Quatorzième partition
JiMin déteste le chantage. Il continue de marcher s'assurant régulièrement que YoonGi le suit. Effectivement, il est derrière tenant son haut pour ne pas le perdre avec un air boudeur sur le visage. HoSeok n'aurait peut-être pas dû. Reprenons le début de cette histoire enfantine. Le vendeur voulait emmener le pianiste à l'hôpital pour qu'il fasse la connaisse d'un de ses amis pensant qu'ils pourraient bien s'entendre et que le petit pourrait constater que le monde entier n'est pas méchant avec lui, au contraire. Evidemment le concerné a refusé. Pourquoi voudrait-il aller dans l'endroit qu'il déteste le plus au monde ? JiMin a continué d'insister en disant qu'il avait fixé le rendez-vous dans le parc et non le bâtiment central. Toujours un non catégorique. Prêt à abandonner puisqu'il ne voulait pas non plus le forcer, HoSeok a pointé le bout de son nez avec une solution en tête. Il a commencé à parler avec YoonGi lui disant qu'une peluche de son ourson favori allait sortir en édition limitée et qu'il avait moyen d'en obtenir une plus rapidement que les autres acheteurs. Tel un enfant, le petit fût bien plus intéressé par cette discussion que celle avec le vendeur. Il voulait tout savoir et réclamait déjà sans gêne à son ami prêt à le rembourser par la suite s'il le fallait.
« Min YoonGi. Tu auras uniquement cette peluche si tu vas avec JiMin et que tu es sage. »
Le pianiste n'a pas vraiment cherché à négocier, ne trouvant pas de contre-arguments. Il voulait cette peluche et savait que marchander avec le fleuriste ne fonctionnait jamais. Alors en traînant des pieds il s'est dirigé vers la sortie pour prendre le chemin de l'hôpital.
JiMin est un peu mal à l'aise. Il aurait voulu que son ami accepte de lui-même et non qu'on le force avec un cadeau à la clef. Ils arrivent devant les bâtiments. Le petit commence à se sentir mal et serre un peu plus le tissu, la tête basse. Il ne veut pas affronter la vision de cet endroit. Il en a bien trop peur. Mais aujourd'hui il ne vient pas pour une visite. Personne ne va l'obliger à rester. Le chemin est rapide en plus. Il suffit juste de passer par le hall d'accueil puis un couloir de chambres. La porte pour entrer dans le parc est au bout. Tout ira bien. Ils avancent lentement. Parfois les jambes du petit se stoppent. Elles refusent de continuer. Le vendeur attend sagement, le rassurant comme il peut puis ils reprennent. Il sait que jamais il ne pourra remplacer Nam Joon et ses douces paroles. Ils entrent, passe le hall et traverse ce couloir que YoonGi connaît si bien. Pendant un temps, sa chambre était là.
Soudain, il fixe un temps une chambre vide. Il se souvient. Quand il était enfant dans cette pièce il y avait un petit comme lui. Il venait de la campagne et ses parents avaient fait un long trajet pour qu'il soit bien soigné. Il avait des cheveux un peu trop longs qui cachait ses beaux yeux chocolat, un sourire rectangulaire unique et agissait toujours de manière étrange. Il ne répondait jamais aux gens et bougeait les mains en faisant des signes. Le petit le regardait toujours, caché derrière son grand frère. Il était si intrigué par l'autre qui venait d'un univers différent du sien. Lui avait grandi au milieu des animaux et de la nature contrairement au pianiste qui n'avait jamais vu une véritable poule. Privé de sortie pendant des mois, enfermé entre quatre murs blancs, il avait raté tous les voyages scolaires que l'école organisée à la ferme. Alors il était envieux de lui. Finalement dans cette chambre, le petit garçon est resté plusieurs semaines le temps d'être soigné et ses parents venaient dès que possible pour le couvrir d'amour. YoonGi n'était même pas jaloux parce qu'il se disait que tous les jours son grand frère venait et le couvrait de câlins et de baisers. Il était aussi choyé que l'autre petit.
Un jour, le pianiste a tenté de lui parler. C'était pendant un après-midi de printemps comme aujourd'hui. Le soleil venait inonder les pièces et une douce chaleur réchauffait la peau pâle du petit. Pas vraiment surveillé par le personnel qui avait l'habitude d'un YoonGi sage et muet. Il est descendu de son lit puis a chuté au sol. A l'époque, il apprenait encore à marcher. A plus de six ans, il apprenait. L'enfant a prit appui tombant plusieurs fois mais a fini par entrer dans cette mystérieuse chambre avec ce garçon qui ne parlait qu'avec les mains. Sans gêne, il s'est approché du lit et a tiré la manche de l'autre pour lui demander de l'aide. Il ne pouvait pas grimper seul. Alors l'inconnu l'a soulevé et le petit a put monter. Une fois devant lui, assit sur ses jambes, le pianiste a commencé à lui parler lentement comme à son habitude mais l'autre ne répondait pas. Pourtant YoonGi s'est exprimé pendant de longues minutes jusqu'à lui demander pourquoi il ne répondait pas. Toujours rien simplement des gestes étranges fait avec les mains. Alors, le petit a finit par pleurer parce que même un enfant venu de la campagne ne voulait pas de sa présence ou lui adresser quelques mots. Il était persuadé que c'était ceci. Pourtant, l'inconnu s'est approché et a voulu le prendre dans ses bras mais trop vexé, le pianiste l'a violemment repoussé en lui criant dessus qu'il était méchant, que jamais il ne voulait le revoir avant de s'enfuir de la chambre.
JiMin passe sa main devant son visage plusieurs fois pour le ramener à la raison. Il n'aime pas trop voir son ami partir aussi longtemps dans ses pensées. Le petit secoue sa tête puis il pousse la porte. Ils arrivent dans le parc. Ils continuent jusqu'à y trouver un jeune homme de leur âge.
Il admire silencieusement les grands cerisiers avec un sourire léger sur son visage. Dans l'arbre, il y a même un petit oiseau aux reflets rougeâtres. C'est si rare. Ses cheveux quasiment blancs à cause de la décoloration sont un peu trop longs et lui tombe dans les yeux et cache aussi ses oreilles. Ce regard mélancolique ressemble parfois à celui du pianiste tandis que ses gestes sont gracieux et délicats. Sa prestance est aussi forte et son charme est incroyable. Le petit le regarde un long moment avec admiration et il ne comprend pas pourquoi une personne comme lui est à l'hôpital. Le violoniste tapote l'épaule du jeune homme et lui adresse un sourire tendre avant de faire un signe de la main pour lui dire bonjour.
« Ji. Min ! Tu es venu. »
YoonGi ne comprend pas parfaitement tout ce qu'il dit parce que cet inconnu à un mal fou à articuler. JiMin continue de parler et de faire des signes en même temps.
«Oui ! Désolé je ne suis pas passé depuis longtemps.. Pour me faire pardonner je t'ai amené un nouvel ami ! Min YoonGi. »
L'inconnu croise le regard du petit et soudain, le déclic. Ce visage. Il ressemble fortement au garçon dans cette chambre. Les gestes fait avec les mains. Ce beau jeune homme et cet enfant qui ne répondait jamais sont la même personne. Le pianiste en est certain. Le petit n'a pas tellement changé si on oublie sa couleur de cheveux. Toujours ce même air blasé, sa petite moue d'enfant et ses joues rondes ainsi que son adorable petit nez. On peut rapidement le reconnaître. Quelques secondes de silence puis soudain, sans prévenir, l'inconnu lui saute joyeusement au cou. Lui aussi l'a reconnu. Il ne pouvait pas oublier cet enfant. Il avait été particulièrement marqué par son retard.
« Yoon. Gi ! Je voulais m'excuser ! Quand j'étais petit ! »
Il tente de comprendre tout ce qu'il lui dit mais c'est un peu compliqué et puis il n'aime pas subir un tel rapprochement physique. Il est si familier. Aussi, pourquoi s'excuser ? C'est lui qui l'a repoussé et qui le trouvait si étrange. D'ailleurs cette fois, il ne le rejette pas et essaye de le garder contre lui avant de le laisser s'écarter.
« TaeHyung, utilise le langage des signes, je vais traduire. YoonGi n'a pas l'habitude.. »
Le pianiste comprend enfin. Un mal-entendant. TaeHyung n'entend pas sans appareil. Voilà pourquoi il a les cheveux si longs pour cacher ses oreilles, les signes et surtout qu'il ne répondait pas étant petit. Il n'entendait rien. Soudainement, YoonGi se sent terriblement honteux de ne pas l'avoir compris avant et de l'avoir mal traité en pensant qu'il ne voulait pas de lui. Il est aussi mis à l'écart du monde et a dû subir des moqueries à cause de sa différence. Il doit vite se faire pardonner de sa méchanceté. Peut-être que par sa faute, le jeune homme a pleuré dans son coin. Il ne veut pas imaginer ceci. Son frère lui a toujours dit qu'il était quelqu'un de gentil avec les autres mais c'est un mensonge. Il a blessé TaeHyung quand il était enfant et le pianiste sait à quel point c'est affreux de souffrir à cause d'un rejet. Alors timidement, il demande à JiMin de lui montrer comment on dit pardon en langage des signes et de traduire ensuite ses paroles pour qu'il comprenne.
« Je.. Je suis désolé moi aussi.. Je n'avais pas pensé que tu pouvais pas entendre. Si j'avais su.. Je t'aurais pas repoussé, tu n'aurais pas souffert. »
Il détourne le regard cherchant ses mots alors que ses mains tremblent. Le mal-entendant les attrape pour le rassurer et continue de sourire grandement. Il lui dit que ce n'est pas grave puis il lui lâche un simple mot. Ami. Le regard de YoonGi s'illumine et il hoche la tête sans réfléchir. Bien sûr. Ils peuvent être amis. TaeHyung est touché parce que la poupée était le premier à le considérer comme quelqu'un de normal, ne voyant même pas son handicape. Il voudrait que cela continue et c'est bien pour ça qu'il se force à constamment parler et ne pas utiliser le langage des signes. Il veut apprendre à avoir une bonne diction et que le monde finisse par l'accepter tel qu'il est même s'il n'entend pas tout. Les deux s'échangent un petit sourire puis le pianiste retire ses mains, peu habitué encore au contact. Le petit à l'impression de respirer un peu et d'oublier son humeur si triste. JiMin décide de s'absenter prétextant chercher des boissons et de la nourriture pour eux. Les deux s'assoient sur un banc et bien vite, TaeHyung pose de nombreuses questions à YoonGi. Il est curieux et content de pouvoir s'entraîner à parler. Parfois le pianiste ne comprend pas bien mais fait des efforts. Quand il lui répond, il parle lentement en faisant maladroitement des gestes comme le vendeur. Sans qu'ils en prennent conscience, le temps passe. JiMin est revenu mais en les voyant discuter autant il n'a pas voulu les interrompre. Il a fait demi-tour. Les deux discutent de leurs souvenirs à l'hôpital, des difficultés qu'ils rencontrent au quotidien et les combats qu'ils mènent pour surmonter les épreuves ainsi que la nouvelle manière de percevoir le monde.
« Quand on n'entend pas, on apprend à observer attentivement. On voit beaucoup plus de choses et c'est émouvant. Par exemple, je vois mieux l'amour que les gens se portent grâce à leurs gestes. »
Au milieu des moments de conversations légères, les deux peuvent s'égarer et devenir plus sérieux. La mélancolie les envahie vite mais TaeHyung essaye toujours de chasser ce genre de sentiment pour sourire, de ne pas inquiéter sa famille surtout. Il continue de s'occuper de ses frères et sœurs malgré son handicape et ne veut pas se laisser abattre. Le pianiste est admiratif de sa personnalité et de son courage contrairement à lui qui est plus fragile et qui a abandonné plusieurs fois. Mais à chacun son rythme comme lui dit souvent HoSeok.
« Tu sais, je suis content d'avoir trouvé quelqu'un qui comprend.. Avec qui je peux parler de tout ça.
Tu n'avais personne d'autre avant ? »
Un silence puis le petit fixe ses pieds avant de reprendre, plus sensible et triste soudainement. Ses jambes commencent à se balancer tandis qu'il joue avec ses doigts. Avec Nam Joon il parlait beaucoup aussi mais ce n'était pas pareil. Parfois, il ne voulait pas lui raconter certaines choses pour ne pas paraître plus enfantin encore ou même faible. Les longues journées ennuyantes à attendre enfermé, TaeHyung peut comprendre. Le délégué pas vraiment. Ce n'est pas un reproche. L'effet était même positif parfois. Le pianiste avait l'impression que cette période si douloureuse avait simplement disparu.
« Nam Joon. Mais, je n'osais pas souvent.. Il était tellement intimidant au début. J'avais même peur. Je ne comprenais pas pourquoi il voulait me parler, m'aider. Finalement, j'étais bien à ses côtés. Peu importe ses raisons au départ. Il était toujours là avec des mots gentils. Quand ça n'allait pas, il me prenait dans ses bras et.. »
Des larmes s'échappent une nouvelle fois. Le manque de l'étudiant le rend si mal. Il n'est plus là et par sa propre faute, à cause d'une crise de colère. Il se l'avoue enfin. TaeHyung s'approche et par réflexe le cale contre lui répétant de ne pas pleurer.
« Pourquoi tu parles au passé ? Il est où maintenant ? »
Le petit hausse les épaules.
« Je ne sais pas.. Je me suis disputé avec.. J'ai peur sans lui, je veux qu'il revienne.. »
Il est si craintif que le délégué l'abandonne définitivement et que plus jamais il ne lui adresse la parole. Il lui a dit d'arrêter les concours mais il pensait à la santé de YoonGi avant tout et le petit s'est emporté sans réfléchir. Depuis qu'il a compris ceci, il se répète que c'est de sa faute, entièrement de la sienne et que finalement Nam Joon avait voulu être attentionné. Une fois de plus. Le mal-entendant n'a pas saisi entièrement les paroles de son ami mais à conclu que quelque chose s'était mal passé entre eux à un moment. Il le sert un peu plus et essaye de le calmer. Il va en parler à JiMin et trouver un moyen de rendre le sourire à son nouvel ami. Même si cela implique de retrouver ce fameux jeune homme. Voir ce petit être en larmes est bien trop triste. Ce que personne ne sait, c'est que HoSeok a une longueur d'avance. Il a prit contact avec et compte bien changer la situation. Ils ne peuvent pas rester éloignés plus longtemps.
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