
- Chapitre 1 -
Partie
• une •
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ᴘᴅᴠ ʏᴜɴᴀ
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Je me réveillai en sursaut après avoir été visiblement tombée du lit. Je clignai plusieurs fois des yeux pour m'habituer aux légers rayons de soleil qui passaient entre mes rideaux avant de tenter de me relever en jurant, persuadée d'avoir encore un nouveau bleu.
- Sérieusement Rindo ? Tu m'as poussé du lit là ? Grognai-je déjà agacée par son comportant qui ressemblait à celui d'un enfant de trois ans alors qu'il avait dix-huit ans.
- Absolument, sinon t'allais jamais te réveiller, rit-il en me faisant un clin d'oeil.
Je soupirai, ne cherchant même plus à m'énerver face à lui et me dirigeai vers mon armoire. Je pris l'uniforme de mon lycée et m'avançai vers la porte sans rien ajouter, mais avant de l'atteindre, Rindo m'attira vers lui en prenant ma jupe pour l'inspecter sous toutes ses coutures.
- Quoi ?
- Elle n'est pas trop courte ? Me demanda-t-il en la retournant dans tous les sens, jusqu'à la mettre devant lui pour voir où elle lui arrivait.
- Tu ne vas pas refaire ton numéro-là quand même ? Soupirai-je en roulant des yeux.
- Non, il a raison. Elle est trop courte, répliqua Ran qui venait de débarquer comme si c'était chez lui.
Je soupirai de nouveau, repris ma jupe d'un geste rapide et poussa Ran pour aller dans la salle de bain en claquant la porte. C'était réellement agaçant d'être victime de leur côté sur protecteur même si je savais pourquoi ils agissaient de cette manière. C'était pour mon bien, pour ne pas que les choses du passé se reproduise, mais d'un autre côté, je ne pouvais pas m'arrêter de vivre...
Après quinze bonnes minutes, je ressortis de la pièce et descendis les escaliers qui grinçaient légèrement sur mon passage, pour me retrouver dans la cuisine. Ran était en train de boire un verre de lait en regardant son téléphone et Rindo mangeait des pancakes, tous les deux assis autour de la table où régnait une corbeille de fruits colorés au centre. Je m'installai aux côtés de Ran qui avait levé sa tête vers moi. Après m'être servis un verre de lait et avoir pris une cuillère que j'enfonçai dans la substance collante du nutella, j'en tartinai mon pancake encore chaud.
Je sentis le regard de mon plus grand frère qui m'inspectait des pieds à la tête, s'arrêtant sur ma jupe qui me remontait légèrement au-dessus du milieu de mes cuisses comme j'étais assise.
- Elle est vraiment courte, finit-il par dire.
Je fronçai légèrement mes sourcils en posant mon regard sur ma jupe avant de le relever vers mon frère, je posai la cuillère sur la table.
- Commencez pas. Vous n'allez pas me mettre de mauvaise humeur de bon matin quand même ?
- On a pas envie que tu te fasses agresser Yuna, répondit calmement Rindo en finissant son petit-déjeuner.
- Je sais bien. Mais faites moi un peu confiance, dis-je en regardant par la fenêtre.
Leurs regards s'assombrirent légèrement, se rappelant sans doute de la dernière fois que j'avais dit ça, et de comment ça avait tourné par la suite. Mais ce qu'il s'était passé restait rare, je n'allais quand même pas m'empêcher de sortir et de m'habiller comme je veux à cause de ça, si ? Rindo me regardait fixement pendant que Ran contractait sa mâchoire en serrant son poing.
- La dernière fois qu'on t'a fait confiance, on t'a retrouvé quasiment pour morte dans la cuisine de ton père et la fois d'après tu t'es faite-
Je l'interrompis de justesse en me relevant de ma chaise pour poser ma main sur sa bouche avant qu'il ne termine sa phrase. Revoir passer ces souvenirs dans ma tête, était bien la dernière chose que je voulais actuellement.
J'étais enfant, c'était du passé.
- Ça va j'ai compris. Pas besoin de me rappeler ça, répondis-je doucement en fuyant son regard.
- Désolé, je n'ai pas fait exprès, s'excusa-t-il, ses yeux s'attendrirent instinctivement avant qu'il ne pose une main sur la mienne.
Dans une dernière bouchée, j'avalai le reste de mon pancake, finis mon verre de jus de fruit, avant de me lever pour aller préparer mon sac en lui offrant un sourire chaleureux.
- De toute façon, que je m'habille comme ça ou pas, je suis en danger puisque je suis votre soeur et que je fréquente votre gang, leur rappelai-je doucement.
Ils se regardèrent avant de tourner leurs regards vers moi, on pouvait seulement y lire de la culpabilité et des regrets. Ça me peinait beaucoup de les voir comme ça alors que je savais qu'ils faisaient de leurs mieux pour me protéger, mais il fallait dire qu'ils étaient connus dans Tokyo. À l'âge de treize et quatorze ans, ils avaient battu le chef et vice chef du gang le plus puissant de Tokyo à cette époque. Donc évidemment, on les craignait et on cherchait à les buter. Certains en étaient même venus à l'idée de m'utiliser pour les atteindre, ce qui dans un sens avait marché, mais les personnes qui étaient à l'origine de ça, n'étaient plus de ce monde comme vous pouvez vous en douter.
- On est vraiment désolé, c'est de notre-
Je me levai et l'interrompis rapidement en lui ébouriffant les cheveux. Je détestais qu'ils s'excusent pour ça. Ils n'avaient choisi en rien leurs passés et tout ce que ça a engendré par la suite. Je ne les avais jamais tenus pour responsable, mais ils avaient du mal à y faire rentrer dans leurs petits cerveaux.
- Arrête de faire ça ! Je vais être tout décoiffé ! Se plaignit-il en souriant à moitié.
- Ce n'est pas de votre faute alors arrêtez de culpabiliser pour ça. Je vous l'ai déjà dit trente-six mille fois.
- Tout te retombe toujours dessus, ça me fait chier, répliqua-t-il en soupirant bruyamment pour montrer son mécontentement.
- Ce n'est pas grave frangin, je m'en sors toujours bien au final, dis-je en haussant les épaules.
Rindo venait de se lever pour venir derrière moi, m'entourer de ses bras musclés et poser sa tête sur la mienne, comme il aimait bien le faire.
- Bien sûr que si. On voit bien que t'es mal, fit-il en plissant des yeux, m'analysant pour confirmer ses propres paroles.
- Ne nous prends pas pour des imbéciles non plus, rajouta mon plus grand frère.
Je ricanai et me baissai afin de passer en dessous de l'étreinte de mon frère pour aller mettre mes bottes.
- Tu n'aimes toujours pas les chaussures du lycée toi ?
- Absolument pas, elles sont horribles, répondis-je en les saluant de la main, prête à partir.
Ran me retint par le bras, manquant de me faire tomber au passage, puis fis signe à Rindo qui commença à se préparer.
- Attends, on te dépose. Il faut qu'on aille à une réunion, annonça-t-il rapidement avant que je ne puisse lui poser la question.
- Encore avec le Tenjiku ?
Rindo se contenta d'hausser les épaules avant d'enfiler son uniforme de gang suivi par Ran. Je détestais les voir porter cette tenue, car ça faisait constamment resurgir les souvenirs d'eux, que je m'efforçais chaque jour d'oublier. Dire que ça allait faire deux ans que je ne les avais pas croisés. Ils devaient me haïr, et rien que cette pensée me rendait triste et vide. J'avais brisé le cœur de la personne que j'aimais plus que ma propre vie, et que j'aimais toujours autant, malgré les années passées sans lui.
Maudits sentiments.
J'espérais sincèrement qu'il avait trouvé le bonheur...
- Eh oh ici la terre, Yuna tu m'entends ? Cria Rindo en agitant ses mains devant moi pour attirer mon attention.
- Ça va Rindo, arrête avec tes gestes, lui lançai-je en sortant de mes pensées.
- T'es vraiment dans la lune toi, dit-il de manière taquine.
Je levai les yeux au ciel, pris mon sac de cours pour le mettre sur mon épaule et me dirigeai vers la porte d'entrée.
- Allez, dépêchez-vous, je n'ai pas envie d'arriver en retard le premier jour.
Ils s'activèrent en prenant ce dont ils avaient besoin pour la réunion, puis on sortit tous les trois de la maison, apercevant Izana et Kakucho posés contre le portail en discutant. Je me dirigeai vers eux en attendant que mes frères sortent leurs motos.
- Yo les gars !
- Salut Yuna, ça roule ? Me demanda Kakucho en se tournant vers moi pour me tendre la main que je serrai rapidement.
- Ouais et vous ?
- Ça peut aller, répondit le noiraud avec une petite mine, Izana haussant simplement des épaules en guise de réponse.
- Encore des histoires à deux balles ?
- Exactement, soupira Izana en se recalant contre le portail.
Je laissai échapper un petit rire moqueur qui n'échappa pas à Izana puisqu'il me jugea froidement du regard, je n'y prêtais même plus attention, ayant l'habitude de son attitude.
Ils avaient l'air de vouloir tout faire sauf ce qu'ils allaient devoir faire aujourd'hui, ce qui me fit sourire. Leur gang n'était décidément pas amusant. Je posai mes mains sur leurs épaules, tapotant légèrement dessus, sans me préoccuper des yeux foudroyant d'Izana.
- Courage les gars, je ne suis pas avec vous !
Kakucho lâcha un petit rire, et je réussis même à décrocher un léger sourire de la part d'Izana. Ils saluèrent les frères avant de repartir vers leur moto.
- Tu montes ? Me demanda Rindo dans un petit sourire, sachant déjà pertinemment que j'allais refuser.
Étant donné de comment sa moto avait fini la dernière fois, je me dirigeai vers Ran qui abordait déjà un sourire moqueur envers son frère.
- Je préfère monter avec lui, c'est plus prudent, déclinai-je en riant.
On pouffa tous de rires sauf le concerné qui me regarda de travers, insistant bien sûr Ran.
- Je sais parfaitement bien conduire, affirma-t-il en boudant.
- Va dire ça à ta dernière moto qui a pris feu en s'écrasant à pleine vitesse dans un mur, lui rappelai-je en insistant bien sur les derniers mots.
- Sur ce coup, elle n'a pas tord.
- Tu ne vas pas t'y mettre aussi Izana ! Grogna-t-il dans sa barbe en démarrant sa moto.
- Il faut se dépêcher, on a une réunion les gars, rappella Kakucho en faisant signe à Izana.
- Allez-y, je dépose Yuna et j'arrive. Je n'en ai pas pour longtemps, répondit Ran en démarrant à son tour sa moto.
- Ça marche, à toute. Rindo tu viens ? Lui demanda Izana.
- Nan, je vais les accompagner, dit-il avec un sourire malicieux étirant ses lèvres.
Je le jugeai de haut en bas, je savais très bien ce qu'il avait derrière la tête et je priai déjà pour ne pas qu'il me foute la honte devant le lycée, déjà que je ne passerais pas inaperçue comme j'aurais aimé l'être de base.
C'était gé-ni-al.
Après une dizaine de minutes à regarder le paysage défiler, observant tous les passants et les bâtiments, on arriva devant le lycée bondé de monde. Il y avait beaucoup d'élèves en dehors de celui-ci, ce qui d'entrée de jeu m'arrachais une grimace. Les attroupements qui se faisaient, regroupant plusieurs personnes qui s'échangeaient des messes basses sur nous, ne faisait que de me faire regretter d'avoir choisi d'aller au lycée pour cette année.
Comme j'avais eu quelques problèmes, je n'étais pas retournée à l'école depuis à peu près trois ans, prenant à la place des cours à la maison. Je détestais la foule, être trop entourée, et les regards interrogatifs, hautains et dégoûtés que me lançaient les autres à cet instant, ils me donnaient pratiquement envie de rester sur cette moto et de rentrer chez moi.
- Je crois que tu es repérée Yu, remarqua Rindo en riant.
- Nan sans déconner ? Répliquai-je en grimaçant.
Par réflexe, j'enfilai ma capuche et posai mes mains devant mon visage, prenant une grande inspiration pour me donner du courage.
C'était peut-être pas plus mal les cours à la maison ?
- Aller descend, tu veux qu'on t'accompagne ? Proposa Ran, le regard amusé.
Comme si sa phrase était l'argument qui me permit de prendre ma décision, je m'empressai de vite descendre et secouai négativement la tête.
Il ne manquerait plus que ça.
- C'est bon Ran, je n'ai plus trois ans...
J'entendis les élèves parler sur nous j'espérais sincèrement qu'ils ne me comparaient pas avec mes frères, parce que je détestais vraiment ça, c'était insupportable d'être sans cesse ramenée à eux. J'avais l'impression de ne pas être une personne à part entière quand on me prenait pour eux.
- On te fou la honte ou quoi ? S'exclama Rin toujours en se foutant de ma gueule.
Ils savaient pertinemment que je n'aimais pas les être humains, et il osait dire ça ? Et comme si ce n'était pas suffisant, ils vinrent tous les deux me prendre dans leurs bras, abordant un sourire malicieux. Ils se sentaient toujours obligés de me foutre encore plus mal à l'aise ces cons.
Je me reculai vivement en les foudroyant du regard.
- Dégagez le plancher, il me semble qu'Izana vous attend non ? Râlai-je en priant pour qu'ils dégagent vite.
- L'excuse de malade...
- Arrêtez de me coller sérieusement, vous me fichez la honte-là, grognai-je.
- C'était le but, sourit Rindo.
Ils pouffèrent tous les deux de rires, sûrement fiers de leur connerie et s'éloignèrent de moi pour remonter sur leur bécane.
- Aller à ce soir sœurette, se moqua encore Ran en appuyant bien plus sur le "sœurette".
- Ouais ouais c'est ça.
- Et pas de bêtises hein, rajouta Rin comme si je n'avais pas déjà assez envie de les tuer sur place.
C'était quoi ces frères sérieux ?
Je me massai les tempes, réfléchissant à comment ça pouvait être possible d'avoir des crétins pareils en tant que frères. Après avoir réfléchi quelques minutes sans trouver de réponse convenable, je me décidai à entrer dans le lycée sous le regard pesant des autres élèves. Je détestais être le centre d'attention, j'avais toujours l'impression que les gens se moquaient de moi, ou que je leur fasse pitié, c'était horrible comme sensation.
J'accélérai mes pas, tournant la tête un peu partout pour observer autour de moi, jusqu'à ce que je tombe sur son regard. La surprise se fit si grande que mon corps s'arrêta sur place tandis que mon sang se figeait. Je n'en croyais pas mes yeux. Ils étaient tous là, devant moi, discutant comme une bande d'ado de notre âge, souriants, heureux, à l'exception de mon ancienne meilleure amie.
Quand son regard s'ancra dans le mien, j'en fus toute chamboulée. Des milliers de choses étaient en train de refaire surface. Il me fixa lui aussi incrédule avant de tourner la tête vers les autres et de leur parler, ce qui les fit tous tourner la tête vers moi à leur tour.
Leurs regards en disaient long, très long, beaucoup trop long...
Mon cœur se serra si fortement dans ma poitrine que j'avais l'impression qu'il allait exploser sous la pression. Leurs regards étaient remplis d'étonnement, de tristesse, de colère, d'inquiétudes, et d'incompréhensions. Mais parmi ces regards, le seul qui m'intéressait à ce moment précis, c'était le sien, et il reflétait seulement de la douleur et de la tristesse.
Il était encore brisé... Brisé par moi, par mes mots, par la personne qui l'aimait le plus au monde.
Le peu de mon cœur qui me restait, venait de se briser entièrement sur le sol poussiéreux du chemin fait de pavés gris. J'avais les mains qui tremblaient légèrement, mon regard était bloqué sur lui, ne pouvant que regarder le carnage que j'avais moi-même causé. Son sourire que j'adorais auparavant avait disparu, son regard n'exprimait plus rien de joyeux, laissant quasiment que du vide. Mon cœur se serrait de plus en plus dans ma poitrine et je commençais à sérieusement regretter mon choix.
Comment avais-je pu anéantir le cœur d'une personne aussi parfaite ? J'avais envie d'hurler et de partir loin d'ici une nouvelle fois.
Je n'ai pas eu le choix et je l'ai fait souffrir. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. Après tout, j'avais été consciente des conséquences du choix que j'allais faire. Alors maintenant, il fallait que je l'assume, même si ça allait à présent être extrêmement difficile. Je détournai mon regard et avant qu'il y en ai un qui ai pu réagir, je m'engouffrai dans le hall qui était déjà bondé d'élèves, me faisant ainsi disparaître.
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ᴘᴅᴠ ᴄʜɪғᴜʏᴜ
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Ça faisait maintenant plus de dix minutes qu'on étaient tous là, discutant de tout et de rien dans les couloirs déjà bien remplis, à l'exception de ma sœur qui devait revenir demain. Comme toujours, nos conversations étaient assez animées et les regards sur nous se faisaient pesant. Je regardai par la fenêtre plongé dans mes pensées, observant les nuages et les élèves qui discutaient dans la grande cours de devant. Certains étaient heureux de revenir à l'école et d'autres faisaient la gueule.
Mes pensées se dirigèrent soudainement vers elle, sans que je puisse y faire grand-chose, me faisant soupirer. Pourquoi il fallait toujours qu'elle revienne dans mon esprit, peu importe ce à quoi je pensais ? Ça faisait deux ans, deux ans qu'elle m'avait recalé, qu'elle nous avait tous laissé tomber sans nouvelles et sans explications. J'avais beau tout me remémorer pour voir où j'aurais pu merder, rien ne me parvenait à l'esprit. Tout portait à croire qu'elle était partie sur un coup de tête, ce qui m'étonnerait.
- Arrête de penser à elle Chifu, me dit Baji en me tapotant la tête pour me ramener avec eux.
Je quittai des yeux l'écureuil que j'avais repéré sur l'arbre pour les placés sur Baji, d'un regard à demi blasé.
- Tu veux quoi encore ?
- Laisse le Baji, fit Mitsuya en voyant que je n'étais déjà pas au meilleur de ma forme.
Il se retourna vers Mitsuya avant de croiser les bras, bien décidé à s'exprimer et à ne pas se taire plus longtemps sur la situation dont on esquivait toujours le sujet.
- Mais c'est incroyable qu'il pense encore à elle alors qu'elle l'a brisé et qu'elle nous a lâcher comme des merdes, lâcha-t-il rageusement.
Les autres se raidissent à l'entendre pendant que ma mâchoire se serrait. J'étais en colère contre moi-même, pour n'avoir aucun contrôle sur moi et sur mes sentiments. C'était la première fois que je ressentais ce sentiment et il n'était toujours pas décidé à s'en aller.
Je pouvais y faire quoi ? Il avait raison au fond, pourquoi je pensais encore à elle après qu'elle nous ai lâché sans rien dire et qu'elle m'ai remballé aussi violemment ?
Kazutora se posa contre le mur, les bras croisés en me regardant.
- Je suis sûr qu'il y a une raison, répondit-il comme toujours depuis qu'on abordait ce sujet.
- Arrête d'essayer de la défendre toi, répliqua rapidement le noiraud en le foudroyant de regard.
- Je suis de l'avis de Kazutora... Elle nous disait clairement qu'on était tout pour elle, rajouta Mikey en mangeant la fin de son gâteau.
Fin du moins, elle le montrait énormément puisqu'elle a toujours eu du mal à s'exprimer.
Je m'assis sur le bord de la fenêtre en baissant la tête pour fixer mes mains. Les mots sortirent de ma bouche tout seuls :
- Et elle l'était pour nous aussi, murmurai-je dans un souffle.
Ils relevèrent tous la tête vers moi le regard chagriné. Elle était notre rayon de soleil, c'était un fait, c'était elle qui mettait l'ambiance, qui réglait les embrouilles, qui nous faisait rire pour des débilités, qui était présente peu importe ce qu'on pouvait traverser.
C'était l'amie parfaite.
- Alors pourquoi elle nous a lâchés comme ça ? Lâcha Draken en fronçant ses sourcils, tout aussi énervé que Baji, même s'il le cachait mieux.
- Ça ne sert à rien de débattre sur ça, de toute manière elle a littéralement disparu de la circulation, répondit Mikey en s'étirant.
- Il a raison, arrêtez de relancer le sujet, ça nous fait du mal à tous, ajouta Mitsuya en posant une main sur l'épaule de Draken.
Seul Kazutora était focus dans son idée, il s'y raccrochait, et une part de nous le savions tous... Si elle avait fait ça, c'était pour une très bonne raison. Mais pourquoi elle ne nous l'avait pas simplement expliqué dans ce cas ?
Je soupirai de nouveau, ça servait à rien de se prendre la tête, après tout, on risquait de plus jamais la voir.
- Aller Chifuyu, ça va aller. Tu vas arriver à la faire sortir de ta tête, me rassura Baji pour la énième fois depuis deux ans.
Je perdais espoir honnêtement, après deux ans, mes sentiments étaient toujours aussi présents et aussi intenses. Comment pourrait-on oublier la personne qui était responsable de son bonheur et qui nous faisait sentir vivant ?
- C'est qu'il est piqué à fond notre pote, dit Mikey dans un petit sourire.
- Sinon juste pour indication, j'ai vu Kisaki dans le bahut, nous prévient Baji pour changer de sujet.
Cette annonce nous fîmes tous tourner la tête vers lui avec une profonde grimace. Personne ne pouvait se l'encadrer ici, bien qu'il fasse partie du Toman, c'était un vrai enculé. Mikey en était conscient, mais il ne le virait pas pour simple et bonne raison qu'il avait grandement agrandit le gang, nous permettant de faire face au Tenjiku.
Les gens dans le couloir commençaient à s'agiter, se dirigeant dehors en abordant une mine curieuse. En les écoutant parler, tous parlaient d'une fille qui était super connue. Qui pouvait bien faire tout ce raffut dès le premier jour ? Même nous, les membres du Toman, nous n'avions pas eu des attroupements pareils alors qu'on était drôlement connus par ici.
- C'est qui ça encore ? Demanda curieusement Mitsuya.
- On va voir ? Proposa Baji tout aussi curieux.
- Oh oui ! Je suis hyper curieux moi, approuva Mikey en se redressant sur ses deux jambes.
On entreprit donc de suivre tous les autres élèves jusqu'à atterrir devant le portail du lycée, un peu à reculons. On passait au scanner toutes les directions pour essayer d'apercevoir la fameuse fille, quand je rencontrai son regard, ses yeux d'un bleu profond et que je pourrais reconnaître entre mille. On passait au scanner toutes les directions pour essayer d'apercevoir la fameuse fille, quand je rencontrai son regard, ses yeux d'un bleu profond et que je pourrais reconnaître entre mille.
Je la regardais incrédule, ça ne pouvait pas être elle...
Nos regards s'ancrèrent ensemble, observant avec attention l'autre. Elle finit par dévier le sien à côté de moi, regardant un long instant les gars en laissant passer dans ses yeux une lueur de... regret ? Je tournai également la tête vers eux, pendant qu'elle reposa son regard sur moi.
- Les gars... regardez... Je rêve ?
Ils suivirent mon regard, interloqués par mon bégaiement, avant qu'ils n'ouvrent grands les yeux pour la fixer également sous le choque. Elle détourna le regard avant d'accélérer le pas jusqu'au bâtiment, s'engouffrant parmi tous les élèves qu'il y avait jusqu'à se perdre dans la foule.
- Je rêve...
- C'était elle hein ? Nous demanda Mikey la bouche ouverte.
- Qu'est-ce qu'elle fou là ? Répliqua Baji avec méfiance.
- Elle semblait très bizarre, remarqua Draken.
Je fixais encore le bâtiment abasourdi. C'était bien la dernière chose à laquelle je m'attendais en venant ici. Elle ici ? Alors que ça faisait deux ans qu'on ne l'avait pas vue malgré toutes les rondes qu'on avait faites dans Tokyo ?
- Elle avait le regard vide... murmurai-je plus pour moi que pour les autres.
- Les gens disaient que c'était la sœur des Haitani c'est une blague ? Nous informa Mikey encore plus perplexe et perdu.
Un garçon qui n'était pas loin de nous et qui avait sans doute entendu Mikey, nous confirma sa phrase en disant qu'elle était arrivée avec Ran et Rindo. Je fronçai les sourcils, me demandant comment on avait pu passer à côté de ça. On passait la majorité de notre temps avec elle et elle nous n'en avait jamais parlé.
- Elle nous l'avait jamais dit... dis-je déçu de ne même pas savoir quelque chose d'aussi important venant d'elle.
Peut-être que ma sœur le savait ? C'était d'elle qu'elle était la plus proche et à qui elle racontait tout.
- J'ai envie de la buter sérieux, annonça Baji qui était encore plus remonté contre elle maintenant.
- Dites pas de la merde s'il vous plaît, tenta Kazutora en espérant que le noiraud se calme.
- Ce n'est pas de la merde putain, on en apprend de plus en plus. Elle ne nous faisait pas confiance ou quoi ? S'emporta Baji en le fusillant du regard, blessé d'apprendre ça alors qu'ils étaient super proches. Et Chiharu était au courant elle ? Ajouta-t-il tout autant remonté en me fixant.
- Je ne sais pas Baji, elle m'a rien dit si c'était le cas, soufflai-je en détournant le regard.
- On la connaît depuis qu'on a six ans. Ça fait dix ans maintenant, et on ne savait même pas qu'elle avait des frères et qu'en plus il s'agissait d'eux, ajouta Draken d'un ton amer.
- Pourquoi elle a fait ça ? Finit par demander Mikey d'une voix complètement neutre.
- Et si on allait lui parler ? Proposa Mitsuya.
- Hein ? Répliquai-je en fronçant les sourcils.
- Elle nous a clairement fuie là, tu le sais Mitsuya ?
- Pas question d'aller lui parler, t'as fumé ou quoi ? Grogna Baji.
- Ça se trouve on sera dans sa classe... Lâcha Mikey dans un murmure qui nous fîmes tous taire.
C'était quasiment obligé que l'un de nous tombe sur elle. Et j'espérais vraiment que ça ne me tomberait pas dessus. Sinon je savais que je n'arriverais jamais à l'oublier, et tous mes efforts n'auront servis à rien.
On resta muet jusqu'à la sonnerie, ne sachant quoi faire ni même quoi dire.
- On devrait aller en cours ça sonne, ne pensez pas au pire les gars, murmura Mitsuya en nous regardant tous.
On acquiesça avant de nous diriger vers nos classes respectives. J'étais avec Baji et Kazutora tandis que Mikey était avec Draken et Mitsuya, chose qui nous avait redonné le sourire.
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