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Chapitre V : Assimilation







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Baekhyun avait toujours exécré le jugement purement esthétique, probablement car lui-même en était une caricature involontaire. Il n'avait pas choisi d'arborer une carrure inoffensive, et encore moins d'être plus petit que la plupart des hommes. Le noiraud avait rapidement pris conscience des préjugés qui pouvaient bouleverser son identité, le danger qu'une analyse première était capable de représenter pour lui. Dès son plus son âge, il s'était confronté aux remarques puériles et aveuglées des moins futés, cette tendance quasi maladive au jugement qui lui avait fait comprendre comment fonctionnait la psychologie humaine.

Baekhyun avait finalement appris à vivre avec ce qu'il semblait être : un jeune homme frêle et facilement maniable, un physique au prime abord délicat que peu cherchait à réellement découvrir, lui inventant une féminité qui n'était pas la sienne, et niant la virilité de ses larges épaules ou de sa démarche indéniablement masculine. Il possédait des trais graciles qui avaient tendance à prendre dessus dans la mémoire de ses interlocuteur, si bien qu'on ne retenait de lui que ses hanches voluptueuses, ses lèvres élégantes, ou bien encore ses cuisses généreuses. Il détestait qu'on le réduise à cela, pire, qu'on lui invente une personnalité et des manières efféminées pour justifier ces quelques courbes inhabituelles.

Baekhyun avait toujours été un homme dans sa façon d'être, si l'on pouvait qualifier d'homme une manière de faire particulière. Néanmoins, sa conception du genre masculin n'avait jamais été mise en doute par son physique quelque peu atypique.

Si l'on prenait le temps de contempler au-delà de cette houle capricieuse dans laquelle son corps était dessiné, l'on remarquait immédiatement son absence totale d'attrait pour la coquetterie. L'égyptologue se plaisait dans des vêtements amples qui ne lui donnaient pas l'impression d'appartenir à une catégorie définie par la marque, ou le goût du luxe. Il n'avait que faire de l'apparence, et encore moins du désir de plaire. Sa philosophie de vie avait toujours été de ne pas chercher à se faire accepter au détriment de ce qu'il était, la quête de l'identité de groupe n'était pas la sienne, et celle de l'acceptation majoritaire le dernier de ses soucis. Baekhyun assumait son mauvais caractère, son goût prononcé pour la râlerie, et son franc parlé qui gâchait si terriblement cette allure élégante et accessible qu'il n'avait jamais réclamée. Il n'hésitait pas à se plaindre de tout, clamant avec ferveur cette liberté de parole qu'était la sienne, ce mépris pour l'hypocrisie de la bienséance et du confort personnel d'autrui. Autrui était libre de le juger à sa guise, mais autrui n'avait aucun droit sur son esprit, et encore moins sur ses principes. Il pouvait l'aider à se percevoir d'une manière plus objective, mais en aucun cas ne devait le pousser à se redéfinir pour plaire aux plus nombreux.

Baekhyun aurait préféré disparaître plutôt que de se confondre avec la masse uniforme imposée par la société. Il s'était battu tout au long de son existence pour contredire ce que son apparence désirait montrer de lui, quitte à se faire haïr lorsque le contraste se révélait trop grossier.

Bafouer une beauté naturelle, enviée de ce si dévoué autrui, à travers des paroles trop débridées, était si délicieusement outrageant après tout.

Fallait-il comprendre, au terme de cette brève analyse, que la situation actuelle n'avait, de ce fait, aucun attrait aux yeux du chercheur. Pire, celle-ci représentait certainement le stéréotype le plus ignoble qui aurait pu lui tomber dessus, de toutes les situations indésirables qu'il avait pu redouter.

Baekhyun renifla dédaigneusement en direction du miroir inutilement onéreux, posé contre une commode imposante, reposant sur des pieds en pattes de lion. Le meuble représentait à lui seul le savoir-faire des artisans égyptiens, sa splendide grandeur incrustée de pâte de verre aux motifs chatoyants, dont l'éclat luisant rivalisait avec le scintillement des plaques d'or tapissant la forme rectangulaire. Les tiroirs, qu'il avait pris le temps d'ouvrir, contenaient quelques ustensiles recouverts d'argent, comme des peignes, ciseaux, ou bien encore un miroir en cuivre.

Son reflet, entouré de cette dorure appartenant sans le moindre doute au Trésor, lui rappelait, provocateur, à quel point son égo avait été brutalisé depuis qu'il avait mis les pieds dans le Palais Royal. Ce vêtement, sans le moindre doute destiné à une favorite du Pharaon, ne faisait que souligner son statu d'objet, perdu dans cette pièce inutilement grandiose, tel une pièce maîtresse que l'on avait déposée dans une vitrine dorée.

L'appartement était immense, pourtant il paraissait déborder tant les richesses pullulaient. Au centre de la pièce, quatre colonnes sculptées dans la brique, ornées de longs tissus polychromes transparents, se balançant au gré de la brise, encadraient un lit royal aux dimensions imposantes. Construit dans le bois du Liban, le mobilier arborait un marchepied ainsi qu'un appui-tête en osier tressé, de manière à former des fleurs de lotus. Des sangles serrées, fixées sur un cadre, accueillaient le poids léger d'un drap aux broderies délicates, et dont la douceur immaculée irradiait presque mystiquement dans cet océan d'ocre et de dorures. Un coffre, recouvert de stuc, était posé au pied du lit, renfermant la literie.

Plus loin, faisant face à l'immense terrasse ouverte, laissant passer les chuchotements du vent du désert, et la luminosité aveuglante du ciel perpétuellement clair, une table en bois d'ébène trônait avec une fierté prétentieuse, destinée à accueillir des repas privés. Deux fauteuils entouraient le meuble, se faisant face, dans un affrontement inerte. Sculptés dans le bois, et plaqués or, ils présentaient de hauts dossiers décorés de pâtes de verre multicolores et de pierres précieuses. Les accoudoirs, par soucis de fantaisie, se terminaient par des têtes de serpent, crochets apparents, langues fourchues, pointant dans une ondulation quasi-parfaite.

Les murs peints de fresques grandioses, accueillaient contre leur surface de petites tables en sycomore où étaient posées des coupes de fruits exotiques succulents, ou parfois des fleurs aux senteurs rêveuses. De nombreux objets décoratifs surchargeaient l'appartement, comme des cratères en métal venant de Syrie, des guéridons précieux que l'on ne saurait utiliser, des amphores sculptées et vases colorés, ou encore des constructions spectaculaires, tout en reliefs, creusées dans le mobiliser, d'un paysage diversifié représentant lions, singes, et antilopes, gambadant dans une forêt de palmiers.

Un divan en bois de cèdre, couvert de coussins aux motifs variés, reposait dans un coin moins apparent, presque dissimulé derrière une colonne, prêt à accueillir les confidences le plus intimes.

Prêt de la porte menant sur le couloir le séparant de la salle du trône, l'on pouvait apercevoir une dalle de lustration, sur laquelle reposait une jarre peinte en bleu cruléen. L'eau fraiche qu'elle abritait permettait aux invités de se rafraichir les mains et les pieds, recouverts par le sable qui dansait dans l'air.

L'on aurait pu confondre le jeune homme dans ce tableau d'ocre et de teintes vives, sa peau de cuivre incrustée d'or, se mariant avec harmonie aux couleurs dominantes, alors que son vêtement immaculé, tapissé de pierres, s'apparentait aux voiles caressant avec douceur l'atmosphère chargée d'une senteur aigre-douce, association subtile de mystère et de chaleur.

Baekhyun ne comprenait pas sa présence en ces lieux, aussi cohérent pouvait-il être avec le décor, et cela bien à ses dépends. Le Pharaon lui avait attribué la chambre voisine à ses propres appartements, un luxe normalement réservé à sa première épouse, bien que celle-ci préfère passer son temps dans le Harem pour surveiller et diriger les agissements des favorites et des maîtresses. Cela ne faisait que renforcer sa méfiance vis-à-vis de ses intentions, le goût de l'inconnu piquant désagréablement sa langue, alors que son regard troublé parcourait inlassablement la pièce, à la recherche d'un indice.

Il ne comprenait pas, et cela le rongeait. Il ressentait le besoin de se défaire de cette influence qu'on lui avait imposée, quitter cette mascarade, déchirer ses atours pour enquêter et découvrir ce qu'on attendait de lui. Sa présence inespérée, en cette époque lointaine, venait subitement de prendre un sens, une explication qui lui échappait et qu'il se devait de dénicher, comme il avait découvert bon nombre de vestiges.

Il se devait de balayer cette poussière persistante, nettoyer la réponse de ses pinceaux habiles pour en extirper le précieux savoir. Celui-ci était le complice de la réussite, alliée de taille qu'il ne pouvait se permettre d'ignorer en ces temps troubles.

-Lapis-Lazuli, souffla-t-il inconsciemment à haute voix, son regard perdu à travers ses songes.

L'on n'avait cessé de le comparer à cette pierre depuis son arrivée, cela devait forcément avoir un sens, la clé de l'énigme.

Baekhyun se laissa guider par la réflexion, ses pieds le conduisant naturellement vers le divan où il pris place, désireux de ne plus avoir à se soucier de son équilibre.

Que savait-il concrètement du Lapis-Lazuli ? Les livres le décrivaient comme une pierre mystique, adulée par les égyptiens. Si son utilisation première était purement décorative, fallait-il préciser qu'il était particulièrement sollicité dans l'ornement d'amulette, il revêtait avant tout un sens métaphorique qu'il convenait de souligner. Le bleu foncé dans laquelle la pierre était noyée était associé à la nuit, tandis que les taches de pyrite rappelaient les étoiles qui y vagabondaient. Ainsi, le Lapis-Lazuli revêtait une image d'un élément particulièrement sacré pour les égyptiens : le ciel. La vie n'était autre que le bleu de l'eau, et le divin l'immensité du ciel azur, faisant du Lapis-Lazuli un symbole de la puissance des dieux, et du caractère sacré de la vie, si bien qu'on l'utilisait dès que possible, que ce soit en guise de protection, ou d'hommage.

Baekhyun fronça des sourcils, ses orbes précieuses luisant d'une compréhension hésitante.

Représentait-il une sorte d'amulette sacrée ? Un trésor divin aspirant à la chance et à la prospérité, un objet religieux, un porte-bonheur ?

Ou alors, avait-il le malheur d'incarner une future offrande pour répondre aux caprices des Dieux ?

Cette possibilité le fit si violemment sursauter qu'il se remit automatiquement sur ses pieds, son corps tremblant accusant difficilement sa théorie morbide.

Plus il y songeait, et davantage interprétait-t-il le traitement qu'il avait subi comme une préparation, une manière de le rendre acceptable aux yeux des Dieux. L'on avait nettoyé et purifié son corps de tout élément disgracieux, apprêté son être de manière à mettre en valeur ses yeux si troublants, puis enfermé l'offrande dans un lieu luxueux, de manière à la détendre avant le sacrifice, pour faire évacuer le moindre onde négative.

La nausée s'emparant subitement de son coeur, ses mains tremblantes s'accrochant à la colonne alors que la peur lui dévorait le ventre. Pour la première fois depuis son arrivée, l'émerveillement du décor avait laissé place à la terreur de l'avenir, son statut incertain s'imposant à lui comme une faiblesse qui allait peut-être lui coûter chère.

Il devait partir, quitter le Palais Royal avant qu'on ne l'emporte au Temple pour assouvir un rituel morbide. Il ne survivrait jamais dans cet univers, pas sans avoir l'intégralité des codes.

Devait-il retourner à la pyramide en cours de construction, dans l'espoir que le processus inverse se produise ? Il s'agissait certainement de sa seule option, il avait été bien naïf de penser qu'il pourrait se mêler à une époque qui ne lui appartenait guère. Le voilà désormais cerné par la figure la plus menaçante de l'Egypte, pris au piège par le Seigneur des Deux-Terres, dans l'ignorance complète de ses projets.

Il devait partir.

Ce constat alarmant ne mit pas plus d'une poignée de secondes à être appliqué. Le noiraud ne songea pas à une stratégie quelconque pour s'échapper du Palais, son impulsivité le contraignant à amorcer une course effrénée en direction de la porte, ses sandale claquant sans discrétion les dalles de pierre, alors que les voiles de son vêtement virevoltaient au gré de ses mouvements.

Il avait toujours été ainsi, péniblement obstiné et fougueux, frôlant même l'irréfléchi lors d'un malheureux moments d'égarement. Son impétuosité lui avait souvent porté préjudice, ce que son tempérament obstiné, frôlant la mauvaise-foi, s'était toujours refusé à reconnaitre, malgré des conséquences parfois nuisibles. Il s'agissait certainement de son défaut le plus contraignant, et malgré la multiplication des preuves attestant de son erreur d'esprit, Baekhyun continuait à se complaire dans cet aveuglement opiniâtre, si bien qu'il commettait sans cesse la même faute de jugement.

Il n'y avait guère de doute, ainsi, que s'il avait appris à remettre en question sa façon de gérer une situation de crise, il n'aurait pas été intercepté alors qu'il s'apprêtait à franchir la porte de ses appartements, coupé dans son élan sans même avoir eu une mince occasion d'accomplir sa course insensée dans le pavillon du Pharaon.

-Vous semblez bien hâtif.

Le sentiment d'humiliation qui déferla dans ses veines, à l'instant même où le bras puissant s'empara de sa taille pour l'obliger à reculer, fut si cuisant qu'il oublia toute idée de fuite. Terriblement honteux, Baekhyun se dégagea farouchement de la prise incommodante, son regard enragé jugeant le sourire hautain de son adversaire, tandis qu'il sifflait avec véhémence :

-Il faut croire que je suis incroyablement folâtre à l'idée de vous revoir, mon Seigneur.

Le sarcasme quitta sa bouche avec une acidité incroyablement piquante, assez pour faire vaciller le rictus arrogant du Pharaon, qui fronça subitement des sourcils, sa figure imposante se braquant discrètement, trahie par la rigidité de ses épaules.

-Il me semblait avoir décelé une férocité indéniable en votre personne, Lazuli, répliqua-t-il en détachant soigneusement chaque syllabe, mais prenez garde à ne pas devenir insolent.

La remarque, bien que destinée à le remettre à sa place, eut l'effet totalement opposé sur l'esprit terriblement fier de l'égyptologue. L'homme commençait à venir à bout de sa patience, disons-le clairement peu indulgente à l'accoutumé, et s'il pensait pouvoir le traiter comme un objet dépourvu de liberté de parole, il allait rapidement être déçu.

Baekhyun n'appréciait pas qu'on le considère comme une petite chose fragile et insipide, hermétique à la réflexion, incapable de hargne. Il n'avait rien d'une jolie poupée maniable et docile, encore moins d'une pierre précieuse silencieuse à la fonction purement esthétique. Il se savait exécrable et particulièrement susceptible, l'acceptation passive et la discipline le fuyaient tel le cas désespéré qu'il se plaisait à être. Il était fier, assurément trop agressif lorsqu'il se laissait emporter, mais l'insécurité qui faisait vaciller en permanence son coeur apeuré du contact ne lui laissait que peu de répit.

-Votre Majesté devrait revoir ses plans si ma langue est si inconvenante, elle ne se laissera pas dompter par vos menaces, autant vous l'assurer dès maintenant, contrattaqua-t-il.

Il avait effrontément relevé le menton, ses perles décidées affrontant avec courage, ou inconscience, interprétez cela à votre guise, le visage fermé du Pharaon, dont les sourcils contractés tressaillir légèrement, fissurant son masque noble.

L'homme le contempla sans piper mot, ses yeux pareils à deux malachites luisant d'une sagesse troublante, décortiquant avec attention le faciès prétentieux du petit énergumène, sans chercher pour autant à l'intimider. L'on aurait dit qu'il tentait de comprendre à quel genre d'individu il était confronté, son analyse silencieuse laissant entrevoir un vague intérêt, couplé à un questionnement curieux. A nouveau, la colère ne vint pas perturber son jugement, comme ce fut le cas lors de leur rencontre dans la salle du trône. Le Pharaon ne semblait pas décidé à rentrer dans son jeu, ou alors le jugeait-il trop précieux pour punir son attitude.

-Vous êtes, commença-il en penchant la tête, légèrement immature, n'est-ce pas ?

Baekhyun manqua de s'étouffer à l'entente de sa remarque, ses yeux écarquillés fixés sur le sourire moqueur de son adversaire, alors que la stupeur lui clouait littéralement la bouche.

-C'est bien la première fois que je suis confronté à ce genre de personnalité, reprit-il en amorçant une avancée sereine, colérique, arrogante, impertinente...Vous n'êtes pas ordinaire, mon petit Lazuli.

Un rire nerveux monta subitement dans la gorge du désigné, ses orbes rendus troubles par la surprise, contemplant avec ébahissement les cercles tracés par le Pharaon à mesure qu'il tournait autour de lui, à la manière d'un fauve en chasse. Il ne parvenait pas à le cerner, était-il seulement sain d'esprit ? Comment pouvait-il passer du reproche à la fascination en une poignée de secondes, lui qui avait paru si contrarié face à sa grossièreté ?

Baekhyun serra violemment les doigts, les frissons lacérant sa peau à mesure que le diamètre du cercle rétrécissait, si bien qu'il pouvait dorénavant sentir les mouvements de l'homme.

Il était dangereux, bien plus qu'il ne se plaisait à le montrer.

-Je suis tristement banale Mon Seigneur, souffla-t-il en surveillant du coin de l'oeil son avancée, ce que vous décrivez n'est autre que le comportement typique de l'être humain.

Il n'appréciait pas la tournure que venait de prendre cette confrontation. L'insécurité lui bouffait la poitrine, tandis qu'il ressentait pleinement la délicatesse de cet échange. Le Pharaon n'hésiterait pas une seconde à lui sauter dessus, la moindre faille dans sa posture signerait la fin de l'acte. Il se tenait là, à quelques mètres seulement, impitoyable, prêt à le bouffer, n'attendant qu'un signe de faiblesse pour le terrasser.

Il n'était pas aussi calme et conciliant qu'il en avait l'air, ce n'était qu'un masque. Son indulgence à son égard était calculée, il le sentait, au plus profond de sa chair, cette hypocrisie diplomate, cette fausse patience apaisante. Le Pharaon n'avait pas seulement la robustesse et la félinerie d'une panthère, mais également toute sa subtilité. Il le comprenait, à mesure qu'il tournait autour de lui, armé de sa sérénité feinte. Il l'analysait, le poussait à se dévoiler en exploitant sa colère, le laissant croire qu'il pouvait continuer à lui manquer de respect sans obtenir une réponse sévère en retour.

-Vous m'étudiez, déclara-t-il, intrigué à ses dépends, vous le faites depuis notre discussion dans la salle du trône. Vous avez déjà commencé à élaborer mon profil, vous cherchez à me comprendre.

Sa respiration se coupa, capturée par l'apparition brusque du Pharaon dans son dos, la sensation de son torse bouillant, plaqué contre sa chair, affolant ses barrières déjà malmenées.

-Je vous donne exactement ce que vous voulez, tenta-t-il tout de même de raisonner, sursautant lorsque les doigts s'emparèrent de sa nuque, vous convoitez les clés de mon esprit.

Un sifflement s'échappa de ses lèvres lorsque la main immense massa légèrement cette partie si sensible de son anatomie, la sensation désagréable d'être prisonnier, à deux mouvements de la rupture, renforçant l'atmosphère dangereuse initiée par le jeu du Pharaon.

Cet homme le révoltait, il mourrait d'envie de lui faire entendre ses quatre vérités, de lui faire cesser cette bataille malsaine qu'il paraissait entretenir avec tant de plaisir. Pourtant, malgré sa fureur à l'idée qu'un individu prépare sa perte d'une façon aussi rusée, une part moins farouche de son encéphale était fascinée par ce stratagème, comme il pouvait l'être face aux mystères qui peuplaient son métier, dualité de l'esprit qui était souvent responsable de son caractère quelque peu lunatique.

-Il semble, susurra le dirigeant contre son oreille, que vous soyez capable de réflexion savante lorsque vous mettez de côté votre enfantine impulsivité.

Si Baekhyun n'avait pas saisi plus tôt ses objectifs, il aurait certainement répliqué par souci d'égo. Fort heureusement pour lui, il semblait que le rythme imposé par le Seigneur, lorsqu'il l'avait fait prisonnier de son analyse, lui avait permis de réaliser ce que son sale caractère l'avait empêché de voir, les plaçant pour la première fois sur un pied d'égalité.

Le Pharaon était sans le moindre doute un stratège redoutable, bien loin de ce que son apparence de combattant laissait deviner.

Le noiraud, frappé par cette réflexion, réalisa l'ironie tordante de ce constat tardif. Lui qui avait toujours moqué ceux qui étaient incapables de voir au-delà du stéréotype de l'apparence, avait commis la sotte erreur d'attribuer au Roi du Double-Pays, un caractère en accord avec ce que son image lui avait renvoyée.

Non, se reprit-il, c'était plus que cela. Baekhyun s'était fait avoir, conforté à son insu par les agissements du Pharaon qui avait sciemment répondu à son interprétation subjective en prenant soin de taire ce qu'il était réellement : un terrible tacticien.

-C'est un test, vous me conduisez exactement là où vous désirez, et vous voulez que le devine par moi-même. Vous avez sondé ma personnalité et éloigné ce qui pouvait faire défauts à mes capacités d'analyse pour juger de vous-même de quoi j'étais capable.

Il put sentir la manière dont lèvres du géant, collées contre son oreilles, se courbèrent pour trahir son immense satisfaction.

-Félicitations, Lazuli, vous avancez dans la bonne direction.

L'étreinte disparut subitement, lui permettant de libérer la pression monstrueuse qu'il avait emmagasinée depuis que le Pharaon s'était rapproché de lui. Essoufflé, Baekhyun le regarda s'éloigner en direction d'une coupe de fruits dont il extirpa une grappe de raisin avec nonchalance, sa démarche assurée accentuant la grandeur de sa carrure royale.

-Avez-vous prévu de me sacrifier ? Demanda-t-il de but en blanc.

Il n'avait plus rien à perdre, il s'agissait d'un jeu dépourvu de règles, et la moindre information s'avérait désormais cruciale. Il ignorait quel était l'objectif visé par le Pharaon, jusqu'où ses vicieuses manigances allaient les conduire, mais il était hors de question qu'il demeure passif un instant de plus.

L'autre réclamait de l'esprit ? Il allait lui en offrir.

-Non, rigola finalement le Seigneur, même si la réflexion peut paraître légitime, je vous l'accorde Lazuli.

-J'ai un nom, votre Majesté , l'informa poliment le noiraud.

Le concerné lui jeta un regard pénétrant, ses malachites indéchiffrables s'opposant aux lapis-lazuli luisant de détermination.

-Quel est-il ?

-Baekhyun, déclara l'égyptologue avec fermeté, je m'appelle Baekhyun.

Le Pharaon se lécha pensivement les lèvres, son sourire en coin réapparaissant avec une lenteur calculée, tandis qu'il répondait sur le même ton :

-Bien Baekhyun, considérez que vous pouvez me nommer Chanyeol.





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Un chapitre qui dévoile un peu plus les personnalités de nos deux protagonistes, si vous me lisez depuis quelques temps vous savez que c'est un aspect qui me tient très a coeur, donc j'ose penser que ça n'étonnera pas trop haha.

Quel est votre ressenti sur les caractères de Baekhyun et Chanyeol ? J'avoue que je m'amuse assez avec, un Baekhyun aussi casse-pied est plutôt sympa à mettre en scène.

Encore beaucoup de description, mais nécessaire au tableau, je le crains !

Merci pour votre lecture ~

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