Chapitre 2
Les larmes dévalaient sur les joues d'Erya, blottie dans une couette dans la charrette qui la transportait hors du Royaume. Son frère n'avait pas réussi à négocier. La séparation avait été dure. Trop dure, pour empêcher ces larmes de couler.
Le conducteur de la charrette s'en fichait complètement, du moment qu'elle avait de quoi lui payer. Erya ne savais presque rien du fonctionnement de la vraie vie. Bien sur, les livres et les cours pouvaient lui aider à comprendre certaines choses, mais rien à voir avec la réalité, malheureusement.
Elle sortit en tremblant son carnet qu'elle avait glissé dans son sac, équipé d'une plume et de son encrier, et se laissa bercer par les mots:
Je suis partie. Définitivement. Je n'ai plus qu'à continuer ma route, en espérant fortement que la chance me sourisse. Je crois que j'en aurais besoin. Vivement que la nuit tombe, afin que le conducteur puisse enfin dormir: il ne fait que chanter des airs inécoutables...
Je dérive de sujet, car c'est trop dur d'en parler. Ce n'est que le premier jour, et Surty et mes parents me manquent déjà. Je ne veux pas continuer. Mais je le dois.
Une larme s'éclata sur le dernier mot, le rendant flou. Erya en eut marre, et décida d'observer le paysage. Ils étaient au beau milieu de plaines infinies, dont le sol rocheux faisait trembloter la charrette.
Petit à petit, ses yeux commencèrent à se fermer, jusqu'à ce qu'elle finisse par sombrer dans le sommeil.
***
Lorsque les yeux d'Erya se rouvrirent, la lune était bien haute dans le ciel. La jeune fille fut alors très surprise d'entendre des voix inconnues. Elle se décida à tendre l'oreille, afin de déchiffrer les paroles:
-Alors, c'est pour combien?lançait quelqu'un.
-Cent Rands, ça vous va?
Le Rand était la monnaie la plus utilisée du Royaume, mais Erya ne comprenait toujours pas qu'est ce qui se passait. Elle entendit les voix encore échanger, puis le son des pièces.
-C'est parfait, conclut une troisième voix.
Quelques temps plus tard, un cheval partit au galop.
Ce ne fut que là que le coeur d'Erya manqua un battement. Elle craignait avoir compris qu'est ce qui avait été payé. Ou plutôt qui. Elle cherchait désespérément une idée pour se sortir de là, mais une ombre monta dans la charrette, à en faire couper le souffle de la jeune fille. Elle marcha vers elle, et reçut un coup violent sur la tête; la faisant s'effondrer sur le bois dur de la charrette.
***
-Elle devrait bientôt se réveiller.
-Dans ce cas donne lui un somnifère.
-Nous arriverons bientôt, ce n'est peut être pas la peine.
-Raison de plus pour qu'elle se face discrète.
L'esprit engourdi, Erya pris du temps à se remémorer des événements récents. La nuit ne lui revint en tête que lorsqu'elle s'aperçut avec affolement que ses mains étaient étroitement liées par un cordage étroit.
Elle ouvrit ses yeux, et fut immédiatement éblouie par le soleil, déjà haut dans le ciel. Deux personnes discutaient à l'avant, ne prenant pas grande attention à la jeune fille. Son pouls commença à s'accélérer, et tenta désespérément de se libérer les poignets.
Elle se figea immédiatement lorsqu'un des deux inconnus voulu se tourner vers elle pour vérifier ce qui se passait. Le regard affolé de la jeune fille croisa celui de l'inconnu, qui déclara à son acolyte:
-Elle s'est réveillée, celle-là.
-Occupe toi d'elle dans ce cas.
Le ravisseur d'Erya s'approcha d'elle et lui affirma:
-Je suis à peu près sure que tu n'a aucune idée de ce que tu fiches ici, alors permet moi de t'éclaircir les idées. Tu ne dis rien, ne protestes pas, cela ne servirait à rien. Je...
-Pourquoi m'avez vous attachée ainsi?l'interrompit Erya, le souffle court.
Les traits de l'homme qui se tenait devant elle se durcirent, le faisant rendre encore plus intimidant.
-Il semblerait que tu aie des difficultés à comprendre "tu ne dis rien". Mais sache juste qu'un certain Royaume serait prêt à payer cher pour toi...
Elle leva les yeux au ciel:
-Si vous pensez que le Roi d'Ilbirith dépensera un sou pour ça...
Ce fut alors à l'homme de se moquer:
-Je me range bien de ton avis, mais penses tu vraiment que le Royaume de Nonnaran hésitera à avoir un captif afin de dévoiler les plans de son ennemi?
Le souffle d'Erya se tut. Ils comptaient l'emmener exactement ou elle souhaitait. Mais elle qui étais sensé espionner et reporter les faits pour son propre Royaume, se retrouverait à effectuer exactement l'inverse de sa mission.
-Je pense que tu as enfin compris à quel point tu étais dans une mauvaise situation.
Erya ne trouva pas de mots à répliquer.
-On approche, lança le nouveau conducteur de la charrette.
L'inconnu acquiesça, et sortit un poignard de son fourreau, puis trancha la corde des poignets d'Erya, qui le contempla avec des yeux ronds.
-Va dans le tonneau vide, ordonna-t-il.
-Pardon?s'exclama leur prisonnière.
-Tu m'a parfaitement entendue.
Elle inspira un grand coup avant de protester:
-Je ne grimperais pas là-dedans.
Avec un calme étrange, son adversaire répliqua:
-Ne nous oblige pas à employer la force...
La gorge nouée, la jeune fille comprit qu'elle n'avait pas le choix. Elle préféra donc ne pas aggraver sa situation, et grimper maladroitement sur le rebord de la charrette, Afin, de se glisser dans le tonneau vide. Puis, sans mots, le tonneau se renferma, plongeant Erya dans l'obscurité.
Elle n'avait jamais été dans une endroit si peu confortable, la faisant se cogner à la moindre secousse. La suite du trajet avait été interminable, et seuls les voix multiples qui s'additionnaient peu à peu lui indiquaient qu'elle était arrivée dans une ville.
Soudain, le chariot s'arrêta brutalement (du moins étais-ce son ressenti), ne manquant pas de la faire cogner une énième fois. Il semblait qu'ils t'étaient engagés dans une ruelle sans grand nombre, étant donné qu'Erya ne parvenait qu'à distinguer les voix de ses ravisseurs.
-Pas un geste, fit une voix froide.
Erya colla son oreille à la paroi du tonneau afin de mieux entendre. Une voix féminine s'ajouta:
-Si vous nous laissez prendre votre cargaison sans encombre, il est possible qu'il ne vous arrives rien.
Le coeur de la jeune fille s'illumina. Des voleurs? Se pouvait-il qu'elle ait une chance de s'en sortir? Elle pria intérieurement pour que cela se réalise, écoutant attentivement les explications que les vagabonds ordonnaient aux assaillants d'Erya.
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