PDV LUCY

     Ça fait déjà cinq ans que Jubia et Léon sont ensembles. Ils vivent le parfait amour et elle a enfin pu complètement oublié Grey.

     Cinq ans que nous sommes mariés ce dernier et moi et que nous dirigeons Dragnia, Élysion et Angeless ensemble. Le royaume des démons n'existe plus aujourd'hui. Comme depuis cinq ans. Quatre ans que mon fils est né. Je suis au comble du bonheur avec eux dans ma vie.

     Qu'aurai-je pu souhaiter de mieux?

     Nous sommes à Angeless en ce moment, au château royal. Je cherche Éden et Grey depuis ce matin.

Moi : mais où est-ce qu'ils sont?

     J'entends alors des pas se précipiter vers moi et l'odeur de mon fils mélangée à celle de Grey se rapprocher de moi. Je me tourne à temps et le saisis avant de le faire tourner dans les airs, sous ses éclats de rire. Je le serre ensuite contre moi et nous nous frottons doucement le nez l'un contre l'autre en souriant.

Éden : maman, regarde ce que j'ai cueilli pour toi.

     Il me donne une fleur de soleil, une fleur qu'on ne trouve qu'à un endroit dangereux d'Angeless.

Moi : Grey! Pourquoi l'as-tu amené là-bas? Tu sais très bien que c'est dangereux!

Grey : il a insisté pour y aller parce qu'il sentait qu'il y avait quelque chose d'important.

Moi : une fleur de soleil?

Grey : non. Ceci.

     Il me montre une petite boîte où se trouve un diamant vivement coloré.

Grey : c'est le diamant royal n'est-ce pas? Celui qui a disparu il y a plus de 700 ans?

Moi : ou-oui... Mais... Comment?

Grey : remercie Éden.

     Pendant que je parlais à son père, il en a profité pour mettre la plante dans mes cheveux.

Éden : tu es belle, maman.

Moi : merci, mon cœur. Pour tes deux cadeaux.

Éden : dis maman. Grand mère, elle le cherchait?

Moi : je ne sais pas. Je ne vivais pas avec elle, tu sais.

Éden : pourquoi?

Moi : je te raconterai toute l'histoire un jour, promis.

Éden : d'accord maman.

Grey : c'est moi qui l'ai accompagné là-bas. Je n'ai pas droit à quelque chose?

Moi : mais c'est lui qui l'a senti. Alors non, je ne vois pas ce que tu pourrais avoir.

Grey : tu es si cruelle envers moi.

     Je ris doucement à son air faussement boudeur. Je l'embrasse sur la joue mais il se sépare de moi et m'embrasse sur les lèvres. Éden se cache immédiatement les yeux. Lorsque nous nous séparons, il arbore un sourire triomphant.

Grey : voilà ce que je voulais.

Éden : je peux?

Moi : oui.

     Il regarde d'abord à travers l'espace qu'il a créé avec deux de ses doigts puis, constatant qu'il peut, il enlève ses petites mains.

Éden : maman, j'ai faim.

Moi : tu veux quelque chose en particulier?

Éden : des cookies!

Moi : ce n'est pas de la nourriture, Éden.

Éden : s'il te plaît maman!

     Il me fait ses yeux d'ange trop mignon et je craque.

Moi : d'accord... Uniquement si tu finis le repas que je te cuisinerai.

Éden : oui!

     Il court en direction des cuisines alors que nous le suivons en souriant et Grey me prend par la taille.

Grey : il te ressemble vraiment beaucoup.

Moi : pourtant, je pense qu'il te ressemble plus qu'à moi. Il a juste mes yeux. Mais il a hérité plus de toi que de moi.

Grey : tu crois qu'il sera comment quand il sera adolescent?

Moi : il ne changera peut-être pas autant que les autres. Moi, j'aimerais qu'il reste le gentil petit garçon qu'il est. Et puis, il est tellement fragile. Sa santé m'inquiète de plus en plus, mais je sais qu'il est fort. En outre, nous sommes là. Au cas où il emprunterait le mauvais chemin, nous le ferons rentrer sur la bonne voie.

     Nous arrivons dans la cuisine et je me mets directement au travail. Après une heure trente minutes, pendant lesquelles Éden a suivi mes moindres faits et gestes, je pose devant lui un plat de gratin dauphinois. Et juste à côté, des cookies tout juste sortis du four.

Moi : n'oublie pas. La nourriture avant les cookies.

     Il hoche énergétiquement la tête et engloutit tout dans son assiette en à peine cinq minutes.

Grey : un véritable glouton.

Éden : c'est pas vrai!

     Il prend deux cookies et nous en donne un à chacun.

Moi : merci Éden.

Grey : tu feras un excellent roi à l'avenir.

Éden : c'est vrai?

Moi : je le pense aussi.

     Nous grignotons en nous racontant des blagues et divers autres choses. Soudainement, Éden s'arrête et s'évanouit juste après.

Moi : Éden!

     J'accours vers lui qui est dans les bras de son père qui l'a heureusement rattrapé juste à temps.

Grey : il a dû dépenser trop d'énergie. Ramenons le dans notre chambre. Je préfère qu'il passe la nuit avec nous.

     Nous allons dans notre chambre et le posons sur le lit. Après quelques minutes, on toque à la porte. Je permets à Estella d'entrer, ce qu'elle fait avec un sourire plus que rayonnant aux lèvres.

Moi : qu'y a-t-il pour que tu souris comme cela?

Estella : j'ai une bonne nouvelle, mais aussi une mauvaise, qui ne l'est pas vraiment.

Grey : lesquelles?

Estella : votre fils n'est pas atteint d'une maladie. Ça, c'est la bonne.

     Je soupire de soulagement. Après un an de recherche, nous avons enfin une réponse.

Moi : et la "mauvaise"?

Estella : c'est un phénomène rarissime dans la famille royale. C'est lui qui est à l'origine de la création du lien bleu. Il consomme beaucoup d'énergie et rend son porteur fragile jusqu'à la maîtrise totale du lien.

     Je suis tellement rassurée...

Grey : ce qui veut dire que Lucy a subi quelque chose de similaire.

Estella : oui et toi aussi, n'est-ce pas?

Grey : c'est vrai.

Lucy : ça veut donc aussi dire que quelque part, quelqu'un subit le même sort que lui.

Estella : exactement.

Lucy : eh bien, j'en ai appris des choses.

     Après quelques secondes de silence, Grey dit :

Grey : je me demande si ce lien force l'amour dans certains cas.

Estella : non, pas vraiment.

Lucy : donc, Éden pourrait ne pas aimer la personne. Ça me rassure dans un sens.

Estella : pourquoi?

Lucy : Grey comprend pourquoi. Parce qu'il est aussi rassuré que moi. Ai-je tort?

     Il se contente d'un sourire.

Estella : bon je vais vous laisser. J'ai encore du travaille à Dragnia. Au revoir, prenez soin d'Éden.

     Elle nous quitte et Grey en profite pour me prendre dans ses bras, me serrant contre lui.

Moi : je suis rassurée que tu m'aimes sans l'aide de ce lien.

Grey : moi aussi. Mais je suis heureux que nous l'ayons.

     Éden commence à remuer dans les couvertures avant de se lever, perdu.

Éden : pourquoi je suis ici?

     Nous lui tendons les bras pour qu'il vienne, ce qu'il fait.

Moi : tu sais que tu es notre plus grande fierté, Éden?

     Il hoche la tête, le sourire aux lèvres.

Grey : et tu sais également que nous t'aimons plus que tout, n'est-ce pas?

     Il hoche à nouveau la tête.

Éden : moi aussi, je vous aime, papa et maman.

     Nous le serrons dans nos bras et je ne souhaite qu'une chose.

Moi : j'espère pouvoir être toujours à vos côtés. Je n'imagine pas ma vie sans vous. Je vous aime, tous les deux. Vous êtes les seuls hommes de ma vie.

Grey : vous êtes tous les deux des bénédictions. Je n'aurai pas pu espérer mieux que vous. Je vous aime.

     Puissent les étoiles nous préserver et nous garder unis. Je ne souhaite et ne souhaiterai rien d'autre qu'eux dans ma vie. Sauf d'autres enfants, bien évidemment.

𝓕𝓲𝓷.