𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐃𝐄𝐔𝐗 ✦ 𝑱𝒖𝒍𝒆𝒔
La sonnerie de son téléphone retentit. Jules l'attrapa à l'arrière de son jean et décrocha.
— Allô ?
— Hey, Jules.
La voix de sa sœur aînée apaisa son cœur. Elle se reposa sur le dossier de la chaise de sa coiffeuse dans la chambre qu'elle partageait avec ses colocataires à Simarth. Elle rejeta les longues dreads locks twistées qui reposaient sur sa poitrine et soupira
— Tu as des nouvelles ?
— Rien du tout. Liz est... Disons qu'elle vit désormais enfermée dans sa partie du palais et que le Culte ne la laisse pas vraiment m'adresser la parole, si ce n'est pour répondre poliment à mes demandes, si ce n'est pour dire qu'elle les rejette toutes avec élégance.
Jules rejeta la tête en arrière. Depuis que Liz était enfant, elle avait eu cette pression sur ses épaules, parce qu'elle n'était que la dernière fille du trouple royal d'Elpigaïa. Jules non plus n'avait pas grand-chose à hériter, étant la seconde fille. Seule Mona était héritière du trône et portait un sang royal de valeur. Lorsque Liz avait eu 15 ans, elle avait été approchée, comme Jules, par le Culte Elpigaïen. Mais contrairement à l'enfant du milieu, elle avait cédé à la tentation de devenir quelqu'un pour la planète chaude.
— J'ai peur, Mona.
— Je sais. J'essaie de garder un œil sur ce qu'il se passe et pour le moment, je ne crois pas qu'ils la traitent trop mal, si ce n'est qu'elle vit une existence de none en robe blanche.
— Thotis-pa pourrait agir...
— Tu sais bien que non.
Thothis d'Elpigaïa, le second père de Jules, était le fils de la Grande Prêtresse du Culte Elpigaïen. Mais sa place le poussait également à entretenir de bonnes relations avec la religion de leur planète, car sans cela, le conflit qui en découlerait serait beaucoup trop important pour ne pas engendrer une rébellion des croyants contre le pouvoir royal. Mais Jules était trop distante de son titre de princesse elpigaïenne pour en comprendre tout le sens. Heureusement, Mona, première princesse d'Elpigaïa, était toujours là pour la remettre sur le bon chemin.
Jules replia ses genoux contre son torse. Que pouvait-elle bien pouvoir faire, si loin de sa petite sœur qui ne voulait, et ne pouvait plus lui adresser la parole ? Elle soupira et hocha la tête.
— Très bien. Prends soin d'elle, s'il te plaît. Autant que tu le peux.
Un silence s'installa dans l'échange téléphonique. Puis la voix de Mona revint.
— Bien sûr. Prends soin de toi. Je t'aime.
— Je t'aime. Bisous.
Jules posa son téléphone sur la coiffeuse avec violence. Ses mains enveloppèrent ses rotules et son index se mit à trembler contre son jean. L'angoisse de savoir sa jeune sœur embrigadée dans le Culte Elpigaïen venait droit des connaissances de la famille royale sur le fonctionnement de cet ordre religieux. Caché sous le prêche des dieux elpigaïens, il prenait les enfants royaux qui n'avaient pas de titre en héritage et en faisait de véritables reliques, plus particulièrement lorsqu'ils étaient de jeunes filles vierge. Si Jules en avait réchappé grâce à son père Altaïr, Liz était la fille de Thotis, et il était évident que le Culte serait déterminé à la récupéré bien plus que l'enfant du milieu.
Son téléphone vibra. Elle le saisit et lut le nom de Rose Shinwari, élève Ignis.
« Elle arrive. Tu devrais descendre. »
Rose s'occupait de l'administration des Aquas avec le responsable de ce niveau, Professeur Sha'an. Quand elle lui avait demandé de s'occuper de marrainer l'élève qui devait arriver en plein milieu de l'année, elle savait que c'était parce que Jules se distinguait des autres élèves par ses résultats scolaires, et qu'elle n'était pas du genre à mettre son nez partout et poser des questions indiscrètes. Cependant, comme tous les autres élèves de Simarth, Jules se demandait ce qui pouvait bien avoir poussé l'administration à accepter cette inscription tardive. La dénommée Charlotte Berry devait être un véritable génie ou bien très riche pour avoir eu ce passe-droit qui, à sa connaissance, n'avait jamais été accordé.
La princesse elpigaïenne se leva de sa chaise et quitta la suite Magnolia. Traversant la cour, elle inspira le parfum particulier qui planait en ce printemps austerien. Elle préférait largement le printemps sur cette planète, qui était plus doux que celui sur Elpigaïa. Pas de chaleur étouffante dès le mois de mars, et une multitude d'arbres en fleurs entretenus dans les parcs de l'école.
Devant le portail, Rose attendait, téléphone en main, qu'elle rangea en voyant Jules arriver.
— Tout va bien ?
— Parfaitement.
Elle sourit pour masquer son malaise. Elle ne parlait pas de ses tourments, car il n'était pas bien malin de risquer que des rumeurs se répandent dans ce lieu rempli d'enfants royaux et qu'un incident diplomatique en découle. Même Rose dont elle était plutôt proche n'était pas au courant de ce qu'il se passait au sein de la famille royale elpigaïenne.
Le portail s'ouvrit doucement dans un grincement métallique qui lui fit siffler les oreilles. Derrière, une berline s'était arrêtée, et sa porte arrière droite s'ouvrit, laissant sortir une petite jeune femme à la tête blonde, ses cheveux coupés au carré, avec une allure loin d'être digne de la richesse austerienne. Mais puisqu'il était répandu que les jeunes adultes n'adoptaient pas forcément un style qui reflétait leur compte bancaire, elle ne s'arrêta pas à son jean brodé main et sa veste en cuir abîmée de partout par l'usure. Le premier réflexe de la blonde fut de mettre sa main devant ses yeux pour se protéger du soleil qui ne dérangeait personne d'autre qu'elle. Jules fronça les sourcils. Sur sa fiche d'inscription, il était indiqué qu'elle était une fée de la lune, mais elle ne semblait pas se soucier de protéger la sensibilité accrue de ses yeux. Préférait-elle vraiment risquer d'atroces migraines plutôt que de porter des lunettes de soleil ?
La fille se tourna vers le soldat qui portait sa valise et elle lui arracha celle-ci des mains, lui assurant qu'elle pouvait très bien la porter seule. Encore une fois, peu habituel par rapport aux autres élèves qui se laissaient faire quand les soldats qui les accompagnaient jusqu'à Simarth portaient leurs nombreuses affaires. Mais Charlotte Berry n'avait qu'une seule valise, car le soldat ferma le coffre par la suite, et Charlotte passa le portail, s'approchant des deux élèves qui l'attendaient.
— Bonjour, lança Jules. Tu es Charlotte Berry ?
— Charlie, la corrigea-t-elle en lui tendant la main, je préfère qu'on m'appelle Charlie.
Jules sembla un peu décontenancée mais serra la main de Charlie.
— Charlie. Je m'appelle Jules. Je serais ta marraine pour faciliter ton intégration. Et voici Rose, elle gère notre administration pour les Aquas. Tu sais comment fonctionnent les niveaux ? Non. Et bien, les Aquas sont le premier niveau, lorsque tu arrives à Simarth. La deuxième année, tu deviens un Aer, en troisième année un Terra, et en dernière année, un Ignis. Rose est Ignis, c'est pour cela qu'elle peut travailler dans l'administration de Simarth.
Charlie papillonna des cils en enregistrant les informations que Jules débitait devant elle. Elle avait atrocement mal aux yeux, et c'était certainement parce qu'elle avait été habituée à la lumière des ruelles de son quartier de Valaris, tamisée par les nombreux immeubles et la pollution qui s'élevait dans l'air. Jules le remarqua et glissa sa main dans sa poche.
— Tiens, fit-elle en lui tendant une paire de lunettes de soleil, tu devrais en porter plus souvent, tu es une fée de la lune, avec une vision nocturne accrue, tes yeux sont sensibles à la lumière, et ici, le soleil brille fort.
— Merci, baffouilla la blonde en posant les lunettes sur son nez. Est-ce que je dois remplir des papiers ?
— Tu devrais choisir un cursus, répondit Rose à la place de Jules. Tu as le choix entre Cura, le cursus de médecine, Ratio, le cursus des sciences, Sator, le cursus de biologie, Pugna, le cursus de défense, et Sollertia, le cursus des arts et des lettres. Pour le reste, je déposerai les papiers que tu dois avoir et signer dans ta chambre. Tu es dans la même chambre que Jules.
Charlotte fronça les sourcils. Elle n'avait pas vraiment réfléchi à ce qu'elle voulait faire si elle avait été acceptée à Simarth, et ne s'était pas donné la peine de se renseigner sur les cursus proposés au sein de l'école de fées. Cela lui prit quelques secondes avant de décider de la solution la plus facile : suivre les traces de son père.
— Pugna.
— Très bien, Rose nota le cursus sur son calepin noir, je vais vous laisser, Jules s'occupe de te faire une petite visite. N'est-ce pas ?
Jules hocha la tête et Rose en profita pour s'éloigner en les saluant. Seules, Charlie et Jules se toisèrent pendant quelques secondes avant que Jules pose son poing sur sa hanche galbée.
— Bien ! On va commencer par la suite Magnolia. C'est là que se trouve notre chambre.
Les deux jeunes femmes traversèrent la cour extérieure pour rejoindre celle qui se trouvait au centre de l'école. Circulaire, une fontaine trônait en son centre, arborant une statue de pierre représentant une fée que Charlie ne reconnaissait pas. En passant devant, elle ralentit pour lire le nom inscrit sur la plaque.
— Hyua Shoto ?
— C'était une ancienne élève de Simarth. Elle a sauvé l'école il y'a une vingtaine d'années. Hyua était très sous-estimée, mais elle a largement prouvé sa valeur en se battant pour Simarth, malgré qu'elle vienne d'une famille pauvre de Tasugari. Viens.
Charlie abandonna la statue impressionnante dont les ailes semblaient, sous un certain angle, rayonner d'une lueur idyllique. Lorsqu'elles arrivèrent devant le bâtiment des suites, la valarienne écarquilla les yeux, stupéfaite par la luxueuse demeure qui ressemblait bien plus à un manoir qu'à un dortoir universitaire. Jules qui avait l'habitude de l'endroit se faufila à l'intérieur et conduisit Charlie à travers les couloirs et les escaliers jusqu'à la suite Magnolia.
— Tu pourras trouver une salle commune dans chaque suite, où chaque élève de celle-ci peut se détendre, et même manger. On a une petite cuisine équipée juste ici. Et voici notre chambre.
Charlotte dodelina de la tête en regardant la « petite cuisine » qui était deux fois plus grande que celle de l'appartement au-dessus de la taverne. Jules poussa la porte de la chambre et laissa entrer la nouvelle arrivante. La pièce était également très grande, suffisamment pour que les trois coins occupés personnellement par les colocataires soient personnalisés. Rien qu'en regardant ces lieux, elle pouvait deviner un aspect de leur personnalité. L'un était couvert de dessin et de tableaux, des plantes suspendues au baladaquin du lit, l'autre était principalement un temple du graffitis, des dessins et gravures tasugariennes, une langue que Charlie ne pouvait pas déchiffrer, le dernier coin était plus simple et rangé, mais l'abondance de livres lui donnait le sentiment que son habitant était le moins artiste des trois, et le plus studieux. Le dernier coin avait été fraichement nettoyé, et c'est là que Jules la conduisit.
— Voilà. Nous avons fait nettoyé ton endroit, tu verras, c'est assez simplet, mais c'est agréable. Tu as une coiffeuse personnelle, enfin, c'est aussi un bureau mais utilise-le comme tu le souhaite. Attention, on porte une importance singulière à l'utilisation de la salle de bain. Pas la peine de penser que tu peux prendre des douches de trois heures, Nikko risque de tambouriner à la porte.
— La chambre est mixte ?
— Toutes les chambres sont mixtes, ça permet un bon équilibre des forces. Nous devons nous occuper du rangement et de la propreté de nos chambres et de la salle commune en nous partageant les tâches. C'est ce qui nous autorise à personnaliser à notre guise nos chambres.
Charlie posa sa valise sur le lit à baldaquin. Jules trouvait l'endroit simplet, mais comparé à sa chambre, l'endroit était d'un luxe dont elle n'aurait jamais pu rêver. Elle s'assit sur le matelas, se demandant quelques secondes si ce n'était pas un nuage tellement il était confortable.
— Tu pourras décorer ton coin quand tu en auras le temps.
— C'est superbe. Non, vraiment, j'ai jamais dormi dans un lit pareil.
Jules nota la phrase. Charlie ne devait pas être bien riche, puisqu'elle-même avait déjà vu bien plus confortable. Alors elle devait être un génie. Cela se démontrerait très vite lors des cours. Elle frappa dans ses mains.
— Si tu veux, on peut faire un petit tour de l'école, puis on rejoindra la salle de repos des Aquas. On a organisé une petite soirée, tu arrives au bon moment.
Charlie hocha la tête, laissant sa valise là en joignant Jules dans sa découverte du véritable palace qui devait devenir sa seconde maison. En découvrant les bâtiments et les couloirs de Simarth, tous plus luxueux les uns que les autres, elle se dit qu'elle ne s'y ferait peut-être jamais, et qu'elle n'était pas à sa place ici. De toute façon, ce n'était que temporaire.
La petite visite se continua dans les couloirs du bâtiment des suites, traversant les différentes salles communes et leurs habitants qui saluaient Charlie et Jules gaiement. Jules l'informa qu'il s'agissait d'élèves plus âgés qu'elles, et lui présenta certains d'entre eux, tels que Chirakan et Kawil de Sian'Kaan, le duo de frère et sœur que Jules qualifiait de plus soudé et de plus puissants parmi les fées de Simarth.
Finalement, Jules s'arrêta à la porte vitrée en haut de l'escalier principal, qui donnait sur un grand balcon. Elle sortit dans la lumière du soir et Charlie la suivit. La forêt s'étendait à une trentaine de mètres de là, et les pins qui se balançaient dans le vent printanier arrachèrent un sourire à la fille de la ville qui n'avait pas l'habitude d'en voir autant.
— Regarde en bas.
Charlie baissa les yeux vers un terrain de sable sur lequel deux opposants avaient pris les armes, habillés de noirs. L'un était jeune, l'autre trop vieux pour être un élève.
— C'est Sun Jingyi et le professeur Clyde Hawksley. Ils s'entraînent souvent ensemble car ils sont les seuls faes du métal de Simarth. Tu croiseras Sun dans tes cours, il est aussi un Pugna.
La technique de combat de Sun était impressionnante. Charlie reconnaissait bien là la patte d'un combattant expérimenté, et il était difficile de croire qu'il n'était qu'en première année.
— Il s'entraine depuis combien de temps ?
— Il me semble qu'il vient d'une famille de guerriers de Tasugariens, donc j'imagine qu'il s'entraîne depuis son enfance.
— Tout s'explique... Je vais donc devoir m'entraîner avec des fées aussi entraînées que lui ? Il est impressionnant.
— Oh, tous ne sont pas aussi bons, ne t'en fait pas. Tu te débrouilleras. Allez viens, on t'attend sûrement déjà avec impatience.
Charlie suivit à nouveau Jules dans le dédale des couloirs de Simarth, et elles sortirent du bâtiment des suites pour rejoindre le bâtiment qui faisait face à l'entrée de l'école.
— Tout ce que tu as besoin de savoir pour le moment c'est que le réfectoire est au rez-de-chaussée du bâtiment principal, et que la salle de repos, Jules poussa la porte d'un couloir et désigna une autre ouverte, est juste ici ! Ce soir on fait une soirée mais en général, c'est surtout un endroit pour se détendre ou réviser entre nous. C'est assez calme et tu peux y trouver des ordinateurs si tu n'as pas le tien et les manuels de notre niveau. Tu as même des ouvrages qui vont un peu plus loin dans les cours. Pour tes recherches, la bibliothèque est au sous-sol, tu n'auras qu'à prendre l'escalier en face du réfectoire.
Jules passa la tête dans l'embrasure de la porte et un sourire éclaira son visage. A l'intérieur, la soirée battait déjà son plein, la boisson coulait à flot et la musique était assez forte pour couvrir la plupart des discussions. Quand les deux retardataires entrèrent dans la pièce, un grand gaillard qui dépassait Charlie de trois têtes au moins, le corps recouvert de tatouage, s'approcha de Jules en ouvrant les bras.
— Nikko ! Voilà Charlie, notre nouvelle colocataire. Charlie, voici Nikko.
Du premier coup d'œil, Charlie reconnut les symboles qu'elle avait observé dans un des coins de leur chambre. Sa peau halée et la forme de ses yeux lui affirmaient qu'il était bien un tasugarien d'origine, et particulièrement du sud. Il lui offrit un sourire chaleureux et lui tendit la main.
— Enchanté, Charlie. Viens par-là que je te serve un verre.
Charlie jeta un regard de détresse à Jules mais celle-ci se contenta de lui faire un signe pour l'inciter à suivre Nikko. S'il y avait bien une chose dont Jules était certaine, c'était que le tasugarien s'occuperait bien d'elle, et était la personne la plus sûre à qui confier la petite blonde.
Trop concentrée sur la discussion animée par Nikko principalement auprès du buffet, elle sentit à peine qu'une présence s'était glissée à ses côtés.
— Je savais que tu t'en sortirais parfaitement.
Jules tourna la tête vers Daya Malhotra, tasugarienne du sud-ouest qui avait toutes les raisons de savoir qu'en effet, Jules s'en était sortie.
— C'est de la triche, prophète.
— Je l'ai su inconsciemment. Comment est-elle ?
— On ne m'a pas dit pourquoi elle était ici aussi tard si c'est ce que tu demandes, mais elle est sympathique, et je ne pense pas qu'elle fasse partie de la richesse austerienne. Je verrais bien si c'est son talent qui l'a amenée ici.
Daya se tourna vers Jules, son verre de punch à la main, et un demi sourire se dessina sur ses lèvres.
— Je te demandais surtout si elle avait l'air d'être gentille et honnête, mais je suis contente de voir que tu t'intéresses autant au passé de ta nouvelle colocataire. Cependant, si j'étais toi, je ne prêterais pas trop d'importance à cela. Après tout, ce n'est pas son passé familial ou son génie qui définit qui elle est.
L'Aer avait raison. Elle ne devrait pas tant s'arrêter à ce qui faisait de Charlie une bonne candidate pour Simarth. Mais elle était tant intriguée par l'inscription tardive de la fée de la lune qu'elle avait envie d'en découvrir plus. Mais c'était bien souvent l'esprit calme et intelligent de Daya qui la ramenait sur terre. Il y avait quelque chose de spécial en elle, et Jules n'avait jamais autant apprécié quelqu'un qu'elle. Elle adorait passer son temps avec elle, à la bibliothèque ou dans les jardins de Simarth. C'était là qu'elles avaient commencé à se rencontrer pour parler d'art, et Daya était très intéressée par les œuvres de Jules.
La fée des prophéties posa sa main sur l'épaule de Jules.
— J'imagine qu'elle n'est pas trop mal.
Puis elle s'éloigna pour rejoindre à son tour le buffet et se présenter à Charlie, un sourire aux lèvres. Jules soupira et observa un instant la pièce. Sun était dehors quand elle l'avait aperçu plus tôt, mais elle ne doutait pas qu'il allait arriver bientôt, et Drew avec. Drew quittait très peu les côtés de Sun, sauf quand il s'entraînait avec Clyde Hawksley. Mais il ne venait pas aux rassemblements des élèves sans lui, ou très rarement.
Comme si elle avait été une fée des prophéties, elle entendit alors deux voix dans le couloir, se rapprochant de la salle de repos. Jules sortit de la pièce et ses yeux rencontrèrent le fae du métal, les cheveux encore trempés de sueur, et à ses côtés, le grand blond qui partageait le dernier coin de la chambre des Aquas Magnolias.
— Drew, Sun ! Vous venez enfin.
Drew posa ses yeux froids sur elle et un sourire déchira ses joues.
— Je vais rentrer, je suis trop fatigué. Sun voulait tellement que je l'accompagne.
— Ahah ! Tu me connais, fit Sun en ébouriffant la crinière de Drew, je suis un petit être perdu sans mon meilleur pote.
Jules pencha la tête de côté en observant Drew. En effet, il avait l'air complètement épuisé, et elle savait pourquoi. Ses tourments à lui non plus ne cessaient jamais.
— Dommage, Nikko est déjà en train de s'accaparer la petite nouvelle.
— Je la verrais bien dans la chambre.
Sun scella son au revoir par une tape sur l'épaule de Drew et rejoignit la salle de repos. Pendant ce temps, Drew restait là un instant, en silence face à Jules. Puis elle reprit la parole.
— Drew, je sais que tu continues à la chercher. Mais ne te torture pas autant l'esprit, c'est mauvis-
— Tu ne laisserais pas tomber si c'était une de tes sœurs. Je n'abandonnerais pas l'idée qu'Ophelia est quelque part dehors, et qu'elle a besoin de moi.
Mais si Drew parlait au subjonctif, Jules était bien trop proche de sa situation pour ne pas comprendre ce qu'il traversait. Elle hocha la tête et sourit malgré elle.
— Ok, très bien. Ne t'endors pas trop tard alors. Je sais très bien que les livres de piraterie te tiennent éveillés.
Drew fut pris d'un rire léger et se détourna en levant son pouce en l'air. Elle n'était pas rassurée de le voir repartir seul dans la suite, mais au moins, il prendrait un peu l'air. Drew n'était pas très sociable depuis le début de l'année. Il s'était ouvert à elle suffisamment pour qu'elle sache depuis quand il n'était plus lui-même, mais elle était incapable de l'aider à retrouver sa sœur.
— Jules ?
La voix de Daya la ramena à la réalité. Elle se retourna vers la salle de repos et sourit.
— J'arrive.
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