Chapitre 8
Erya gravait les longs escaliers de marbe avec telle vitesse, qu'elle manqua de trébucher à plusieurs reprises. Mais ce n'est qu'arrivée au bout de sa montée que la jeune fille réalisa le souci. Fortement serré dans ses mains, le carnet de son frère semblait signifier un détour indévitable. Précisément par sa chambre.
Elle changea aussitôt sa direction, à moitié exaspérée par son manque de prudence. Arrivée dans sa chambre, elle chercha des yeux la première chachette lui venant à l'esprit.
Évidemment, le lit, le tapis et les tiroirs lui vinrent en premier dans l'esprit, mais ce n'est qu'en apercevant le meuble avec une rangée de livres bien classés qu'elle ne put espérer meilleur camouflage. Car la meilleure manière de cacher un objet, se rappelait-elle, était de l'expiser inconsciemment au champ de vision à qui on souhaitait le dissimuler.
Après l'avoir rangé comme les autres bouquins similaires, elle jeta un bref regard au miroir situé en face d'elle. Elle fut surprise de réaliser qu'elle n'avait pas autant changé comme elle le précétait. Elle était étonnée que ses traits ne soient pas aussi froids et refermés sur elle-même, elle qui était souvent joyeuse et curieuse en compagnie de son frère.
Se reprenant, Erya détacha les yeux de son reflet, puis sortit presque à contre-cœur de sa chambre. La jeune fille, persuadée qu'il existait un moyen de monter à l'étage sans se perdre dans les détours des grands couloirs, prit le chemin par la gauche, espérant ainsi trouver quelques mètres plus loin l'escalier présenté par Jeck plus tôt.
Les couloirs défilèrent, mais à part quelques croisements avec d'autres allées quelques fois, Erya ne parvint pas à dénicher l'escalier qui semblait définitivement avoir disparu de la surface du château. Elle tourna la tête. S'engagea dans un autre long coridor. Ses pas étaient lents, hésitants, mais rien n'avait pu l'empêcher de s'arrêter. Car au fond de ce couloir sans impace, se dressait un grand, long et large tableau.
Surty savait assez bien dessiner, ainsi avait-il appris quelques techniques à sa sœur. Elle reconnut sans peine cette peinture faite d'huile, dont les traits étaient tracés d'une précision sans faille, sans laisser l'observateur s'écarter du paysage déssiné devant ses yeux.
Dans une forêt seulement illuminée par des rayons de soleil réussisants à percer les feuilles des arbres, un campement se tenait, accompagné d'un feu de camp niché entre des roches. L'espace était désert, et à en juger par l'intensité de l'ombre des arbres, le jour devait être très ensoléillé. Erya ne s'était jamais aventurée dans une forêt.
Elle remarqua alors que près des grandes tentes trainaient quelques affaires, dont quelques pétales de fleurs rouges trainaient dessus. D'un rouge tellement éclatant, que la jeune fille aurait bien voulu voir la fleur en entier.
Erya scoua la tête : elle avait passé beaucoup trop de temps ici. Et elle entendait des bruits de pas. Elle comprit assez vite qu'elle n'aurait jamais dû se retrouver là. Le cœur battant aussi fort que les pas se dirigeant vers elle, elle n'eut d'autres solutions que de pénétrer dans la première salle qui venait, dont la porte avait été légèrement entrouverte. Elle ne fit pas attention aux détails. Elle fonca dans la première cachette qui lui venait à l'esprit, qui fut sans nul doute l'armoire. Erya écarta rapidement les vêtements et s'y glissa, avant de refermer la porte juste à temps.
Elle était d'ailleurs fortement étonnée que la chambre n'était pas fermée à clé, et sentit son souffle s'arrêter lorsqu'un homme se fit apparaitre, à travers les fissures du meuble. Elle recula encore un peu plus et elle sentit quelque chose de froid froler sa main ; cela ressemblait à être une poignée de quelque chose.
L'inconnu referma la porte, puis marcha quelque temps en rond dans la chambre. Elle ne parvint pas à discerner ses traits de visage, mais son allure assurée lui suffisait à lui faire comprendre de ne pas s'amuser à le provoquer.
Quelque temps plus tard, un bruit de chaise se fit résonner dans la pièce, puis, suite à un crissement de papier, les grincements d'une plume se furent réguliers. Erya regrettait de tout son être de s'être embarquée dans cette mésaventure, mais le seul moment qui était désormais à sa disposition pour se sortir de sa bêtise était la patience. Attendre que l'inconnu décide de sortir de la pièce. Même si cela devait durer des heures.
Un bruit sec. De colère. Un bruit d'un point frappant sur une table fit sursauter la jeune fille.
D'un pas rageur, l'homme se leva avec brusquerie, sorti de la puce, en prenant soin de claquer la porte. Erya attendit d'entendre clairement ses bruits résonner et s'éloigna de sa cachette avant de se persuader que le moment de sortir était venu.
Avant de sortir de la pièce, elle s'attarda quelque peu sur le bureau. Un papier accompagné d'une écriture peu visible y était disposé.
Sa curiosité faillit prendre le dessus, mais la peur la saisit, et elle préféra s'enfuir le plus tôt possible.
***
Jeck l'attendait patiemment, plongé dans une lecture visiblement peu passionnante, quand Erya franchit la porte. Elle s'installa sur un fauteuil assez proche, puis il commença :
— Dis... Je pensais que comme tu bien d'arriver... Et...
Il marqua une pause.
– Continue, l'incita-t-elle.
– Je pensais que tu pourrais commencer à reprendre tes anciennes... comment dire... passions ? Tu aimais bien t'occuper de choses qui te plaisaient, dans ton ancienne vie.
Son ancienne vie. Ses mots résonnèrent longtemps dans l'esprit de la jeune fille avant qu'elle ne puisse répondre :
– Bien sûr, je... (que faisait-elle avant ?) Je jouais souvent du piano... Et je l'initiais au dessin...
Elle ne précisa pas ses longues et régulières ballades de cheval, pour une raison qu'elle ignorait.
Jeck acquiesça, puis sourit :
– Dans un des salons, il y a un piano que personne n'utilise. Ça te ferait plaisir de pouvoir y jouer ?
La jeune fille écarquilla les yeux.
– Je... oui, bien sûr !
Elle devina ensuite le but de Jeck ; il voulait l'occuper pour la surveiller. Erya réalisa alors qu'avant même le prince, c'était à Jeck qu'il fallait faire gagner sa confiance.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro