𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 𝟐𝟐 ~ 𝑬𝒏 𝒑𝒍𝒆𝒊𝒏 𝒄œ𝒖𝒓
Emilia et Luka se trouvaient collés côte à côte sur le toit de leur bâtiment. Étant tous les deux incapables de s'endormir la veille, ils étaient montés là afin de prendre un peu d'air frais. Par conséquent, les adolescents avaient passé la nuit à parler de la vie. Leur conversation fut tellement sincère et profonde que ce fut la première fois qu'ils se sentirent entendus et compris...
— Et c'est quoi la suite, maintenant ? lança Luka tout en regardant le magnifique spectacle que lui offrait le levé du soleil.
— J'en sais rien... tu penses que le portail se rouvrira un jour ? lui répondit son amie.
— Je sais pas pourquoi, mais je crois que oui. J'ai vraiment une impression bizarre...
La jeune fille se tourna subitement vers son camarade avant de le regarder avec de grands yeux étonnés. Elle lui dit alors :
— Comme si tout ça touchait bientôt à sa fin ?
Ce dernier hocha frénétiquement de la tête avant de déglutir. Suite à cela, les adolescents se tournèrent tous les deux vers l'horizon. L'un comme l'autre s'était trop habitué au doux parfum de l'été et des soirées... et l'un comme l'autre ne voulait pas rentrer et se retrouver à nouveau enfermé dans le sombre gouffre de l'école. Cela dit, quelque chose d'autre tracassait le jeune homme. Ça, Emilia le voyait... et elle le sentait. Elle aussi avait un mauvais pressentiment. Depuis quelques jours, elle avait comme une boule de stress grandissait en elle et qui faisait de plus en plus trembler son corps. La petite brunette priait pour que ce sentiment disparaisse, mais au contraire, il ne faisait que de s'accroître. Cela lui était insupportable, mais elle en avait parlé à personne par peur que cette sensation devienne réelle.
— Emilia ?
— Oui ?
L'adolescent prit une profonde inspiration avant de poursuivre :
— Si jamais on est séparés, s'il te plaît, attends-moi... et si tu ne peux pas, promets-moi de vivre chaque jour comme si c'était le dernier et de ne plus jamais dépendre de personne, ni même de moi. Tu es la seule de qui tu as vraiment besoin, moi je ne suis là que pour t'aimer.
— Je t'attendrais jusqu'à la fin, Luka, répondit tout simplement la jeune fille avant de se lever. Allez viens, mes frères vont bientôt se réveiller.
Quelques heures plus tard, Emilia, ses frères et Luka se retrouvèrent à planifier la suite. Étant donné qu'ils étaient apparemment coincés dans le passé, ils allaient devoir trouver des moyens pour survivre. De ce fait, Aymerick tentait tant bien que mal de trouver une solution pour ne pas finir à la rue. De son côté, Eliott était fortement inquiet. Le jeune homme n'était pas prêt à vivre dans un monde différent du sien, et par conséquent, il voulait absolument rentrer. Mais Emilia et son ami, eux, restaient silencieux. Ils ne voulaient pas rentrer, mais ils étaient persuadés que tôt ou tard le portail se rouvrirait. Ainsi, la discussion des jeunes finit par s'arrêter. L'aîné du groupe était assis à une chaise les deux coudes posés sur la table et il réfléchissait pendant que Eliott faisait les cents pas, et que Luka et Emilia restaient plantés au milieu de la pièce comme des statues immobiles. Mais alors que le silence régnait sur l'appartement, quelqu'un se mit à brusquement tambouriner sur la porte. À cet instant, tous les jeunes tournèrent leur tête vers la source du bruit. Alors, Aymerick se leva afin d'ouvrir prudemment la porte. De l'autre côté, c'était une Audrey toute paniquée et essoufflée qui se trouvait sur le palier de la porte. À droite d'elle se trouvait une toute petite fille de trois ans à peine qui lui tenait la main tout en se mordillant les doigts. Cette petite avait un visage fort familier pour Emilia... c'était comme si elle la connaissait déjà, et cette sensation était très troublante. Comme si elle la connaissait parfaitement sans jamais l'avoir rencontré...
— Il faut que vous vous en alliez tout de suite, souffla la jeune femme tout en regardant autour d'elle.
— Pourquoi, qu'est-ce qui se passe ? lui demanda Aymerick qui commença lui aussi à paniquer.
— Vous vous souvenez de ce type qu'on a livré dernièrement ? Et bien il est mort, il a fait une overdose à cause de la neige qu'on lui a vendu.
Les jeunes furent sous le choc.
—...Et maintenant, reprit Audrey, son frère veut se venger ! Il est devenu complètement taré. Il connaît votre adresse, je ne sais pas comment il l'a trouvé mais il en a après vous aussi... Pierre est allé chercher une voiture pour qu'on se tire, mais c'est une deux places... je suis désolée, il faut que je protège mon enfant. Je ne peux pas vous aider.
— T'en fais pas, on va s'en aller maintenant, déclara Eliott avec un ton grave avant de se tourner vers sa sœur et son ami. Vous, prenez tout le nécessaire. On se casse.
Les adolescents s'exécutèrent et rassemblèrent toutes les choses qui leur semblait les plus importantes. Emilia qui avait gardé son sac à dos de la veille y glissa le carnet où elle y avait écrit toutes ses notes, quelques provisions alimentaires, de l'argent et la photo d'elle et Luka qu'ils avaient prise la veille. Ainsi, tout le monde se prépara avant de jeter un dernier coup d'œil rapide à l'appartement et de déserter les lieux.
Une fois arrivés en bas de l'immeuble, la jeune femme et sa fille s'arrêta vers les jeunes avant de leur lancer :
— C'est sûrement la dernière fois qu'on se voit.
— Où est-ce que vous partez ? lui demanda Emilia, l'air attristé.
— On ne sait pas encore, répondit la fumeuse. Mais oubliez nous, car on ne risque pas de se refaire remarquer de si tôt.
La jeune fille baissa la tête.
— Merci pour tout, Audrey. Merci à toi et à Pierre de nous avoir autant aidé, on ne vous oubliera jamais... fit l'aîné du groupe.
La jeune femme se contenta de sourire aux jeunes en retour avant de se retourner et de marcher précipitamment dans la direction opposée. Tant dis que les garçons commençaient également à partir en direction de la sortie de la ville, Emilia se figea sur place. Elle avait comme l'impression qu'un détail lui échappait, et qu'elle avait besoin d'être au clair avec Audrey avant de la laisser repartir... Mais alors que les frères de la jeune fille venaient à peine de remarquer son immobilité, cette dernière se précipita vers son amie avant de la retenir par le bras.
— Attends, j'aimerais te poser une dernière question...
La jeune femme jeta un regard à la jeune fille afin de l'inviter à parler.
— Est-ce que t'as un nom auquel je pourrais te contacter ?
—...Novak, Audrey Novak.
Ce nom de famille... Emilia l'avait déjà entendu, elle l'avait déjà vu. Mais alors que la fumeuse lui lança un dernier regard avant de lui tourner le dos à tout jamais, l'adolescente eut une révélation. Soudain, le monde se mit à tourner au ralenti, et la jeune femme disparut entre deux ruelles. Les images des archives que la jeune fille avait trouvé dans le grenier lui revinrent en tête, et à cet instant, elle en était certaine... Audrey était sa grand-mère, et elle tenait la main de la mère d'Emilia. Par conséquent, cette dernière n'eut même pas le temps de digérer la nouvelle que son frère aîné l'attrapa par le bras avant de la tirer vers elle. Il disait qu'il ne fallait pas perdre de temps et qu'ils devaient à tout prix s'en aller le plus loin possible de là. Malheureusement pour les jeunes, ils connaissaient encore mal la ville et ses recoins. Par conséquent, ils furent obligés de se rendre près du parc afin de prendre un chemin qui les emmènerait loin de l'urbanisation. Mais alors qu'ils étaient en pleine marche rapide, ils entendirent soudain des coups de feux retentir. Derrière eux, un malade mental dégoulinant de sueur les regardait avec fureur.
— Vous avez tué mon frère ! hurla ce dernier avec rage.
L'homme se trouvait à une trentaine de mètres des jeunes. Toutes les personnes qui se trouvaient autour d'eux s'était mises à hurler et à courir dans tous les sens. De leur côté, Emilia, ses frères et Luka sentirent leur sang se glacer. Tous furent pris de sueurs froides et de lourdes palpitations. À tous leur cœur cognait tellement fort qu'ils crurent qu'il bondirait de leur cage thoracique. Par conséquent, les jeunes se mirent à courir dans la direction opposé de leur assaillant.
— Dans le parc, courez dans le parc ! cria Luka qui suivait son instinct.
Emilia et ses frères l'écoutèrent et le suivirent tant dis que l'homme derrière eux continuait toujours de les poursuivre tout en tirant quelques coups de feux qui faisaient fuir la foule. Voyant que sa sœur peinait à suivre le rythme, Eliott passa un bras sur elle afin de l'entraîner avec lui et de la protéger au cas où l'une des balles atterrirait sur elle. Ce fut à cet instant que la jeune fille entendit un bourdonnement qui lui était familier... le même bruit que le portail faisait lorsqu'il s'était ouvert. Et son ami l'entendait aussi. Par conséquent, il conduisit tout le monde vers un passage à travers les buissons avant de se retrouver exactement au même endroit où tous avaient atterri lors de leur changement de leur voyage spatio-temporel. Mais alors qu'ils n'étaient qu'à quelques mètres du portail, ils entendirent brusquement un bruit de feuillage suivit d'un léger cliquetis. Tous se retournèrent avant de découvrir que l'homme qui les avait poursuivi pointait son pistolet sur la tête de la petite brunette qui était tout devant face à lui. Alors, cette dernière recula doucement jusqu'à se retrouver à côté de son ami Luka. Eliott se trouvait quelques centimètres plus loin tant dis qu'Aymerick se tenait juste derrière lui, à quelques centimètres du portail. Mais alors que l'homme s'apprêtait à tirer, Luka tira son amie en arrière.
— Des vendeurs de mort ne méritent que la mort, déclara le malade avant d'appuyer sur la détente.
Soudain, tout devint sourd et la scène se déroula au ralenti. Aymerick toucha le portail du bout des doigts et attrapa la main la main de son plus frère qui attrapa le bras de leur sœur qui elle avait rattrapé son ami dans les bras.
Mais il était trop tard, Luka avait été touché en plein cœur.
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