
𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 𝘝𝘐
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Pdv Kara
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— Eh ! Ça va ? Entendis-je lointainement. Mais t'es gelée ! Depuis quand tu es là ? Demanda la voix qui avait pris une tonalité inquiète.
Une main vint délicatement écarter mes cheveux trempés qui me cachaient la vue, j'étais encore dans la rivière et mon corps tremblait de froid. Je relevai légèrement les yeux pour voir que le soleil s'était couché, on n'en voyait maintenant que les couleurs orangées qui marquaient le début de la soirée. J'ai dû rester au moins une bonne heure dans cette même position, dans l'eau froide qui avait maintenant anesthésié mon corps.
— Viens, je vais t'accompagner chez moi pour que tu puisses te réchauffer et te changer, me dit doucement la voix pendant que deux mains passaient au-dessus de ma tête pour me recouvrir d'une veste. Je n'habite pas loin, ajouta-t-elle en me prenant la main.
Étant encore dans un état seconde, je la laissai m'aider à me relever et à me guider où bon lui semblait. Mon corps bougeait au gré de la volonté de cette personne qui m'avait sans doute sauvé. Je relevai doucement les yeux vers celle-ci et tombai sur des longs cheveux châtains et un uniforme noir. J'observais ses cheveux volés au gré de la légère brise jusqu'à ce qu'on soit arrivée chez elle. Elle me fit entrer et m'assoir sur le canapé du salon.
— Mes frères ne sont pas là, je vais pouvoir bien m'occuper de toi, me sourit-elle en posant son sac à côté du divan. Tu t'appelles comment ? Je mimai péniblement, comme à mon habitude avec les nouvelles personnes, que je ne peux pas parler. Tu ne parles pas, c'est ça ? J'hochai la tête pour confirmer. Et tu communiques comment alors ? Me demanda-t-elle curieuse en s'asseyant à mes côtés.
Je sortis mon téléphone qui devait être fichu et lui montra. Elle fit la moue en voyant dans quel état il était avant de le prendre pour le poser sur la table et se relever.
— Bon, ce n'est pas tout ça, mais il faut te réchauffer avant que tu ne perdre un membre, s'exclama-t-elle en tapant dans ses mains avant de me faire signe de la suivre.
J'hésitai quelque peu avant de me lever à mon tour et de la suivre en serrant sa veste autour de moi. Elle m'entraîna dans le couloir et entra dans la salle de bain en allumant. La pièce était assez petite, mais tout de même jolie, une baignoire habillait le mur du fond avec sur la droite un miroir et deux lavabos blancs ainsi qu'un porte-serviettes chauffé.
— Déshabille-toi, je vais te faire couler un bon bain chaud, dit-elle en s'asseyant sur le rebord de la baignoire pour faire couler l'eau.
Je la regardai quelques instants prendre une bouteille et en mettre dans le bain avant que de la mousse ne se forme de plus en plus au contact du jet d'eau. L'eau chaude commençait à doucement rendre la pièce humide et créa de la buée sur le miroir. Je m'approchai et refermai la porte avant de m'arrêter devant le miroir où mon reflet était déjà flou. Malgré ça, je me dégoûtais, j'étais sale à cause de la rivière, mes cheveux étaient tous emmêlés, mon visage était pâle et je n'osais même pas retirer mes vêtements par peur de voir les dégâts de ma rencontre avec elles.
— J'ai fini, je vais te laisser te déshabiller tranquille, me sourit-elle en se relevant pour sortir de la pièce. Je reviendrais dans pas longtemps pour voir comment ça va, continua-t-elle en posant deux serviettes sur le rebord du bain. Prends ton temps, finit-elle par me dire en refermant la porte derrière elle.
Je tournai la tête vers le bain moussant qu'elle m'avait préparé et sourit légèrement. Elle était adorable... J'enlevai un à un mes vêtements avant de les rassembler dans un coin et m'avançai vers la baignoire. Je m'assis sur le rebord et insérai doucement l'une de mes jambes dans le bain pour que mon corps s'habitue. Je fis de même avec mon autre jambe avant de laisser mon corps entier entrer dans l'eau chaude qui me réchauffa instantanément. Mes muscles se détendirent rapidement pendant que je m'allongeais en jouant avec la mousse. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas pris de bain que j'avais oublié comme ça en était agréable. Après une trentaine de minutes, j'entendis toquer.
— J'entre, me prévint-elle après quelques secondes. Je réouvris les yeux et tournai la tête vers elle. Je voulais savoir si tu avais besoin d'aide pour te laver ?
Je penchai la tête sur le côté, surprise. Je me redressai et lui lançai un petit sourire auquel elle ne tarda pas à répondre. Elle prit quelques autres bouteilles et s'approcha du bord de la baignoire pour s'y assoir. Je me positionnai devant elle pendant qu'elle commença à me laver les cheveux avec délicatesse. Elle me posa des questions simples pour que je puisse lui répondre facilement avant qu'elle ne reparte pour me laisser me laver le corps après m'avoir dit d'utiliser les deux serviettes qu'elle avait déposée pour me sécher.
Je pris une noisette du gel douche et me savonnai durement le corps jusqu'à ce que ma peau devienne légèrement rouge, espérant que par la douleur physique, la douleur qui parcourait mon corps de l'intérieur cesse. J'avais mal à la poitrine, un nœud d'angoisse s'était créé un chemin jusqu'à mon estomac et le serrait. L'envie de mourir se tassait peu à peu, mais continuait de demeurer dans un coin de ma tête, par peur de revivre l'enfer que j'avais vécu avec elles. Je pensais avoir guéri et pourtant, juste leurs reflets, m'a mise dans un état déplorable. Et je m'en voulais, je m'en voulais de ne pas être capable d'aller de l'avant et que ça m'atteigne encore. C'est comme si on venait de me rappeler que jamais, je ne pourrais m'en sortir.
Je soupirai en lâchant une larme avant de me lever et de m'emmitoufler dans les serviettes. Je sortis de la salle de bain et retournai au salon pour chercher Yuzuha. Une douce odeur parvient à mes narines et me fit tourner la tête vers la cuisine où se trouvait ma sauveuse en train de cuisiner un curry.
— Oh Kara ! Attends, je vais aller te chercher des vêtements, tu peux surveiller le curry s'il te plaît ? Me demanda-t-elle en partant rapidement vers ce qui devait être sa chambre.
Je m'approchai de la casserole et surveillai que ça ne brûlait pas. Ça avait l'air super bon et rien que l'odeur m'ouvrait l'appétit et faisait gargouiller mon ventre affamé. Yuzuha réapparu quelques minutes plus tard et me tendit un ensemble de survêtements, une culotte et une paire de chaussettes.
— C'est à moi, ça devrait t'aller normalement.
Je lui souris et pris l'ensemble avant de repartir dans la salle de bain pour me changer. Elle m'avait donné un pantalon taille haute de survêtement gris qui se resserrait aux chevilles et un pull court avec une capuche de la même couleur que je me pressais d'enfiler avant de mettre les chaussettes. Une fois habillée, je retournai dans la cuisine pour la regarder faire à manger.
— Tu peux sortir deux assiettes et les couverts ? Me demanda-t-elle en me montrant les tiroirs et placards. On va manger sur la table basse du salon, ça sera plus cool.
J'acquiesçai et préparai la table basse avant de me poser sur le canapé en l'attendant. Après quelques minutes, elle arriva avec la casserole et une louche qu'elle posa au centre de la table. Elle nous servit et vint s'assoir à côté de moi en me tendant son téléphone, j'arquai un sourcil et lui lançai un regard interrogatif.
— Pour prévenir tes parents ? Dors ici ce soir, il est déjà vingt et une heure, me dit-elle.
Avec tout ça, j'avais complètement oublié de les prévenir, ils doivent se faire un sang d'encre. Je pris son téléphone qu'elle avait déjà déverrouillé et cliquai sur l'application messages. J'entrai le numéro de ma mère et lui envoya un message en précisant bien que c'est moi et qu'il n'y a pas de soucis à se faire puisque je dors chez une amie. Évidemment, la réponse arriva dans la minute qui suivit en disant qu'elle était soulagée et qu'elle était heureuse de voir que je sociabilisais.
Yuzuha mit un film après qu'on ait terminé ce repas excellent et on se positionna tranquillement dans le canapé avec un plaid sur nous. Je venais de la rencontrer, mais je me sentais aussi bien qu'en compagnie d'Hakkai et les autres. C'était vraiment agréable. Une heure de plus s'était écoulée jusqu'à ce qu'on entende la porte d'entrée claquer.
— YUZUHA ! TU PEUX M'APPORTER LA TROUSSE DE SECOURS ? Cria une voix masculine qui me fit sursauter.
— Mais quel boulet celui-là, souffla Yuzuha en se levant.
Je tournai la tête vers la porte d'entrée et écarquillai les yeux en distinguant la silhouette d'Hakkai dans la pénombre. Mon cœur se mit à soudainement battre plus vite en voyant son état. Son sourcil droit et sa lèvre pissaient le sang, ses phalanges étaient en sang également et il avait quelques bleus qui recouvraient ses bras. Il s'avança jusqu'à arriver dans le salon et s'arrêta net en me voyant. Il écarquilla les yeux à son tour en lâchant son téléphone par terre.
— Kara ?
— Oh Hakkai, il serait temps d'apprendre à te battre sans revenir en sang, soupira Yuzuha en revenant avec la trousse de soins.
— Mais qu'est-ce que tu-
Je me relevai précipitamment en m'approchant de lui le visage inquiet. Il me regarda venir à lui sans bouger en fronçant les sourcils.
— Qu'est-ce qu'elle fait là ? Demanda-t-il en direction de Yuzuha.
— Vous vous connaissez ?
— Ça va, je n'ai rien Kara, me rassura Hakkai en posant sa main sur ma tête avec un sourire. Et oui Yuzuha, je t'ai déjà parlé d'elle.
— Ah, c'était elle ? J'aurais dû faire le lien, dit-elle en nous regardant à tour de rôle. C'est vrai que ça ne court pas les rues les personnes qui ne parlent pas.
Hakkai me prit doucement la main et m'entraîna vers le canapé pour s'y assoir. Yuzuha suivit le mouvement avant de se faire interrompre par la sonnerie de son téléphone.
— Ah merde désolée, j'avais oublié qu'une amie devait m'appeler pour un truc à l'école. Kara, tu peux t'en occuper ? Me demanda-t-elle avec une mine désolée, en me tendant la trousse de soin.
J'hochai la tête et lui souris pour lui dire que ça ne me dérangeait pas. Elle me remercia et s'éclipsa en nous laissant seuls. Je me penchai pour prendre une compresse et mis du désinfectant dessus avant de me tourner vers lui.
— Qu'est-ce que tu fais chez moi ? Me questionna-t-il avec une grimace quand j'eus déposé la compresse sur son sourcil.
J'arquai un sourcil surprise. Comment ça chez lui ?
— Yuzuha est ma grande sœur, m'informa-t-il en voyant mon air perplexe.
Il éclata de rire en me voyant bouche bée. Yuzuha était sa sœur ? Ça veut dire qu'il a un frère lui aussi ?
— Attends tiens, me dit-il en me tendant son téléphone. Explique-moi ce qu'il s'est passé.
Je glissai mon regard sur sa main tendue vers moi, sur laquelle reposait son téléphone, avec hésitation. Est-ce que je pouvais lui expliquer sans qu'il ne me juge ou qu'il me trouve pathétique ? Je pesais le pour et le contre avant de prendre le téléphone pour pianoter ma réponse dessus.
« Je suis tombée dans la rivière, Yuzuha m'a retrouvé et proposé de venir ici pour me réchauffer. »
Une demi-vérité, je n'avais pas encore le courage de parler de ce que j'ai vécu par le passé et je pensai que jamais je ne serais prête à le raconter à quelqu'un. Même mes parents ne savent pas ce qu'il s'est réellement passé, ils savent seulement que j'ai été harcelée et ça me va très bien comme ça.
— Ah, t'es vraiment maladroite toi, pouffa-t-il alors que je le regardais de travers. Aïe ! S'exclama-t-il ensuite quand j'eus passé la compresse sur sa lèvre un peu trop fortement. T'es rancunière en plus de ça ? Marmonna-t-il en souriant.
Je soupirai et pris son menton entre mes doigts pour qu'il arrête de bouger. Mes yeux étaient fixés sur ses lèvres pour que je puisse m'appliquer à le soigner correctement, mais le poids de son regard sur moi me faisait rougir. Je n'avais pas l'habitude d'être aussi proche d'un garçon ni que quelqu'un me regarde aussi intensément. Je me reculai donc rapidement, mais il me retint en passant une main autour de ma nuque avant de rapprocher son visage du mien. Sans le vouloir ma respiration se coupa alors que la sienne semblait s'alourdir. Nos regards s'accrochèrent l'un à l'autre et je me perdis dans le bleu de ses yeux.
— T'es vraiment belle, me souffla-t-il doucement en passant un doigt sur ma joue pour la caresser.
Mon cœur fit un bon immense sans ma poitrine à l'entente de ses mots. Je clignai plusieurs fois des yeux, perturbée par ce qu'il venait de dire et par ce sentiment que je ressentais qui m'était inconnu.
— Merci de m'avoir soigné, bailla-t-il en se reculant.
Je reposai la compresse que j'avais en main sur la table pendant qu'il prenait le plaid et s'allongeait sur le canapé.
— Viens, me dit-il en ouvrant ses bras. Je me retournai vers lui en écarquillant les yeux. Il venait de dire quoi ? Tu ne vas pas dormir assise, ce n'est pas confortable, soupira-t-il en attendant ma réponse.
« T'es sûr...? Je fais des cauchemars...
Je risque de te réveiller... »
Écrivis-je sur son téléphone pour lui montrer d'une main hésitante. Je n'avais jamais dormi avec quelqu'un, par peur de le réveiller, qu'il m'entende crier ou pleurer. Il se redressa en fronçant légèrement les sourcils avant de se pencher rapidement pour passer ses bras autour de ma taille et m'attirer à lui. Je me retrouvai face à lui, ses bras autour de ma taille nue alors que je n'ai même pas de sous-vêtement en haut. Rien que d'y penser, mes joues chauffèrent, heureusement qu'on est dans la pénombre et qu'il ne doit pas voir la couleur de ma peau.
— Pas grave, je serai là si tu cauchemardes, me sourit-il avant de m'embrasser le front délicatement.
Je bloquai sur ses mots quelques secondes avant que des larmes ne s'échappent. Instinctivement, je blottis ma tête sur son torse pour éviter qu'il me voit et sourit contre lui. J'étais heureuse et tellement apaisée près de lui que ça en était perturbant, même chez moi, je ne me sentais pas aussi bien. Sa chaleur m'enveloppait et j'avais l'impression d'être en sécurité, qu'il veillait sur moi. C'était un sentiment indescriptible, je le ressentais pour la première fois et ça me suffisait pour pouvoir m'endormir sereinement.
— Bonne nuit Kara, me souffla-t-il doucement en resserrant ses bras autour de mon petit corps.
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