𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 𝘝
┌⋯⋯⌝❃•✾•❃⌜⋯⋯┐
Pdv Kara
└⋯⋯⌝❃•✾•❃⌜⋯⋯┘
Étant aujourd'hui assez joyeuse et de bonne humeur, j'avais décidé pour la première fois depuis des années d'aller me promener dans le grand parc qui se trouvait à une quinzaine de minutes à pied de ma maison. Avec mes écouteurs dans les oreilles, je me baladai dans ce petit coin de paradis. J'ai toujours adoré la nature, les fleurs et les arbres, c'est un endroit calme où l'on peut se re concentrer sur soi et avoir un petit moment de plénitude. J'enlevai mes écouteurs et commençai à me balader en prenant le temps de tout observer, de sentir le doux parfum des fleurs qui se trouvaient sur mon chemin et d'admirer le mélange de couleurs qui peignaient les fleurs.
Je me posai après quelques heures à côté de la fontaine et laissai le bout de mes doigts toucher l'eau et s'amuser avec, alors que mes pensées étaient en ébullition, toutes se tournant vers Hakkai et le Toman. Je n'arrivais pas à me les sortir de la tête, malgré tous les efforts que je faisais. J'avais beau me dire qu'ils allaient peut-être me faire énormément de mal, l'envie d'être à leurs côtés et de profiter avec eux devenait de plus en plus forte. Je croyais ne pas être en manque de compagnie, mais quand on le vit une fois, on se rend vite compte que la réalité est tout autre et je me rendis compte que c'est impossible de vivre seul, de vivre sans personne, de vivre sans être aimé. L'être humain n'est pas fais pour ça, il a besoin de quelqu'un, de n'importe qui, tant que l'on avait sa présence.
Je me relevai après m'être reposée quelques instants et me dirigeai vers le marchand de glaces avec une petite appréhension. Une file s'était créée où les enfants demandaient ce qu'ils voulaient à leurs parents tandis que certains bébés pleuraient dans les bras de leurs mères ou dans la poussette. Je regardai ce qui est proposé et préparai déjà la phrase sur mon téléphone avant de la montrer quand mon tour fut arrivé en même temps de miner que je ne parlais pas. Le marchand m'offrit un petit sourire et me tendit ma glace à la vanille avant de me souhaiter une excellente journée. Mon angoisse redescendit aussitôt et je fus rassurée de voir qu'il existait peut-être plus de bonnes personnes que ce que je pensais.
Je sortis du parc et je me dirigeai vers la rivière pour marcher tranquillement en observant le soleil se coucher. Les couleurs roses orangées qui se mélangeaient au bleu azur du ciel était tout bonnement magnifique. Je m'assis finalement au bord de l'eau et trempai mes pieds dedans après avoir retiré mes chaussures. Je me penchai pour observer mon reflet et fronçai soudainement les sourcils quand je vis trois autres silhouettes se rapprocher de moi. En les reconnaissant, mon cœur se mit à très fortement pomper dans ma cage thoracique en même temps qu'une crise d'angoisse montait peu à peu.
Ce n'était pas possible...
Ça ne pouvait pas être elles...
— Tiens donc, ne serait ce pas la grosse vache crasseuse de service que nous avons là, commença cette voix qui me faisait trembler rien qu'à l'entendre.
Je fermai les yeux instinctivement, comme si rien qu'en faisant ça, ça allait me protéger de leur méchanceté gratuite et me mordis la lèvre inférieure pendant que je tentai de ne pas écouter ce qu'elles commençaient à dire sur moi et leurs moqueries.
Mais peine perdue, mon esprit m'emmena dans le passé, pour un énième cauchemar éveillé.
Flash-back :
Il y a quelques années, au collège.
Je venais tout juste d'entrer dans les toilettes pour calmer ma crise d'angoisse quand j'entendis la porte claquer derrière moi, puis le bruit de la serrure se tourner. Ma respiration se faisait de plus en plus saccadée et la peur me rongeait le corps jusqu'à le faire trembler. Je n'osais même pas me retourner, sachant déjà que c'était elle et ses amies qui la suivaient partout en riant comme des pimbêches. Je me repliai sur moi-même en priant pour qu'elles partent.
Pitié, laisser moi tranquille...
Des sueurs froides perlaient sur mon front alors que mon cœur battait de plus en plus vite en appréhendant ce qu'elles allaient bien faire de moi aujourd'hui. Je ne voulais pas être ici, pourquoi c'était moi qui devait subir ça ? Pourquoi elles s'en prenaient à moi ? Qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour mériter ça ?
— Eh ! Mais revient là ! Pourquoi tu t'enfuis ? J'ai envie de m'amuser moi, rit-elle en s'approchant avant de s'abaisser derrière moi.
Elle attrapa violemment mon menton pour me faire tourner la tête vers elle. Son sourire sournois qu'elle me lançait, me faisait toujours froid dans le dos, je savais que je n'allais pas lui échapper.
Elle finit par lancer un regard à ses deux amies avant qu'une vive douleur ne s'emparât de ma tête. Un cri s'échappa d'entre mes lèvres et je fus soulevée et tirer en arrière sans ménagement.
— Arrêtez ! S'il vous plaît ! Vous me faites mal, les suppliai-je d'une toute petite voix.
— Oh, regardez moi ça, elle va se mettre à pleurer maintenant en plus, se moqua la fille qui me traînait sur le sol par les cheveux.
— Arrête de parler, on t'a déjà répété mille fois que ta voix est horrible à entendre et que t'emmerdes tout le monde avec, continua l'autre en affichant un rictus dégoûté.
Le rire moqueur de la troisième fille parvint à mes oreilles en même temps qu'elle ouvrait la porte de la cabine la plus grande des toilettes. J'y fus projetée à l'intérieur avant qu'elles ne rentrent toutes derrière moi en fermant. Deux des filles s'approchèrent de moi pour me bloquer et me tenir pendant que la "chef" sortait une paire de ciseaux avant de s'approcher lentement en le faisant tourner entre ses doigts. J'écarquillai les yeux et tentai de me débattre en vain, j'étais horrifiée, mon estomac se nouait tellement fort que j'en avais des nausées.
— Non arrête s'il te plaît ! La suppliai-je à nouveau alors que mes larmes perlaient doucement sur mes joues.
— Ferme là, c'est moi qui décide et tu n'as pas le droit de parler, tu n'es rien, articula-t-elle lentement en se baissant devant moi avec un sourire narquois. Tire la langue, que je te la coupe, exigea-t-elle en me reprenant le menton pour m'enfoncer ses ongles dans la peau.
Je la regardai incrédule alors que mon corps tremblait comme une feuille sans vouloir s'arrêter. J'embêtais les gens au point qu'ils veuillent ne plus m'entendre et me couper la langue ? Ils me regardaient tous avec dégoût parce qu'ils entendaient ma voix ?
Ma voix dégoûtait les gens.
Je ne méritais pas de parler.
Leurs paroles tournaient en boucle dans ma tête jusqu'à ce que je fasse de leur réalité, la mienne.
C'était à cause de ma voix que je subissais tout ça. À cause d'elle et de rien d'autre.
Je devais arrêter de parler.
Arrêter de parler pour arrêter de souffrir.
— Tu ne veux pas ? Me demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté. J'hochai positivement la tête pour lui répondre, la faisant éclater de rire. Mais ce n'est pas toi qui décides, me dit-elle en refermant d'un coup le ciseau à côté de mon oreille.
J'écarquillai les yeux devant les mèches de cheveux qui volèrent pour venir s'écraser sur le sol. Elle répéta son mouvement une dizaine de fois, alors que je fixais le sol se recouvrir de mes mèches brunes sans rien faire. Je n'avais même pas senti que les deux filles ne me tenaient plus et qu'elles étaient sortie jusqu'à ce que celle devant moi se relevât, satisfaite de ce qu'elle venait de faire.
— Voilà, là, tu ressembles à ce que tu es, une clocharde, ricana-t-elle en ouvrant la porte pour se positionner devant. Et comme la clocharde que tu es, tu mérites de prendre un bain, ajouta-t-elle en souriant sournoisement.
Avant que je ne comprenne ce qu'elle venait de dire, je fus trempée de la tête au pied. Une odeur nauséabonde prit rapidement place alors que je levai la tête vers la fille qui venait de me renverser l'eau des toilettes dessus avec un seau qui traînait habituellement dans les toilettes.
— Beurk, tu as du caca sur la tête et tu sens la pisse, t'es vraiment dégueulasse, gloussa la troisième fille qui venait d'ouvrir en grand la porte qui donnait sur le couloir alors qu'un attroupement se créait petit à petit. Tu m'excuseras, mais j'étais obligée de partager ton bain spécial, ricana-t-elle en se décalant pour que les autres puissent entrer et me prendre en photo en me lançant tout un tas d'insultes et de moqueries.
— Arrêtez ça, m'exclamai-je en tentant de me relever.
— T'approche pas de nous la crasseuse ! Railla un élève en me poussant violemment par terre avec un rictus de dégoût. Tu fais pitié.
— Personne ne veut de toi ici, dégage, s'écria un autre élève.
Je me relevai et tentai de partir en évitant le plus de gens possible. Sur la route, j'avais reçu énormément de moqueries et d'insultes, les autres s'étaient amusés à me faire des croche-pattes, me bousculaient dans les escaliers. J'étais tombée à maintes reprises et j'ai demandé de l'aide, mais à chaque fois c'était pareil :
"Ne me parle pas, dégage sale déchet."
Je suis rentrée chez moi, seule, vidée de tout. Je voulais mourir, je voulais que ce cauchemar s'arrête. Je me suis glissée dans la douche, j'y suis restée des heures, je me suis frotté la peau à sang pour tenter d'enlever la crasse que j'avais, pour tenter d'être normale. J'ai laissé couler l'eau brûlante sur moi, tellement brûlante que je planais et que mon corps s'était recouvert de plaques rouges avec quelques traces de brûlures. Je n'ai même pas regardé mon reflet dans le miroir et je me suis couchée avec mon âme anéantie et mon corps meurtri.
Le lendemain, mes parents ont essayé de me réveiller puisque je n'étais toujours pas debout à quatorze heures.
Et ils ont compris. Ils ont fondu en larmes en me répétant qu'ils étaient désolés et que tout était de leurs fautes.
Les TS ne m'ont pas permis d'atteindre la paix, ça ne devait pas être mon heure. Je me suis donc enfoncé dans le néant peu à peu. On m'a dit que le temps arrangeait tout, que j'aurais moins mal.
C'était vrai.
Mais les traumatismes restent toujours, malgré la douleur qui s'atténue. On apprend seulement à vivre avec tout ça, rien ne disparaît vraiment.
Parce que quand quelque chose est cassé, il n'est plus comme avant, il est impossible de le réparer entièrement, les cicatrices marquent et restent à jamais.
C'était la fois de trop, la goutte qui avait fait déborder le vase.
C'était le point de non-retour.
Ce soir-là, j'avais pris la décision de me terrer dans le silence, à défaut de ne pouvoir mourir.
Fin du flash-back
J'étais tétanisée, je voulais disparaître sous terre. Je priai pour qu'elles s'en aillent, mais évidemment, comme toutes ces autres fois, personne ne m'entendît crier à l'aide. Personne n'était là pour me sauver. J'allais perdre pied de nouveau, seule.
— Tu ne réponds même plus maintenant ? S'insurgea-t-elle avant d'empoigner violemment mes cheveux pour me tirer en arrière.
En basculant, nos regards se croisèrent et une lueur de surprise passa dans ses yeux avant d'afficher ce rictus de dégoût qui me hantait depuis de nombreuses années. Ma respiration s'était emballée et mon corps s'était mis à trembler. Rien de mes réactions n'avait disparu, mon corps n'avait rien oublié même si mon esprit avait avancé.
Je lui fis un croche patte avant de rapidement me relever pendant que son corps chutait jusqu'à percuter le sol. Une plainte sortit de sa bouche et ses amies me regardèrent ébahies. Je n'avais pas réfléchi, mon corps avait bougé tout seul, pour se défendre, pour ne pas revivre ça.
Mais je n'aurais pas dû...
Elle s'était subitement relevé en me foudroyant du regard, elle a claqué des doigts et comme deux chiennes, les deux autres m'ont littéralement sauté dessus. Je basculai en arrière et elles ont fini par me frapper, guidées par une haine que je ne comprenais pas. Une haine que je récoltais alors que je ne savais même pas ce que j'avais fait de mal, alors que je ne leur avais rien fait.
Je retenais mes larmes de couler et ma crise de panique qui menaçait d'éclater. Je prenais sur moi, je me protégeais juste le visage et la tête, j'encaissais, sans même ne prendre la peine de me débattre jusqu'à ce qu'elle enroule ses mains autour de mon cou pour me soulever. À ce moment-là, j'ai commencé à grandement paniquer, je la suppliai du regard, mais rien n'y faisais. Je ne voyais même pas l'once d'une seule lueur de culpabilité dans ses yeux.
Qu'est-ce que j'avais fait pour que l'on arrive à tenter de me tuer ?
— T'es vraiment la pire merde du monde, me cracha-t-elle avec haine avant de me pousser dans la rivière.
L'eau froide me fit frissonner en même temps qu'elle apaisa la douleur des hématomes qu'elles m'avaient causées. Je relevai légèrement la tête, les regardant partir alors que mon cœur venait de se fracasser dans ma poitrine à m'en faire horriblement, mal, une fois de plus.
Et cette fois-ci, je n'ai pas demandé d'aide. Je suis restée en grelottant dans cette rivière qui me rappelait à quel point les humains sont mauvais.
⟣∞⟢
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro