Au travers d'une route graveleuse, entrecoupée de pierres et de virages aigus, plusieurs calèches aux allures pauvres et paysannes avançaient les unes après les autres. La toile de la première était d'un beige fade et usé, parsemé de tâches dû au vieillissement du tissu. Ses roues en bois tressautaient au moindre creux sur le chemin et les quelques personnes assises à l'intérieur, à même le plancher de bois, grimaçaient lorsqu'elles devaient s'empêcher de valser contre les malles entreposées autour d'elles.

Au milieu du groupe, une chevelure blonde attirait l'attention de tous. Assis en tailleur et recouvert de vêtements blancs, il ne donnait qu'une seule impression : celle de grandeur et d'importance. Ses yeux verts, sa peau pâle et dépourvue d'imperfections, son corps svelte et délicat ainsi que ses mains propres et opalines, trahissaient son appartenance à la haute sphère du pays. Tous savaient qui il était et personne n'avait eu besoin qu'il prouve son statut pour le croire.

«Combien de temps reste-t-il avant le crépuscule ?» sa voix claire résonna dans l'habitacle et chacun le regarda, leurs yeux détaillant son profil fignolé.

«Je dirais deux heures.» répondit un homme, le plus âgé du groupe, un grand ami à lui.

«Bien.» il acquiesça satisfait, avant de s'allonger contre une peau de bête recouvrant un sac de vêtements. «Reveillez-moi à la tombée de la nuit.» il ordonna ensuite en venant clore ses paupières, alors que les personnes autour de lui concédaient silencieusement à sa requête.

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«Le souper est servi, monsieur.» la voix douce d'une servante du palais d'Azhar arriva aux oreilles du noiraud, alors que celui-ci se trouvait assis à son bureau, la tête plongée dans des documents d'état tous plus denses les uns que les autres. Ne s'attendant pas à une réponse, la jeune femme sourit alors qu'il obtempérait et se lever de son siège.

D'un pas lent, mais étrangement envoûtant, il avança jusqu'au couloir, ses larges épaules dominant la petite carrure de la servante qui se mit à marcher sagement devant lui. Ses habits riches, mais pourtant neutres -selon son désir-définissaient à merveille son corps et ses muscles toniques, créant ainsi une aura de pouvoir et d'autorité autour de lui.

Une semaine.
C'était le temps exact qui s'était écoulé depuis sa soudaine prise de fonction. Mais personne ne parvenait pourtant à déceler une once d'incertitude et de timidité chez lui. C'était comme s'il était né avec la capacité de s'adapter à toutes les situations d'une vie, y compris celle-ci.

«La reine, la famille royale et vos proches ont tenu à souper avec vous.» l'informa la jeune femme en lui adressant un regard par-dessus son épaule. Il lâcha alors les fenêtres sur sa gauche des yeux et fixa son visage, avant de lui adresser un hochement de tête.

Ils arrivèrent alors devant une porte arquée, déjà entrouverte et d'où émanait une odeur de nourriture. La servante se stoppa et s'apprêta à écarter le bois pour lui, seulement, il fut plus rapide et le fit à sa place en souriant.

«Retourne donc à ta chambre, il se fait tard.» il lui ordonna gentiment. La jeune femme lui offrit à son tour un sourire et le remercie, avant de quitter le corridor avec hâte.

Aussitôt, il pénétra dans la pièce en reprenant un visage neutre et une posture bien plus droite. Sans grande surprise, il découvrit alors une tablée de onze personnes, composée de la famille royale au complet, de ses parents ainsi que de Taehyung. Tous tournèrent le visage en sa direction et les conversations prirent fin, le temps qu'il s'avance jusqu'à son siège en bout de table.

«Bonsoir.» il les salua, ses chaussures claquant sur la pierre alors qu'il s'asseyait. Quelques-uns se raclèrent la gorge et lui répondirent, alors que les autres essayèrent de paraître le plus souriant possible et lui offrirent des salutations enjouées.

«Comment vas-tu aujourd'hui ? Nous ne t'avons pas vu de la journée.» demanda Constance en déposant son verre de vin. Jungkook lui adressa un regard et ne laissa rien paraître, comme à sa nouvelle habitude.

«Je vais bien, j'étais occupé.» il répondit calmement, alors qu'au même moment deux servantes entraient dans la pièce dans le but de les servir. «Ça ne sera pas nécessaire, vous pouvez également retourner à vos chambres mesdames.» il les incita à partir, tout comme avec leur collègue un peu plus tôt. L'une d'entre elles, une femme d'une cinquantaine d'années, sembla surprises, mais ne refusa pas le repos qu'il lui offrait. Elles partirent ainsi sous les yeux étonnés des autres personnes autour de la table.

«Pourquoi les renvoyer ?» demanda Eline, doucement.

«Tout le monde ici est doté de deux mains et deux bras, n'est-ce pas ?» il clarifia son geste de manière abstraite. Tout le monde compris alors ce qu'il insinuait et personne ne sembla prêt à la contredire. C'était inutile de toutes manières. Ils avaient appris au cours des derniers jours, qu'il ne désirait manifestement pas s'habituer aux traitements que lui accordait son nouveau statut.

«Qu'as-tu fait de beau aujourd'hui ? Tu n'as pas passé ta journée dans ton bureau, rassure-moi ?» demanda Daphnée qui se trouvait à ses côtés, dans l'espoir de changer rapidement de sujet.

«Si.» il assura en haussant les épaules. «Que veux-tu que je fasse d'autre ?» il la questionna ensuite en se servant dans le plat devant lui. Tout le monde copia son geste et ils commencèrent alors à manger.

«Et bien, tu pourrais te promener un peu, essayer de te changer les idées... N'est-ce pas une bonne idée ? Tu ne devrais pas t'enfermer là-bas.» elle proposa en regardant autour d'elle. Le reste de la tablée coïncida à ses paroles silencieusement.

«Je n'en ai pas la moindre envie.» il assura d'un ton fade. Elle soupira alors et fixa ensuite son assiette en mordillant sa lèvre. Son mari, Hadrien, attrapa sa main sur la table pour la réconforter et continua à sa place.

«Tu deviens sec, Jungkook.» il le reprit doucement. «Ta mère à raison, tu devrais aérer un peu ton esprit.» il ajouta sous le regard neutre du noiraud. Celui-ci arrêta sa fourchette avant que celle-ci ne parvienne à ses lèvres et la déposa sur le coin de son assiette, en silence. Puis, il se contenta de le fixer de son regard fade et de ses yeux noirs, sans parler.

«Allons, ne commençons pas à parler de ça.» intervint Constance en attrapant une bouteille de vin. Elle voulut ensuite en servir à Jungkook, mais celui-ci cacha aussitôt son verre à l'aide de sa main.

«Pourquoi pas ?» il lança en plongeant son regard dans le sien, puis dans ceux des personnes autour de la table. «Après tout, cela fait une semaine que je suis ici et tout ce que vous faites, c'est esquiver son nom comme du poison.» il ajouta calmement avec une pointe de rancœur trahissant sa voix.

«Nous ne voulons pas remuer le couteau dans la plaie, excuse-nous.» avoua Taehyung en soupirant, un air coupable sur le visage.

Jungkook n'était pas dupe et encore moins aveugle. Il y a exactement huit jours, ils étaient revenus du château d'Oliv, et il y a sept jours, la moniale d'Emna avait déposé la couronne sur sa tête lors d'une cérémonie secrète, en présence des ministres du pays, de la famille royale, de sa famille et de quelques nobles de confiance. Depuis, personne n'avait encore vraiment prononcé le nom de Jimin. Il voyait chaque jour Constance pleurer discrètement depuis le balcon de ses appartements et Taehyung arriver à ses côtés pour la rassurer. Il voyait chaque jour les regards méfiants de ses sujets qui, les uns après les autres, commençaient à douter de la légitimité de son trône. Mais par-dessus tout, il voyait bien que personne n'osait parler du blond en sa présence, comme si la simple prononciation de son nom allait le faire sombrer.

Ils ne comprenaient visiblement rien à la situation.

«Mais que savez-vous finalement ?» il commença d'une voix beaucoup plus colérique. «Depuis que nous sommes rentrés, aucun d'entre vous n'a cherché à savoir la réalité de notre relation, à Jimin et moi. Vous avez seulement compris les grandes lignes en lisant ses mots, mais rien de plus.» il les accusa en serrant ses poings.

«Nous ne voulons pas te forcer à en parler, comprend nous.» le coupa Constance, d'une voix douce.

«Mais vous mourrez d'envie de savoir ce qu'il s'est réellement passé. Je vois bien vos regards qui ne font que d'interroger le ciel dans l'espoir de connaître la raison de sa décision.» il reprit en affichant à nouveau un visage neutre. Chacun se sentit visé pas ses paroles et plus personne ne parla alors, des secondes durant.

«C'est vrai.» avoua finalement Eline, en serrant la main de son mari. «On se pose tous des questions et on veut tous savoir comment est-ce qu'un général a pu autant gagner sa confiance.» elle termina, en plantant son regard dans le sien.

«Vous doutez de la sincérité de mes sentiments pour lui ?» il conclut d'un air accusateur.

«Non, pas du tout.» intervint Taehyung avec sincérité. «Mais on ne sait rien finalement, pas même comment tout cela à commencer... C'est dur pour nous d'imaginer qu'en à peine un mois, Jimin ait pu autant s'éprendre de toi.» il expliqua, causant ensuite le silence dans la salle. Jungkook le fixa longuement, sans jamais cligner des yeux ou même respirer, puis il acquiesça lentement.

«Je n'ai pas à vous conter notre intimité.» il commença d'une voix redevenue calme. «Sachez juste que je n'ai pas manipulé Jimin et que mes sentiments, tout comme les siens, sont bel et bien réels.» il expliqua avec beaucoup de sincérité dans la voix, alors que celle-ci s'apaisait au fil de ses mots.

«S'ils le sont...» débuta Constance, «Alors, que comptes tu réellement faire ?» elle demanda ensuite d'une voix incertaine.

Jungkook la regarda alors quelques secondes, puis lança : «Je vous l'ai déjà dit. Je prends le trône et je vais le chercher.» il clama avec assurance. Cependant, il vit l'hésitation dans le regard de la reine et reprit donc aussitôt :

«Attendez juste encore un peu.»

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Nul, nul, nul et re nul.
J'ai tellement retourné ce chapitre sans tous les sens qu'il ne ressemble plus à rien.
Mais je ne vois pas comment le poster sous une autre forme.

Vraiment, je suis désolée pour cette catastrophe.
Je veux garder du suspens, puis faire venir petit à petit l'aventure de Jimin avant que quelque chose ne se produise avec Jungkook.

Bref, pardonnez-moi, vraiment.
J'espère quand-même qu'il vous a plu.
Et j'espère que vous comprenez l'état que j'essaie d'amener concernant Jungkook.

À très vite :)

♡