Si le Bal avait été un fiasco total, mes B.U.S.E.S se déroulèrent particulièrement bien. Je sortis de chaque épreuve avec le sentiment et l'intime conviction d'avoir réussi à atteindre un niveau d'exigence supérieur à celui demandé, ce qui n'était pas pour me déplaire. 

- Donc c'est fini ? 

Scorpius m'avait posé cette question d'un air déterminé, cherchant sans aucun doute à ce que je le contredise. 

- Je crois bien que oui. Je doute même qu'Albus veuille me reparler un jour.

Mon meilleur ami et accessoirement l'un des seuls qu'il me restait puisque Rose ainsi que tous les Weasley m'avaient tourné le dos à la suite d'une prétendue dispute dont il m'avait fait porter le chapeau, fronça le nez.

Notons qu'il s'agissait de la prétendue dispute qui tournait purement et simplement autour du fait qu'il m'aie vu embrasser James, le soir du bal. 

- Élue pire soirée de l'année, sans aucun doute, grommelai-je en posant mes livres sur mon bureau dans ma chambre, ne prêtant pas d'attention à ce qui se trouvait dessus. 

Jusqu'à ce que, prise de panique, je ne fasse volte face. Et qu'un immense soulagement ne prenne possession de tout mon être. 

Sur mon bureau se trouvait une enveloppe, mais pas tout à fait semblable à celles qui contenaient habituellement des menaces. Le papier était plus foncé, avait un air plus rustique. Il était également humide, et l'encre avait coulé par endroits. 

Dommage que celui qui ait pris le soin de m'envoyer ce message ne lui ait pas jeté un sortilège d'imperméabilisation. 

J'ouvris l'enveloppe, doucement. Je savais déjà ce qu'elle contenait. 

Mais voir ce morceau de papier scellant mon avenir ne fit que de rendre ma décision plus réelle. Plus physique. 

Et aussi bien plus imminente.

.   .   .

- Chers élèves, commença le professeur McGonagall depuis la table des professeurs, j'aimerais d'abord vous féliciter pour votre travail fourni durant cette année. Vous avez tous, sans aucune exception, fait preuve d'une assiduité exemplaire pour montrer au monde que nous vallons mieux que le trouble qui fait rage, au dehors. En effet, vous n'êtes pas sans ignorer qu'une guerre se prépare, dans le monde extérieur, et qu'il faudra tous que vous soyez prêts à y faire face une fois sortis de l'enceinte de cet établissement. 

La directrice marqua une petite pause, nous contemplant tous à tour de rôle à travers ses lunettes rectangulaires. 

- C'est pour cela que les professeurs de Poudlard ont décidé d'instaurer une nouvelle matière dans le cursus scolaire de chaque élève, et ce à partir de la 3ème année pour garantir un enseignement optimal. 

Des applaudissements retentissaient de toutes les parts de la salle, malgré quelques exclamations déçues de la part des futurs deuxième année. 

Je ne risquai même pas un seul regard vers Albus qui était assis seul un peu plus loin. 

Son regard me brûlait déjà la nuque depuis l'autre bout de la salle.

- J'aimerais également souhaiter aux élèves ayant effectué leurs dernière année ici, nos meilleurs vœux. Nous vous regretterons tous, et je pense parler au nom de l'ensemble de l'équipe enseignante en vous souhaitant une bonne continuation. Et enfin, pour finir, le moment que vous attendiez tous: la remise de la Coupe des Quatre Maisons ! Je vais donc annoncer le classement: tout d'abord, Serdaigle avec 342 points, puis Gryffondor avec 356 points , Poufsouffle avec 378 points et enfin, les grands gagnants de cette année, Serpentard avec 406 points !

Les couleurs de la salle passèrent au vert et argent, pour la première fois depuis quelques années.  

Scorpius me sourit, et il tourna la tête en direction d'Albus, qui ne fêtait pas beaucoup la victoire. 

C'était mon cas également. Cette victoire avait un goût amer. 

Trop amer pour pouvoir être savoureux. 

.   .   .

Il fallait de toute urgence que je fasse mes valises, vu que le Poudlard express partait dans quelques heures à peine.

Et, comme d'habitude, je m'y prenais à la dernière minute. Rien d'étonnant ni d'inhabituel.

Je cherchais d'ailleurs encore mon peigne en bois, pliée en quatre sur le sol de ma chambre dans l'espoir d'atteindre l'espace sous mon lit lorsque j'entendis le bruit d'un bec contre le carreau de ma fenêtre. 

- J'arrive, pas besoin de s'énerver...

Le petit animal qui m'avait apporté cette nouvelle correspondance, je le connaissais bien.

C'était celui de James.

- Alors... murmura-je en ouvrant le tout délicatement, retrouvant sur le papier l'écriture de mon petit-ami.

Ana',

J'ai parlé avec Albus, et je te passe l'information maintenant avant que tu ne fasses une gaffe qu'on risquerait tous les deux de regretter.

Il ne dira rien. Je ne sais pas vraiment par quel moyen j'ai pu le convaincre, mais il ne dira rien.

Nous parlions ensemble quand il a semblé se souvenir de quelque chose. À ce moment là, il m'a promis le silence et il est parti.

Je pense que ça n'est pas forcément un bon présage pour la suite, vu la tête qu' il faisait, mais ça nous permet de garder la situation secrète pour le moment.

James.

Le soulagement qui m'avait envahie à la lecture de ces mots était indescriptible.

Il n'allait rien dire.

Et c'était fantastique.

.   .   .

- Alors... Cette année à été assez mouvementée, non ? Moins que les autres, peut-être, mais tout de même un peu, il me semble.

James avait brisé le silence gênant qui avait élu domicile dans notre compartiment.

- Comparé à d'autres, c'est allé.

Rose n'avait pas été sèche avec lui, mais quand son regard passa sur moi, il se fit immédiatement plus dur.

Implacable.

- Et sinon, vous faites quoi cette été ?

Scorpius s'étaient engagé sur le chemin de la prudence, ce qui était pour le mieux au vu des regards d'Albus dans ma direction.

Même en ayant promis le silence, un part de lui avait envie d'hurler la vérité.

L'ensemble des Weasley-Potter répondirent qu'ils passeraient leurs vacances au Terrier, puis Scorpius annonça qu'il partait visiter l'Italie.

- Et toi, Anastasia ?

- La Russie.

Je laissai mon regard dériver, regardant à l'extérieur. On voyait encore le château, au loin.

- C'est marrant. Je ne me souviens plus de si tu regardais le château de cette façon là première fois qu'on est partis. Il ne me semble pas,  reprit Scorpius sous le regard courroucé de Rose.

- On dirait que tu ne vas jamais y retourner, c'est marrant.

Mon petit-ami tourna vivement la tête dans ma direction. J'avais semé mes indices depuis des semaines.

Depuis ma conversation avec Minkus, en fait.

Et il venait de comprendre.

- D'ailleurs, à ce propos là... J'ai quelque chose à vous dire. Je... 

Je pris une longue inspiration, mal-à l'aise face au regard insistant de James. 

- Je ne reviendrai pas à Poudlard l'année prochaine. 

La surprise se lisait jusqu'au tréfonds de son regard, mais j'enchainai tout de même. 

- Parce que j'irai à Durmstrang. 

“You can't knock me down”

FIN
(pour le moment)