Vendredi 19 août, Thrasphat, 15 h 23

J'ai claqué la porte de la maison. Et j'ai soupiré vraiment très très fort. J'avais vu Scorpius ce matin, et son état était plus préoccupant que je ne le pensais. Il fallait que j'écrive une petite lettre à Drago Malfoy, c'était ce qui s'imposait.

- Salut.

J'avais a nouveau croisé mon voisin. En fait, c'était le seul, puisque Thrasphat était un village comptant seulement trois maisons, dont une abandonnée.

- Hey.

On a marché côte à côte, sans savoir quoi se dire. Soudain, une question est venue à mes lèvres. Une question qui en entraînerait tant d'autres...

FLASH-BACK

J'avais ouvert les yeux lentement, comme chaque matin. Prendre le temps de s'habituer à la dure réalité.

- Aller ma vielle...

J'ai relevé le buste et ai observé ma chambre. La cause de mon réveil était évidente : les rideaux n'avaient pas été fermés. Le jour où j'arriverais à fermer ces foutus morceaux de tissus avant de me coucher, je pense que la fin du monde sera toute proche. Bref , la journée a continué son cours normal, les événements se succédant de façon organisée. Jusqu'à ce que je veuille aller chercher mon manuel de potions que j'avais déjà acheté. Une enveloppe, d'apparence normale, était posée sur mon bureau. Un cachet de cire bleue la scellait, permettant de savoir si elle avait déjà été ouverte. La chose qui m'avait marqué à ce moment là était purement simple: depuis ce matin, je n'avais vu aucun hiboux arriver dans la maison. Si j'en avait raté l'un d'eux, ce qui serait vraiment étonnant, j'aurais quand même dû lui détacher la lettre de la patte. Alors, comment cette fichue lettre avait t-elle pu se retrouver ici ?

- Déjà , on vérifie si c'est bien moi le destina-

Ma voix avait été coupée par la surprise. Surprise mélangée à une émotion vraiment très profonde. Car l'écriture que je pouvais voir sur la seconde face de l'enveloppe ne m'était pas inconnue: c'était celle d'Albus.

. . .

Ana',

Je n'ai pas beaucoup de temps pour t'écrire, alors je vais devoir résumer. Tu connais l'existence des retourneurs de temps ? À mon époque, ils ne sont pas tous détruits. Oui, je vois déjà ton petit visage qui retourne à la phrase d'avant pour savoir si tu as bien lu. Je viens du futur. Et je t'écris cette lettre pour que tu changes le cours des choses. Dans mon futur, les mangemorts ont pris le pouvoir. Tous ceux que j'aime sont morts, toi y compris. Si tu veux faire en sorte de changer le cours des choses, il faut que tu suives les indices que je vais te faire parvenir. Je ne pourrais pas te dire où se trouve exactement le Albus de ton époque, puisque les mange morts actuels sauraient très vite que tu suis une piste. Tu as exactement deux mois pour sauver ton Albus , ou le cours des choses reprendra le même chemin que dans mon futur. J'ai bien conscience que certaines choses ne pourront être évitées, mais fais tout ton possible : si tu arrives à sauver ton Albus, cela devrait beaucoup modifier le cours des choses. Je te fais bientôt parvenir le premier indice, mais je ne peux pas tout faire d'un coup. Ils me surveillent.

Avec toute mon amitié qui a survécu à travers les années,

Albus Potter.

PS: Ne parle à personne de cette lettre. Sauf si cette personne est totalement extérieure à notre vie dans ton présent. Si tu racontes quoi que ce soit à quelqu'un que je connaissais, cela pourrait influer sur le cours des choses.

FIN DU FLASH-BACK

Scorpius était venu à la maison ce matin, et je n'avais donc pas eu beaucoup de temps pour réfléchir à cette mystérieuse lettre. Un guet-apens, vaste piège tendu par les chers petits sous-fifres de ma mère, ou bien une véritable occasion de sauver Albus ? Toute une part de moi, celle qui était rationnelle se disait que c'était un piège. L'autre partie me disait de courir sauver mon ami et que l'on s'occuperait des conséquences plus tard. Sauf que ce qui venait de faire pencher la balance, c'était que le côté qui me disait de foncer tête baissée était constituée de mon instinct particulièrement aiguisé.

- Si quelqu'un t'envoyait une lettre venue du futur te disant de changer le cours des choses, écouterais-tu l'envoyeur de cette lettre ?

Alek a réfléchi quelques secondes, ce qui m'a permis de l'observer quelques instants. On avait le même âge, même si un an nous séparait presque: il était né en Janvier. Il avait les cheveux noirs coupés en bosse et les yeux verts, des dents blanches et portait des vêtements aux couleurs sombres.

- Mon instinct est infaillible. Je pense que j'y irais, si ça permettait un futur meilleur.

J'ai hoché de la tête. Il ferait la même chose que moi, ce qui me semblait bon signe : ma décision n'était peut-être pas si irréfléchie que ça.

- Pourquoi cette question ?

J'ai haussé des épaules. Puis le post-scriptum de la lettre m'est revenu en mémoire, s'imposant à moi comme une évidence et me confortant dans le choix que j'avais fait pour la réponse qui sortirait de mes lèvres.

- Si je te disais qu'un de mes amis qui a disparu m'a envoyé une lettre venue du futur me demandant de le sauver, me croirais-tu ?

Un sourire amusé a étiré ses lèvres.

- Je te croirais. Ça te choque peut-être , mais ça ne me semblerait même pas si étrange que ça.

Je l'ai observé quelques instants, en quête d'une quelconque moquerie visible sur son visage.

- Et, dis, je pourrais t'appeler 'Nastasia si je deviens ton acolyte ?

Ce gamin-qui-était-plus-grand-que-moi-je-sais venait de m'ôter les mots de la bouche. Il était vraiment très fort. J'ai croisé les bras et j'ai haussé un sourcil, me plantant devant lui et l'empêchant de continuer son chemin.

-Qui t'a dit que je voudrais de toi pour m'aider ?

- Tu ne m'aurais pas parlé de cette lettre sinon. Je suppose que tu es plutôt du genre à garder tes petits secrets bien pour toi, je me trompe ?

J'avais ma bouche sèche. Ce mec avait réussi à me percer à jour en quelques phrases.

- En plus, fais attention. Porter un T-Shirt à manches longues en plein été, c'est un peu louche. Et je n'ai aucun doute sur ce que je verrai si je relève un de tes manches.

Alek a tourné les talons, et a repris le chemin. La seule pensée qui me vint en cet instant était que mon nouvel ami avait vraiment quelque chose en plus des autres. Et c'est là que la vérité ma rattrapée: on pouvait sentir le pouvoir qui s'échappait de chaque pore de sa peau.

Tu as enfin trouvé quelqu'un à ta hauteur, Anastasia. Et ça, ce n'est pas près d'arriver à nouveau.