{Chapitre 21} Le Terrier
- Là... C'est presque fini, Al'. Arrête de bouger, sinon je vais tout rater !
Une dernière longue mèche brune tomba sur le sol, et mon ami passa sa main dans ses cheveux fraîchement coupés, histoire de les ébouriffer un bon coup.
- Merci, Ana'. C'est vrai que ça fait du bien. J'ai l'impression d'avoir perdu dix kilos !
Il m'observa quelques secondes, les sourcils à nouveau froncés dans un rictus que je trouvais particulièrement horrible.
- À propos de ce qu'il s'est passé au manoir... commença t-il.
Je devais à tout prix éviter d'avoir cette conversation avec lui. Mes secrets étaient restés gardés à double tour dans un coin de mon esprit inaccessible pour les autres, et ça n'allait pas changer aujourd'hui. Cette petite découverte de trop était un évènement imprévu que j'allais réparer, et ce en vitesse.
- Je vais me coucher, le coupai-je. Tu devrais faire pareil. On part le plus tôt possible demain matin.
Je passai mon corps dans l'épais sac de couchage censé de protéger du froid pour la nuit et je tournai le dos à Albus, que j'entendis faire de même.
- Bonne nuit, Ana'.
Je ne répondis pas. Je repassais sans cesse les évènements de cette journée totalement folle, et plus particulièrement le moment où Albus m'avait embrassée. Ça avait été agréable, bien sûr. Un premier baiser pas tout à fait déplaisant. J'aimais beaucoup Albus. Mais pas de cette manière là. Comme... une sorte de frère.
En vérité, je n'avais d'obligation envers personne. C'était vrai, je n'avais pas et je n'avais jamais eu de petit ami de toute ma vie. Je n'avais aucune expérience dans ce genre de domaine.
Pourtant, j'avais dans ma bouche l'arrière goût de la trahison que je venais de commettre envers James Potter.
. . .
Il dormait. Je le sentais au bruit de sa respiration plus régulière et à l'absence de bruit du tissu du sac de couchage.
Je me levai en silence, prenant garde à ne pas le réveiller. Il fallait que je le fasse. Mes secrets ne pouvaient pas éclater au grand jour d'un seul coup. Selon moi, il n'y avait rien de pire qui pouvait se produire.
- Oubliettes, murmurai-je en pointant ma baguette sur lui.
Il fallait que je remplace les souvenirs de notre fuite par autre chose. Un autre genre de conversation. Des menaces. Des insultes.
En somme, tout un tas de choses dont Bellatrix était capable.
Et puis, il fallait aussi que ma mère garde son masque. Nous nous ressemblions, même si j'aurais préféré que ce point commun soit inexistant.
J'entrai dans son esprit par legilimancie. Tout était confus, les souvenirs s'entremêlaient. Il fallait que je crée un faux souvenir de ce qu'il s'était passé.
Tu pourrais totalement enlever ta mère du souvenir, aussi. Ce serait bien plus intelligent.
Je me concentrai encore plus, inventant pièce par pièce un faux souvenir. Un immense mensonge.
Quelques minutes plus tard, c'était fini. Je venais de modifier irréversiblement la mémoire d'Albus Potter.
. . .
J'étais épuisée. Malgré la vitesse moyenne relativement élevée de ma forme d'Animagus, j'avais l'impression que le Terrier s'éloignait à chaque heure un peu plus. Le fait que je porte Albus, qui était pourtant un poids plume me ralentissait considérablement. Vu qu'il était sous l'emprise d'un sortilège de Désillusion, je ne voyais pas à quel point mes serres se serraient autour de lui, et il m'arrivait durant certaines pauses de me rendre compte qu'il était blessé.
Par ma faute.
À l'issue du deuxième jour de voyage, il ne nous restait plus qu'une centaine de kilomètres à parcourir.
En me levant le troisième jour, j'avais mal partout et je vomis tout ce que j'avais ingurgité au petit déjeuner.
- Tu veux qu'on fasse une pause d'une journée ? Tu sais, il ne faudrait pas que tu-
Je coupai Albus d'un signe de main.
- Non. Plus vite on arrive, plus vite ce problème sera réglé.
Mes craintes se confirmèrent quand je passai ma main sur mon front alors que je jetais son sortilège à Albus: j'étais en train de tomber malade.
Ce qui n'annonce rien de bon pour toi, chère descendante.
. . .
Le soleil m'aveuglait, mais je commençais à apercevoir le village de Loutry St-Chaspoule au loin, ce qui signifiait que nous étions presque arrivés. Encore quelques centaines de mètres et nous y étions. Pourtant, plus nous nous rapprochions de la maison, plus je me sentais mal. Ma tête semblait peser dix kilos de plus que d'habitude, j'avais chaud puis froid et je tremblotais, même sous ma forme de Phénix.
- Tiens bon, Ana'.
Albus avait la voix chargée d'émotions, ça s'entendait. Il devait être heureux de revoir sa grand mère dans à peine quelques minutes.
D'ailleurs, en nous rapprochant de la maison biscornue, je pouvais voir deux personnes dan le jardin.
Deux hommes aux cheveux les plus roux que je n'avais jamais vus de toute ma courte vie.
Sans que je ne contrôle quoi que ce soit, je commençai de me transformer dans ma forme humaine. Ma vision devenait de moins en moins claire, mais je pus voir les effets du sortilège d'Albus se dissiper, puis j'entendis l'un des deux hommes hurler.
Tout ce que j'eus la présence d'esprit de faire, ce fut de presser Albus contre moi en l'entourant d'un de mes bras.
Tout ce que je sentis ensuite, ce fut le choc puissant contre le sol que je pris entièrement dans le dos.
Tout ce que je vis, ce furent les ténèbres prenant doucement possession de mon esprit.
. . .
Je ne voyais plus rien.
J'entendais des bruits autour de moi, quelques voix de temps à autres. Un voix se distinguait particulièrement des autres. Il s'agissait, d'après mes souvenirs, de la voix de James.
Mais ma mémoire devait sûrement me jouer des tours.
Tout était noir, mais aujourd'hui, je sentais que j'avais la force d'y remédier.
Alors j'ouvris les yeux, lentement, pour éviter d'être totalement agressée par la lumière. Sauf qu'un quelconque volet devait être fermé, vu que rien ne m'agressa du tout.
- Ce n'est pas trop tôt, lança une voix que je connaissais plus que bien.
Mon père se tenait sur le côté du lit, habillé tout en noir comme à son habitude.
- Je pensais que tu étais plus intelligente que ça, jeune fille.
Son ton était dur et froid, et ses yeux dans lesquels je pouvais d'habitude trouver une certaines chaleur et un certain réconfort étaient vides.
À cet instant, toute la personne de Severus Rogue semblait respirer la déception.
- Pourquoi es-tu allée le chercher alors que tu aurais pu prévenir des adultes ? Pourquoi n'avoir parlé à personne de ton projet ou encore de tes soupçons ?
Je regardais l'ourlet de la couette, qui se révélait particulièrement intéressant.
- Quand Mrs.Weasley m'a appelé pour me dire que tu étais enfin revenue, je me suis précipité ici. Et j'ai découvert que tu étais malade. J'ai bien cru que tu allais mourir !
Il émit un bruit qui ressemblait vaguement à un sanglot. Avec Severus Rogue, on n'était jamais vraiment sûr de ce dont il s'agissait.
- Regarde-moi quand je te parle, Anastasia, dit-il en attrapant mon menton. Pourquoi es-tu allée le chercher sans aucune explication ?
Je sentais une larme couler sur ma joue.
Une seule et unique larme.
Comme il y avait une seule et unique horrible vérité que je venais de réaliser en repensant à cette histoire.
- Maman a fait du mal à Albus.
Mon père m'observa quelques secondes, les sourcils froncés.
- Mais elle n'est pas du côté des Mangemorts.
Sa voix était incertaine.
- Tout ce temps elle savait pour lui, et elle n'a rien dit. Rien du tout.
Je le sentis se tendre à côté de moi.
- Arrête de dire n'importe quoi. Comment pourrait-elle être passée du mauvais côté ?
Je pris un grande inspiration avant de déballer un secret que j'avais sagement conservé jusqu'à là.
- J'ai vu la Marque, un jour.
Mon père posa son regard dans le vide dans une tentative désespérée de reprendre le contrôle de ses émotions.
- Je suis désolé, ma puce. Tellement désolé... murmurait-il à mon oreille en m'entourant de ses bras rassurants.
Plus tard dans la journée, après de sérieuses explications, il m'adressa une dernière chose à propos de cette histoire dont je ne voulais jamais pas reparler.
- Ne joue pas avec le feu, Anastasia. Comme Icare, tu finiras par y perdre tes ailes.
Dans ma tête, la petite voix était d'accord.
On ne joue pas avec ce que l'on ne contrôle pas.
. . .
Oui, un autre chapitre terminé :)
Je ne l'aime pas particulièrement, mais bon, il était nécéssaire à l'avancement de l'histoire, donc je ne pouvais pas faire l'impasse dessus.
Le prochain chapitre va contenir une ellipse de temps, du coup on se trouvera quelques mois plus tard...
Il ne reste que deux chapitres avant la fin de la première partie, et j'essayerai de poster les deux avant dimanche soir, histoire de reprendre un rythme de publication correct avec la second partie !
À votre avis, que va t-il se passer dans le dernier chapitre de cette partie ? Vos pronostics m'intéressent !
La bise et à très bientôt,
A.
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