{Chapitre 8} Dans L'antre Des Dragons
Cela faisait une journée que nous étions arrivés à St.Agnes, mais ça me faisait déjà du bien d'arrêter de cogiter sans interruption pendant des heures entières. Même si je savais qu'on devrait finir par ouvrir le deuxième indice, cette journée de répit m'avait fait beaucoup de bien.
- 'Nastasia ?
Alek venait de passer sa tête dans l' encadrement de la porte. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il me cachait quelque chose. Nous avions acheté la gazette du sorcier, et j'avais vu un joli petit avis de disparition à mon nom, comme on pouvait voir lorsqu'Albus venait d'être enlevé. Mais strictement rien pour Alek.
- Tu viens, on mange!
Je me suis levée et je l'ai suivi. On avait eu une petite conversation ce matin sur ce qu'il me cachait, mais ça s'était assez mal terminé : on s'était tous les deux hurlé dessus.
- Bon, on arrête de tourner autour du pot, non ?
Il m'a observé quelques instants, puis a reposé sa fourchette.
- Tu n'as même pas idée d'à quel point c'est important que je garde ce secret, avait-il murmuré en Russe.
Ça me fatiguait qu'il noie autant la mandragore ! Autant lui faire comprendre une bonne fois pour toute que je pouvais aussi murmurer des phrases dans une autre langue !
- Bon, je commence sérieusement à me demander si j'ai bien fait de te faire confiance ! On a tous des secrets, et certains méritent d'être cachés bien profondément en nous, mais je suis bien placée pour savoir que de tout garder pour toi ne te conduira qu'à ta perte... Crois-moi.
Tout ceci avait été déblatéré en russe, de mon ton le plus froid et sans pitié possible.Et visiblement, j'avais obtenu l'effet escompté : il avait la bouche ouverte dans une expression de stupéfaction intense.
- Oui, un problème ? l'interrogeai-je alors que je me levais, prise d'un furieuse envie de casser quelque chose.
Même pas besoin d'attendre sa réponse, je suis partie me réfugier dans ma chambre, les mains tremblantes. Ça faisait trop longtemps que je n'avais pas extériorisé ce que je ressentais, et j'avais grandement besoin de conseils.
- Alek ?
Il est arrivé quasiment en courant, et s'est stoppé en voyant ma mine livide.
- Il reste de la poudre de cheminette ?
. . .
- Je te fais confiance, mais je vois vraiment pas ce qu'on fout là.
Alek s'était mis à râler dès que nous étions arrivés à Pré au Lard dans la cheminée des trois balais. J'avais préféré arriver là, quitte à faire un peu de route, plutôt que de débarquer à l'improviste chez...
- Roooaah, mais tu connais le principe de la poudre de cheminette ? Bon , je vais t'expliquer : c'est d'arriver directement chez les gens ! Pas de te taper une heure de marche parce que tu ne veux pas déranger tes hôtes !
Je me suis retournée vers Alek, sortant l'une de mes petites phrases de Serpentard.
- C'est la chaleur qui te rend aussi désagréable ? Pour quelqu'un qui est élève à Durmstrang, c'est vrai que c'est inhabituel ! raillai-je.
Il a vaguement grommelé une petite phrase inaudible, puis s'est stoppé alors que l'on voyait la silhouette d'une petite maison se découper à l'horizon.
- Dis, je me suis toujours demandé quelle était ta plus grande peur. Tu es déjà passée devant un Épouvantard, non ?
Je me suis quelques instants rejoué les souvenirs de ma première année, là ou l'Épouvantard m'avait montré ma réelle peur: oublier. Ça avait beaucoup intrigué le monde à l'époque, mais ça avait assez vite été oublié par mes amis qui s'étaient focalisés sur d'autres problèmes.
- J'ai peur d'oublier. Et toi?
Il m'a regardé quelques secondes, interloqué.
- J'ai une peur viscérale de l'avenir. J'aime avoir le contrôle sur tout ce que j'entreprends, donc tu te doutes bien que tout ce que l'on ne peut pas prévoir me fiche la frousse... Enfin, ça serait tellement plus simple si je possédais le "magnifique art du troisième oeil", avait-il en prenant un ton princier en se moquant de la divination. Tu as déjà cherché un moyen d'affronter ta peur ?
C'est là que j'ai compris ce qu'Alek était en train de faire: en ayant accepté de partir avec moi, il affrontait sa pire peur. Je pouvais avoir beau faire tout ce que je pouvais, jamais je ne me risquerais à affronter ma peur de cette façon. Entre être une véritable tête brûlée sur un terrain de Quidditch et affronter ses peurs, il me semblait y avoir un fossé insurmontable.
- Parfois, mieux vaut ignorer ses peurs plutôt que de les affronter.
C'est à ce moment là que nous sommes arrivés devant la porte de la bâtisse, et que j'ai eu une petite pensée pour ma maison: la phrase que je venais de servir à Alek était la phrase d'une parfaite petite Serpentard.
- Pour ce coup là mon coco, il va falloir que tu me fasses confiance, dis-je, la main stoppée à quelques centimètres du heurtoir de l'imposante porte.
- Je te fais déjà confiance.
J'ai senti un petit sourire en coin dont Scorpius avait si bien le secret orner mes lèvres.
- Alors reprend ta véritable apparence.
. . .
- Je ne veux même pas comprendre pourquoi tu es là.
Norbert Dragonneau me regardait en souriant, tranquillement, alors que venais de faire irruption chez lui tout en étant recherchée par le Ministère. Cet homme m'impressionnerait toujours.
- Enfin si, je comprends, mais pourquoi tu es partie de chez toi, je m'en contrefiche.
Alek avait les yeux ronds comme des soucoupes.
- Vous êtes un adulte, et vous n'allez pas nous ramener au ministère en nous tirant pas les oreilles... Franchement, vous m'impressionnez.
Norbert a semblé se perdre quelques instants dans ses souvenirs, et il a souri.
- J'ai passé la moitié de ma vie à me promener avec une valise remplie de créatures magiques de façon clandestine et illégale. Alors je ne vois pas pourquoi je devrais vous vendre au ministère alors que, nous allons dire, vous ne faites que de gentiment expérimenter la vie.
Il a repris son sérieux, puis m'a regardée quelques secondes.
- Tu viens bien pour ce que je penses ?
J'ai hoché la tête.
- Suis-moi.
J'ai suivi les pas de Norbert, sous les yeux d'Alek à qui j'avais fait le signe de rester dans le salon. La conversation avec celui que je commençais à considérer comme mon mentor allait s'avérer vraiment intéressante.
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