Mercredi 17 août , Arrêt de bus de Trasphart , 11 h

- Allez, ce n'est qu'une petite visite de rien du tout ...

Se donner du courage à soi même, c'était vraiment pas super. Déjà que mon père m'avait sorti ce matin qu'il devait partir à Londres et qu'il ne pourrait pas m'amener chez les Weasley, tu te doutes bien que la journée n'avait pas commencé correctement. Deuxièmement , je me retrouvais à attendre sous la pluie, seule , un bus qui ne semblait pas vouloir pointer le bout de son nez . Je crevais de froid lorsqu'une voix me fit sursauter.

- Salut.

j'ai tourné la tête pour voir mon voisin qui me regardait de façon insistante. Je lui ai adressé un petit signe de tête avant de me plonger à nouveau dans mon livre dont j'essayais au mieux de cacher le titre. C'est sûr que si mon voisin que j'avais vaguement aperçu me voyait lire un livre intitulé " L'évolution des baguettes magiques à travers les âges" d'Hannah Baker (NDA: Pas d'inspi pour ce nom , désolée ... Ici Hannah Baker , en live et en stéréo.)

- Je l'ai déjà lu , tu sais. Pas besoin d'essayer de cacher le titre.

Il me regardait , mais pas avec cet air sévère que n'importe quel sorcier aurait utilisé pour les circonstances. C'est vrai, j'avais pris le risque de dévoiler le monde magique à un moldu. Non , il me regardait plutôt avec une lueur d'amusement dans le regard. Et un autre truc , je crois. Peut-être de... l'espoir ?

- Poudlard, je suppose ?

- Effectivement, répondis-je en souriant. Mais pas pour toi. Je ne t'y ai jamais vu.

Il m'a regardé droit devant lui quelques secondes, puis a soupiré. Tellement fort que même la statue du Penseur , qui semblait ressasser la même question depuis des décennies, aurait pu en être jalouse.

- Durmstrang.

Il devait s'attendre à me voir courir le plus vite possible, parce qu'il m'a regardé avec étonnement lorsqu'il a remarqué que je n'avais pas bougé d'un iota.

- Au cas où tu ne le saurais pas, on nous fait pratiquer la magie noire. Maintenant, tu comprends pourquoi il vaut mieux m'éviter.

J'ai haussé les épaules, laissant l'étrange garçon plus étonné que jamais.

- On pratique la magie noire dans ma famille depuis des générations. On était , pour certains , du côté de Voldemort durant la bataille. Alors , maintenant, dis-je avec ironie, à ton avis , lequel de nous deux devrait courir ?

Il a haussé les épaules.

-Si tu arrives à faire preuve d'auto-dérision sur ce point , alors c'est que tu n'es pas comme eux.

On s'est observés durant quelques secondes, tous les deux surpris par une telle franchise de notre part.

- Anastasia Rogue, me présentai-je en tendant la main.

- Alek Nagtun.

On s'est serré la main, puis Alek s'est éloigné vers l'autre arrêt de bus, de l'autre côté de la rue , qui vous conduisait vers Londres. Alors que mon bus arrivait, j'ai entendu une petite voix moqueuse qui m'apostraphait.

- Se parler à soi-même est l'une des meilleures techniques pour s'encourager. Je le fais aussi , t'inquiète.

Le murmure venu des tréfonds de mon esprit me fit sursauter, alors que je m'étais assise à une place libre dans le bus désert.

Никогда двое из моих потомков не ладили так хорошо ... Intéressant. Très intéressant.

. . .

Mercredi 17 août, Terrier, 12 h 24

Ça faisait maintenant une bonne dizaine de minutes que j'étais plantée devant la porte du Terrier. Rien que de revoir l'endroit avait fait remonter toute une vague de souvenirs à la surface de mon esprit. Quand je lui avais parlé de mon père. Du journal de Nagini. De ce livre moldu qu'il avait reçu à Noël. Avec Albus, la simple conversation pouvait être un souvenir mémorable.

- Allez ma vieille, ce sera vite fait...

Rassemblant mon maigre courage j'ai toqué à la porte, qui s'est ouverte quasiment immédiatement.

- Ma chérie ! Tu as encore grandi, dis donc... Comme le temps passe vite !

Molly m'a enlacé tellement fort que j'ai cru que j'allais avoir besoin d'une aide respiratoire dès qu'elle m'aurait lâchée.

- Bonjour, Molly.

Elle m'a souri, même si on voyait que sous le masque de bonne humeur se trouvait une femme fatiguée. C'est en y réfléchissant que je me suis rendue compte qu'aucun membre de la famille Weasley/Potter ne m'avait vue depuis la disparition d'Albus. Évidemment que j' avais grandi depuis la dernière fois !

- Bonjour Anastasia.

J'ai répondu à Arthur Weasley, avant que Molly me fasse entrer dans le salon derangé, comme à son habitude.
Ça changeait de chez moi ou tout était organisé au millimètre carré.

- Anastasia !

Il a fallu que James crie mon nom pour que les adultes remarquent ma présence. Harry et Hermione ont relevé la tête lentement. Ron m'a serré la main, Ginny m'a prise dans ses bras et Hermione m'a fait la bise. Seul Harry était resté planté au milieu de la carrée, les bras ballants.

- Mr. Potter, si vous pouviez faire quoi que ce soit, ne serais-ce même qu'un seul mouvement pour me mettre à l'aise, je vous en serais vraiment reconnaissante.

Il a continué de me fixer d'un regard vide.

- Mr. Potter?

J'ai agité mes doigts devant son visage. Et je me suis retournée vers les autres personnes présentes, en quête d'aide. Sauf que tout le monde semblait figé dans le temps. Tout le monde. James avait les lèvres entrouvertes, Hermione commençait de se retourner et Molly s'était déjà approchée. Mais ils étaient tous figés.

- Anastasia ?

La voix de James, qui vint briser mes songes alors qu'il m'avait proposé une partie d'échecs, me fit brusquement faire un saut vers la réalité. Ce qu'il s'était passé lorsque j'étais entrée dans la pièce était étrange. Et inquiétant, aussi. J'ai distraitement bougé mon pion, sans vraiment me concentrer sur la partie.

- J'AI GAGNÉ ! ÉCHEC ET MAT ! OH PAR LE CALEÇON DE MERLIN, IMMORTALISEZ CE MOMENT !

James courrait, brandissant fièrement le plateau de jeu.

- Quel gage vais-donc te donner...

Il a mis la main sur son menton et a caressé une barbe imaginaire.

- J'ai pas d'idées... Tant pis, je le garde pour plus tard, ça sera plus drôle !

Tout le monde dans la pièce s'est mis à rire. Sauf moi. Je sentais un vide grandissant en moi. Comme si rien ne pourrait plus jamais aller bien. Comme si les ténèbres de mon propre esprit me happaient.

Ils.

S

ont.

Assez.

Forts.

Pour.

T'atteindre.

Au final, même si un court moment de bonheur m'avait fait oublier la situation actuelle, rien ne serait plus comme avant. En l'espace de deux années, tout avait changé. Le jeu comme ses règles. Maintenant, c'était à moi d'apprendre comment tricher. Et quelque chose me disait que ça n'allait pas être de tout repos.