- Calme-toi.

Se parler à soi-même, enfin, à son reflet, était une pratique qui pouvait paraître relativement étrange si vous l'observiez de manière extérieure.

Intérieurement, ça vous faisait juste un bien fou. Enfin, dans mon cas.

- Tout va bien se passer, dis-je pour moi-même, en rajustant ma cape noire.

La suite des événements dépendait uniquement de l'issue de la deuxième session du procès.

Du moins, si les juges trouvaient un moyen d'en finir avec l'affaire.

L'avenir était bien trop incertain.

Dixit la gamine qui fait des visions... On aura tout vu !

. . .

- Nous sommes ici aujourd'hui pour la réouverture et la seconde session du procès à l'encontre de Callista Black. Sont retenues contre l'accusée les charges suivantes: violences sur mineure et utilisation de sortilèges impardonnables. 

Je venais à peine d'entrer dans la salle que le procès commença et qu'un brouhaha incessant de la part du public se fit entendre lors de l'énonciation des charges.

Pour la part, j'étais surprise. Ma mère était donc aussi accusée d'avoir utilisé des sortilèges impardonnables, ce qui signifiait que l'affaire de Minkus avait donné des suites.

Et que personne n'avait manifestement jugé bon de me prévenir.

- Minkus Nagtun a permis avec sa participation de prouver au bureau des Aurors que vous utilisiez des sortilèges Impardonnables tels que le Doloris, l'Imperium et même la formule de mort, Avada Kedavra. De plus, il a été prouvé grâce à un dossier du Ministère et à l'application de nombreuses formules que cette baguette était bien la vôtre. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ? 

Ma mère regardait dans le vide. 

Enfin, non. C'était une vieille technique qu'elle avait toujours pris le soin d'appliquer avec moi. Elle ne regardait pas véritablement le juge, elle regardait un peu en dessous de ses yeux, et, manifestement, il fallait la connaître pour le savoir vu que personne n'essayait de la rappeler à l'ordre. 

- Je n'ai rien à dire. Il me semble que vous ayez déjà tout dit. 

Et elle retourna à sa contemplation passive, un air toujours plus ennuyé et effacé sur le visage. 

- Est-ce que vous reconnaissez être coupable de ces crimes ?

Elle le regarda véritablement cette fois-là.

- À vous de voir.

Et elle se renfonça tranquillement au fond de son siège, muette.

A côté d'elle, je pouvais voir que Regulus n'en menait pas large. Ses mains étaient sans cesse en mouvement, triturant le bout de sa manche sans arrêt.

Ce qui était le signe d'un stress plus que présent.

- Minkus Nagtun, vous avez été témoin d'une...

Je ne m'étais même pas rendue compte que mon grand-oncle avait été appellé à témoigner.

Je n'étais même plus vraiment consciente de ce qui se passait autour de moi.

-... Jurez-vous de dire la vérité à l'ensemble du magenmagot ?

Il hocha la tête, prêta serment et commença de raconter ce qu'il avait vu, calmement, sans jamais perdre la face.

- J'ai donc été témoin d'un attaque menée par l'accusée ici présente envers un sorcier civil qui n'avait rien fait qui ne puisse excuser tant de violence.

Un silence de mort régnait dans la salle du tribunal, comme si quelqu'un avait brusquement coupé le son.

- Miss Black ici présente a attaqué cet homme sans aucune raison valable, et a fini par lancer le sortilège Doloris. Elle ne savait pas que j'étais présent, car je m'étais d'abord caché dans l'ombre du Porche d'une maison. Lorsqu'elle a lancé ce sort Impardonnable, j'ai réagi et je suis sorti de l'ombre. J'ai jeté un sortilège de désarmement, et elle s'est enfuie. C'est donc ainsi que j'ai pu récupérer sa baguette.

- Pourquoi n'avez-vous pas fait part aux autorités de ces événements ?

Minkus secoua la tête.

- Mieux vaut ne pas se faire trop d' ennemis puissants, si vous voyez ce que je veux dire.

Quelqu'un toussa dans le public.

- Sous-entendez-vous que Miss Black est un Mangemort ?

Le brouhaha reprit, plus fort que jamais.

C'était impensable pour beaucoup de gens, malgré tout ce que l'on voyait dans les journaux. Pourquoi y aurait-il des mangemorts si Voldemort, leur leader de toujours, avait disparu pour de bon depuis presque deux décennies ?

Ces gens ne savaient vraisemblablement pas comment ce monde fonctionnait.

L'appétit pour le pouvoir était insatiable.

Et les sbires de Voldemort arrivaient toujours à leurs fins.

- Je ne sais pas. Je pense simplement que vous devriez soigneusement soulever sa manche gauche et défaire le sortilège de dissumalutaion qu'elle a sans aucun doute pris le soin de placer sur son avant-bras avant d'entrer dans cette pièce.

La scène se passa comme depuis l'extérieur. Deux aurors s'approchent d'elle avant de la saisir ferment par les bras. Un troisième homme s'occupa d'elle et souleva sa manche.

Son avant-bras était vierge de toute trace d'encre, de toute cicatrice.

C'était un bras à son image. Parfait. Sans défaut.

Du moins à première vue.

- Partiquez le sortilège, messieurs.

L'un d'euc leva sa baguette dans un geste qui me parrut terriblement lent et calculé.

- Revelio.

Sa voix avait claqué, brusque. Brute.

Et on voyait déjà les première tâches d'encre couleur onyx apparaître sur son poignet, jusqu'à ce que la Marque apparaisse, complète.

Nette.

Et que le chaos ne démarre.

.  .  .

Des gens hurlaient presque sous le coup de la peur.

Sous le coup de l'horreur.

- SILENCE ! hurla le président de la séance de sa voix de ténor.

Tout le monde se tut progressivement, jusqu'à ce que quelqu'un se mette à tousser dans le public.

Ça ressemblait à la toux de la même personne que tout à l'heure.

- Callista Black, vous êtes donc reconnue par le Mangenmagot comme une Mangemort.

Il marqua un silence.

- Nous appliquerons donc sur vous la peine classique d'internement à Azkaban, qui s'élève à douze années.

Il se tourna ensuite vers le reste de ses collègues.

- Qui est contre l'ajout d'une peine classique de violence contre mineurs ?

Personne parmi eux ne leva la main.

- Qui est pour ?

Le résultat était prévisible.

- Callista Black, je vous déclare donc coupable de tous les crimes dont on vous accusé et vous condamne à dix-sept ans d'internement à Azkaban.

Les ténèbres sembaleint de resserrer autour d'elle. Ou peut-être était-ce autour de moi.

- La séance est levée.

Son marteau claqua contre le bois somble de son pupitre, mais je ne l'entendis pas à proprement parler.

Tout semblait... Étouffé. Lointain.

C'était comme si on venait de me mettre la tête sous l'eau.

Et je doutais de pouvoir la ressortir de ce liquide un jour.

.  .  .

A.