirées autour d'eux par réflexe. La peur, la colère, le désir, la tristesse, l'anticipation. Bien trop de fragments distincts qui n'étaient pas censés se mélanger aussi vite et spontanément.

Yongguk tenait peu de main mise, il laissait librement aller les phénomènes, se contentant de les rassembler près d'eux. C'était comme s'il sondait le quartier à la recherche d'une certaine fréquence.

« - Alors même ces émotions ne te font rien ? » Présuma-t-il ahuri.

Il faisait allusion aux poussées de négativité dans l'air, aux dizaines de pensées s'entrechoquant sur eux. Namjoon devait l'admettre, il résistait péniblement à ces attaques. Il ignorait combien de temps suffirait à Yongguk pour l'abattre. Piégé dans cette valse, sa seule alternative était de garder son souffle et de le raisonner.

« - Je... Je les sens. Lutta Namjoon. S'il te plaît, arrête... »

Il persistait uniquement grâce à la force de son esprit, remerciant l'expérience de sa radiance et celle de ses visions violentes.

En réalité, tous deux souffraient. Yongguk traduisait simplement son surplus de douleur dans ses pouvoirs, attendant de vider sa négativité pour laisser le néant et la fatigue l'emporter.

Il se déversait dans ce chaos entre chaque prise de parole, incapable de faire autrement pour stabiliser ses émotions. Namjoon avait conscience de ce problème, il était la cause de son manque de contrôle. Yongguk ne pouvait jamais rester longtemps dans la maîtrise de ses ressentis, il préférait choisir un état de paralysie émotionnelle à la place. Parce qu'aussi terrifiant qu'il soit pour lui, le vide était un élément familier, sous-jacent. Si présent qu'il avait fini par l'adopter comme première personnalité.

« - Tu "sens" ces émotions ? Reprit-il enragé. C'est bien dit Namjoon, je te l'accorde. Tu peux les sentir passer, mais tu ne les acceptes pas. Tu ne prends pas la peine de les comprendre, tu n'essaies jamais de les ressentir. »

Il lâcha enfin ses mains de sa tête, dirigeant l'index vers Namjoon.

« - Ne parle pas plus, je déteste tout ce qui peut sortir de ta bouche. Tressauta Yongguk, hystérique. Tes prétendues attentions sont minoritaires face à tous les reproches et tous les ordres que tu m'as imposés. Je t'entends encore me dire de manipuler les gens pour obtenir des pistes, de menacer ceux qui exigent des réponses de la royauté. Je t'entends m'ordonner d'arrêter Taehyung, de le pousser à la terreur pour qu'il se défende par instinct et qu'on puisse "l'exiler". »

Il se coupa soudain, l'amertume bouillonnant dans ses pupilles.

« - Oh, attends. C'est faux. La traduction moderne d'exiler n'est plus valable avec la tienne. Réalisa-t-il. Tu m'as envoyé pour le tuer. Pour l'anéantir. Tu saisis la différence ? »

Le souffle de Namjoon se bloqua, assailli par la culpabilité.

« - C'est si typique de toi. Choisir ce terme plutôt que de parler d'un meurtre. Souligna Yongguk. Je te le confirme, ton discours était plus persuasif en minimisant la violence. »

Il sourit devant l'impact de ses mots, se félicitant d'attaquer Namjoon sur son propre terrain. Il était si aveuglé qu'aucune empathie ne restait. Yongguk prévoyait déjà d'enchérir, sa rancœur explosant trop pour s'estomper.

La main toujours brandie, il tourna son index et le replia vers lui, forçant comme s'il arrachait une vis du grisé. Namjoon s'écroula immédiatement au sol, le torse en feu.

« - Je vais arrêter d'utiliser les mots. Fit Yongguk. J'ai juste besoin de te montrer. Il faut que tu comprennes à quel point nos fardeaux sont différents. La souffrance de toutes tes victimes, je vais te la faire connaître. »

Tout se passa très vite, des rafales déferlant sur eux. Le dernier verrou de raison s'envola et les sensations n'arrêtèrent plus. Pendant quelques minutes, Yongguk prit la peine d'introduire chaque propriétaire des émotions, ravivant le contexte et les ordres liés à leurs fins tragiques. Il le fit parfois pour rien, tant la seule mention du prénom ou l'atmosphère induite trouvaient écho chez Namjoon.

À présent, le concerné n'était plus que l'ombre de lui-même, totalement à la merci du noiraud.

« - Est-ce que tu commences à comprendre ? Plus je prenais leurs peurs et jouais avec leurs émotions, plus ça me foutait en l'air. Railla-t-il. Ce que tu subis là n'est qu'une minime simulation du poids que je porte. »

Ployé sous les coups, Namjoon se fit violence pour continuer d'écouter. Il n'avait pas toute sa tête et encore moins ses émotions. Ce qu'il ressentait pour Yongguk en venant ici, il l'avait totalement oublié. La raison de résister s'effaçait petit à petit.

« - Tu veux m'aider à m'en sortir ? Que je fasse cet "effort" avec toi ? C'est naïf, Namjoon. Abjura-t-il. À part traiter le mal par le mal, rien ne fonctionne. Ça n'a jamais marché jusqu'à présent. »

Alors qu'il succombait d'épuisement, Namjoon se sentit soudain respirer. Une incroyable légèreté apparut dans la pièce, assez vive pour créer l'image d'une douceur virevoltante. Il plissa des yeux, subjugué par cette accalmie.

« - C'est la joie de quelqu'un près d'ici. Expliqua Yongguk. Quand j'ai découvert cette solution, j'ai fini par voler les émotions des autres sans tes ordres. »

La sensation était tellement salvatrice que Namjoon se retint de sourire, rappelant à sa conscience toute la douleur qu'il venait de subir. Il ne pouvait pas baisser sa garde aussi vite, il n'arrivait pas à faire confiance à Yongguk dans cet état.

Pourtant, qu'est-ce que c'était paisible d'être ainsi.

« - Tu sais Namjoon, la joie est éphémère. Elle n'a pas suffi à me sortir de toute la noirceur accumulée. »

Yongguk tomba lourdement sur son canapé, la tête inclinée vers le plafond. Il ne cherchait même pas à minimiser ses mouvements et prendre en compte les alentours. Tout n'était que tempête omniprésente dans son attitude. Il avait à peine la présence d'esprit de maintenir l'effet actuel de sa radiance.

« - Le problème de la joie, c'est qu'elle s'en va trop vite lorsqu'elle vient d'autrui. Rit-il narquoisement. C'est semblable à l'équilibre d'une balance. Lorsque les effets commencent à s'estomper, la culpabilité et le regret arrivent en force. En s'ajoutant à mes bagages personnels, ils finissent par l'emporter. C'est si brutal que tu n'es plus rien après ça. Tu ne peux plus rien incarner. »

À l'image de ces explications, le calme réconfortant qui les enveloppait cessa. Le sevrage fut si net qu'il laissa une lourde distorsion dans leurs corps, les priant de réagir d'une quelconque manière pour éviter le vide.

De tout ce qu'ils venaient d'éprouver, rien n'était pire que l'expérience du néant.

« - Yongguk... ? Paniqua Namjoon, désorienté.

- Ça fait peur, hein ? C'est mon fardeau pour avoir tiré les craintes des autres. On ne peut pas en mourir, on vit seulement terrifié par cette absence de tout. » Fit-il plus calme.

Le plus vieux semblait retrouver une part de son empathie dans cette épreuve, s'ouvrant par instinct devant la réaction de Namjoon.

« - Au bout du compte, je finissais par en souffrir doublement. Mais j'étais tellement perdu Namjoon, tellement vide qu'il me fallait goûter à ça. Il me fallait la distraction, un peu de joie pour tenir entre chaque intervention. C'était ma drogue, ma raison de vivre. »

Il prit une inspiration tremblante, à la limite de relâcher l'humidité de ses yeux. Même s'il n'en avait pas l'envie, Yongguk perdait progressivement sa contenance.

« - ... Je suis désolé. Tenta Namjoon. Je sais que tu es triste et en colère, mais... est-ce que... tu veux bien m'écouter ? »

Yongguk le sonda, semblant peser le pour et le contre. Il reprit néanmoins son emprise, s'affairant dans des gestes calculés. Un contrecoup survint et Namjoon écarquilla les yeux, trop blessé par la sensation d'écorchure soudaine.

« - Pourquoi pas. Concéda-t-il. Écoutons ce que ton cœur veut nous dire. »

L'intrusion fut immédiate. Un ordre fulgurant se glissa dans les abysses, creusant frénétiquement à la recherche d'un trésor perdu, titillé par l'appel d'une voix grave.


Je me suis toujours demandé...





Quelles sont tes peurs, Namjoon ? 

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