𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 𝟏𝟔 ~ 𝑳𝒂 𝒗𝒆́𝒓𝒊𝒕𝒆́ 𝒆𝒏 𝒕𝒓𝒐𝒊𝒔 𝒎𝒐𝒕𝒔
Il faisait encore jour lorsqu'on toqua subitement à la porte de l'appartement où se trouvaient les jeunes. Aymerick vint alors ouvrir et tomba ainsi sur Audrey qui se tenait devant lui avec les bras croisés sur sa poitrine. Cette dernière se permit alors d'entrer et salua tout le monde avant de se placer au milieu de la pièce principale. Apparemment, Pierre lui avait donné l'adresse où les jeunes étaient actuellement logés. La jeune femme n'était pas dupe, elle savait très bien qu'ils étaient dans le besoin... mais elle ne dit rien. Aucune remarque. De ce fait, elle regarda tout autour d'elle avant de lancer aux garçons et à Emilia :
— J'ai besoin de votre aide.
— Pourquoi faire ? fit Aymerick tout en refermant la porte derrière elle.
Audrey soupira, elle puis reprit.
— Il y a ce type, il habite dans un endroit un peu chaud... depuis sa dernière connerie, je ne dirai pas laquelle, les flics tournent beaucoup autour de son immeuble. Il est prêt à payer le prix fort pour qu'on lui livre un peu de came.... Mais le problème c'est que tous les gars de Bruno sont connus des autorités, et s'ils se font chopper, alors c'est fini pour eux. Et à cause de ça, personne ne veut y aller. J'espérais alors que vous pourriez m'aider, comme on a besoin d'être plusieurs pour ce plan... parce que j'ai vraiment besoin de cet argent, et je pense que vous aussi.
Mais alors qu'Eliott s'apprêtait à parler, il se fit bientôt couper par son aîné qui déclina la proposition de la jeune femme. Aymerick étant sur le point d'accepter le travail que lui avait proposé le blondinet du bar, il ne pouvait être présent à cette opération et donc assurer la sécurité de tout le monde et le bon fonctionnement du plan. De plus, cela était trop risqué avec la police qui était présente sur les lieux. De ce fait, Audrey lui proposa à tous de prendre leur temps afin d'y réfléchir un peu. Cela se voyait qu'elle y tenait vraiment... Mais pour quelle raison ? Elle préparait quelque chose, et Emilia le savait. Cette dernière était tellement intriguée par son amie qu'elle avait pris comme exemple à suivre dans la vie... la jeune fille le savait, elle allait tôt ou tard découvrir ce que son amie cachait. Mais alors que la petite brunette était dans sa bulle, le soudain haussement de ton de son frère aîné la tira de ses pensées.
— C'est non, Eliott ! Regarde ce qu'il s'est passé l'autre fois, la trace sur ta joue n'est toujours pas partie !
— Ce que tu comprends pas Aymerick, c'est qu'on a plus le choix ! Et puis j'irai tout seul. Emilia et Luka n'ont pas à venir avec moi, répondit le jeune homme à son frère.
— Quoi ? s'indigna la jeune fille. Mais tu peux pas faire ça, elle a dit qu'on devait être plusieurs !
— Oui, mais pas besoin de tous y aller non plus. Je peux aller avec lui, ça le fera, fit Luka tout en croisant les bras.
L'aîné du groupe étant assez remonté, il tapa son poing contre le mur avant de s'exclamer :
— Personne n'ira là-bas, un point c'est tout ! J'ai dit non, alors vous m'écoutez !
Mais alors qu'une dispute s'apprêtait à éclater au sein du groupe, on vint à nouveau toquer à la porte. Aymerick ouvrit avant de s'apercevoir que c'était à nouveau Audrey. Cette dernière leur demanda timidement une dernière chose ; que quelqu'un vienne ce soir avec elle pour aller chercher Delphine chez elle. C'était la première fois que Emilia voyait la jeune femme laisser paraître quelques signes de nervosité, et cela n'était pas bon signe. Apparemment, la blondinette ne donnait plus de nouvelles à son amie depuis la veille. Elle étaient censées sortir ce matin-même, sauf que la jeune femme ne l'avait jamais rejoint. De ce fait, Audrey commençait à s'inquiéter.
— Mais il y a un truc que je comprends pas, pourquoi est-ce que t'as besoin que quelqu'un vienne avec toi ? demanda l'aîné du groupe à la jeune femme.
Cette dernière hésita un instant à dire la vérité.
— Bah c'est qu'en fait... je me suis faite pas mal d'ennemis dans le secteur, et je pense que s'ils me voient traîner toute seul le soir, ils n'hésiteront pas à me chercher des ennuis. Je veux bien me défendre avec ma batte, mais ces gens-là, ils sont prêts à aller loin... pas comme les petits merdeux de quartier qui ont peur de moi.
Sur ce, Emilia se proposa afin de l'accompagner. N'ayant rien de mieux à faire, les autres suivirent. Par conséquent Audrey leur donna rendez-vous à une certaine heure et les remercia avant de se retirer dans le couloir. Une fois la porte refermée, tout le monde devint silencieux. À cet instant, le regard de la petite brunette croisa celui de son ami. C'était la première fois de la journée... La jeune fille fut alors prise de palpitations. Son cœur lui criait qu'elle l'aimait, mais sa raison lui rappelait toutes les raisons pour lesquelles l'oublier. De son côté, Luka était également sous l'emprise de son attirance envers sa camarade. Il en avait mal au ventre tant il voulait être avec elle... Cet amour n'était pas impossible, non, mais il était bien trop douloureux pour les personnes dont il était question. Aucun des deux amoureux n'avait envie de souffrir en s'engageant dans une relation trop compliquée pour eux. La distance, le futur, tout finirait par les séparer... Mais pourtant, ils ne pouvaient s'empêcher de nourrir ce lien qui grandissait de jour en jour entre eux.
Mais alors que les frères d'Emilia s'apprêtaient à reprendre leur précédente conversation, Luka se dirigea soudainement vers la porte d'entrée avant de déclarer que lui et la jeune fille voulaient aller se promener. Étant assez déstabilisée, l'adolescente bégaya avant d'acquiescer les propos de son ami. Aymerick et Eliott les laissèrent alors sortir avant que le jeune homme ne marche en direction de l'extérieur. Emilia le suivit en silence. Une fois dehors, ce dernier pensa à ce qu'il allait dire à sa camarade. Il ne l'avait quand-même pas emmené dehors pour rien dire... Continuant d'avancer à une allure assez rapide, Luka pensa à ses prochaines paroles. Mais alors qu'il était en plein dans ses pensées, il en fut soudain tiré par Emilia qui lui avait brusquement attrapé le bras. Après l'avoir appelé maintes et maintes fois et attrapé son bras, Emilia se mit à fixer son ami en attendant une réponse de sa part. Ne sachant quoi dire, le jeune homme dit la première chose qui lui passa par la tête.
— Qu'est-ce qui te dérange tant que ça dans la relation avec un militaire ? C'est l'absence ? Parce-que si c'est ça, tu sais qu'on peut être basé dans un endroit et revenir tous les...
— Luka ! l'interrompit la jeune fille. On ne peut pas être ensemble toi et moi... Ce genre de personne, les militaires, ils partent souvent en mission ou bien ils peuvent être retenus pour multiples raisons à leur base pendant plusieurs soirs... Je ne veux pas de cette vie instable, et surtout, je ne veux pas de cette vie remplie d'incertitudes ! Tout comporte un risque, il suffit d'une mission et d'une seconde d'inattention pour que tu te retrouves à l'hôpital... ou pire, pour que tu te retrouves mort !
Les yeux de cette dernière étaient remplis de larmes, et sa voix tremblait. Face à cela, Luka resta silencieux pendant quelques instants.
— Et si j'abandonnais l'armée ?
Emilia se mordilla la joue.
— Vis ton rêve Luka, je sais que l'armée n'est pas qu'un métier pour toi.
Après ça, Emilia commença à faire demi-tour en direction l'appartement. Mais alors qu'elle était en pleine marche, cette dernière s'arrêta subitement. Quelque chose la bloquait, elle savait qu'elle n'arriverait pas à laisser son camarade comme ça. Elle n'avait qu'une envie, c'était qu'il lui promette de ne pas poursuivre son rêve afin de rester avec elle... mais elle l'aimait. Et à cause de ça, la jeune fille savait qu'elle ne pouvait accepter cette proposition. Elle savait que son ami serait malheureux dans une vie banale, dans une vie de civil, dans une vie routinière... tout comme elle. Sauf que contrairement à lui, l'adolescente n'avait ni les capacités ni l'envie de faire un métier aussi physique et risqué. Mais alors qu'elle continuait de rester plantée là, au milieu de la rue, la petite brunette se retourna vers le jeune homme avant de marcher avec air déterminé vers lui.
— La vérité, c'est que... je crois que je t'aime, Luka. En si peu de temps tu as réussi à me faire éprouver des sentiments envers toi. Mais tu veux un avenir que je n'accepte pas... Si j'étais ta copine, je ne pourrai pas te laisser partir, tu comprends ? Et tous les deux on sait très bien que comme moi, tu n'aimerais pas la vie de civil. Excepté que moi, j'ai d'autres projets. Je veux parcourir le monde en créant mes propres aventures, pas en faisant la guerre. Toi je sais que tu veux te rendre utile et important pour ce monde, alors fais-le ! Car nous, c'est quoi ? L'histoire d'un été ? Après tout ça, on va à nouveau se séparer pendant des mois jusqu'à se retrouver l'an prochain avant que ne partes à l'armée ? À quoi ça sert... sérieux Luka, autant que nos chemins se séparent cet été pour éviter que l'un comme l'autre on finisse par souffrir.
Sur ce, la jeune fille s'en alla pour de bon. Les larmes aux yeux et le cœur qui battait à une allure folle, cette dernière sentait qu'elle était au bord de la crise d'angoisse. De plus, l'étouffante chaleur n'arrangeait rien à tout cela. Toute rouge, Emilia entra dans l'immeuble de son logement temporaire avant de s'arrêter et de s'asseoir sur l'escalier qui menait à l'étage supérieur. Cette dernière se mit alors à pleurer. Les images de son ami défilaient en boucle dans sa tête. Elle n'avait qu'une envie, c'était de retourner vers lui afin de l'embrasser. Mais elle ne pouvait pas... La jeune fille avait assez donné dans ses relations, elle ne voulait plus souffrir, et surtout, elle ne voulait plus porter le poids de la culpabilité. Culpabilité qu'elle aurait si jamais Luka venait à abandonner son rêve pour elle... Alors, l'adolescente se releva, sécha ses larmes et remonta vers son appartement afin de retrouver ses frères. Mais alors qu'elle était en train de se diriger vers son logement, Emilia s'arrêta. Elle savait qu'il lui restait une chose à faire. Dans un excès de confiance, la jeune fille se dirigea vers la porte de l'appartement de Nicolas, le batteur, avant de prendre une grande inspiration et de toquer. Après quelques instants d'attente, c'est une femme qui vint lui ouvrir. Cette dernière était grande, avait un maquillage assez sombre et portait de vieux vêtements rock. Emilia demanda lui si Nicolas était là, et par conséquent, elle l'appela. Quelques secondes plus tard, le batteur sortit de son appartement et referma derrière lui.
— Tu voulais me parler ? fit ce dernier à son amie avec un air détaché.
— Oui, c'était juste pour te dire que je veux plus rien entre nous. Ni sexe, ni concerts... Alors faisons-on comme si on se connaissait pas, ça fera moins d'ennuis entre nous.
Le jeune homme resta plissa des yeux avant de se mettre à silencieusement fixer son amie.
— Alors plus de coup d'un soir entre toi et moi ? lui demanda-t-il.
— Non, répondit fermement cette dernière.
— D'accord, fit le musicien tout en haussant des épaules.
Nicolas rouvrit la porte de son appartement avant de pénétrer à l'intérieur et de refermer derrière lui comme si de rien n'était. La jeune fille resta plantée là, devant, avec une mine ahuri. Son ami n'en avait absolument rien à faire... Pourtant, ils étaient si proche la veille... C'était comme si rien ne s'était jamais passé entre eux. Par conséquent, Emilia se tourna lentement vers son logement avant de rentrer. Une fois à l'intérieur, elle se retrouva comme vidée de toute âme. Son cœur lui faisait mal... elle venait de s'ôter tout espoir de se retrouver un jour aux côtés de son âme-sœur. Et le pire dans tout ça, c'était qu'elle savait que lui aussi voulait d'elle. Mais la jeune fille avait préféré s'éviter toute souffrance... Par conséquent, elle avança jusqu'à son frère aîné qui était assis en train de se reposer sur le canapé avant de se blottir contre lui. L'entourant de ses bras, Aymerick demanda alors à sa sœur ce qu'elle avait, mais cette dernière ne répondit rien. En sortant de la chambre, Eliott demanda à son tour ce qui était en train de se passer, mais l'aîné de la fratrie répondit qu'il n'en savait rien.
Deux ou trois heures plus tard, Emilia se réveilla dans les bras de son frère aîné. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit encore là, mais Aymerick n'avait pas bougé. Par conséquent, la jeune fille ne l'avertit de son réveil et profita encore de ce moment où une présence rassurante ne se retrouvait pas contre elle. En fond, la jeune fille entendit Eliott claquer la porte avec des sacs en plastiques dans les mains. Son aîné lui ordonna alors de faire moins de bruit tant dis que ce dernier pestait contre lui. Mais aucun de signe de Luka. Emilia se mit alors à angoisser ; peut-être qu'il était parti, peut-être qu'il ne voulait être là où elle était... Mais alors que cette dernière continuait de se demander où pouvait bien être son son camarade, elle entendit soudain la porte s'ouvrir à nouveau. Cette fois-ci, elle entendit bien la voix de son ami. Ce dernier s'excusa en se justifiant qu'il avait mis un peu de temps à se balader avant de venir s'asseoir sur l'une des chaises de la table qui se trouvait dans la pièce à vivre. À cet instant, Emilia ouvrit les yeux et fit mine de se réveiller.
Par conséquent, son frère la laissa reprendre ses esprits avant de lui demander :
— Bah alors louloute, t'étais si fatiguée que ça ?
— Oui Aymerick, je me sentais vraiment pas bien, répondit-elle.
— Tu devrais rester là alors ce soir, proposa Eliott qui venait de sortir une barre de céréales des courses qu'il avait fait.
La jeune fille se releva subitement.
— C'est moi qui ait proposé à Audrey de venir avec elle, déclara la petite brunette, alors je viens.
— D'accord, d'accord, fit Eliott tout en levant les mains en l'air.
Mais alors qu'Emilia s'apprêtait de nouveau à s'asseoir aux côtés de son aîné et que son autre frère était en train de déballer sa friandise, on toqua soudainement à l'entrée. Par conséquent, Eliott appuya sur la poignée de la porte avant de se reprendre son grignotage. Alors, Audrey demanda à tout le monde s'ils étaient prêts et les jeunes se regardèrent entre eux avant de se lever, sauf bien évidemment le second frère d'Emilia qui profitait de pouvoir un peu reprendre des forces. Après ça, tous les jeunes se retrouvèrent dehors, au milieu de la fraîche nuit d'été. Delphine habitaient à quelques minutes de marche de là, de ce fait, tout le monde était parti pour une bonne promenade. De ce fait, Emilia en profita pour se rapprocher de son amie.
— Alors, pourquoi est-ce que t'as autant besoin d'argent en ce moment ?
— On va dire que j'ai des trucs important à faire... lui répondit la jeune femme tout en fumant sur sa cigarette.
— Quoi donc comme truc ? poursuivit l'adolescente.
Audrey tourna la tête vers son interlocutrice avant de poursuivre :
— Bon, écoute. Je peux pas vraiment en parler maintenant... Tout ce que je veux, c'est des nouvelles de Delphine. C'est pas normal là, d'habitude elle me prévient toujours quand elle s'absente. En plus, avec son père qui s'est absenté pour la semaine, ça n'arrange rien...
Mais alors qu'Emilia s'apprêtait à rassurer son amie, elle aperçut soudainement un groupe de jeunes en train de la regarder de travers depuis l'autre côté de la rue. Audrey ne leur prêta même pas attention et poursuivit son chemin. En effet, la jeune femme avait dit vrai. Elle s'était faite plusieurs ennemis dans le coin... Emilia avait envie de les provoquer afin qu'ils cessent leurs regards, mais elle préféra rester silencieuse. Elle savait que cela ne servirait à rien et qu'elle ne ferait que de s'attirer des ennuis. Par conséquent, elle poursuivit son chemin. Mais plus elle se rapprochait de l'endroit où vivait Delphine, plus la jeune fille avait un mauvais pressentiment. C'était comme si avant même d'y être, l'adolescente savait qu'il s'était passé quelque chose. Tant dis que cette angoisse ne faisait que de s'accroître, la jeune fille s'arrêta soudainement aux côtés de son amie Audrey. Les jeunes étaient à présent arrivés devant l'immeuble où habitait la blondinette. Le quartier où ils se trouvaient était tout calme, il y n'y avait personne et aucun bruit. Alors, la jeune femme du groupe guida ses amis jusqu'au numéro de l'appartement de son amie avant de commencer à l'appeler à plusieurs reprises. Mais après quelques tentatives d'appellation, Audrey n'eut toujours pas de réponse. Alors, elle s'apprêta à abandonner lorsque soudainement Aymerick ordonna à tout le monde de se taire. On entendait le robinet couler à l'intérieur de l'appartement, et de l'eau venait s'échapper de l'autre côté de la porte. À cet instant, tout le monde comprit qu'il se passait quelque chose de pas net là-bas. Par conséquent, Eliott se mit à enfoncer la porte avant de découvrir le couloir de l'appartement complètement inondé. À l'intérieur, un très lourd silence pesait sur les jeunes qui avançaient entre les murs dorés de la demeure. Mais alors qu'Audrey s'avançait devant jusqu'à la pièce à vivre où se étaient combinés cuisine, salon et salle manger avec à gauche les escaliers, elle s'arrêta brusquement devant la scène d'horreur qui s'offrait à elle. Alors, tous les autres la rejoignirent, et ils découvrirent une vision qui resterait à jamais gravée dans leur mémoire... Delphine était là, suspendue à une corde accrochée au lustre de son plafond, totalement blanche et inerte. En fond, le tourne disque qui était posé sur un meuble dans son salon passait en boucle son morceau préféré : Total Eclipse of the Heart.
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