Après la disparition de mon oncle, j'avais commencé à faire les cent pas autour de cette fameuse arche.

- Tu me donnes le tournis, Nastasia'.

La voix d'Alek me semblait venir de très loin, mais il n'avait pas l'air très rassuré lui non plus, alors je m'assis auprès de lui.

- Imagine qu'il a-

Je lui posai la main sur la bouche, le coupant au beau milieu de sa phrase. Je n'étais pas quelqu'un d'optimiste, et je n'avais pas besoin de son discours pour me décourager encore plus.

- Je ne veux même pas entendre ce que tu as à me dire.

Sans ajouter un seul mot, le laissant choqué par tant de brutalité et d'indélicatesse de ma part, je me mis à me ronger les ongles. C'était une manie que j'avais abandonné il y avait quelques années, avant mon entrée à Poudlard.

Les vieilles habitudes ont la peau dure, hein ?

Heureusement que cette fameuse petite voix était là pour me rappeler à l'ordre.

- Non mais vraiment, pas croyable, marmonai-je.

J'avais déjà mon père pour me dire d'arrêter de faire ce genre de choses, et je n'avais en aucun cas besoin des conseils d'un de mes ancêtres inconnus.

D'ailleurs, il faudrait que je trouve l'identité de cet homme, un de ces quatre. Histoire de savoir qui habitait dans ma tête.

Rien que le fait de penser à la tonne de choses dont je devrais m'occuper après avoir retrouvé Albus me donnait le tournis.

Les carnets de Nagini, la famille Gaunt, cette petite voix, le problème ambulant portant le nom de James Potter pour lequel j'éprouvais indéniablement quelque chose et les pulsions suicidaires de mon ami répondant au nom de Scorpius Malfoy.

Super. J'avais déjà hâte d'y être.

- Ça lui arrive souvent ? demanda une voix amusée à quelques mètres de moi.

Je me redressai d'un seul coup comme si j'avais été montée sur un ressort.

Sirius était de retour.

. . .

Il avait retrouvé toute une caisse remplie de souvenirs, et ce relativement rapidement, en fait.

- Voilà. C'était tout ce qui ressemblait à des souvenirs mis en fioles, j'espère que ça vous convient.

Alek le regardait, le visage figé dans un rictus de surprise.

- Comment avez-vous fait pour aller aussi rapidement ? Il... Il faudrait courir bien plus vite qu' un humain pour pouvoir...

Mon cousin avait l'air sacrément secoué, mais quant à moi, je n'étais même pas surprise.

- Oui, je suis d'accord. Pour faire ce genre de choses, il faudrait courir vite. À la vitesse d'un chien, ça le paraîtrait plausible. N'est-ce pas Patmol ?

J'avais appuyé sur son surnom exprès, et il le savait.

- Comment se fait-il que tu sois au courant ? m'interrogea t-il avec le petit sourire en coin que je retrouvais de temps en temps affiché sur le visage de Regulus.

J'haussai les épaules pour toute réponse, choisissant mes mots avec soin.

- Disons que l'un de mes plus proches amis s'appelle James Potter.

- Juste un ami, hein ? demanda t-il, la voix chantante.

Il me tendit la boîte remplie de fioles, et j'entendis Alek qui parlait dans mon dos.

- Il faut qu'on y aille. On s'est sûrement rendus compte de notre absence, s'écria t-il.

- Pars devant. Je te rejoins.

Il hésita quelques secondes, puis son côté lache reprit le dessus.

- On se rejoint à la gare ! me lança t-il avait de disparaître à l'angle du couloir.

Le fantôme s'assit sur la pierre froide et tapota la place à côté de lui.

- Viens ici.

J'avais envie d'en savoir plus sur cet homme, mais je n'avais plus beaucoup de temps et j'en avais conscience. Il valait mieux le laisser parler.

- Ta loyalité te perdra, ma chère nièce. Je sais qu'il s'agit de ton ami, mais... Il risque d'être différent à son retour.

Il me coupa d'un petit signe de main.

- Certaines personnes parviennent à faire changer les gens. Pendant tout ce temps, il a sûrement fini par changer. Il... Même si ça me coûte de te dire ça, il faut que tu l'accepte: sa vision du bien et du mal sera enjolivée.

Il devenait de plus en plus transparent. Il était en train de disparaître juste sous mes yeux, et j'avais terriblement envie de le retenir parmi les vivants.

- Souviens-toi, Anastasia: ne lui fais pas confiance.

. . .

Si sortir du Ministère avait été simple après un sortilège de changement d'apparence et un changement de tenue, retrouver Alek dans une gare remplie de moldus avait été moins aisé.

- On a mis tout ce qu'il nous restait comme argent dans ce voyage, alors j'espère qu'on ne va pas être dans le besoin tout de suite, sinon on est mal.

Il me parlait doucement, comme pour ne pas me brusquer.

- Il faut qu'on en finisse au plus vite. Dès qu'on est à St.Agnes, on regarde les souvenirs, et on part pour la dernière destination au plus vite.

Il hocha la tête, aussi déterminé que moi.

- Je... Il faut qu'on parle. Je ne pourrai pas venir avec toi pour la dernière destination. À partir du moment où tu auras déchiffré l'énigme, tu devras y aller seule.

Ça ne m'étonnait pas, dans une certaine dimension. Je savais qu'il ne m'accompagnerait pas jusqu'au bout.

- D'accord.

Il semblait étonné par ma réaction, et me regardait, les yeux ouverts grand comme des soucoupes.

- Ne me regarde pas de cette façon, dis-je en levant les yeux au ciel. Je savais déjà que tu n'irais pas jusqu'au bout. Ce n'était qu'une question de temps.

Il avait l'air inquiet.

- Quoi encore ?

Il passa une main distraite dans ses cheveux.

- Tu ne m'en veux pas, hein ?

J'éclatai d'un rire libérateur.

- Bien sûr que je ne t'en veux pas !

Il me sourit, et nous laissâmes passer le voyage dans un silence reposant.

. . .

- Souvenir numéro 24, c'est parti !

Jusqu'à maintenant, les seule fioles que nous avions vidées dans la Pensine contenaient des souvenirs insignifiants, et aucune énigme. Je plongeai ma tête dans l'eau et me sentis transportée dans une autre scène de vie ne m'appartenant pas.

Çe que l'on voyait, dans ce souvenir, c'était un homme de dos qui écrivait une lettre. Au départ, ça ne m'intéressait pas plus que ça, jusqu'à ce que je réalise ce qu'il y racontait.

- Le cinquième indice, hein... murmurai-je en observant la plume produire une écriture alambiquée semblant appartenir à un autre âge.

Cinquième indice

Là où les quatre grands ce sont retrouvés, là où ils se sont brisés et là où ils ont laissé leur histoire racontée se cache la fin de ton épopée.
À toi maintenant de trouver la clé qui permettra de me sauver.

Je risquai un regard sur le visage de cet homme avant que le souvenir ne s'évanouissent et à la vue de son visage torturé et couvert de cicatrices, j'eus encore plus envie de retrouver Albus.

Heureusement, j'avais déjà compris où je devais aller.

- Il faut que je trouve un moyen de me rendre à Pré-au-lard.